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Grammaire comparée et langues romanes : la discussion méthodologique autour du Dictionnaire Étymologique Roman (DÉRom). Éva Buchi ATILF (CNRS & Université de Lorraine). Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Séance du 14 mars 2014. Plan. 1. Présentation des enjeux du débat
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Grammaire comparée et langues romanes : la discussion méthodologique autour du Dictionnaire Étymologique Roman (DÉRom) Éva Buchi ATILF (CNRS & Université de Lorraine) Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Séance du 14 mars 2014
Plan 1. Présentation des enjeux du débat 2. Illustration des deux approches par des exemples concrets 2.1. Propriétés phonétiques et phonologiques des étymons 2.2. Propriétés sémantiques des étymons 2.3. Propriétés morphosyntaxiques des étymons 3. Conclusion
Ouvrage de référence Wilhelm Meyer-Lübke (Dübendorf [Zurich] 1861-Bonn 1936) Romanisches Etymologisches Wörterbuch (REW [19353])
Les origines du DÉRom Éva Buchi et Wolfgang Schweickard : « À la recherche du protoroman : objectifs et méthodes du futur Dictionnaire Étymologique Roman(DÉRom) » XXVe Congrès international de linguistique et de philologie romanes Innsbruck, 7 septembre 2007 Réunion fondatrice du DÉRom Innsbruck, 4 septembre 2007
Reconstruction comparative Antoine Meillet, La méthode comparative en linguistique historique (1925) : Protoroman */'dɛke/ num. card.« dix » Sarde dèkenum. card. « dix » Roumain zecenum. card.« dix » Occitan detznum. card. « dix »
Chambon 2010 « […] les mots du latin écrit de l’Antiquité ne sauraient être placés à l’origine des mots héréditaires du français ou des autres langues (gallo)romanes […]. Le seul moyen de faire venir à l’existence l’étymon (oral) d’un mot héréditaire est de le reconstruire sur la base de la comparaison entre formes orales affines […]. On dira donc que l’établissement des étymons des mots héréditaires est le segment de la recherche étymologique où celle-ci coïncide avec la grammaire comparée-reconstruction. »
Vàrvaro 2011 : «Applicare al caso del latino e delle lingue romanze la metodologia che si impone (per ragioni di fatto, non per nostra scelta) nel caso dell’indoeuropeo e delle lingue indoeuropee preistoriche sarebbe come studiare la storia della Francia napoleonica con i metodi normali in preistoria. » [« Appliquer au cas du latin et des langues romanes laméthodologie qui s’impose (pour des raisons de fait et non pas par notre choix) au cas de l’indo-européen et des langues indo-européennes préhistoriques serait comme étudier l’historie de la France napoléonienne à l’aide des méthodes propres à la préhistoire. »]
Kramer 2011 : « Damit hat man aber das Etymon im eigentlichenSinne, also das Element, das im Lateinischen in irgendeiner seiner Erscheinungsformen real existierte, ein realessemantisches Spektrum aufwies und eine realeEinbindung in die sprachlich-reale Umwelt aufwies, in die zweite Reihe verwiesen und arbeitet innerromanistisch nur noch mit blutleerenRekonstruktions-Etyma. » [« Mais ce faisant, on a relégué au second plan le véritableétymon, c’est-à-dire l’unité qui existait réellementdans une des manifestations du latin, qui présentait un éventail de sens réel et était réellementinséré dans un environnement linguistique réel, et ne travaille en linguistique romane plus qu’avec des étymons de reconstruction exsangues. »]
Möhren 2012 : « Les reconstructions […] doivent coïncider avec les faits attestés […], sinon elles ne seraient pas considérées comme scientifiques. »
