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Université d’Orléans Pragmatique 1 SDL502 2007-2008 Chapitre 3 : l’implicite François Nemo

Université d’Orléans Pragmatique 1 SDL502 2007-2008 Chapitre 3 : l’implicite François Nemo. 3. Pragmatiques de l ’implicite 3.1. Présupposition et d’implication 3.2. La théorie de l’Argumentation dans la Langue Orientation argumentation, conclusion, topoï

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Université d’Orléans Pragmatique 1 SDL502 2007-2008 Chapitre 3 : l’implicite François Nemo

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Presentation Transcript


  1. Université d’Orléans Pragmatique 1 SDL502 2007-2008 Chapitre 3 : l’implicite François Nemo

  2. 3. Pragmatiques de l ’implicite 3.1. Présupposition et d’implication 3.2. La théorie de l’Argumentation dans la Langue Orientation argumentation, conclusion, topoï 3.3. La théorie de la coopération de Grice Implicatures et maximes conversationnelles

  3. 3.4. La théorie de la pertinence (Sperber & Wilson) Inférences et environnement cognitif 3.5. Sémantique de la pertinence (Nemo, Rooth) Image du possible et scalarisation 3.6. Pragmatique attentionnelle.

  4. 3. L’implicite : quelques modèles Le modèle de Grice : Sentence-meaning, speaker ’s meaning et implicatures Le modèle de Ducrot & Anscombre : Topoï et conclusions Le modèle de Sperber & Wilson : Environnement cognitif, énoncé et inférences Le modèle de Keenan–Vershueren: Présupposition de la pertinence du contexte. Le modèle de Nemo : Cadre modal, énoncé, valeur scalaire et attentionnelle Le modèle de Levinson (et Krifka): Enoncés-occurrence, énoncés-type et sémantique des alternatives

  5. Le dit et le non-dit chez Ducrot (1972) Caractéristiques importantes : – inférences liées à l ’existence d ’un implicite d ’amont non-codé; – ce qui est dit est souvent inféré. Exemple : (Sur un magasin) Ouvert le lundi (à propos du Vietnam) Je ne serai pas le premier président à perdre une guerre. Ce qui est dit : soit ouvert même le lundi soit ouvert seulement le lundi. Ce qui est implicité : soit ouvert les autres jours, soit fermé les autres jours. Ce qui est dit : soit je ne perdrai pas cette guerre. Ce qui estimplicité : aucun président n ’a perdu une guerre avant moi. Ce qui est dit : soit je perdrai cette guerre. Ce qui estimplicité : d ’autres présidents ont perdu une guerre avant moi.

  6. 3.2. Le dit et le non-dit chez Anscombre et Ducrot Les caractéristiques du modèle d’Anscombre et Ducrot sont les suivantes : – il s ’agit d ’un modèle qui fait jouer à la langue et aux unités linguistiques spécifiques (et non à des principes pragmatiques) un rôle central dans le calcul de l ’implicite discursif; – il s ’agit d’un modèle qui conçoit l’implicite discursif comme très largement axiologique-argumentatif; – il s ’agit d’un modèle qui distingue entre un implicite d ’amont (les garants argumentatifs) et un implicite d ’aval (les conclusions), autrement dit qui a une vision dichotomiste de l’implicite; – il s ’agit d ’un modèle qui suppose que les mots jouent un rôle déterminant dans la construction de l ’implicite d ’amont, et que l ’implicite d ’amont joue un rôle déterminant dans le calcul de l ’implicite d ’aval;

  7. Le dit et le non-dit chez Anscombre et Ducrot (2) phrase p conclusion r convocation de garants argumentatifs (échelle, topoï, blocs) + p + r

  8. 3.3. L’implicite chez Grice Un modèle explicitement pluriel mais qui tend à présenter le sens des énoncés de façon dichotomiste. Pluriel parce que Grice nomme plusieurs types d ’implicites, et dichotomiste parce qu ’il se contente de nommer ceux-ci et adopte en fait une représentation du sens des énoncés en termes de couple « proposition, inférence conversationnelle ». Cette dichotomie vise à sauver une représentation logique du contenu sémantique de l ’énoncé, en identifiant ce qui est dit à une proposition explicite. Elle vise à retrouver la distinction initiale de Grice entre sentence’s meaning d ’une part et speaker ’s meaning d ’autre part. Elle s’appuie techniquement sur l’idée de Novel-Smith (1954) et Mats Furberg (1963) selon laquelle puisqu ’il ne faut jamais dire quelque chose qui sois sans intérêt pour l ’allocutaire, il est possible au locuteur d ’utiliser cette convention pour communiquer implicitement de l ’information.

  9. L’implicite chez Grice (2) Caractéristiques importantes : – pas d ’implicite d ’amont; – ce qui est dit n’est pas inféré. Exemple : (commentaire d ’évaluation d ’un candidat) A une jolie écriture Ce qui est dit : a une jolie écriture Ce qui est implicité conversationnellement : je ne peux rien dire d ’autre de positif d ’où le candidat sans intérêt.

