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Humanitaire et maintien de la paix en Afrique David Ambrosetti (CNRS – Université Paris Ouest Nanterre). I – L’Afrique, un « berceau » de l’humanitaire et du maintien de la paix contemporain II – Effets et enjeux des interventions extérieures.
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Humanitaire et maintien de la paix en AfriqueDavid Ambrosetti(CNRS – Université Paris Ouest Nanterre)
I – L’Afrique, un « berceau » de l’humanitaire et du maintien de la paix contemporain II – Effets et enjeux des interventions extérieures
I – L’Afrique, un berceau de l’humanitaire et du maintien de la paix A) Deux « épisodes » fondateurs de l’action humanitaire contemporaine: le Biafra et l’Ethiopie B) Les opérations de maintien de la paix de l’ONU (OMP) en Afrique
A) 1. Le Biafra (1967-1970) Nigeria Abuja Ibo lieutenant-colonel Odumegwu Ojukwu Joint Church Aid – 55 000 tonnes d’aide Comité international de la Croix-Rouge (CICR) – 22 000 tonnes d’aide Bernard Kouchner Médecins sans frontières (1971) Jacques Foccart essais de Reggane (déc. 1960) Markpress (Genève)
2. L’Ethiopie (1984-1985) Wollo (nord) charity business Bob Geldof Band Aid (nov. 1984) Live Aid (juil. 1985) 1 200 000 tonnes d’aide Le Derg Mengistu Haïlé-Mariam Front de libération du peuple du Tigray Front populaire de libération de l’Erythrée Déplacements forcés de 600 000 personnes, 200 000 morts env.
B) Les OMP et l’Afrique 1. Le tournant de l’ONUC 2. Le renouveau post-guerre froide (1988-1993) 3. Echecs retentissants et paralysie (1993-1999) 4. Un développement sans précédent des OMP (années 2000 jusqu’à aujourd’hui)
1. L’ONUC (1960-1964) Congo-Léopoldville / République démocratique du Congo (RDC) / Zaïre (Congo-Kinshasa) Patrice Lumumba Katanga Moïse Tshombé Dag Hammarskjöld (†en sept. 1961) Résolution 143 du CSNU retrait des forces belges 19 500 personnels 30 États contributeurs (Afrique et Asie)
2. La fin de la guerre froide et le renouveau des OMP (1988-1993) Namibie Angola Mozambique Somalie : Restore Hope (UNITAF / déc. 92-mars 93) et ONUSOM II (ONU / mars 93 – mars 95), 28 000 personnels Mohamed Farah Aïdid juin 1993 (24 casques bleus pakistanais) 3 octobre 1993 (18 Marines US et un casque bleu malaisien) Congrès US – Jesse Helms Boutros Boutros-Ghali Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan Secrétaire général adjoint aux OMP
3. Echecs et paralysie (1993-1999) MINUAR au Rwanda (5 octobre 1993) Général R. Dallaire Michael Barnett - délégation US à l’ONU Président J. Habyarimana († le 6 avril 1994) Front patriotique rwandais (P. Kagamé) Hutu Power Col. Théoneste Bagosora Résolution 925 – retrait de 2 000 casques bleus en plein génocide (« g »-word) 500 000 à un million de victimes Puis Bosnie - Zaïre 1996-1997 Repli : 70 000 personnels en uniforme UN en 1993, 13 000 en février 1998. Budget divisé par plus de trois (de 3,6M$ à 1M$)
4. Un développement sans précédent (années 2000) Rapport de Lakhdar Brahimi (juil. 2000) Consolidation de la paix Réforme du secteur de la sécurité Implication régionale (African ownership) MINUSIL en Sierra Leone (1999-2005) Royaume-Uni leader, au secours de l’ONU en mai 2000 Revolutionary United Front (RUF) Président Ahmed Tejan Kabbah
Années 2000, dossiers africains = entre 70 % et 75 % des questions traitées au Conseil de sécurité de l’ONU En 2010, l’Afrique = la moitié des opérations de paix de l’ONU déployées dans le monde (soit huit sur seize). = les trois quart (73 500) des 100 000 personnels en uniforme déployés sous la bannière onusienne dans le monde Le Soudan = près d’un tiers des effectifs mondiaux (30 000, 20 000 au Darfour et 10 000 au Sud Soudan) RDC = 20 000 Liberia = 11 000 Côte-d’Ivoire = 8500 Pakistan, Bangladesh et Inde (les 3 premiers contributeurs de troupes) = 28% du total Puis 9 États africains parmi les 20 premiers contributeurs : Nigeria, Égypte, Rwanda, Ghana, Sénégal, RSA, Éthiopie, Maroc, Bénin Contributeurs financiers minimes : Zambie et Somalie = 0,001% du budget de l’ONU chacun, Afrique du Sud = 0,29%
II – Effets et enjeux des interventions extérieures • Des effets chiffrés ? Un appel à la modestie • Les apprentissages stratégiques des acteurs africains • L’ « africanisation » du maintien de la paix: vers une nouvelle architecture de paix et de sécurité en Afrique
A) Des effets chiffrés ? Un appel à la modestie 1. Baisse des décès dus aux violences armées en Afrique • Human Security Center : Nombre de victimes de violences armées en hausse constante de 1960 à 1990, puis baisse régulièrement depuis 1990. • Si, en 1960, l’Afrique comptait 68 % du total de tués dans les combats dans le monde, ce chiffre est tombé à 13 % en 2005 (banque africaine de développement). • Causes proposées : amélioration des conditions sanitaires et d’aide humanitaire.
