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Entendre le vœu de mourir. Condition sine qua non pour offrir de bonnes réponses. Principales références. Jean Leonetti , Rapport 1708, Respecter la vie. Accepter la mort , www.assemblee-nationale.fr, 2004, 2 vol.: I Synthèse; II Comptes rendus d’auditions
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Entendre le vœu de mourir Condition sine qua non pour offrir de bonnes réponses Michel Salamolard
Principales références • Jean Leonetti, Rapport 1708, Respecter la vie. Accepter la mort, www.assemblee-nationale.fr, 2004, 2 vol.: I Synthèse; II Comptes rendus d’auditions • Id., Rapport 1287, Solidaires devant la fin de vie, www.assemblee-nationale.fr, 2008, 2 vol.: I Synthèse; II Comptes rendus d’auditions. • Matthias Mettner / RegulaSchmitt-Mannhart (Hsg.), Wieichsterbenwill, Zürich, NZN Buchverlag, 2003. • Rapport Remmelink: • Dick Marty, Rapport au Conseil de l’Europe n° 9898, 2003. • Christian Hervé / David Rodríguez-Arias, Université Paris 5, 2004. Michel Salamolard
Pour mémoire, quelques chiffres Michel Salamolard
Causes des morts violentes (MV) en Suisse (MV= 6% du total des décès en 2008) Soit env. 3,5 suicides par jour ~ 4% des MV ~ 2% des MV ~ 1% Michel Salamolard
Augmentation des suicides assistés par une organisation (SAO): 2003 et 2007 Augmentation relative des SAO: 52% Michel Salamolard
Demandes « normales » de mourir, et autres Michel Salamolard
Que veut-il, au fond? ! ? Demandes « normales », du premier degré Demandes étranges, à prendre au second degré • Peux-tu me prêter mille francs? • Viens m’aider à la vendange. • J’ai besoin d’un alibi: dis que j’étais chez toi lundi. • Prête-moi ta voiture. • Aide-moi à braquer la banque. • Aide-moi à casser ma maison toute neuve. • Rosse-moi avec ce bâton. • Dis à tous que je suis un salaud. • Coupe-moi la main droite. • Aide-moi à me suicider. Honnêtes ou non, ces demandes sont manifestement dans l’intérêt du demandeur, lui donnent quelque chose. Ces demandes nuisent manifestement au demandeur, lui prennent quelque chose: qu’est-ce que cela signifie? Michel Salamolard
Le vœu normal de mourir dans la paix • À mon âge et dans mon état, je ne veux pas vivre encore longtemps. • Pourquoi le bon Dieu ne vient pas me chercher? Je prie tous les jours pour cela. • Dans mes Directives anticipées, j’ai refusé des soins extraordinaires. • Si ma santé se dégrade, je demande qu’on calme mes douleurs, même si cela hâte un peu ma mort. La conscience obscure que nous avons de mourir un jour, loin d’étouffer notre désir de vivre, le nourrit secrètement, en lui lançant un perpétuel défi. Jusqu’au jour où notre corps-esprit comprend qu’il n’a plus d’avenir terrestre. Le moment vient alors de vivre sa fin de vie, de voir venir « notre sœur la mort corporelle », dans la plénitude de chaque instant donné. Michel Salamolard
Le vœu prématuré de mourir Des idées suicidaires peuvent envahir l’esprit de chacunface à une difficulté majeure. En général, ces moments sont surmontés. Ressources: • Potentiel de résilience de l’individu. • Aide de l’entourage. • Prise de conscience (méditation, prière). • Aides spécifiques: 143, prévention du suicide… • Il m’a quitté, ma vie n’a plus de sens. • Tout m’ennuie, je suis fatigué de moi-même, des autres et de l’existence. • La honte de ce revers de fortune m’est insupportable: c’es trop de honte irréparable. • Je ne peux ni ne veux assumer cette épreuve: autant en finir. 9 Michel Salamolard Michel Salamolard
Quand la demande de mort n’est pas entendue Michel Salamolard
