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Jeu. Réunion préparée avec Liliane Brunet, Jean-Baptiste Abello et Michel Rumeau. 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts : Quelques théories du jeu Le jeu selon Roger Caillois 3. Questions / Discussion 4. En guise de conclusion . Plan. Étymologie et définitions.
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Jeu Réunion préparée avec Liliane Brunet, Jean-Baptiste Abello et Michel Rumeau 1. Étymologie / Définitions2. Notions / Concepts :Quelques théories du jeu Le jeu selon Roger Caillois 3. Questions / Discussion4. En guise de conclusion Plan
Étymologie et définitions • Étymologie : Du latin « jöcus »plaisanterie. Illusion vient de « in-lusio »entrer dans le jeu. Mots de même racine : jouer/joueur (une pièce de théâtre, ou « ne pas joindre exactement » ; Déjouer; Enjouer / enjouement ; Rejouer ; Injouable ; Jongler / jongleur / jonglerie ; Jouet ; Joyau / joaillerie / joaillier ; Joker. • Définitions : • Le Robert : Activité physique ou mentale, purement gratuite, généralement fondée sur la convention ou la fiction, qui n’a dans la conscience de celui qui s’y livre, d’autre fin qu’elle même, d’autre but que le plaisir qu’elle procure. • Dictionnaire de Philosophie (Gaudin) : Action de s’adonner à une activité libre et plaisante. Synonyme de divertissement, récréation, fantaisie. Le jeu est volontiers défini par opposition au travail utilitaire et productif. Le sport réalise la synthèse du jeu et du travail. Les anglais différencient « game » : le jeu strictement réglé (par ex le jeux d’argent), et « play » : le jeu qui se déploie librement.
Les principales théories du jeu : • « Rudimentaire » de G. S. Hall, issue du darwinisme, explique le jeu par une nécessité biologique fondamentale qui accélère le développement organique de l'enfance ; • « Idéaliste » de F. Schiller considère le jeu comme expression de la liberté ; • « Éducative » de K. Groos présente le jeu comme une activité préparatoire de l'enfant à la vie adulte, et ainsi comme un facteur du processus d'inculturation ; • « Autotélique » de J. M. Baldwin oppose le jeu, qui serait sans but, au travail qui en a toujours un ; • « Hiérarchique » de P. Janet juge le jeu inférieur aux activités créatrices ; • « Fonctionnelle » de K. Bühler affirme que l'enfant joue pour explorer les diverses fonctions de ses facultés corporelles et mentales qui émergent consécutivement en lui ; • « Réitérative » de J. Schaller pense que le jeu sert à la répétition d'éléments de la vie individuelle et de la culture ; • « Cathartique » de H. Spencer reprend une idée de Schiller et assigne pour rôle principal au jeu de délivrer l'homme de sa surabondance d'énergie ; • « Préventive » de E. D. Chapple et C. S. Coon soutient la thèse que le jeu canalise tensions et conflits potentiels entre groupes et conjure ainsi le développement d'hostilités ; • « Régénératrice » de A. L. Kroeber considère le jeu, à l'exemple du sommeil, comme moyen de récupérer l'énergie dépensée dans le travail ; • « Auto suggestive » de K. von Lange tient le jeu pour une consciencieuse duperie de soi-même ; • « Psychanalytique » de Freud conclut que le jeu est un mécanisme de symboles dont le fantasme de l'enfant ou de l'adulte remplace les éléments par d'autres et les déplace ; • « Phénoménologique » de F. J. J. Buytendijk regarde le jeu comme une expression de dynamique vitale situant la structure du comportement humain devant l'ambivalence de liaison (union, amour) et de détachement (différence, haine), forme répétéedes scènes ludiques. Notions / concepts (L’origine du Jeu / Encyclopédie Universalis)
Notions / concepts (suite) 2. Le jeu selon Roger Caillois Roger Caillois / Les jeux et les hommes / folio essais
QUESTIONS • Le jeu : compétition ou évasion ? • Jouer est-ce être libre ? • Le jeu : avantages et inconvénients ? • La vie est-elle un jeu ?
1. Le jeu : compétition ou évasion ? Compétition Évasion La classification de Roger Caillois montre que le jeu est une compétition (physique ou intellectuelle entre hommes ou avec le hasard) et/ou une évasion (« jeux de rôles » ou « griseries vertigineuses »),plus ou moins réglementées et/ou intégrées à la vie sociale.