2. Des moyens engagés toujours modestes OMP multidimensionnelles, très intrusives Réforme du secteur de la sécurité (RSS) (Sierra Leone, RDC, Liberia, Côte-d’Ivoire) Pourtant moyens limités : • OMP de l’ONU = 7,7 M$ par an dans le monde ; MINUSIL en Sierra Leone (750m$ annuels en 2002 pour 17 500 personnels en uniforme) • Comparaison : commerce d’armes dans le monde = 30 M$ annuels ; somme des budgets militaires dans le monde = 800 M$ par an. • 20 000 personnels pour couvrir le Darfour (superficie de la France, habitat morcelé, infrastructures rudimentaires ou inexistantes) Faible engagement stratégique dans la durée, improvisation, difficultés de recrutement, professionnalisation encore insuffisante scandales des abus sexuels (Sierra Leone, Liberia, RDC)
B) Les apprentissages stratégiques des acteurs africains Engagement des États africains dans le maintien de la paix: • Entrée de devises • Opportunités de formations et de professionnalisation des armées (Burundi) • Eloignement de militaires jugés menaçants (NPRC en Sierra Leone) • Visibilité multilatérale comme puissance régionale Stratégies de contournement ou d’opposition frontale: • Faiblesse politique des forces internationales exploitée (Somalie, Rwanda, Sierra Leone, UA au Darfour) • Obstacles et expulsions de personnels (Erythrée et la commission frontalière pour Badme 2005 ; Soudan et Jan Pronk 2006 ; Tchad et la MINURCAT 2010)
C) L’ « africanisation » du maintien de la paix 1. Contexte • Mouvement panafricain Organisation de l’Unité africaine (OUA) en mai 1963 • Ingérences bilatérales maintenues par des anciennes métropoles (20 opérations armées françaises de 1963 à 1983 par exemple). • Première OMP de l’OUA : Tchad en 1981. Retrait en juin 1982 sur un échec. • Mécanismes de l’OUA pour la prévention, gestion et résolution des conflits en 1990 (Rwanda, Burundi, Comores) • Processus précoce de coopération sous-régionale sept organisations régionales aujourd’hui ECOMOG par la CEDEAO au Liberia et en Sierra Leone
2. L’Union africaine (UA) en 2002 • Innovations • Inspiration de l’UE (Commission) et de l’ONU (Conseil de paix et de sécurité) • Département de paix et sécurité • Article 4 de l’Acte constitutif • Opérations au Burundi, au Darfour et aux Comores • Force africaine en attente et système continental d’alerte précoce (UA et les cinq espaces régionaux) : en cours d’élaboration
3. Limites Externes : • Forte implication des partenaires extérieurs : - Facilité de paix de l’Union européenne - partenariat Europe / Afrique de Lisbonne - soutiens financiers du G8 « mêlée des donateurs » • Conditionnalités : - forte présence d’experts occidentaux à l’UA - Recours ad hoc à l’UA, sélectivité selon les intérêts des grands bailleurs - Réticences à mieux équiper ces forces de l’UA Internes : • Faible engagement politique des États africains • Sauf contexte de compétitions hégémoniques régionales - Contributeurs militaires : Nigeria, Rwanda, Afrique du Sud, Ouganda - Contributeurs financiers : Ethiopie, Libye, Kenya Différences entre « africanisation » et « appropriation » (Benedikt Franke)