Demande de mort pas exprimée/entendue… Quelqu’un est euthanasié sans avoir été entendu Quelqu’un parle à d’autres qui font la sourde oreille • Rapport Remmelink 1995: plus de 1000 euthanasies aux Pays-Bas sans demande du patient (malgré les garde-fous de la loi!).Cf. Marty, 2003 / Hervé/Rodriguez-Arias, 2004 / Ernst-Allemann, in Mettner/Schmitt-Mannhart p. 255 • 1796 cas similaires en Belgique Cf. Marty, 2003 • Pays-Bas: 20% d’euthanasies clandestines en 2005 Cf. Leonetti 2008/I p. 136 • Mais non, vous êtes en pleine forme! • Ne dites pas de sottises! • Vous nous enterrerez tous! • Au diable ces idées noires! • Oui, oui, on a tous des moments de déprime… Mieux: reformuler pour encourager la prise de parole! Michel Salamolard
Le sens de la plupart des demandes de mort Michel Salamolard
C’est ce que montrent: • Les tentatives volontairement ratées. • Les thérapies après une tentative ratée involontairement. • La disparition presque totale des demandes d’euthanasie ou de suicide assisté dans les Maisons et les Unités de soins palliatifs. • L’expérience courante avec des proches. La plupart des vœux de mourir sont des appels au secours: « Aidez-moi à vivre dans de bonnes conditions! » Il reste sans doute un pourcentage de suicides attentés ou réalisés qu’aucune aide n’aurait pu empêcher. Mais ces cas sont sans doute une petite minorité. La loi doit prévenir autant que possible ces cas exceptionnels. Elle ne saurait en aucun cas leur accorder une protection juridique: ce serait les encourager. Michel Salamolard
Liberté et discernement diminués • Des études portant sur tous les âges montrent que: • 90-95% des suicidés • et 100% des survivants • souffraient de troubles psychiques diagnostiqués (p.ex. dépression) les mois précédent la mort ou la tentative. • Il est donc inexact de prétendre que ces actes sont généralement le résultat d’un libre choix et d’un jugement rationnel. • Cf. Ernst-Allemann, in Mettner/Schmitt-Mannhart p. 249-250 Michel Salamolard
« Chaque année, quelque 1300 personnes meurent par suicide dans notre pays: les décès par suicide sont près de trois fois plus nombreux que les décès dus aux accidents de la circulation. On admet que 90% environ des personnes qui se suicident souffrent d’une maladie psychique. La dépression, la schizophrénie, l'alcoolisme et les troubles de la personnalité jouent ici un rôle prépondérant. Les 10% restants de suicidés ne présentent aucun signe post mortem de maladie psychique. Il s’agit de cas non diagnostiqués ainsi que de suicides impulsifs commis par des personnes ne répondant pas aux critères d’une maladie psychique. » Observatoire suisse de la santé, mai 2009 « La Suisse fait partie des pays qui ne disposent pas d’un programme national de prévention des suicides. Les fonds publics destinés à la prévention des suicides sont donc très modestes. » Ibid. Michel Salamolard
Abraham Maslow (1908-1970) Psychologue américain Amour « sans besoin » • Le vœu de mourir exprime presque toujours: • La demande implicite qu’un besoin vital actuel soit satisfait. • La crainte qu’un besoin ne sera pas satisfait dans une situation prévue. • Cf. Leonetti 2004, 1708/I, 2.1.1 • Cf. Mettner / Schmitt-Mannhart En répondant aux besoins du patient, on prévient les demandes d’euthanasie et de suicide assisté: tels sont les soins palliatifs. Michel Salamolard
Aaron Antonovsky (1923-1994) Sociologue de la médecine, Israël. Constate qu’environ 30% des survivants des camps de concentration nazis sont résilients et en bonne santé: parce qu’ils ont un « bon SOC » (Sense Of Coherence), voir ci-contre. En fortifiant ou stimulant le SOC du patient, on augmente sa résilience. Parce que je suis aimé(e) et que je peux aimer. Cf. Gustave-Nicolas Fischer, Le Ressort invisible, Seuil, 1994 Michel Salamolard
