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ANNEXES. La circulation de l’information de 1850 à nos jours. Document de travail. CONCEPTION ET RÉALISATION : DIDIER TREMBLAY, RECIT local CS des hautes-Rivières MARIE-FRANCE LABERGE ET ANDRÉ ROUX, RECIT national domaine des langues, CS Marie-Victorin
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ANNEXES La circulation de l’information de 1850 à nos jours Document de travail CONCEPTION ET RÉALISATION : DIDIER TREMBLAY, RECIT local CS des hautes-Rivières MARIE-FRANCE LABERGE ET ANDRÉ ROUX, RECIT national domaine des langues, CS Marie-Victorin http://www.prologue.qc.ca/queteux/depart.html
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Visionnement du clip : « Quêteux d’hier et d’aujourd’hui.» ANNEXE A
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Une image vaut mille mots ? Tu disposes de 3 lignes pour commenter l’image ci-dessus au lecteur. ANNEXE B1
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Une image vaut mille mots ? Tu disposes de 3 lignes pour commenter l’image ci-dessus au lecteur. ANNEXE B2
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La circulation de l’information de 1850 à nos jours Une image vaut mille mots ? Tu disposes de 3 lignes pour commenter l’image ci-dessus au lecteur. ANNEXE B4
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Une image vaut mille mots ? ANNEXE B5
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Fiche de lecture : Jos Languille, le quêteux. Ce que je retiens / Ce qui m’a le plus surpris / Ce que j’aimerais savoir ANNEXE C
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Fiche de lecture :« Le quêteux et la quêteuse » Pomerleau Jeanne, Métiers ambulants d'autrefois, Guérin littérature, p. 95-110 Ce que je retiens / Ce qui m’a le plus surpris / Ce que j’aimerais savoir ANNEXE D
La circulation de l’information de 1850 à nos jours « Le quêteux et la quêteuse » Page 1 Extrait de : Pomerleau Jeanne, Métiers ambulants d'autrefois, Guérin littérature, p. 95-110 Les mendiants ou «quêteux» du Québec ont disparu peu à peu de nos routes depuis les années 1950, période où commença à se généraliser l'Assistance publique. Depuis la fin du XlXe siècle, les nécessiteux sans parents étaient pris en charge par des organismes qui les hébergeaient, mais la vie de communauté ne convenait pas à tous; beaucoup préféraient errer sur les routes et demander la charité de porte en porte. La présence des quêteux s'est surtout manifestée en périodes de crise, comme celle des années 1737-1738, alors que le blé, base alimentaire, se faisait rare dans la colonie. L'intendant de la Nouvelle-France disait alors que les habitants de la Côte-Sud avaient erré tout l'hiver dans les Côtes du Nord qui avaient été moins maltraitées, pour y cueillir des aumônes, et que les villes avaient été remplies tout l'hiver de ces coureurs misérables qui venaient chercher quelques secours de pain ou d'argent. Les mendiants étaient nombreux. Pour la ville de Québec, on rapporte que certains quêteux laissaient même des signes sur les murs extérieurs des maisons pour avertir leurs confrères de la générosité des propriétaires. Si, avec une craie, ils traçaient un cercle, cela voulait dire que les occupants donnaient chaque fois. Si le cercle était séparé en deux, en trois ou même en quatre, cela signifiait que les propriétaires ne faisaient l'aumône qu'une fois sur deux, ou trois, ou quatre. D'autres messages étaient encore transmis à l'aide de ces symboles, tel celui annonçant par une tête de chien la présence d'un chien malin. Un auteur de Québec note, en date du 31 juillet 1826, qu'il n'y a jamais eu autant de quêteux en ville et que ce jour-là seulement, il s'en est présenté sept demandant la charité aux portes. Il en fut de même plus tard, dans les années 1929-1930, dans les villages où, dit-on, «ils venaient par ramées». Vers 1945, ils avaient diminué; il n'en passait plus dans les villages qu'une douzaine