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Le quartier du Vieux-Hull à Gatineau. Histoire locale… Perspectives nationales. 1800 – 1850 : Naissance d’une région et de l’exploitation forestière. L’économie s’articule rapidement autour de la forêt (blocus Napoléonien)
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Le quartier du Vieux-Hull à Gatineau Histoire locale… Perspectives nationales
1800 – 1850 : Naissance d’une région et de l’exploitation forestière • L’économie s’articule rapidement autour de la forêt (blocus Napoléonien) • L’Outaouais devient un important laboratoire de cette industrie naissante • Ce territoire devient le décor de nombreux et puissants symboles identitaires nationaux : les bûcherons, les raftmens, les draveurs, Jos Montferrand, la Chasse-Galerie, etc.
1850 – 1950 : Hull ville industrielle • Hull (Wrightowns) devient un important pôle industriel, avec un statut de ville-centre vers où convergent plusieurs cours d’eau (Outaouais, Gatineau, Coulonge, etc.) • Complexe industriel des Chutes Chaudières devient l’un des plus gros au pays, avec la présence d’importants barons du bois (E.B. Eddy, Scott, etc.) et le développement d’activités connexes (allumettes, pâtes et papier, etc.)
Une réputation peu enviable : • Sa position géographique en fait un important lieu de débauche, pour les hommes qui descendent des chantiers. • On associe donc rapidement Hull à diverses activités illicites (alcool, jeux, prostitution) • Divers noms illustrent cette réputation tels que HappyTown, BeerTown, Le Petit Chicago, etc.
1858 : Ottawa devient capitale du Canada • Les deux villes avaient jusque là suivis des évolutions semblables; à partir de 1858 différenciation • Cela confirme davantage Hull comme lieu de débauche, ville industrielle sale, face à Ottawa la capitale, qui deviendra de plus en plus, une ville administrative, conservatrice et propre. « Hull la pute vs Ottawa la prude »
1888 – 1910 : Les grands feux font rages • Hull capitale des allumettes, détient plusieurs conditions pour faire de sa ville un brasier • Les flammes ravagent la ville à quelques reprises, dont en 1900 qui brûle 50% des immeubles. • Importantes pertes patrimoniales – très peu de bâtiments pré-1900 • Mobilisation pour la reconstruction de la ville.
À partir des années 30 : le déclin s’amorce • L’industrie forestière, qui emploie près de 30 000 personnes, s’essoufle et réduit graduellement ses effectifs avec également la mécanisation. • Résultat en 1950 : ville pauvre, délabrée qui se cherche une nouvelle source d’emplois. • Contraste frappant avec Ottawa : Description du journal La Patrie en 1964
« Le visiteur qui entre dans Hull oublie la saison et le temps. Ce qu’il voit lui fait croire qu’il traverse un pays de colonisation du siècle dernier, et non la ville sœur et jumelle de la capitale fédérale canadienne. À part quelques bâtisses publiques et tout à fait désassorties, l’apparence et le style des habitations nous portent à penser qu’une compagnie de cinéma prépare un grand film western. »
« Je m’attendais à retrouver un prolongement de la ville d’Ottawa. Hull dans mon idée, ce devait être aussi beau que la capitale canadienne: une sorte de banlieue faisant honneur au Québec. Hull pensais-je, doit être la ville choyée québécoise. (…) C’était donc cela le miroir québécois en face d’Ottawa. J’étais déçu, frustré, humilié. Car Hull, c’est tout le Québec qui vit à coté, juste à coté de tout l’Ontario, de tout le Canada que représente Ottawa » - Hervé Lépine, Journal la Patrie, décembre 1964 -
Plan Gréber : un aménagement imposé • L’urbaniste français Jacques Gréber publie le Projet d’aménagement de la capitale nationale 1946-1950 (le « plan Gréber ») • Plan s’appuyant sur la thèse des espaces fonctionnels
1959: Création de la CCN • La Loi sur la capitale nationale de 1958 double la superficie de la région de la capitale nationale, nouvelle entité territoriale qui englobe désormais le Québec et qui couvre 4 660 kilomètres carrés • Création de la Commission de la capitale nationale (CCN) en 1959, organisme chargé de la mise en œuvre du plan Gréber (1950) • Mandat: Édifier une magnifique capitale pour susciter un sentiment de fierté et d’unité par l’entremise de la région de la capitale du Canada.
1968 : Les colombes Trudeau-Marchand-Pelletier arriventau pouvoir • Utilisation de la CCN à des fins idéologiques • Projet de construction identitaire nationale (Nation Building) : la région de la capitale doit être le reflet de la nation canadienne (cohabitation harmonieuse et égalitaire) • Loi prévoit que 25% des emplois de la fonction publique se trouveront du coté québécois.
Mega-complexe fédéral : une nouvelle vocation pour le Vieux-Hull • Décision d’installer les édifices fédéraux en plein cœur de l’île, autour de la rue principale • Expropriation de 2000 familles amène une importante mobilisation populaire • Phénomène semblable à ce qui se passe dans de nombreuses villes nord-américaine • Particularités : enclavement (bunker), destruction d’institutions/patrimoine (bureau de poste, palais de justice, église, mairie, etc.), érosion du lien social
Situation actuelle : • 6 ministères • 20 000 emplois (plus gros employeur de la région) • Annonce de 6000 emplois de plus • Tendance anglicisante de la fonction publique
Conséquences : du micro au macro Quartier Ville Région National
Quartier : • 20 000 fonctionnaires débarquent chaque jour dans un quartier populaire : clivage • Moins de 5% habitent le quartier • La population de l’île est passée de 25 000 à 15 000 personnes entre 1970 et 2005 • Tentative de gentrification : projets de condos • Population coupée de la rivière
Ville : • Un centre-ville qui n’en est pas un! • N’assume pas ses fonctions liées à sa centralité • Contexte des fusions • Est davantage une banlieue d’Ottawa que la ville centre de l’Ouest du Québec
Région : • Gatineau représente 75% de la population de l’Outaouais • Orienté vers Ottawa beaucoup plus que sur son arrière pays. • Cela cause une rupture rurale / urbaine • Ville riche – campagne pauvre
National : • Hull vitrine du Québec face à Ottawa?? • Harmonie visuelle comme symbole de l’unité canadienne • La toute puissante CCN • Importance de la valeur symbolique • Une union organique : le boul. de la Confédération
Conclusions • La nécessité d’une construction identitaire parce que l’Outaouais est Québécois! • Potentiel du tourisme comme lieu d’exposition du soi à l’autre • Actualisation et mise en valeur de référents identitaires locaux et régionaux • Reconnaître l’Outaouais comme région ayant une fonction identitaire symbolique importante pour l’ensemble du Québec
Préparé par Alexis Girard-Aubertin Pour La Table Jeunesse Gatineau Juillet 2007