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DOM ROBERT. Un cartonnier de génie -II-. Diaporama de Jacky Questel. De Guy de Chaunac à Dom Robert
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DOM ROBERT Un cartonnier de génie -II- Diaporama de Jacky Questel
De Guy de Chaunac à Dom Robert "Guy de Chaunac-Lanzac est né dans le Poitou le 15 décembre 1907. Ce pays de frondaisons et de chasses a marqué son enfance. Collège, service militaire,études aux Beaux-Arts, service militaire… Une vie classique ; il entre à l’Abbaye d’En-Calcat en septembre 1930. Il étudie la philosophie et la théologie, est ordonné prêtre en 1937. A cette époque, il se remet à dessiner etpeindre. Lorsque Jean Lurçat, de passage à l'abbaye bénédictine d'En Calcat dans le Tarn en 1941, découvre les aquarelles et enlumi-nures de Dom Robert, il est touché par la puissance et l'originalité de ces œuvres qui feront de ce moine un des cartonniers les plus féconds et les plus admirés du XXe siècle… En 1994, une mauvaise chute dans un escalier lui fait arrêter toute activité. Il décède à l'abbaye d'En Calcat entouré de ses frères moines, le dix mai 1997, à l'âge de 90 ans."
Tapisserie, atelier Goubely, Aubusson 1977,165x285 En ses trois premières tapisseries, l’Eté, le Printemps, l’Automne, Dom Robert avait défini sa quête : capter le temps qui passe, les cou-leurs du temps. Or le printemps est la plus fugitive des saisons, celle des métamorpho-ses ; saison insaisissable, pleine de nuances et de subtilités ; aussi chacun des mois du printemps a droit à son titre dans les tapis-series de Dom Robert : Avril douce espérance succède à Une de mai, une dizaine d’années après Juin, sans oublier le calendrier révolu-tionnaire avec Prairial. il n’est pas très sûr que toutes les plantes convoquées dans Avril douce espérance soient typiques de ce mois de l’année (l’oseille en graine est un peu précoce, et les pissenlits en boules n’y sont pas si nom-breux…), le mouvement des animaux, l’élan vital qui se dégage de la composition et les teintes encore timides disent parfaitement ce début du printemps. AVRIL DOUCE ESPERANCE
Tapisserie, atelier Goubely, Aubusson, 1961,185x150 A mon retour d’Angleterre j’ai retrouvé les co-quelicots, papillons et basses-cours du terroir et toute une longue série en est sortie à partir d’un premier essai modeste auquel le titre que j’ai don-né voulait signifier un programme : l’Herbe Haute. On connaît la ravissante odelette d’Henri de Ré-gnier où j’ai trouvé ce titre qui prend dans son contexte sa valeur d’ambitieux souhait : "un petit roseau m’a suffi à faire chanter la forêt." Je trouve là un des enseignements de l’école buissonnière de laquelle j’ai tant appris. L’HERBE HAUTE
Tapisserie, atelier Goubely, Aubusson 1961, 210x300 Dom Robert avait une prédilection pour l’Herbe Haute et parlait moins de Mille fleurs sauvages qui n’était à ses yeux qu’une réplique agrandie de la première. Ce titre générique signale pourtant une constante de son œuvre : ce qui autrefois n’était qu’un fond, le tapis de "mille fleurs" devient tout aussi important que les personnages mis en scè-ne ; le phénomène s’accomplit dans la série des ombelles, où le regard n’a plus d’autre objet que d’humbles fleurs de carotte sauvage et de pissen-lit. "Sauvages" est bien le mot-clé : Le bestiaire le plus domestique, l’herbier le plus commun, restent, tout près de nous, terra incognita, un mode neuf à explorer. MILLE FLEURS SAUVAGES
Tapisserie, atelier Goubely Aubusson, 1965, 195x240 Avec Personnages pour un cantique s’ouvre une page originale dans l’œuvre de Dom Ro-bert : renonçant au carton chiffré, l’artiste a donné comme point de départ aux liciers une aquarelle, un lavis presque monochrome qui, agrandi par procédé photographique, est deve-nu le carton. La chaîne, plus grosse qu’à l’or-dinaire, et un choix de laines aux coloris natu-rels, très en vogue dans ces années 1960, contribuent à marquer une facture très diffé-rente. L’interprétation de celui qui tisse devient beaucoup plus déterminante. Cette recherche amena Dom Robert à connaître d’autres liciers aubussonnais, comme Raymond Novion dans les années 1960, ou l’atelier Finck-Téhéry dans les années 1980. PERSONNAGES POUR UN CANTIQUE
Signet pour un livre de chœur, Parchemin année 1940 Descendre boire, comme cette biche, au bord d’un étang, c’est chose facile, croirait-on. Mais s’il faut en même temps garder tous les sens en constante alerte dans la crainte de tout ce qui rôde à l’entour, c’est chose plus ardue, et je vois ici, à travers cet exemple animal, une leçon capitale : faire difficilement des choses faciles. Règle de Racine qui me paraît être la racine de toutes les règles : tout un monde de complications les plus enchevêtrées traduit par l’expression la plus simple. QUEM ADMODUM