par année. Cependant, chaque région avait ses quêteux bien particuliers, qui passaient encore une fois ou deux par année, et les gens étaient habitués de les voir arriver tendant la main pour recevoir un sou noir. Ils venaient à pied, frappant à la porte, mais restant le plus souvent sur le perron, et faisaient toujours la même demande ou la même prière pour obtenir la charité: «Monsieur, madame, la charité pour l'amour du bon Dieu.» Puis ils remerciaient, saluant de la tête et de la main, après avoir reçu l'aumône, ajoutant parfois: «Dieu vous le rendra. La plupart étaient âgés et certains avaient des infirmités; mais il s'en trouvait aussi qui pouvaient n'avoir qu'une quarantaine d'années, des marginaux à qui ne convenait aucune autre occupation. Si l'on demandait aux quêteux pourquoi ils ne travaillaient pas comme tout le monde, ils répondaient qu'ils avaient perdu leurs biens, parfois leur famille, dans un incendie, ou qu'ils n'avaient pu épouser la femme qu'ils aimaient et qu'ils voulaient s'en éloigner, ou bien qu'ils désiraient voyager, c'est-à-dire voir du pays», ou encore qu'ils n'avaient pas d'ouvrage. Mais «a beau mentir qui vient de loin», et les gens prétendaient que certains parmi eux, en particulier les plus jeunes, quêtaient parce qu'on les avait mis à la porte de chez eux pour diverses raisons: la paresse, l'habitude de consommer de l'alcool ou de manquer la messe du dimanche, ou simplement parce qu'ils étaient impolis envers leurs parents. ANNEXE D1
La circulation de l’information de 1850 à nos jours « Le quêteux et la quêteuse » Page 2 Extrait de : Pomerleau Jeanne, Métiers ambulants d'autrefois, Guérin littérature, p. 95-110 Beaucoup les considéraient donc comme des paresseux, sans orgueil, même si cela leur déplaisait et qu'ils voulaient se faire respecter. La plupart, cependant, étaient simples et polis. Ils se croyaient utiles à leur façon, divertissant ceux qu'ils rencontraient, transmettant les nouvelles et rendant service à l'occasion. Ils n'étaient pas des personnages dangereux, même si les enfants en avaient peur. Mais ce qui contribuait à apeurer ceux-ci, c'était la manie qu'avaient les quêteux de frapper longuement à la porte en se servant parfois du bâton qui les accompagnait, ou encore de s'asseoir sur le perron de la maison pour se reposer lorsque celle-ci semblait inhabitée. Ajoutons encore que, pour se faire obéir des jeunes enfants, les parents les menaçaient: «Si tu ne veux pas faire telle chose, je vais te donner au quêteux qui va te mettre dans sa poche et t'amener avec lui.» De toute façon, les quêteux non plus n'étaient pas toujours rassurés, car les chiens laissés libres avaient le don de les reconnaître de loin. Était-ce leur accoutrement parfois débraillé qui les rendait faciles à identifier, ou le baluchon qu'ils portaient sur le dos, ou la canne qu'ils avaient à la main? Ce baluchon, une «poche de jute», fermé au moyen d'une corde et porté le plus souvent suspendu au bout d'un bâton couché sur l'épaule, renfermait tout leur avoir: des bas, de la laine, des aiguilles à laine, une ou deux camisoles grises, des mouchoirs rouges et bleu marine (dans un de ces mouchoirs, noué, les sous noirs qu'ils recueillaient), un couteau de poche, un croûton de pain sec, un peu de beurre, du fromage, un pot d'onguent, une pipe, du tabac et des allumettes. Ils y mettaient aussi une tasse de fer-blanc pour boire aux ruisseaux. C'est dans ces ruisseaux, d'ailleurs, qu'ils se faisaient un brin de toilette, l'été, et qu'ils lavaient leurs bas, parfois leur chemise et leur mouchoir. Les mendiants portaient généralement une tuque ou une lourde casquette, des pantalons de flanelle rapiécés, un macknaw de lainage carreauté, une chemise de couleur foncée, des bottes à mi-jambe et, l'hiver, un long manteau. Plusieurs portaient une barbe et bien souvent ils avaient le teint brouillé et les yeux flétris. Leur nom était pour eux objet de «secret». Ils ne voulaient pas non plus