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Les usages sociaux du corps: cours introductif, SC3, Master 1. Christine MENNESSON. SC3 Usages sociaux du corps, pratiques professionnelles et santé. Les usages sociaux du corps Corps, socialisation, professions Sexe, genre, générations CT et CC. Introduction.
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Les usages sociaux du corps: cours introductif, SC3, Master 1 Christine MENNESSON
SC3 Usages sociaux du corps, pratiques professionnelles et santé • Les usages sociaux du corps • Corps, socialisation, professions • Sexe, genre, générations • CT et CC
Introduction Les usages sociaux du corps: un enjeu de société • L’exemple des inégalités sociales de santé: un corps « façonné » par le social • L’exemple des dispositifs de socialisation par le sport: « agir » sur le corps pour transformer les individus
Inégalités sociales de santé: un corps construit par le social
« Socialiser » par corps: intérêt et difficultés • Discipliner les corps: un enjeu politique, social et économique • La diversité des usages sociaux du corps: un défi pour les politiques publiques • La question centrale de la transformation et de la permanence des comportements appris par corps
I) La construction sociale du corps: les travaux fondateurs Introduction: le corps comme objet, enjeu et produit de la socialisation A) Le rôle du corps dans les interactions (Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne, 1973) Le corps comme lieu de la représentation de soi: l’importance de la « façade personnelle » L’exemple de la ritualisation de la féminité (Goffman, 1977) Le corps comme support de classement: l’exemple d’Annie Ernaux L’exemple de la gestion des « stigmates » (Goffman,1975)
B) La construction sociale des sensations corporelles Les variations historiques et culturelles des perceptions corporelles L’exemple du processus de civilisation et de la sensibilité à l’égard de l’usage de la violence physique (Elias, Sport et civilisation, 1986) L’exemple des fumeurs de marijuana (Becker, « Outsiders », 1963 (1985))
C) Les techniques du corps (Mauss, Sociologie et anthropologie, 1950) Façon dont les hommes, société par société, d’une manière traditionnelle, savent se servir de leur corps Des techniques qui varient selon les représentations historiques du corps Techniques du corps et habitus La question de la transmission des techniques du corps: le rôle central de la socialisation Techniques du corps et pratiques sportives: le cas des styles de jeu et du saut à la perche
L’exemple du style de jeu des équipes de football (Bromberger, 1987) L’OM (Marseille) La Juventus (Turin) • « Droit au but » • Goût du panache et du spectaculaire • Un club de coupes • Le choix de joueurs spectaculaires (Bell, Diallo) • La culture de Fiat: « Simplicité, sérieux, sobriété » • Un goût pour la rigueur et le contrôle de soi • La « conversion » de Platini
L’exemple du saut à la perche (Reuillard, 2012) « Américain » « Petrov/Bubka » « continuation d'hybridations techniques » « Modèle soviétique » / « Petrov/Bubka » : faible flexion de la perche: le rôle de l’organisation du sport d’état en URSS « Modèle américano-français » : flexion importante de l'engin: le rôle des innovations technologiques aux USA
D) Les usages sociaux du corps 1) Les travaux de Boltanski (1971) Les usages sociaux du corps: une correspondance entre la perception/l’utilisation du corps et l’appartenance sociale: « Le corps, signe de statut, le plus intime et le plus important de tous » Les déterminismes sociaux se traduisent en sensations corporelles, en goûts et en dégoûts, en règles et en interdits L’exemple de la consommation et de la compétence médicale
Les usages sociaux du corps (suite) • Le concept de « culture somatique »: un « code de bonnes manières d’être avec son corps », profondément intériorisé et commun à tous les membres d’un groupe social • L’intérêt et l’attention que les individus portent à leur corps croît à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie sociale • Une « conscience du corps » qui augmente quand les usages professionnels du corps diminuent
Les usages sociaux du corps (suite) • Un exemple extrême de l’effet des conditions d’existence: l’oubli du corps des sans abris (Thelen, L’exil de soi, 2006) • Les usages sociaux du corps en question: l’exemple des sportifs de haut niveau, entre résistance à la douleur et entretien de soi
D) Les usages sociaux du corps (suite) 2) Le corps dans la sociologie de Bourdieu (La Distinction, 1979; Le sens pratique, 1980) • L’incorporation comme modalité fondamentale des processus de socialisation: de nombreuses choses sont apprises avec le corps, en deçà de la conscience: l’efficacité du sens pratique • Le rapport au corps ou hexis corporelle comme dimension de l’habitus: l’histoire de vie faite corps ou le corps comme « pense bête du social »
L’espace des positions sociales Volume capital + Chefs d’entreprise Professions libérales Classes dominantes Fraction cultivée Classes dominantes fraction économique Cadres privé Prof. Artis- Tiques et Cult. Cadres public Enseignants Professions intermédiaires Capital culturel+ Éco - Capital éco+ Culturel - Classes moyennes Artisans, commerçants Employés public Employés privé Ouvriers qualifiés Classes populaires Ouvriers manœuvres Ouvriers agricoles Volume capital -