  10. L’implicite chez Grice (3) Principe de coopération Parler est une activité coopérative, qui impose de prendre en compte les besoins d ’information de l ’allocutaire. Il faut donc optimiser l ’information fournie et la rendre adéquate au but de la conversation en cours. Maximes conversationnelles Maxime de quantité : N ’apportez pas d ’information inutile, n ’omettez aucune information importante. Ne soyez ni trop ni trop peu informatif. Maxime de qualité : N ’apportez pas d ’information que vous savez fausse ou incertaine. Maxime de relation : Soyez pertinent. Maxime de manière Soyez clair, évitez confusions et obscurités. Soyez bref et ordonné.

  11. 3.4. Le dit et le non-dit chez Sperber & Wilson Les caractéristiques du modèle de Sperber & Wilson sont les suivantes : – il s’agit d’un modèle qui fait jouer au contexte et à un principe pragmatique, le principe de pertinence, un rôle central dans le calcul de l ’implicite discursif; – il s’agit d’un modèle qui décrit le contexte partagé par les interlocuteurs, appelé environnement cognitif, comme un ensemble d ’assomptions mutuellement manifestes (équivalentes à la base de fait d’un système expert); – il s ’agit d’un modèle pour lequel l’essentiel de la valeur pragmatique des énoncés (i.e. de leur pertinence) doit être décrit en termes de valeurs inférentielles, i.e. en termes de l’effet produit par un énoncé nouveau sur l’environnement cognitif (ce que le fait nouveau ajouté aux faits connus permet de produire comme information nouvelle).

  12. Le dit et le non-dit chez Sperber & Wilson (2) Le modèle initial (Sperber, 1974; Sperber & Wilson, 1986, 1-119) + = ai1 ai2 (inférences) Environnement cognitifassomption nouvelle effet cognitif = énoncé Moteur d ’inférences Si a1 et an alors ai1 principe de pertinence : sélection des énoncés en a2 et an alors ani2 fonction de l ’effet cognitif produit (maximisation) assomptions a1,a2,a3,a4,a5, a6,a7,a8,a9,a10 a11,a12,a13,a14 an

  13. Le dit et le non-dit chez Sperber & Wilson (3) Le modèle amendé (Sperber & Wilson, 1986, 120-340) ai1 ai2 (inférences) Environnement cognitifassomption nouvelle effet cognitif = énoncé principe de pertinence : sélection des énoncés en fonction de l ’effet cognitif produit (maximisation) sur l ’environnement cognitif. Sélection de l ’environnement cognitif permettant à l ’énoncé de produire le plus grand effet cognitif (au moindre effort cognitif) assomptions a1,a2,a3,a4,a5, a6,a7,a8,a9,a10 a11,a12,a13,a14 an

  14. 3.5. Sémantique de la pertinence Épisode 1. Les conjectures de Keenan et Verschueren Fillmore (1971). On peut identifier les présuppositions d’une phrase et les conditions qui doivent être satisfaites pour qu’on puisse l’employer (dans une de ses fonctions). Keenan (1971). L’énonciation d ’une phrase présuppose pragmatiquement que son contexte (linguistique et extra-linguistique) est approprié. Vershueren (1980). La pragmatique [est] l’étude des conditions d’appropriété contextuelle qui doivent être satisfaites pour qu ’un énoncé remplisse une fonction communicative intentionnelle. [..] Les conditionsd’appropriété ne sont des conditions que pour le locuteur. Du point de vue de l ’auditeur, elles sont plutôt des éléments de sens. [..] Parce que les conditions d’appropriété peuvent fonctionner comme des éléments de sens pour l ’auditeur, il est possible pour le locuteur de les utiliser pour la transmission indirecte d ’information.

  15. Sémantique de la pertinence Épisode 2. le modèle de Nemo (1986,1992) Caractéristiques importantes : – "inférences" liées à l ’existence d ’un implicite modal d ’amont; – ce qui est dit est toujours "inféré". – les énoncés ne sont pas des propositions, i.e. une représentation du réel, mais reposent sur des comparaisons implicites, i.e. situent forcément le réel à l ’intérieur d ’une représentation du possible. Exemples : (Sur un magasin) Ouvert le lundi (à propos du Vietnam) Je ne serai pas le premier président à perdre une guerre. Bill Clinton est en vie. Ce n ’était pas loin donc j ’ai pris ma bicyclette C ’était loin donc j ’ai pris ma bicyclette

  16. Le dit et le non-dit Nemo (2) Comprendre ouvert le lundi suppose de comprendre quelles alternatives l’énoncé introduit. Autrement dit on a soit ouvert le lundi (et pas le mardi, le mercredi, le jeudi, etc.) soit ouvert (et pas fermé) le lundi. La négation, à partir de laquelle se construisent les alternatives, peut en effet porter soit sur ouvert (ouvert versus pas ouvert) soit sur le lundi (le lundi et pas le mardi, etc.) Comprendre la différence entre : Ce n’était pas loin donc j ’ai pris ma bicyclette C’était loin donc j ’ai pris ma bicyclette suppose de comprendre que le premier énoncé introduit (par exemple) l’alternative prendre sa bicyclette versus prendre sa voiture, alors que le second énoncé introduit l’alternative y aller à pied versus prendre sa bicyclette.