Tapisserie, atelier Tabard Aubusson, 1966, 198x252 Avec Juin, Dom Robert est en pleine possession de son métier de cartonnier : il allie une composition très structurée à un équilibre parfait de la lumière et de la couleur. Les motifs de premier plan, coqs et sauges, cernés de noir et d’un rouge sombre dénommé "Périgord" se détachent de fonds plus complexes, aux contours moins contrastés, donnant une impression de profondeur et d’opulence joyeuse et éclatante. Le sentiment de plénitude rayonnante de la nature juste avant les grosses chaleurs de l’été est ici ma-gnifiquement rendu. JUIN
Tapisserie, atelier Goubely, Aubusson, 1968, 350x520. La Vie douce ( 1952) et les Enfants de la lumière (1968) présentent la même composition: Dans la première tapisserie en Angleterre, six poissons nagent dans une mare couverte de nénuphars bien caractérisée par ses eaux noirâtres au milieu d’une lande à la végétation variée, hantée de paons, canards, huppes, coqs et perroquets. Le second carton à En Calcat en est une variation : neuf poissons et les volailles dans un univers végétal foisonnant et coloré (…) Un tel double s’explique par le désir de Dom Robert d’appro-fondir ses compositions et leur traitement, désir qui l’amène à réaliser parfois pendants et séries, cette tapisserie est l’une des plus célèbres. Lorsque il reçut cette commande, le nom de Philips lui évoqua spontanément les ampoules élec-triques sur lesquelles cette marque était gravée, d’où le titre "Enfants de la lumière" ! il s’agit en fait d’une expression biblique ; son application à des animaux, bien loin de sa résonance morale originelle chez saint Paul (Conduisez-vous en enfants de lumière, car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité, Eps 5,8), apparaît comme un hommage à l’innocence de la nature "qui ne ment jamais". LES ENFANTS DE LUMIERE
SCOLOPENDRES Tapisserie, atelier Goubely 1969, 198x286 Providence du décorateur, le paon bleu traîne à un mètre cinquante cent plumes dorées en palette ocellée. Présent dès l’Eté, comme une illustration ornithologique, le paon va se fondre insensiblement dans les végétations. Il se devine derrière les branches tordues et les feuilles jaunies de Pavane de novembre. Dans sa dernière apparition en 1969 – Scolopendres – ses plumes, déployées ou trainantes, confondent leurs lignes sinueuses avec les fougères agitées occupant en triangle sous la diagonale la moitié de la tapisserie. (Antoinette et Jacques Sangouard) SCOLOPENDRES
LE CHAT NOIR Tapisserie, atelier Tabard Aubusson, 1969, 248x132 On part donc un peu à l’aventure, destination inconnue, et si l’on ne trouve toujours pas ce que l’on cherche, on trouve souvent ce que l’on ne cherche pas et généralement on gagne au change ! Je m’en vais sans but précis avec un carnet de notes, j’attrape ce que je rencontre au hasard de la promenade, un croquis par-ci par-là : les moutons au pré ou des chèvres sur une rocaille, des coquelicots ou des pissenlits, un cheval dans un enclos, un coq dans sa basse-cour, avec un chat qui vient me frôler les jambes, un feuillage ou des ombelles, et puis de retour à l’atelier je fais ma cuisine. Et s’il manque tel ingrédient je peux compléter ensuite par une promenade plus orientée.
Tapisserie, atelier Goubely Aubusson, 1970, 260x470 Plein champ, l’une des œuvres majeures de Dom Robert, consacre un procédé de composition remarquable dont Le Chat noir montre l’ébauche. Regardez les coquelicots et les crêtes-de-coq (qui valurent aux premiers leur nom même) : leur répartition sur la tapisserie crée un effet de rythme et l’unité très sensible auquel Dom Robert recourra désormais souvent. Pourtant, l’extrême variété du dessin, fruit d’une inlassable observation, fait que chacun de ces coquelicots est aussi unique que la chèvre, le chat, la dinde et le canard. La vérité de Dom Robert est dans l’étrangeté de ces animaux de basse-cour ; domestiqués apprivoisés, dit-on, ils sont chez lui, dans leurs plumages ou leurs crinières, plus ébouriffés que nature. Les voilàs rendus, dans une jungle de fleurs des champs et de branches aux proportions insolites, à une sorte de sauvagerie, d’innocence première. Ce sont des créations nouvelles, fraîches sorties des mains du Créa-teur, et l’émerveillement d’exister, tout à coup, leur fait un regard intense et mystérieux.(F. Philippe de Lignerolles) PLEIN CHAMP