MaryannickPavageau 56 ans, tétraplégique depuis 26 ans, à la suite d’un AVC, (3 mois de coma), Chevalier de la Légion d’honneur 2010 pour son action en faveur de la dignité des personnes malades et handicapées. « Toute vie mérite d'être vécue. Elle peut être belle, peu importe notre état. Et il y a toujours une évolution possible. Voilà le message d'espoir que je souhaite faire passer. Je me suis engagée contre l'euthanasie car ce n'est pas la souffrance physique qui guide le souhait de partir mais un moment de découragement, l'impression d'être un fardeau... Tous ceux qui demandent à mourir sont surtout en quête d'amour ». PressOcéan.fr 27 oct. 2010 Cf. Leonetti 2008, 1287/II, 451-464 Michel Salamolard
La mort exclueLes nouvelles peurs Michel Salamolard
La peur autrefois, en culture catholique: • La « malemort » redoutée: • En état de péché • Seul • Sans sépulture • Sans préparation: A subitanea et improvisa morte, libera… • L’espoird’une « bonne mort » : • Une mort naturelle, prévue, préparée • Entouré par ses proches, si possible chez soi • Soigné le mieux possible • Muni des sacrements (Onction, viatique) • Annoncée largement (cloche) • Suivie d’un rite social et religieux: In paradisum… Une constante: la « peur » normale de mourir Plutôt qu’une peur, il s’agit plutôt d’une répulsion, autrement dit c’est: L’envers de la volonté de vivre. Le combat contre ce qui menace la vie. Cette « peur » n’enlève ni le goût ni la joie de vivre. Au contraire, elle pousse à vivre intensément le présent. Hôtel Dieu de Paris Mort de s. Geneviève, Laurens La vraie bonne mort Mort d’un juste, Valdes Michel Salamolard
Aujourd’hui, la mort naturelle exclue • La mort lointaine monopolise l’attention: massacres, catastrophes, guerres, attentats… • La mort proche est exilée de l’espace familier: • On meurt à l’hôpital, en « petit comité ». • La plupart des proches n’assistent pas à la mort. • Les rites « dans l’intimité » et « laïcs » (« personnalisés ») se multiplient. • Soins palliatifs et fins de vie paisibles sont peu médiatisés. • La mort n’est pas « naturelle »: c’est un échec, un scandale. • En revanche, euthanasie et suicide assisté deviennent des morts médiatisées, valorisées, exigées: elles sont exaltées comme un effet obligé du droit suprême de l’individu à disposer de sa vie comme il l’entend, un droit que la société devrait protéger. • La mort n’a pas de sens, n’est plus « trépas » vers l’au-delà. • Tout le poids du sens pèse sur l’en-deçà, au jugement subjectif de chacun: « Le sens de ma vie ne dépend que de moi. » Cf. Leonetti 2004, 1708/I, p. 34-70 Michel Salamolard
Aujourd’hui, de nouvelles peurs Plutôt mourir que finir ainsi! • C’est la fin de vie qui fait peur • Allongement de « l’espérance » de vie • Culte de la jeunesse, de la pleine forme, de la beauté, de l’efficacité. • Peur de la souffrance • Elle n’est plus « rédemptrice ». • Elle est inacceptable, obscène. • D’autant plus que nos moyens de la calmer sont grands! • Peur de la déchéance • Je vais perdre ma dignité. • Je ne veux pas devenir un légume. • L’enfer c’est avant la mort, pas après! Cf. Leonetti 2004, 1708/I, 1.3 • Ces craintes sont compréhensibles. • Elles s’enracinent dans une saine revendication de dignité, d’autonomie, de bien-être. • Mais aussi dans une vision pessimiste: • De l’avenir • Des soins • Des relations • Peur de la dépendance • Perdre ma liberté: jamais! • Être lavé, langé: la honte! • Finir dans un home: l’horreur! X Peur de la « malemort » Michel Salamolard