dire de quel village ils venaient, se contentant d'identifier leur comté d'origine. Au fond, le quêteux ne voulait pas trop parler de lui et il n'aimait pas qu'on lui pose des questions le concernant. Ils avaient tôt fait d'avoir des surnoms: Jos-la-Galette, Bienséance... ou encore le Gratteux. Ce dernier avait une bien curieuse manie et on le reconnaissait de loin. Sitôt qu'il approchait des maisons, il se grattait une jambe avec la semelle de botte de son autre pied, comme pour attirer la pitié; peut-être était-ce dû à une maladie de la peau.... mais c'était peu probable, puisqu'il n'agissait ainsi qu'en présence des gens. Certains exerçaient de petits métiers qui leur procuraient un revenu supplémentaire; ainsi, ils offraient d'aiguiser les ciseaux, d'huiler les horloges, ou encore de «tirer la bonne aventure». Pour une minime somme, ils «faisaient parler les cartes», surtout à propos de l'amour, du mariage, de la santé et de l'argent... ANNEXE D2
La circulation de l’information de 1850 à nos jours « Le quêteux et la quêteuse » Page 3 Extrait de : Pomerleau Jeanne, Métiers ambulants d'autrefois, Guérin littérature, p. 95-110 «Baptiste Bardeau», bien connu dans la région de l'Annonciation, ne s'arrêtait que chez les gens qui lui faisaient fabriquer des bardeaux de cèdre ou façonner des barattes. Il ne demeurait jamais plus d'une semaine au même endroit; au moment du départ, on lui remettait une brique de lard salé, une douzaine d'oeufs et un flacon de gin. Il ne voulait jamais coucher dans un lit; il préférait s'étendre sur des copeaux de cèdre. Dans le comté de Saint-Hyacinthe, le quêteux Papineau rempaillait des chaises et défaisait son travail aussitôt qu'il était terminé, afin de mieux le reprendre, disait-il, mais c'était surtout pour être plus longtemps chez les gens qui lui donnaient si généreusement l'hospitalité. Dans la région de Berthier, le «quêteux poissonnier» offrait des brochées de poissons en échange d'un pain, ou d'une brique de lard salé. Dans les villes, on disait des quêteux «qu'ils connaissaient la ville comme leur poche» pour y avoir quêté toute leur vie. Cependant, dès le XVIIe siècle dans la ville de Québec, puis dans certains villages au XIXe siècle surtout, des règlements municipaux défendirent la mendicité, même si l'on continua à la tolérer. En 1802, les juges de paix de la ville de Québec avaient émis un règlement qui prévoyait que les mendiants sans permis d'un curé ou d'un juge de paix seraient passibles d'un mois de prison. Pendant la saison froide, des habitants hébergeaient des quêteux, toujours les mêmes. A vrai dire, chaque village avait le sien. Le printemps venu, il partait, pour ne réapparaître que tard l'automne. Certains quêteux finissaient parfois par s'installer à demeure, chez leur hôte, surtout lorsque celui-ci était célibataire. Ils y faisaient la nourriture et s'occupaient de la maison, concluant occasionnellement une entente qui les dégageait de certains travaux comme ceux des champs ou bien de la traite des vaches. Un quêteux que l'on gardait dans une famille de la Beauce avait comme tâche d'aller cueillir les oeufs; et lorsqu'il revenait du poulailler, il prédisait la température avec assez de succès, basant ses pronostics sur l'épaisseur des écailles d'oeufs ou du duvet sur les pattes des poules, ou sur la manière qu'avait le coq de chanter ou de marcher, et ainsi de suite. Traditionnellement, dans la Beauce, lorsque les gens faisaient boucherie, ils allaient porter un morceau de viande fraîche à la famille qui abritait un quêteux pour l'hiver. Dans le village où mourait un quêteux, on l'enterrait aux frais de la communauté paroissiale. Chaque quêteux avait un itinéraire régulier, passant généralement en automne, en hiver ou au printemps. Les mêmes passaient une ou deux fois par année et rarement pendant la fenaison. Parce qu'ils avaient un itinéraire fixe, les gens savaient à peu près à quel moment ils allaient apparaître. Ils disaient