Tapisserie, atelier Goubely Aubusson, 1993, 248x173 Les chèvres du Larzac sont la dernière grande tapisserie de Dom Robert. A plus de quatre-vingt-cinq ans, avec un zona qui le fait beaucoup souffrir, il peine de plus en plus à travailler au mur, avec l’indispensable escabeau : les cartons restent des mois et des mois à l’atelier sans qu’il parvienne à s’en satisfaire. Un grand carton connaît trois versions successives, maculées de repentir, mutilées pour certaines, toutes finalement inachevées. Si Les Chèvres du Larzac ont abouti, c’est grâce à deux jeunes liciers, François-Xavier Letournelle et Sylvie Hermant, qui firent sous sa direction, le travail d’agrandissement d’une aquarelle des années 1950 qu’ils s’étaient fait prêter. LES CHÊVRES DU LARZAC
Tapisserie, atelier Goubely Aubusson, 1974, 170x215 Nom d’une jument célèbre à l’époque sur les champs de course, Une de Mai reste pour Dom Robert une évocation printanière sans chevaux, ni poneys. Son double, quatre ans plus tard, Vasca, nom du petit berger des Pyrénées qui y paraît, montre l’habilité de Dom Robert à créer une variation sur un thème : le jeu des regards est la clé de la scène. Le chat de Une de Mai passe inaperçu et indifférent, ce qui est bien dans sa nature, tandis que le chien pataud, massif et naïf de Vasca s’est aussitôt fait repérer par le coq de gauche ; seul ce dernier a été redessiné. UNE DE MAI
Tapisserie, atelier Goubely Aubusson, 1979, 180x125 En Crouzille est le nom d’une ferme proche du monastère au pied de la Montagne Noire, où Dom Robert allait volontiers dessiner. Cette tapisserie est la première d’une veine très féconde, dont les héros sont les coqs de basse-cour, dans un environnement fait de pissenlits, d’ombelles et de graminées. Au poussin, jolie tache jaune mais naïvement trop ronde, Dom Robert préfère l’éclat lumineux du coq, sa pompe, sa faconde, sa hardiesse, ses attitudes contournées et ses pennes en faucilles que la brise anime. Il en repartit une trentaine dans le quart de ses tapisseries. Lurçat aussi prisait l’oiseau décoratif, sa crête et ses barbillons rutilants, son plumage prétex-te à toutes les variations de couleurs. (Antoinette et Jacques Sangouard) EN CROUZILLE
Les incroyables Tapisserie, atelier Gorbely Aubusson, 1979, 180x130 Vanité et élégance : tels sont les Incroyables et merveil-leuses à la fin de l’époque révolutionnaire. Dans une simple basse-cour Dom Robert aperçoit le jeu tout mondain d’une culture et de sa décaden-ce. Les tapisseries suivantes s’appelleront "Carnaval et Parade« ; chacun ici joue des coudes ou des plumes pour se faire admirer et le paon n’en impose pas plus que le dindon ou que le coq rouge au torse bombé.
Tapisserie, atelier Goubely Aubusson 1983, 130x175 Après la très riche composition "Carnaval", Dom Robert passe des fonds brun sombre à des harmonies plus claires, gris-vert dans les "Trois Samouraïs" gris dans "Jeu d’échecs", et même d’un bleu inhabituel dans "la cour du Chat". Parallèlement, à travers les thèmes et la composition, il met davantage en scène un monde en tension, ce que seul ici le titre exprime, mais que le retour des canards va illustrer dans les tapisseries suivantes. TROIS SAMOURAÏS
LA COUR DU CHAT Tapisserie, atelier Goubely Aubusson, 1987, 150x200 Cette tapisserie a été crée pour le collège de Dourgne, la commune où se trouve le monastère. Lors de l’inauguration, Georges Mazars, maire du village et ami de Dom Robert, fit ce discours : Lors de l’élaboration du carton, vous m’aviez, Dom Robert, indiqué ce titre et vous m’aviez dit : "A moins que vous m’en proposiez un autre". Aucun ne m’est venu à l’esprit à ce moment-là. Et je crois que ce titre à du punch, mais depuis peu de temps, l’actualité en est peut-être la cause, un sous-titre s’impose à mon esprit : "Vivre ensemble". Pourquoi ? Un chat dans une basse-cour, ce n’est pas évident. Les volailles auraient pu se liguer pour chasser l’intrus ou bien fuir en ordre dispersé devant le félin sortant ses griffes et montrant ses dents. Or nous avons un gros matou noir, aux yeux bleus et vert, qui se promène au milieu des volailles, tout à fait rassurées puisque le vieux coq malade de premier plan n’hésite pas à s’épouiller tranquille-ment en gonflant ses plumes. C’est le calme, c’est la paix dans la cour. Les noirs voisinent avec les blancs, les rouges avec les jaunes, dans une parfaite harmonie accrue par les bleus, les roses, les verts, s’enrichissant les uns aux autres de leurs différences. "Vivre ensemble", aussi parce qu’un grand artiste de renommée nationale et internationale a accepté de faire un chef-d’œuvre pour un tout petit collège rural.
Documents (illustrations et textes) pris dans le magnifique livre « LA CLE DES CHAMPS » de Dom Robert, dont les textes et légendes ont été écrits par les Frères de l’Abbaye d’En Calcat. Ce livre contient bien d’autres reproductions et fourmille de détails, je vous le recommande ! Musique : Guitare : Jean-Paul ALBERT Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ Site : http://www.jackydubearn.fr/