Avis mortuaire paru en 2010 dans un quotidien de Suisse romande Moi, Nicolette Dupont Je vous annonce qu’après tant de souffrances et de luttes, j’ai choisi de m’en aller vers la lumière, le 13 mai 2010. Un grand merci à ma sœur et aux personnes qui ont pris soin de moi. Toute ma gratitude va également à l’association Exit qui m’a permis de partir en paix et en particulier à Josette pour son accompagnement et sa gentillesse. Une messe du souvenir sera célébrée à… L’incinération a eu lieu dans l’intimité. Je veux que tout se passe dans la joie et la bonne humeur comme je l’ai toujours été, ce n’est qu’un au revoir, je serai toujours près de vous. Michel Salamolard
Qui, de la famille ou des amis, aurait pu exprimer la souffrance de cette séparation? Pourquoi doit-elle annoncer elle-même sa mort? Quelle solidarité? Moi, Nicolette Dupont Je vous annonce qu’après tant de souffrances et de luttes, j’ai choisi de m’en aller vers la lumière, le 13 mai 2010. Un grand merci à ma sœur et aux personnes qui ont pris soin de moi. Toute ma gratitude va également à l’association Exit qui m’a permis de partir en paix et en particulier à Josette pour son accompagnement et sa gentillesse. Une messe du souvenir sera célébrée à… L’incinération a eu lieu dans l’intimité. Je veux que tout se passe dans la joie et la bonne humeur comme je l’ai toujours été, ce n’est qu’un au revoir, je serai toujours près de vous. Comment ne pas comprendre? Tant mieux, c’est bien. Mais on reçoit cela en soins palliatifs sans abréger sa vie. Foi pas absente! Cette belle profession de foi ne serait-elle pas mieux assurée dans le Christ et dans la communauté que dans « moi-je »? Michel Salamolard
Quelques éclairagesen vue de bonnes décisions Michel Salamolard
Le temps humain n’est pas durée neutre, mais accomplissement d’une personne NON PAS : MAIS : Mourir Naître Temps « perdu » Nous sommes des personnes en devenir. Le temps n’est pas une durée plate dans laquelle je me déplace, mais la mesure de mon accomplissement. Mon temps, c’est moi en croissance vers moi-même. Ma vie est le temps d’accouchement de la personne que je suis. Chaque instant est un berceau où je nais. Moi Interruption violente de mon devenir, pas seulement de ma durée! Michel Salamolard
Aux surprises du « temps terminal »… comme de tout autre temps • Notre vie est jalonnée d’événements non prévus qui furent des tournants, des chances. • Cela est vrai même d’événements difficiles. • Combien de fins de vie ont été décisives pour mourir en paix: • Une visite attendue • Un pardon accordé • Un sacrement célébré Moi Qui peut décréter d’avance que ce tempes-là ne sera pas, pour soi et pour autrui, temps de grâce, de croissance et de renaissance? Michel Salamolard
Dans le déclin de l’avoir et du paraître, le rayonnement du cœur de l’être • Les personnes en fin de vie reçoivent, mais donnent aussi. • Elles ne donnent plus ce qu’elles ont, mais ce qu’elles sont. • Elles « font exister » ceux qui les accompagnent: • Auprès des personnes en fin de vie, les bien-portants découvrent en eux-mêmes un trésor d’humanité, qui grandit dans le partage. • « DennArmutisteingrosserGlanzausinnen » (Rilke, DasStundenbuch, 1903):Dans sa pauvreté existentielle (≠ économique), la personne découvre et donne ce qui lui reste: l’éclat du cœur de son être. • Rive-Neuve.avi Écouter leur témoignage sur canal9, Croire, novembre 2010 Mort naturelle Michel Salamolard