alors, sentant le moment venir: «On va pourtant avoir la visite de tel quêteux!» et peu de temps après en effet, il arrivait. Presque tous les quêteux avaient une maison attitrée partout où ils passaient; c'est là qu'on les «gardait à coucher». Parfois ils s'y arrêtaient pour quelques jours, durant les grands froids, ou pour le temps des fêtes. Quand un nouveau quêteux se présentait dans un village, c'est vers quatre ou cinq heures qu'il commençait à demander qui pourrait l'héberger. Les gens disaient alors: .Vous allez trouver cela à la grosse maison blanche ou verte ou à la petite maison rouge.» ANNEXE D3
La circulation de l’information de 1850 à nos jours « Le quêteux et la quêteuse » Page 4 Extrait de : Pomerleau Jeanne, Métiers ambulants d'autrefois, Guérin littérature, p. 95-110 Et l'hôte disait alors généralement aux voisins: «Viens veiller, il paraît qu'il a des nouvelles.» Ces soirs-là, les enfants de la maison ne voulaient pas se coucher avant les grands. Quand il s'agissait d'un habitué et qu'il se sentait en confiance, il racontait des expériences vécues au hasard de ses voyages, jouant même parfois le rôle de «gazette vivante». Il se faisait aussi conteur, débitant de longs récits où surgissaient des rois, des reines, des princesses, des gens riches qui se faisaient servir. Il connaissait aussi des chansons. Durant ces soirées passées en compagnie des quêteux, on jouait parfois aux cartes et on apprenait de nouveaux jeux, ou encore on découvrait de nouveaux «trucs de magie». A Nicolet, il y avait un quêteux qui, le soir, amusait ses hôtes avec un petit «bonhomme dansant» taillé dans du bois. Tout en jouant un air d'harmonica, il le faisait danser sur une planchette retenue sous sa cuisse, et les membres articulés s'agitaient avec rythme. Les gens avaient toujours hâte de le revoir car ils étaient assurés de passer avec lui une soirée amusante. Avant de se coucher, le quêteux devait, lui aussi, se mettre à genoux et dire le chapelet avec toute la famille. C'est près de la grille de la fournaise, sur une peau de carriole, ou sur une paillasse étendue par terre près du poêle, qu'il couchait. Dans certaines maisons, rapporte la tradition, il y en avait qui couchaient dans un banc-lit aussi appelé «banc de quêteux». Comme oreiller, il se servait souvent de son mackinaw roulé. En été, il couchait «à la belle étoile», mais parfois aussi dans les granges, sur du foin, ou encore dans les cabanes à sucre. Le quêteux mangeait à la même table que ses hôtes, toujours près du père de famille et il savait apprécier la nourriture. Lui aussi devait se laver les mains avant de se mettre à table. Le matin, c'est de bonne heure qu'il reprenait la route en emportant le peu de nourriture reçue de ses hôtes. Auparavant, il avait mangé des grillades de lard salé, des crêpes... Il remerciait alors, disant avant de s'éloigner: «Dieu vous le rendra», ou encore: ..Vous en serez récompensés.» Après son départ, les femmes étendaient sur la corde à linge la robe de carriole sur laquelle il s'était couché, ou elles changeaient la paille de la paillasse utilisée, car elles craignaient qu'il n'ait laissé des poux. Mais, parmi les quêteux, il se trouvait aussi des (jeteurs de sorts». Ils faisaient surtout ces mauvais souhaits aux familles qui leur refusaient le gîte ou la charité, ou à ceux qui se moquaient d'eux. On raconte qu'un jour, une pauvre veuve de Saint-Denis-de-Kamouraska boulangeait son pain pour donner à manger à ses enfants revenus de l'école, quand un quêteux se présenta pour dîner chez elle. Elle ne voulut point le laisser entrer et il se plaça alors dans la fenêtre et y traça des signes magiques avant de s'éloigner. Lorsqu'elle tira le pain de son four, elle découvrit qu'il n'avait pas levé; et elle ne réussit plus à le faire lever jusqu'à ce que, quelques mois plus tard, le même quêteux revienne s'asseoir à sa table pour y manger de ce mauvais pain. ANNEXE D4