  17. Le dit et le non-dit : le modèle de Nemo (1988) phrase différence que cela fait conséquence attentionnelle indexicale garants partagés cadre modal

  18. Le dit et le non-dit : le modèle de Nemo Inférence de type 1 : Modalisation énonciative. Création d’une image du possible Inférence de type 2 : Scalarisation énonciative. Calcul de la différence entre ce qui est le cas et ce qui aurait pu être le cas et de ce pour quoi cela fait une différence (NB : c ’est l ’orientation argumentative de Anscombre et Ducrot) Inférence de type 3 : Appel ou fondement. Backing d’une scalarisation spécifique sur des principes scalaires généraux et partagés ou sur des expériences précises. Inférence de type 4 : Valeur d ’intervention (NB : c ’est la conclusion au sens de Anscombre et Ducrot) Inférence de type 5 : Valeur d ’ajustement ou adresse. Sélection de l ’auditeur sélectionné en fonction de la modalisation et de la scalarisation introduite.

  19. Exemples : (un fils de 15 ans à ses parents) Je n ’ai pas 3 ans. (un père à son fils) Je suis ton père. Inférences énonciatives : On peut avoir 3 ans ou ne pas avoir 3 ans. Inférences scalaires : Il n ’est pas indifférent d ’avoir 3 ans ou non pour certaines choses. Inférences de backing (fondement et appel): Vous me traitez comme si j ’avais 3 ans (fondement) J ’ai 15 ans (fondement) on ne traite pas un enfant de 15 ans comme un enfant de 3 ans (appel). Inférences attentionnelles-argumentatives : J ’attire votre attention sur le fait que je n ’ai pas 3 ans et je vous demande de le prendre en compte : ne me traitez pas comme si j ’avais 3 ans. Inférences interlocutives : Je m ’adresse à quelqu ’un qui doit prendre en compte le fait que je n ’ai pas 3 ans et pour lequel cela doit faire une différence.

  20. Le dit et le non-dit : le modèle de Nemo phrase différence 3 1 2 que cela fait 4 5 conséquence adresse attentionnelle indexicale garants partagés cadre modal

  21. 3.5. Épisode 3. Le modèle de Levinson Heuristique : 1. Si les énoncés sont construits en utilisant des formes simples, brèves, non-marquées, cela signale « business as usual », i.e. que la situation décrite a toutes les propriétés attendues et stéréotypiques; 2. Si, au lieu de cela, l ’énoncé est construit en utilisant des formes marquées, prolixes ou inhabituelles, cela signale que la situation décrite est par elle-même inhabituelle et a des propriétés spéciales ; 3. Quand un énoncé contient une expression tirée d ’un ensemble d ’expressions contrastantes, il faut assumer que l ’expression choisie décrit un monde qui contraste lui-même avec des mondes rivaux/alternatifs qui aurait été décrits par des expressions contrastantes.Le contenu informationnel d’un message peut être mesuré en termes du nombre de cas qu’il exclut.

  22. Quelques conclusions Tous les modèles contemporains admettent une distinction entre implicite d ’amont et implicite d ’aval et reconnaissent que le calcul de l ’implicite d ’aval (les inférences au sens ordinaire) suppose le calcul de l ’implicite d ’amont. Plusieurs modèles anciens ou récents (Nemo, Levinson, Krifka) convergent sur la reconnaissance du caractère modal du premier implicite d ’amont à calculer, le calcul de l ’image du possible apparaissant alors comme le point de départ obligé de tout calcul inférentiel. L’opposition entre un implicite d ’amont construit linguistiquement (Ducrot) ou donné contextuellement (Sperber & Wilson) est dans ces modèles dépassée : les marques et unités linguistiques permettent de construire le premier implicite d’amont, implicite qui est lui-même garanti collectivement (appel) ou contextuellement (fondement) en amont.

  23. Quelques conclusions (2) Si les points d ’arrivée des calculs inférentiels auxquels donne lieu toute interprétation apparaissent beaucoup plus diversifiés, ils sont néanmoins en nombre limité et posent chacun des questions différentes en matière d ’intercompréhension. Comprendre un énoncé, c’est en effet être capable de répondre à son propos à un ensemble de questions qui sont posées à tout énoncé (Nemo & Cadiot, 1997). Mais qui se posent d ’abord parce que l ’on a attiré l ’attention sur quelque chose en demandant de le prendre en compte.

  24. Conclusion générale Un énoncé parle autant de ce qui n’est pas le cas que de ce qui est le cas Un énoncé parle de la différence qu’il y a entre ce qui est le cas et ce qui n’est pas le cas. Les énoncés sont des comparaisons implicites. Les inférences sont des différences, c’est-à-dire le résultat d ’une comparaison entre des situations alternatives. Il y a autant de types d’images du possible différentes qu’il y a de types d’énoncés différents, mais les conditions de pertinence des énoncés directifs, performatifs, argumentatifs et informatifs peuvent toutes se décrire en termes d’image du possible. On parle donc de sémantique des pertinences énonciatives.

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