Christiane Singer 24 janvier 2007 « La force de disponibilité qui m’habite m’étonne, c’est elle qui engendre les possibles. Comment aurais-je pu soupçonner que je puisse encore être si heureuse? D’un bonheur sans fin, illimité qui ne veut rien, qui n’attend rien, sinon l’émerveillement de chaque rencontre, de chaque seconde! Qui eût pu soupçonner qu’au cœur d’une aussi difficile épreuve se soit lovée la merveille des merveilles? » 1er mars 2007 « Derniers fragments d’un long voyage. Voilà. Le carnet de bord est clos. Le voyage ce voyage-là du moins est pour moi terminé. À partir de demain, mieux: à partir de cet instant, tout est neuf. Je poursuis mon chemin. Demain, comme tous les jours d’ici ou d’ailleurs, sur ce versant ou sur l’autre, est désormais mon jour de naissance. » 1er septembre 2006: elle apprend qu’elle n’a plus que six mois à vivre (cancer). Elle meurt le 4 avril 2007, à 65 ans. Michel Salamolard
Élisabeth Kübler-Ross (1926-2004) Pionnière des soins palliatifs et de l’accompagnement des fins de vie Choc « Vous avez le cancer » Colère « C’est injuste! » Acceptation « Je suis prêt à lâcher prise dans la paix… » Marchandage « Si je fais ceci, j’aurai encore un répit… » Déni « Ce n’est pas vrai! » Dépression « Je suis fichu! » Les étapes du deuil de la vie ou de toute autre chose Espace où se situe la décision paradoxale: « Je me donne la mort afin de ne pas me laisser mourir. » Mort décidée en refus de la mort acceptée. Michel Salamolard
Sens des Directives anticipées Ami de soi-même pas d’acharnement soins palliatifs sédation • Je renonce aux mesures médicales prolongeant la vie sans espoir de guérison, notamment… • Oui, mon représentant thérapeutique N. peut décider à ma place si je ne suis plus en état de le faire. • J’accepte des soins palliatifs prodigués dans la dignité. • J’accepte une assistance religieuse. • J’accepte une sédation palliative. Ils m’aiment je serai accompagné, soutenu, aidé, respecté Ami de ses proches pas de suicide qui peut les faire souffrir Michel Salamolard
Sens possible d’une décision de suicide Ami de soi-même Si je tombe dans ce piteux état, je perdrai ma dignité, je ne pourrai plus m’aimer, je ne serai plus aimable. Ce n’est pas mon problème, certains souffriront peut-être, d’autres comprendront et ne souffriront pas: c’est leur problème. Si je contribue à encourager une mentalité suicidaire? Chacun décide pour soi, ce n’est pas mon problème. Ami de ses proches Qu’est-ce que cela fait aux autres que j’existe ou non? Je ne crois pas que je serai aidé en fin de vie naturelle, avec compétence et respect. D’ailleurs, une telle aide n’a aucun sens pour moi. Ils m’aiment Michel Salamolard
La dignité de toute vie humaine: valeur infinie et intangible • Elle est inhérente à la personne comme telle, indépendamment de ses qualités et performances, de son âge, de la durée de sa vie. • Elle représente une valeur infinie, non mesurable ni sécable: une seconde de n’importe qui, dans n’importe quel état, vaut autant que des années de vertu et de santé. • Elle est le critère sans critère de nos rapports avec toute personne humaine, y compris soi-même. • Elle s’impose, elle est par excellence la valeur qui exige d’être reconnue et exclut d’être octroyée. « Si une personne proche de sa fin de vie avait moins de valeur qu’une autre ayant encore des dizaines d’années de vie devant elle, la valeur infinie d’une vie humaine perdrait son caractère absolu. Elle deviendrait relative à son espérance de vie, à sa santé, à son utilité pour la société. Cela aboutirait à répartir les humains en classes hautes ou basses, les unes ayant un droit justifié à la vie, les autres ne l’ayant pas. » Nordmann, in Mettner/Schmitt-Mannhart, 275 Michel Salamolard