La circulation de l’information de 1850 à nos jours « Le quêteux et la quêteuse » Page 5 Extrait de : Pomerleau Jeanne, Métiers ambulants d'autrefois, Guérin littérature, p. 95-110 Ailleurs, un quêteux à qui l'on avait refusé à coucher «jeta des poux» aux animaux de l'étable; les moutons se grattaient tellement qu'ils en perdirent leur laine, et les poules, leurs plumes. Au printemps, à l'arrivée du même quêteux , on s'empressa de le garder à coucher. Le lendemain matin, il se rendit à l'étable et, selon la légende, après avoir passé la main sur les murs, il reprit sa route entraînant derrière lui tous les poux qu'il y avait dans les lieux. Selon la tradition, vers 1859, le meunier Jean Plante, de Saint-François, île d'Orléans, avait repoussé un quêteux en se servant de sa fourche. Irrité, le mendiant jeta un sort; le moulin de Plante fut, par la suite, hanté toutes les nuits. Dans la région du Richelieu, une vache se mit à donner du «lait fiévreux» qui contenait du sang, après qu'un quêteux de mauvaise humeur se fut vengé parce qu'on s'était moqué de lui. Certains quêteux passaient aussi pour charlatans, soignant au moyen de paroles cabalistiques, profitant de la naïveté des gens malades pour lesquels ils représentaient souvent le dernier recours. D'autres passaient pour soigneurs d'animaux, se faisant même donner une somme d'argent à l'avance, afin de livrer les remèdes par la poste. Mais le remède ne venait pas, et l'adresse qu'ils avaient donnée était fausse. Les quêteux en vinrent à ne plus être bienvenus à toutes les portes. On racontait tant de choses sur eux. Des superstitions qui couraient prétendaient même qu'il était malchanceux de rencontrer un quêteux sur sa route, et l'on conseillait de garder des branches de cormier dans la maison pour la protéger contre les mendiants. Les femmes seules au logis évitaient de les laisser entrer dans la maison, leur tendant une aumône en entrouvrant la porte. Le dimanche, quand les parents partaient pour la messe, les enfants qui gardaient verrouillaient les portes, car ils avaient peur qu'il en surgisse un. D'ailleurs, les parents les prévenaient toujours avant de partir. Les plus peureux pouvaient passer l'avant-midi à surveiller aux fenêtres, et s'ils en voyaient venir un, ils se cachaient parfois jusqu'au grenier. Vers la fin des années 1940, le règne des quêteux tirait à sa fin; on les sentait plus exigeants, et s'ils ne recevaient qu'un sou noir ils «bougonnaient», trouvant que ce n'était plus assez pour eux: «Tant marcher pour si peu», dit un jour l'un d'eux. Ils étaient susceptibles aussi; peut-être parce qu'ils savaient tout ce que l'on racontait sur eux. La tradition orale fait encore état des réactions vives des Coqs Boulet, quatre générations de quêteux. De toute façon, tant de méfaits couraient sur le compte des quêteux qu'on craignait de leur donner l'hospitalité, même s'ils étaient munis d'un «billet» ou lettre de recommandation d'un curé. Le vicaire de Saint-Lazare de Bellechasse disait dans un de ses prônes, en 1932: «Tenez-vous sur vos gardes, surveillez vos granges et vos maisons. Les mendiants ne sont pas tous des saints.» Les quêteuses, si elles furent moins nombreuses à voyager sur les routes pour mendier, ont quand même survécu à l'oubli. Souvent, d'ailleurs, des familles de la campagne les gardaient sous leur toit où elles écoulaient leurs vieux jours en échange de menus services. Mais elles privilégiaient les villes, où les auberges et les communautés religieuses les recevaient sans compter. ANNEXE D5
