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L'enseignement social de l'Église catholique 8 DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE D'UNE DOCTRINE DES PÈRES DE L'ÉGLISE À JEAN-PAUL II. Diaporama réalisé sur la base de l’ouvrage épuisé chez fayard: « Pour une civilisation de l’Amour » par la Père Patrick de Laubier et Jean-Nicolas Moreau /1990 –
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L'enseignement social de l'Église catholique8 DÉVELOPPEMENT HISTORIQUED'UNE DOCTRINEDES PÈRES DE L'ÉGLISE À JEAN-PAUL II Diaporama réalisé sur la base de l’ouvrage épuisé chez fayard: « Pour une civilisation de l’Amour » par la Père Patrick de Laubier et Jean-Nicolas Moreau /1990 – Ouvrage mis gracieusement par Don Patrick à disposition pour tout enseignement en la matière. Qu’ils en soient ici remercié!
DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE • Ambroise de milan et le droit romain christianisé • Chrysostome prophète du partage • Augustin d‘Hippone et les deux cités • Thomas d'Aquin et les trois cités • Antonin de Florence et l'éthique de l'économie • Francisco de Victoria et les indiens du Nouveau monde • Francesco Suarez et le droit international • Bossuet et la monarchie absolue – genèse d'une crise de la pensée politique • L'Église et les droits de l'homme en 1789 • Pie IX et Léon XIII, des réponses chrétiennes au libéralisme et au socialisme. . . • Un siècle d'enseignement social chrétien de Léon XIII à Jean-Paul II: l'espérance d'une civilisation de l'amour.
BOSSUET ET LA MONARCHIE ABSOLUEGENÈSE D'UNE CRISE DE LA PENSEE POLITIQUE • Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) est probablement la figure la plus représentative d'un siècle classique qui compta de grands noms dans à peu près tous les domaines. Ce Bourguignon à la santé robuste laisse une oeuvre considérable dont la langue et la variété des genres en font un des grands auteurs de la littérature française : « Dans l'ordre des écrivains, écrit Valéry, je ne vois personne au-dessus de Bossuet. » Orateur incomparable, c'est un maître de l'apologétique catholique. Sans être philosophe ni théologien original, il expose avec une force étonnante les grandes vérités de la foi catholique. Jeune, il fut marqué par l'influence de Vincent de Paul et ne l'oublia pas au milieux des mondanités de la cour où il vécut longtemps, en faisant preuve de vertu et parfois de courage plutôt que de sainteté.
oeuvre politique et cours préparé pour le dauphin • Nous nous attacherons ici à son oeuvre politique et singulièrement au cours préparé pour le dauphin, La Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte, rédigé entre 1678 et 1700 avec une publication posthume en 1709. • Les dix livres qui composent cet ouvrage sont construits à partir d'un commentaire de l'Écriture sainte, dans lequel l'histoire politique et religieuse du peuple juif est présentée comme l'archétype de la politique des nations chrétiennes et notamment de celle de la France. • Bossuet insiste constamment sur l'excellence du principe monarchique, compris dans le sens le plus absolu comme venant directement de Dieu, et associe étroitement la vie politique et religieuse dans un style marqué par le gallicanisme dont il fut, en 1682, le théoricien officiel.
positions prises par Bossuet • Il faut lui laisser la parole avant d'indiquer les conséquences qui résultèrent des positions prises par Bossuet : • « Toutes les lois sont fondées sur la première de toutes les lois, qui est celle de la nature, c'est-à-dire sur la droite raison et sur l'équité naturelle... Dans son origine [la loi est] comme un pacte et un traité solennel par lequel les hommes conviennent ensemble, par l'autorité des princes, de ce qui est nécessaire pour former leur société. » (I, IV, 1 et 6.) • On croirait lire Suarez, mais Bossuet s'empresse d'ajouter qu'il • « ne veut pas dire par là que l'autorité des lois dépende du consentement et acquiescement des peuples; mais que le prince, qui d'ailleurs par son caractère n'a d'autre intérêt que celui du public, est assisté des plus sages têtes de la nation, et appuyé sur l'expérience des siècles passés ».
Monarchies… meilleur gouvernement ? • Or l'expérience du passé, nous dit Bossuet, montre que «tout le monde... commence par des monarchies et presque tout le monde s'y est conservé comme dans l'état le plus naturel. Aussi avons-nous vu qu'il a son fondement et son modèle dans l'empire paternel, c'est-à-dire dans la nature même.». • C'est le meilleur gouvernement parce qu'il « est le plus éloigné de l'anarchie », hantise de Bossuet comme de son contemporain Hobbes. Après avoir accordé que d'autres pays pouvaient avoir des gouvernements non monarchiques, Bossuet va s'attacher au cas de la France, pays classique de la, monarchie absolue avec Louis XIV.