2) Le corps dans la sociologie de Bourdieu (suite) • Hexis corporelle et style de vie: Le corps populaire: sur valorisé et sous protégé (Schwartz, Le monde privé des ouvriers, Hommes et femmes du Nord, 1990) Le corps bourgeois: un naturel travaillé par la culture (Le Wita, Ni vue, Ni connue, approche ethnographique de la culture bourgeoise, 1988)
2) Le corps dans la sociologie de Bourdieu (suite) • L’opposition fonction forme comme principe de choix des pratiques corporelles et sportives
3) Sports et apprentissage par corps • La questions des modalités de l’apprentissage par corps • Un apprentissage « corps et âme »: l’exemple de la boxe (Wacquant, Corps et âme, carnet ethnographique d’un apprenti boxeur, 2000) • Le rôle du langage et la diversité des modalités d’apprentissage par corps: l’exemple des techniques de danse (discipline versus singularité) (Faure, Apprendre par corps, 2000)
II) Les usages sociaux du corps: perspectives actuelles A) Le corps comme symbole et support de classement 1) Un corps de classe, un corps qui classe • La taille: un signe de distinction sociale (Herpin, 2003) • Le poids: effet de classe et effet de sexe
Un corps de classe, un corps qui classe (suite) • Un effet inversé du niveau de vie sur le poids des hommes et des femmes: Premier quartile hommes: - 0,3 kg/ dernier quartile Premier quartile femmes: + 2,5 kg/dernier quartile • Et un effet plus accentué du diplôme: Les hommes sans diplôme (ou brevet) pèsent 2,7 kg de plus que les diplômés du supérieur Les femmes sans diplôme (ou brevet) pèsent 5,1 kg de plus que les diplômées du sup
Un corps de classe, un corps qui classe: L’apparence physique comme ressource symbolique Apparence physique et réussite scolaire (Amadieu, 2002) Apparence physique et discriminations professionnelles Apparence physique et choix du conjoint (Bozon, 1991)
Un corps de classe, un corps qui classe: la fabrication d’un corps de classe • Le rôle des professionnels de l’enfance: l’exemple de la construction de la déviance corporelle (Serres, 1998): l’enfant roi (« gros » ou « agité »), l’enfant replié (surprotégé ou réprimé), l’enfant délaissé • Faire un corps de classe à ses enfants: l’exemple des pratiques vestimentaires dans les familles (Court, Mennesson, Bertrand, 2013): consommation contrainte, « revanche », « ostentatoire » et « illégitime »
2) Travailler son corps: le corps comme forme de capital • Le « marché de la forme » (Bessy, 1990): le travail du corps et ses variations sociales • Le travail du corps comme stratégie d’insertion professionnelle (Hidri et Louveau, 2005) • Faire du sport pour être embauché? L’exemple de Décathlon (Hidri et Bohuon, 2008)
« Faire jeune cadre dynamique »: un travail de l’apparence qui concerne aussi les hommes (Hidri, 2005) • « Je fais très attention à ça [avoir une présentation agréable] dans mon travail, je m’entretiens, je fais attention au choix de mes vêtements, je mets aussi un parfum agréable, je suis toujours rasé de près et avec un après-rasage discret. Et je fais aussi attention à mes mains, je mets un soin parce que j’ai la peau sèche, et c’est pas très agréable pour serrer les mains des clients. Et puis, je fais attention à tout ce que je mange, je fais attention à ne jamais avoir de bourrelets, c’est trop disgracieux pour un cadre » (Homme, 22 ans, origine sociale favorisée, projet professionnel: cadre commercial)
2) Travailler son corps (suite): l’exemple de l’anorexie (Darmon, Devenir anorexique, 2003) • Une carrière socialement située • Commencer: modifier ses pratiques alimentaires et corporelles • Un soucis de distinction: poursuivre l’engagement et créer des dispositions anorexiques • Poursuivre malgré la surveillance: les techniques de leurre • Etre pris en charge: la modification institutionnelle des dispositions
2) Travailler son corps (suite): sortir d’une carrière d’obèse (Jacolin, 2012) • Le rôle des ruptures biographiques • Une homologie entre dispositifs et dispositions • Des rapports au sport différenciés: aversion, adhésion contextuelle et goût pour la compétition
II) B) Les cultures somatiques contemporaines 1) Modifications structurelles de la société française et évolution des modes de vie • Les principales PCS en 2010 • Reproduction sociale et déclassement • L’augmentation des inégalités: l’exemple de la part du budget consacré aux loisirs et à la culture (écart passe de 2,3 pts à 5,2 pts, logement de 0,2 à -7,4 entre 1979 et 2006)
Reproduction sociale et déclassement (Peugny, Le déclassement, 2009) Trajectoires sociales des individus âgés de 35 à 39 ans:
L’exemple du taux de non fréquentation des équipements culturels
2) Intégration des normes alimentaires et appartenance sociale (Régnier, Masullo, 2009)
Intégration des normes alimentaires (2) • L’importance de l’intensité des liens sociaux dans le rapport aux normes • Des définitions différentes du « bien manger » • La diffusion verticale des normes se heurte aux cultures somatiques des différentes groupes sociaux • « Goût de nécessité » versus « goût de liberté »: l’inversion de la problématique bourdieusienne?