Colón 2013 : « […] la presentació en alfabet fonètic internacional em sembla desencertada en una obra que duu al títol l’adjectiu roman. Ultra això allunyaria el públic culte no romanista. Almenys hi hauria d’haver l’ètim llatí com a lema. » [« […] la notation en alphabet phonétique international me semble malencontreuse dans un ouvrage dont le titre contient l’adjectif roman. De plus, elle risque de repousser le public cultivé non romaniste. Au moins, le lemme devrait se présenter sous la forme de l’étymon latin. »]
Plan 1. Présentation des enjeux du débat 2. Illustration des deux approches par des exemples concrets 2.1. Propriétés phonétiques et phonologiques des étymons 2.2. Propriétés sémantiques des étymons 2.3. Propriétés morphosyntaxiques des étymons 3. Conclusion
Base documentaire • Environ 300articles du DÉRom sont rédigés • 87articles ont parcouru l’ensemble des étapes de révision : • (1) Révision par domaines géographiques • (2) Reconstruction, synthèse romane et révision générale • (3) Révision finale • Téléchargement : http://www.atilf.fr/DERom
Plan 1. Présentation des enjeux du débat 2. Illustration des deux approches par des exemples concrets 2.1. Propriétés phonétiques et phonologiques des étymons 2.2. Propriétés sémantiques des étymons 2.3. Propriétés morphosyntaxiques des étymons 3. Conclusion
Comparaison des lemmes du REW et du DÉRom v • REW : ēndĕre « verkaufen » • En latin, le graphème <v> note le phone [w] et le phonème /u/ β • DÉRom : */' end‑e‑/ v.tr. « céder la propriété (de qch.) pour un certain prix » • En alphabet phonétique international, le signe <β>note la fricative bilabiale [β] ou /β/
Traits phonétiques partagés Fricativebilabiale Protorom. */β/ Sard. gasc. esp. /b/ Roum. it. fr. /v/ Occlusive bilabiale Fricative labiodentale
Plan 1. Présentation des enjeux du débat 2. Illustration des deux approches par des exemples concrets 2.1. Propriétés phonétiques et phonologiques des étymons 2.2. Propriétés sémantiques des étymons 2.3. Propriétés morphosyntaxiques des étymons 3. Conclusion
Comparaison des lemmes du REW et du DÉRom • REW : tītio, -ōne « Feuerbrand [‘tison’] » • DÉRom : */ti'tion‑e/ s.m. « morceau de bois incandescent ; maladie des céréales d’origine cryptogamique qui les convertit en poussière noirâtre »
Plan 1. Présentation des enjeux du débat 2. Illustration des deux approches par des exemples concrets 2.1. Propriétés phonétiques et phonologiques des étymons 2.2. Propriétés sémantiques des étymons 2.3. Propriétés morphosyntaxiques des étymons 3. Conclusion
Comparaison des lemmes du REW et du DÉRom • REW : crēscĕre[v.intr.] « wachsen [‘croître’] » • DÉRom : */'kresk‑e‑/ v.intr./tr. « grandir progressivement jusqu'au terme du développement normal ; rendre plus grand »
Plan 1. Présentation des enjeux du débat 2. Illustration des deux approches par des exemples concrets 2.1. Propriétés phonétiques et phonologiques des étymons 2.2. Propriétés sémantiques des étymons 2.3. Propriétés morphosyntaxiques des étymons 3. Conclusion
Chambon à paraître « La parenté étant pour elle une évidence culturelle héritée, la linguistique romane a jugé économique de ne pas mobiliser le lourd appareil démonstratif de la grammaire comparée. […] Certes, la dimension de la comparaison est éminemment présente dans le ‘paradigme romaniste’, mais cette comparaison-là n’est pas la grammaire comparée-reconstruction. Celle-ci reste au contraire […] la grande exclue et, pour ainsi dire, le refoulé de la discipline. Disons que la comparaison des romanistes relève d’un état d’esprit, non d’une méthode et de techniques. »
L’équipe du DÉRom lors du XXVIIe Congrès international de linguistique et de philologie romanes (Nancy, 18 juillet 2013)