L'autorité royale • « Soyez donc des dieux à vos sujets ! » (III, II, 4) s'exclame hardiment l'évêque de Meaux aux rois. « C'est-à-dire gouvernez-les comme Dieu gouverne, d'une manière noble, désintéressée, bienfaisante, en un mot divine », car les rois « tiennent la, place de Dieu qui est le vrai père du genre humain ». (III, III, int.). • L'autorité royale doit donc être absolue, mais non pas arbitraire : « Pour rendre ce terme odieux et insupportable, plusieurs affectent de confondre le gouvernement absolu et le gouvernement arbitraire. Mais il n'y a rien de plus distingué. » (L. IV, I, int. )
obligations morales du monarque • Le roi a « tout le pouvoir de l'État », mais il doit en user conformément à la raison et Bossuet s'étend longuement sur les obligations morales du monarque. Un article du livre X et dernier est consacré à l'économie : « Des richesses ou des finances, du commerce et des impôts. » Le prince est invité à ne pas accabler le peuple et à modérer les impôts (prop. VII). Bossuet indique ensuite que la source de la richesse est la terre et qu'une population nombreuse caractérise la société prospère et bien gouvernée. • Ces brèves notations finales contrastent avec, les longs développements du livre IX dont les cinq articles portent exclusivement sur « les armes, premier secours de la royauté », et les lois de la guerre.
la majesté royale • Mais qu'on n'imagine pas qu'un contrôle puisse sanctionner l'accomplissement des obligations morales évoquées par Bossuet, la majesté royale ne le permet pas : • « La majesté est l'image de la grandeur de Dieu dans le prince. Dieu est infini, Dieu est tout. Le prince, en tant que prince, n'est pas regardé comme un homme particulier : c'est un personnage public, tout l'État est en lui; la volonté de tout le peuple est renfermée dans la sienne. Comme en Dieu est réunie toute perfection et toute vertu, ainsi la puissance des particuliers est réunie en la personne du prince. Quelle grandeur qu'un seul homme en contienne tant ! » (L. V, IV, 1.)
Son royal élève s'intéressait surtout aux histoires de chasse au loup que lui racontait le garde Dubois, et, en un sens, il était peut-être meilleur pour lui de se voir en chasseur plutôt qu'en un dieu dont la volonté renfermerait celle de tout un peuple! « Je ne sais, continue Bossuet, quoi de divin s'attache au prince. » (L. V, IV, 1.)
Le prince est ministre de Dieu • Après cette quasi-déification du monarque, Bossuet examine ses rapports avec la religion et singulièrement avec l'Église catholique : • « Le prince est ministre de Dieu. Ce n'est pas en vain qu'il porte l'épée : quiconque fait le mal le doit craindre comme le vengeur. » (Rom. XIII, 4.) Après avoir cité Saint Paul, Bossuet poursuit : « est protecteur du repos public qui est appuyé sur la religion; et il doit soutenir son trône dont elle est le fondement comme on l'a vu. Ceux qui ne veulent pas souffrir que le prince use de rigueur en matière de religion, parce que la religion doit être libre, sont dans une erreur impie. Autrement il faudrait souffrir dans tous les sujets et dans tout l'État, l'idolâtrie, la mahométisme, le judaïsme, toute fausse religion; le blasphème, l'athéisme même, et les plus grands crimes seraient impunis. » (L. VII, III, 10.)
forme d'augustinisme politique • Cette forme d'augustinisme politique renvoie, selon Bossuet, aux engagements pris par le roi lors de son sacre conformément à une tradition aussi ancienne que la France depuis le baptême de Clovis. • Dans le célèbre sermon sur « L'unité de l'Église » prononcé, le 9 novembre 1681, devant l'assemblée générale du clergé de France et qui devait aboutir à l'adoption des quatre articles d'inspiration gallicane, Bossuet déclara • « Nous, mes frères, nous qui vous parlons, nous avons ouï de la bouche de ce prince incomparable, à la veille de ce départ glorieux qui tenait toute l'Europe en suspens, qu'il allait travailler pour l'Église et pour l'État, deux choses qu'on verrait toujours inséparables dans tous ses desseins. France, tu vivras par ces maximes; et rien ne sera plus inébranlable qu'un royaume uni si étroitement à l'Église, que Dieu soutient. Combien devons-nous chérir un prince qui unit tous ses intérêts à ceux de l'Église (1). »
gallicanisme • A l'extérieur, Louis XIV se livrait depuis 1680, en pleine paix, à des annexions dont l'occupation de Strasbourg en 1681 fut le couronnement, provoquant la guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697) qui fut si désastreuse pour la France. • A l'intérieur, il se préparait à révoquer l'édit de Nantes (1685) et combattait impitoyablement le jansénisme. Mais ce défenseur de l'Église, exalté par Bossuet, se préoccupait davantage de ses intérêts que de ceux de la religion, ou plutôt la religion qu'il défendait était nationale (gallicanisme) et non pas catholique. En 1688, le pape Innocent XI (1676-1689) l'excommunia et le schisme formel fut évité de justesse.
compromis illusoire • Le moment est venu de conclure cet aperçu, rapide sur un théologien célèbre qui, par son génie, marqua durablement l'Église de France tentée par le césaropapisme. Bossuet qui avait, à l'instar de Louis XIV, une passion pour l'ordre et l'unité, chercha un compromis illusoire entre l'impérialisme du roi de France et le catholicisme. • Il en résulta un renforcement des tendances gallicanes qui, s'ajoutant à l'influence janséniste, contribua à stériliser la vie intellectuelle et à paralyser la vie spirituelle de l'Église de France. • Le XVIIIe siècle, si fécond en doctrines politiques et sociales, décisif du point de vue économique avec les débuts de l'industrialisation, et théâtre des deux révolutions politiques américaine et française, trouva une Église muette bientôt menacée d'extermination en France même. • Cela nous amène à la Déclaration des droits de l'homme de 1789 et à l'attitude de l'Église sur cette question essentielle et délicate.