3) La différenciation sociale des rapports à la santé (Longchamp, 2009) Santé positive mentale: État de bien-être mental Santé positive somatique: état de bien être physiologique Santé négative mentale: Absence de troubles mentaux Santé négative somatique: absence de maladies
La différenciation sociale des rapports à la santé (2) Volume + Positive mentale Positive somatique Economique- Culturel+ Economique + Culturel_ Négative somatique Volume _
4) Cultures somatiques familiales et rapports au sport a) Les pratiques culturelles et sportives des français (Coulmangon, Lemel, 2009): 3 profils • Profil 1: un faible volume d’activités (sauf TV) • Profil 2: les investis versus sport (« sportivité passive » et pratiques sportives not. collectives) • Profil 3: les investis versus culture (pratiques culturelles légitimes, randonnée, gym et yoga)
b) Les cultures somatiques familiales au prisme du rapport au sport des enfants Des différences de modalités de pratique (associatif versus informel/caractéristiques techniques et symboliques des activités/ loisir versus compétition) Des différences dans les profits escomptés par les parents (sur le corps externe, sur le corps interne ou extrinsèques) Des différences dans la place accordée au sport dans l’éducation des enfants et dans le style de vie familial
Trois formes de cultures somatiques Un corps à protéger, un corps surexposé: une conception utilitaire du corps dans les milieux « populaires » Façonner son corps, forger sa volonté: des classes moyennes dotées en capital économique et/ou en ascension sociale Etre à l’aise dans son corps, s’épanouir: des classes moyennes dotées en capital culturel et/ou des familles (mères) en situation de déclassement social
Protéger/sur exposer son corps: un rapport utilitaire au sport Une conception qui concerne surtout les familles les plus précarisées: le poids des contraintes économiques, spatiales et de la stigmatisation sociale L’absence d’expérience sportive parentale et une participation sportive associative enfantine peu affirmée Eviter les APS jugées risquées Apprendre à se défendre, pouvoir se défouler: un rapport au sport utilitaire
Façonner son corps, forger sa volonté: une conception compétitive du sport • Une expérience sportive parentale importante, des enfants engagés de manière intensive ou compétitive : des styles de vie familiaux centrés sur le sport • Un intérêt pour les bénéfices sur le corps externe • Une logique de l’effort, une valorisation du travail • La compétition comme forme de préparation à la compétition sociale • Une stratégie d’orientation et de contrôle des pratiques enfantines
Etre à l’aise dans son corps, s’épanouir: une conception ludique du sport • Une moindre expérience sportive parentale, des pratiques sportives enfantines plus secondaires, des styles de vie familiaux « cultivés » • Un intérêt pour les bénéfices internes: être « bien dans son corps », être « ouvert » aux autres • Une critique affirmée de la compétition: une dénonciation de la logique de classement, de concurrence, et des contraintes liées au sport compétitif • Des familles plus « négociatrices », plus vulnérables à l’influence des pairs
Conclusion: corps et socialisations Corps populaires/corps bourgeois; corps masculins:corps féminins: un corps construit par le social Pluralité des socialisations primaires et construction du corps: des pratiques corporelles plus ou moins homogènes Socialisations secondaires et apprentissage par corps: des modifications plus ou moins importantes et plus ou moins efficaces des pratiques corporelles