La circulation de l’information de 1850 à nos jours « Le quêteux et la quêteuse » Page 6 Extrait de : Pomerleau Jeanne, Métiers ambulants d'autrefois, Guérin littérature, p. 95-110 Celles dont les agissements nous sont rapportés par l'imprimé et la tradition orale voyageaient rarement seules; elles se faisaient accompagner d'une ou deux personnes, sinon elles tiraient une charrette ou un traîneau. A Saint-Pierre, île d'Orléans, «c'étaient cinq soeurs, de belles filles... quatre étaient mariées, et chacune quêtait avec son mari qui poussait une brouette contenant leurs effets. Ils passaient deux fois par an, le printemps et l'automne. C'était une fête. Si vous vouliez savoir une nouvelle, il fallait la leur demander. Et ils mangeaient! Comme s'ils faisaient la randonnée seulement pour manger. A Laurierville, dans Mégantic, la mendiante Julie passait sur la route accompagnée de ses deux fils, dont l'un, Ti-Thur tenu en laisse par Eugène, était attelé à une charrette. A la manière d'un cheval, il s'ébrouait, reculait, trottait et galopait. Ce n'est que lorsque le «branco» menaçait de rompre ses mémoires que Julie le ramenait à la raison. Dans le Témiscouata, Marie-Quatre-Poches transportait quatre sacs de jute contenant tous ses biens dont elle ne voulait pas se séparer. Lorsqu'elle couchait chez les gens, le soir, tous ses sacs la suivaient dans la maison et elle passait une bonne partie de la soirée à classer et déclasser ses «effets». Le matin, après avoir bien ficelé ses sacs à son traîneau ou à sa voiturette, elle reprenait la route. Lors de ses derniers passages, Marie-Quatre-Poches avait perdu l'esprit. Sa charge de sac avait augmenté, et lorsqu'elle ressortait de chacune des maisons visitées, elle s'emparait d'une hart qu'elle traînait avec elle et elle fouettait ses sacs, les invectivant de tous les surnoms. Les gens âgés de Kamouraska et de Rivière-du-Loup se souviennent encore de la Fine qui quêtait en transportant son violon sous son bras. Si on lui demandait de jouer, elle ne voulait même pas le faire sonner; on prétend cependant qu'arrivée en lisière du bois, où personne ne pouvait l'entendre, elle s'asseyait sur la levée du fossé et elle tirait des beaux airs de son instrument. Les quêteuses ne circulaient jamais tard sur les routes. Aussitôt que la brunante arrivait, les gens leur offraient à coucher. Par entente tacite, les quêteux et les quêteuses respectaient une tradition qui était celle de concéder, à un ou une des leurs, certains quartiers, ou rues, renommés pour la générosité de ses habitants. Ainsi, on raconte qu'en 1930, une quêteuse vint frapper à la porte d'une vieille dame de la rue Saint-Cyrille, à Sillery, et que celle-ci demanda: —Mais, on ne vous connaît pas! Qui êtes vous? —Je suis nouvelle. J'ai reçu la rue Saint-Cyrille en cadeau de noces à mon mariage hier, répondit la quêteuse. Si l'on ne rencontre plus de mendiants ni de mendiantes sur les routes des campagnes, il se trouve encore des nécessiteux dans les rues des villes. Ces clochards, plus rarement des femmes, bien qu'ils tendent encore la main, ont perdu les autres caractéristiques de leurs devanciers. ANNEXE D6
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Des pistes, des questions, des idées… Les questions qui suivent peuvent vous aider à effectuer votre recherche, à fixer votre défi personnel ou à élaborer une question problème sur laquelle l’équipe portera une attention particulière. Il n’est pas nécessaire de répondre aux questions mais plutôt de vous en inspirer pour en poser d’autres… A• Est-ce qu’aujourd’hui, les médias sélectionnent les informations avant de les diffuser ? Si vous croyez que c’est le cas, pourquoi le font-ils et comment le font-ils ? B• Qu’est-ce qui influençait la circulation de l’information en 1850 ? Qu’est-ce qui l’influence aujourd’hui ? C• En 1850, existe-il d’autres rapporteurs de nouvelles que le quêteux ? Qui sont-ils ? D• Est-ce que le quêteux Jos Languille peut avoir une influence sur le message qu’il transmet ? E• Jos Languille en 1850 est-il respecté par la société ? Comment la société de 1850 en vient-elle à valoriser le rôle du quêteux comme rapporteur de nouvelles ? F• Aujourd’hui, est-ce que quêter est encore considéré comme un métier ? Un itinérant a-t-il encore un rôle de messager ? G• Comment et pourquoi devient-on un itinérant aujourd’hui ? Comment et pourquoi devenait-on quêteux en 1850 ? H• En 2004, est-ce que la société montre un certain respect envers l’itinérant ? I• Aujourd’hui, quels sont les messagers qui racontent l’événement. De quels moyens disposent-ils ? J• La société de 2004 favorise-t-elle le rôle de messager ? K• Quels étaient les médias en 1850, quels sont-ils aujourd’hui ? ANNEXE E