2.Jouer est-ce être libre ? • De la gratuité du jeu par opposition au travail • Le travail a toujours un but. Ce n’est pas une fin en soi. Le travail ne vaut pas pour lui-même, ni pour le seul plaisir qu’on y trouve, mais en fonction d’un résultat qu’on attend (un salaire, une œuvre, un progrès…) et qui justifie les efforts qu’on y consacre. En ce sens le travail n’est pas un acte gratuit. • Le jeu est une activité sans autre but qu’elle-même ou que le plaisir qu’on y trouve, sans autre contrainte que ses propres règles. En ce sens, le jeu est un acte gratuit. • Contrairement au travail, le jeu se caractérise par sa gratuité. • Au sujet de la gratuité et de la liberté Être libre, c’est faire ce que l’on veut. • La liberté de la volonté : je veux ce que je veux, c’est faire ce que je décide. • Il n’y a pas de libertés qui tiennent (libertés d’action et/ou de l’esprit) sans volonté de ce déterminer soi-même puisque le reste n’est que passion ou passivité. Un acte gratuit est un acte sans but mais pas sans cause (car alors il n’existerait pas). • Il n’est pas besoin de travailler gratuitement pour travailler librement. • Le gratuit n’est pas le libre mais le désintéressé qui marque selon le cas : l’indifférence, la surabondance, la générosité ou la folie (A Comte-Sponville) Il n’est pas nécessaire qu’un acte soit gratuit pour qu’il soit libre. La gratuité n’est pas la liberté. • Plus que la liberté, c’est la gratuité qui caractérise le jeu. • Sans liberté de la volonté, sans le pouvoir de se déterminer • soi-même face au jeu, jouer n’est plus une action libre.
3. Le jeu : avantages et inconvénients ? • Les avantages: Les aspects positifs du jeu paraissent nombreux : • Éducatif : Transmission culturelle, stimulation de l’imagination, respect des règles, mimétisme… • Socialisation • Canalisateur ou récupérateur d’énergie • Développement des capacités physiques et intellectuelles • Goût de l’effort • Réflexion (jeux intellectuels) • Habileté (jeux d’adresse) • Maîtrise du risque, de la vitesse ou de la peur (sports vertigineux) • Connaissance des hommes et de la psychologie (théâtre et spectacles en général) • Les inconvénients : Quel que soit le type de jeu, des déviances peuvent exister : • Addiction pour toutes les catégories de jeux • Violence, volonté de puissance et ruse pour les jeux de compétition • Superstition, astrologie … pour les jeux de chance ou de hasard • Aliénation, dédoublement de la personnalitépour les jeux de rôle (théâtre) ou jeux virtuels • Alcoolisme et drogue pour les jeux de vertige (à partir de la classification de R Caillois) Le rôle formateur du jeu et sa fonction divertissante paraissent indiscutables. Les déviances paraissent toutes ressortir de l’assujettissement et de la dépendance au plaisir que le jeu procure. N’en va-t-il pas pour le jeu comme pour les passions ? N’est-ce pas, le risque de perte du « libre arbitre volontaire » qui est le principal écueil du jeu ?
4. La vie est-elle un jeu ? • Ce qui caractérise le jeu : • Le jeu est une activité sans autre but qu’elle-même ou que le plaisir qu’on y trouve. • Le jeu n’a pas d’autres contraintes que ses propres règles • Ce qu’une partie a fait, une autre partie, peut toujours l’ignorer ou le refaire • Les conséquences d’un jeu ne sont jamais irréversibles. Comme disent les enfants ce qui caractérise le jeu, c’est que c’est « pour de faux ». • Ce qui caractérise la vie : • Contrairement au jeu les contraintes y sont innombrables et souvent inconnues d’avance • On n’y a pas le choix des règles, ni du jeu, puisque ce sont celles du réel • Ce qu’on fait n’est jamais réversible. • On ne peut jamais recommencer une partie à neuf ni jouer à autre chose • On y meurt pour de vrai et non pas pour de faux. Ce qui caractérise la vie, c’est que c’est « pour de vrai ». Même visée pour elle-même ou pour le plaisir, la vie n’est pas un jeu. « Le contraire du jeu n’est pas le sérieux mais la réalité » dit Freud. La vie, c’est la réalité. En ce sens, la vie c’est le contraire d’un jeu.
En guise de conclusion La vie pourtant vaut mieux que tous les jeux ! Les enfants le savent bien, qui jouent à être grands. Et les joueurs, lorsqu’ils jouent de l’argent. C’est que le jeu ne leur suffit pas. Ils ont besoin d’enjeu, de sérieux et de gravité. Ils ont besoin de la morsure du réel, non du jeu, mais du tragique. André Comte-Sponville : Dictionnaire philosophique / le jeu
Prochaines réunions 10 avril : « lucidité » 15 mai : « authenticité »+ choix des sujets du 4iem trimestre 12 juin : « courage »+ tentative de synthèse de la saison 2006-2007 Colloque Sciences et philosophie 15-17 mars Université Paul Valéry Montpellier III Toutes les informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/