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Pourquoi le Cap-Vert a-t-il développé un créole mais pas le Brésil?. Salikoko S. Mufwene Université de Chicago. Les îles nord-atlantiques et le Brésil. Quelques suppositions gratuites:. Nous savons ce qu’est un créole C’est une question ouverte à laquelle nous reviendrons à la fin
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Pourquoi le Cap-Vert a-t-il développé un créole mais pas le Brésil? Salikoko S. Mufwene Université de Chicago
Quelques suppositions gratuites: • Nous savons ce qu’est un créole • C’est une question ouverte à laquelle nous reviendrons à la fin • Jusqu’ici nous avons supposé, sans le remettre en question, que le Cap-Vert a un crioulo/kriolu alors que le Brésil n’en a pas. • C’est ainsi que les Cap-Verdiens et les Brésiliens le reconnaissent
Le Cap-Vert n’a pas eu de grandes plantations Il a d’ailleurs connu moins de succès que les îles Madère et Canaries en ce qui concerne la culture du sucre Il a capitalisé économiquement sur sa situation géographique comme point de relai et comme dépôt d’esclaves destinés au Nouveau Monde Nous avons toujours associé les créoles avec les grandes plantations, surtout de canne à sucre
Nous avons toujours associé les créoles avec les grandes plantations, surtout de canne à sucre (suite) • Le Brésil est la première colonie américaine à avoir cultivé la canne à sucre • Il est aussi la première colonie à avoir importé une forte main d’oeuvre servile africaine pour les plantations • Il a importé le plus grand nombre d’esclaves dont la plupart ont travaillé dans les plantations
Le cas du Cap-Vert est semblable à celui des Antilles néerlandaises (Aruba, Bonaire, et Curaçao), avec le papiamentu Le cas du Brésil est semblable à celui des Açores, de Madeire, et des Canaries… sauf que ces îles ont aboli l’esclavage plus tôt. Les deux cas ne sont pas uniques!
La culture de la canne à sucre y a moins échoué qu’au Cap-Vert Un de leurs points communs est que la population européenne a décru très vite, et comme Curaçao, ces îles ont servi de dépôts d’esclaves A part une minorité créole permanente, la population servile se renouvelait vite Le cas du Cap-Vert pourrait être comparé à celui de Sao Tomé et Principe
La variation de leurs écarts par rapport au portugais pourrait être attribuée à la disproportion entre les populations créoles et non-créoles vers la fin du XVIIIè et le début du XIXè siècles Il n’est pas important d’insister sur la disproportion entre les populations européennes et non européennes… … car c’est la maîtrise de la langue qui compte le plus ; les premiers Créoles sont des locuteurs natifs de la langue coloniale européenne On pourrait supposer que les créoles du Cap-Vert et de Sao Tomé et Principe se sont développés tard
Ce processus de divergence par rapport à la métropole est-il unique aux “territoires créolophones” ? Les “ex-colonies non-créolophones” n’ont-ils pas de continua semblables ? Est-il vraiment justifié d’isoler lesdits “créoles” comme des évolutions uniques ou différentes de celles qu’on observe dans les autres ex-colonies de peuplement ? Leurs créoles sont l’aboutissement d’une basilectalisation graduelle, tout comme ailleurs dans les territoires créolophones
La question est-elle bien posée dans le titre de cette communication? • Le Brésil n’a-t-il pas un portugais populaire différent du portugais populaire européen ? • Le Brésil n’aurait-il pas produit, dans quelques coins isolés de son territoire, des variétés de portugais comparables aux “créoles” et qui seraient parlées par quelques descendants marginalisés d’engagés contractuels du XIXè siècles ?
Pourquoi l’évolution du portugais est-il aussi variable d’une colonie ou d’un endroit à un autre ? Après tout, il est évident que de nouvelles variétés de portugais se sont développées dans toutes les colonies, des Açores au Brésil et dans la Baie du Biafra, dans des conditions écologiques, socio-économiques, toujours variables. N’est-ce pas la question suivante qui devrait plutôt retenir notre attention ?
Dans tous ces cas : • La vitesse de croissance de la population, la nature du mélange ethnolinguistique, et la structure de population sont, entre autres, des facteurs déterminants de l’évolution linguistique. • Qu’est-ce qu’un “vernaculaire créole” si non qu’un héritage colonial pour une catégorie arbitraire non linguistique de nouvelles variétés langagières (indo-européennes) ? • Lesdits “créoles” ont-ils plus de spécificités en commun qu’en auraient les villes “Santiago” dans le monde ?