La dignité humaine livrée au marché ? • Qui a le droit d’octroyer à qui la dignité humaine? Chaque individu pour lui-même? L’État pour tous? • Quels sont les critères de reconnaissance de la dignité humaine? L’âge? La notoriété? La santé? La valeur économique d’un individu? Son utilité dans la vie sociale? • Qui définit ces critères et les applique? Chacun pour soi? Une commission nationale d’éthique? Le pouvoir politique? • Qui peut décider qu’une vie humaine, à un moment donné, n’a plus de valeur, est indigne d’être vécue et protégée, peut ou doit être interrompue? Chacun pour soi? L’État pour tous? • La dignité d’une vie humaine subsiste ou tombe selon l’âge, la santé, la vertu, l’utilité de la personne. • La dignité d’une vie humaine est quantifiable, elle se mesure à l’aune de critères définis par chacun ou par la société.. • Nos rapports avec toute personne humaine, y compris soi-même, dépendent du degré de dignité que nous accordons à cette personne. • Chacun est juge de sa propre dignité humaine ou de celle d’autrui. Le Législateur peut accorder la dignité humaine à ceux qu’elle en estime dignes. Michel Salamolard
À peine une caricature… • Certificat • de dignité humaine • M………………………. • a obtenu le coefficient suivant de dignité humaine: 55% • Résultats de son examen: • Âge? • Santé? • Efficacité professionnelle? • Engagement politique? • Divers? Seuil de la dignité humaine accordée Michel Salamolard
La dignité d’une personne en fin de vie ne dépend aucunement de son âge ni de son état; cette dignité est absolue, personne ne peut la perdre. Tous meurent dans et avec leur dignité, quelles que soient les circonstances. En revanche, le rapport de chacun et de tous avec les personnes fragilisées ou en fin de vie peut être plus ou moins empreint de dignité. « Notre souci ne devrait donc pas être la dignité de ceux qui meurent, mais la dignité de notre rapport à ceux qui meurent. » Cf. Rüegger, in Mettner/Schmitt-Mannhart, 82 Elle ne peut être ni perdue ni diminuée Elle peut être plus ou moins grande, voire nulle Michel Salamolard
Commission nationale d’éthique, Prise de position n°9/2005 « Citons dans ce contexte la position del’éminent pénaliste Ernst Hafter [en 1912] : "Il serait contraire au sentiment d’humanité de punir la personne qui aide à mourir un ami humilié et déshonoré par ses propres fautes commises dans le passé, et ceci indépendamment du fait qu’il s’agisse, dans le cas concret, de l’assistance ou de l’incitation au suicide. Il serait contraire à la justice de punir celui qui prête assistance, par son encouragement ou la remise d’instruments, au suicide d’une personne décidée à mettre fin à sa vie, lorsque celle-ci est en phase terminale." » Motifs « altruistes » obsolètes Promulgué en 1937, notre code pénal est entré en vigueur en 1942. Il porte la marque de cette époque: le suicide « rachète » un déshonneur! les soins palliatifs sont inconnus! • Aujourd’hui: • Encourageons l’ami humilié à mettre son honneur à vivre et à (se) réparer. • Refusons le lynchage social fondé sur une fausse conception de l’honneur. • Promouvons les soins palliatifs pour une fin de vie dans la paix et dans la dignité. Michel Salamolard
Qui entend et qui répond? Michel Salamolard
Qui souhaite que je vive? Qui peut m’aider? Pour qui ma vie a-t-elle de l’importance? Son corps-esprit, sa souffrance, sa peur La personne âgée, malade ou en difficulté, cible de messages brouillés Ses proches, plus ou moins à l’écoute Des personnes ressources: médecin, prêtre, psy… Les médias… « Radio bistro », les rumeurs qui rôdent La loi: elle dit le permis et le défendu, ce que la société protège ou souhaite Exit, Dignitas Michel Salamolard