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Des nouvelles, des faits historiques, des idées reçues, des préjugés… Comment faire la part des choses ? Les phrases qui suivent proviennent d’un événement qui s’est produit. Jos Languille pourrait les rapporter aux gens de Prologue sans les modifier. Souvent, le messager (la personne qui a écrit ces phrases) interprète l’événement et ainsi, ses perceptions inspirent le message transmis. La phrase 5 est un exemple dans lequel on reconnaît la perception que le messager s’est fait de l’événement. Avant de choisir un événement, discutez de quelques-unes de ces phrases. Les mots disent beaucoup pour vous mais que disent-ils pour des gens qui vivent en 1852 ? 1• Le premier homme a marché sur la lune. 2• La planète se réchauffe dangereusement. 3• Un homme a engraissé de 15 kilos en prenant tous ses repas chez McDonald durant un mois. 4• Les États-Unis ont envahi l’Irak. Ils ont gagné la guerre mais ils ont de graves problèmes avec les Irakiens qui sont là. 5• Les Québecois ont fait deux référendums pour devenir indépendants du Canada et les ont perdus tous les deux. 6• Une effroyable guerre mondiale a eu lieu et a duré presque six (6) ans. 7• Le magnifique film «Les invasions barbares» a remporté un Oscar pour le meilleur scénario original aux Academy Awards. 8• Il est dangereux d’utiliser un téléphone cellulaire en conduisant une automobile. 9• Des poubelles parlantes qui disent «merci» en anglais, japonais et allemand ont été installé à Berlin pour inciter les gens à y déposer leurs déchets. 10• Un génie travaille depuis 40 ans à la construction d’une auto volante. Il a déjà englouti 200 millions de dollars dans ce projet. Il doit présenter un prototype dans quelques mois. 11• Chez UbiSoft, les employés peuvent jouer au Baby-foot quand ils le désirent. 12• Les joueurs de hockey et les propriétaires ne s’entendent pas sur les salaires. Les joueurs font la grève. ANNEXE F
La circulation de l’information de 1850 à nos jours L’ÉVÉNEMENT CHOISI PAR L’ÉQUIPE Écrivez l’événement que vous avez choisi. Avant le collectif Après le collectif ANNEXE G
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Dire ce que l’on sait, dire ce que l’on a appris, identifier ce que l’on ne sait pas et visualiser ce qu’il reste à apprendre Les phrases qui suivent peuvent t’aider à mieux exprimer ta perception par rapport aux apprentissages ciblés par l’enseignant. Peut-être que tu en connais d’autres ou que des coéquipiers t’en ont appris d’autres ! Si c’est le cas, ajoute ces phrases dans la liste ci-dessous. Elles te seront peut-être utile pour mieux t’exprimer. Des exemples pour m’inspirer : Je n’ai aucune idée de ce que ça peut être. Je vois déjà comment je vais faire. J’ai déjà eu des expériences semblable avec un certain succès. Je ne me souviens pas d’avoir déjà fait cela. Je comprends un peu mais je ne sais pas comment on fait. Je peux nommer des outils qui vont me servir à faire cela. Je comprends bien ce qu’il faut faire. J’ai une idée de ce que ça va donner. Ça va être facile, je crois que je pourrais aider les autres. Je crois que je vais avoir besoin d’aide. Je ne me sens pas capable de réaliser la tâche. Je ne sais pas par quel bout commencer. Je crois que ça va être difficile de faire cela. Etc. Des phrases que j’ai trouvées ou que je connaissais déjà : ANNEXE H
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Fiche d’évaluation par les pairs ANNEXE I
La circulation de l’information de 1850 à nos jours ANNEXE J
La circulation de l’information de 1850 à nos jours Fiche d’évaluation par les pairs ANNEXE K
La circulation de l’information de 1850 à nos jours ANNEXE L