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Diversité de la diffusion et de la réception du français dans différentes aires géo-sociopolitiques. Table ronde plénière Tours, 25 mai 2012. Claude Hagège : Le Souffle de la langue. Voies et destins des parlers d’Europe . 1992. Paris : Editions Odile Jacob.
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Diversité de la diffusion et de la réception du français dans différentes aires géo-sociopolitiques Table ronde plénière Tours, 25 mai 2012
Claude Hagège:Le Souffle de la langue. Voies et destins des parlers d’Europe. 1992. Paris : Editions Odile Jacob
Claude Hagège:Le Souffle de la langue. Voies et destins des parlers d’Europe. 1992. Paris : Editions Odile Jacob L’Europe des langues a un destin qui lui est propre, et ne saurait s’inspirer de modèles étrangers. Si l’adoption d’une langue unique apparaissait aux Etats-Unis, pour tout nouvel émigrant, comme un sceau d’identité, en revanche, ce qui fait l’originalité de l’Europe, c’est l’immense diversité des langues, et des cultures qu’elles reflètent. La domination d’un idiome unique, comme l’anglais, ne répond pas à ce destin. Seule y répond l’ouverture permanente à la multiplicité. L’Européen vit en plurilinguisme. Il devra élever ses fils et ses filles dans la variété des langues, et non dans l’unité. Tel est à la fois, pour l’Europe, l’appel du passé et celui de l’avenir. Telle est aussi la thèse du présent ouvrage L’Afriquedes langues a un destin qui lui est propre, et ne saurait s’inspirer de modèles étrangers. Si l’adoption d’une langue unique apparaissait aux Etats-Unis, pour tout nouvel émigrant, comme un sceau d’identité, en revanche, ce qui fait l’originalité de l’Afrique, c’est l’immense diversité des langues, et des cultures qu’elles reflètent. La domination d’un idiome unique, comme le français, ne répond pas à ce destin. Seule y répond l’ouverture permanente à la multiplicité. L’Africain vit en plurilinguisme. Il devra élever ses fils et ses filles dans la variété des langues, et non dans l’unité. Tel est à la fois, pour l’Afrique, l’appel du passé et celui de l’avenir. Telle est aussi la thèse du présent ouvrage
Claude Hagège:Le Souffle de la langue. Voies et destins des parlers d’Europe. 1992. Paris : Editions Odile Jacob Extrait # 2 Il est plus facile, aujourd’hui, de comprendre que ces différences sont les composantes d’une riche harmonie nationale. Une première réponse a été apportée en 1951, par la loi Deixonne, aux revendications linguistiques des Basques, des Bretons, des Catalans, des Corses, des Flamands, des Occitans, et aux usagers de parlers alémaniques (alsaciens) et franciques (mosellans). […] Il appartient à l’État de préserver ces langues, au lieu de contraindre leurs défenseurs les plus résolus, prenant à témoin l’opinion européenne, à demander l’arbitrage de Bruxelles. Car depuis que la fin des régimes communistes a ouvert la voie aux revendications locales, on est plus sensible que naguère, en Europe, à la nécessité de défendre les langues minoritaires.
Claude Hagège:Le Souffle de la langue. Voies et destins des parlers d’Europe. 1992. Paris : Editions Odile Jacob Extrait # 3 Dès lors, la défense des langues nationales qui ne bénéficient pas d’un statut officiel au sein des États où vivent leurs usagers n’apparaît plus comme une démarche rétrograde. Elle est, par ailleurs, un acte de pure prudence dans les cas où l’inégalité des chances entre langue minoritaire et langue dominante met la paix en péril, comme cela s’est produit cette année même en Moldavie et risque de se produire encore non seulement dans les pays baltes, mentionnés plus haut, mais dans d’autres régions de l’ex-Union Soviétique où vivent des minorités russophones. On objectera que cette partie du continent, puisqu’elle n’appartient pas, ou pas encore, à la Communauté proprement dite, n’est pas un bon exemple. Mais ce qui s’y produit doit servir d’avertissement.
Claude Hagège:Le Souffle de la langue. Voies et destins des parlers d’Europe. 1992. Paris : Editions Odile Jacob Extrait # 4 Du fait qu’elle est diverse par ses langues, l’Europe donne vocation à ceux qui l’habitent d’étreindre la diversité du monde. Les Européens devraient être en mesure d’échapper, par là même, aux dangers de l’unilinguisme, menace sérieuse pour les Etats-Unis, à cause de la fermeture aux besoins de l’autre, que peut entrainer l’attachement exclusif à l’anglais. Citoyens d’une terre multilingue, les Européens ne peuvent qu’être aux écoutes du cri polyphonique des langues humaines. L’attention à l’autre parlant sa langue, tel est le préalable si l’on veut bâtir une solidarité qui ait un contenu plus concret que les discours de propagande. Cette écoute n’est pas seulement la marque d’une sollicitude naturelle à l’égard de l’altérité. Elle peut, un jour, être salutaire, dans un monde où, beaucoup plus nombreux et s’étant puissamment armés, les exilés du bien-être, las des inégalités, auraient donné une forme violente au désir, longtemps inassouvi, d’être enfin entendus.