Le rôle pédagogique de la loi (code pénal) • En posant des interdits, le code pénal trace un chemin. • Il dit ce que la société estime bon pour tous. • Le code pénal ne remplace pas la conscience. • Mais il contribue à la former. • Il forme aussi la solidarité sociale. • En amont de son application à des cas précis, le CP agit par prévention ou incitation. Michel Salamolard
Émile Durkheim (1858-1917): le suicide, symptôme d’une crise du lien social. • Un lien trop étroit peut conduire à des suicides collectifs (sectes). • Un lien trop lâche aussi: personnes isolées, malades, en fin de vie. • Harry Alpert, Emile Durkheim and hisSociology (1939) montre que les suicides sont plus fréquents (USA): • Chez les Blancs que chez les Noirs. • En milieu urbain qu’en milieu rural. • Parmi les célibataires, veufs, divorcés, mariés sans enfant. • E. Stengel, Suicide and attempted suicide (1964): • Moins de s. en temps de guerre. • Méthodes de s. varient selon les cultures. • Beaucoup + de s. chez les hommes (partout). Des études sociologiques, même discutées, montrent que le suicide n’est pas un pur phénomène individuel et psychique: il est corrélé à des données sociales. Autrement dit, il obéit aussi à des influences sociales. Parmi elles, la loi, reflet et facteur de mentalités.La liberté totale du suicidant est une illusion. Michel Salamolard
Une alliance dangereuse D’où la nécessité d’une révision restrictive du code pénal suisse. Michel Salamolard
Une option axiale et résolue Michel Salamolard
Qu’est-ce que le législateur doit entendre? Que doit-il protéger? Le désir de vivre des 7’785’806 habitants de la Suisse (fin 2009)? ! La voix disparue des quelque 400 suicidés avec une organisation (2007)? Au nom de ce souhait, l’État doit-il maintenir ouverte la voie de l’incitation et de l’aide au suicide? Le souhait anticipé des 15’705 membres d’Exit CH romande? Graphique: colonnes SA et Exit artificiellement agrandies (sinon invisibles). Michel Salamolard
Coûts modérés des EMS et des soins palliatifs Quelques indices… Michel Salamolard
« En France, • 3% des malades représentent 50% de la dépense: • Greffes d’organes • Personnes en réanimation • Cancéreux • Multi-handicapés • Grand hémophiles • Dialysés » • René Lenoir, directeur de l’ENA (1988-1992), in Jean Staune, La science, l’homme et le monde, Presses de la Renaissance, 2008, p. 21 • EMS et soins palliatifs moins chers: • Moins de spécialistes hautement qualifié (équipes médicales…) • Moins d’infrastructures médicales coûteuses • Moins de prestations médicales coûteuses Michel Salamolard
Résultat d’une étude en Catalogne • En 2005: • 21 400 patients (12 700 cancers, 8 700 autres maladies chroniques évolutives) • Économie annuelle: 48 millions € grâce aux soins palliatifs • Économie annuelle nette pour le ministère de la santé: 8 millions € grâce aux équipes mobiles de soins palliatifs. • Xavier Gómez-Batiste et al. (2007), cité par l’Office fédéral de la santé publique: « Coûts des soins palliatifs – études menées au niveau international » Michel Salamolard
Frais médico-pharmaceutiques des caisses-maladie en Suisse (2003) : 18 milliards Répartition en % Patricia Albisetti, économiste de la santé: www.gsasa.ch/formation/assistantes/fichiers/caph0506/alibsetti_econosante.pdf (Société suisse des pharmaciens de l’administration et des hôpitaux) Michel Salamolard
Coûts du système de santé suisse (2007), en millions de francs OFS Encyclopédie statistique de la Suisse N.B. Mêmes proportions en 2008, avec une augmentation partout (5,9 % en moyenne). Michel Salamolard
Charges d’exploitation des hôpitaux et EMS en Suisse (2008) Total par habitant: 2770 fr. Total par habitant: 1000 fr. Office fédéral de la statistique Michel Salamolard