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Orthographe « Même dans l’enseignement secondaire, où les études sont plus approfondies et plus longues, on remarque que beaucoup d’élèves sortent du lycée avec une connaissance imparfaite de l’orthographe. C’est ce qu’attestent tous les professeurs qui ont pris part aux examens universitaires. » Eric VASSEUR CPC Castelsarrasin novembre 2009 Paul Meyer, philologue français - 1905 La philologie est la science qui traite d'une langue d'un point de vue historique, à partir de documents écrits.
En introduction ORTHOGRAPHE(langue/lexique/grammaire) mise en œuvre l’élève doit acquérir Premier palier pour la maîtrise du socle commun : compétences attendues à la fin du CM2. - rédiger un texte d’une quinzaine de lignes (récit, description, dialogue, texte poétique, compte rendu) en utilisant ses connaissances en vocabulaire et en grammaire - orthographier correctement un texte simple de dix lignes - lors de sa rédaction ou de sa dictée - en se référant aux règles communes d’orthographe et de grammaire ainsi qu’à la connaissance du vocabulaire. (B.O. 2008) DANS LES ECRITS(dictées et productions personnelles) DES CODESQuoi ?Comment ? « L’étude de la langue française (vocabulaire, grammaire, orthographe) donne lieu à des séances et activités spécifiques. Elle est conduite avec le souci de mettre en évidence ses liens avec l’expression, la compréhension et la correction rédactionnelle. » (B.O. 2008) Interactions entre les deux - Comment favoriser les transferts du code dans les écrits ? - Comment utiliser les écrits pour travailler le code ? L’orthographe ne peut être mise en œuvre que si l’on fait écrire les élèves. Il faut donc faire écrire souvent les élèves, en maintes occasions et dans tous les domaines.
En introduction Un élève écrit :Mon frère à dix ans aujourd’hui. Ens. : Il n’y a pas d’accent sur le « a ». Remplace par « avait » pour vérifier. El. : Mais c’est aujourd’hui qu’il a 10 ans ! Je ne peux pas remplacer par « avait » ! « Les pommes rougies… » Attention aux raccourcis : « Mets un « S » : c’est du pluriel ! » Ils chanteS ? C’est du pluriel, non ? Lecture p. 135 du livre « Pour enseigner et apprendre l’orthographe », Danièle Cogis. L’essentiel n’est pas dans la réussite de l’exercice mais dans la compréhension de la règle qui la sous-tend. Ces règles, les élèves doivent les mettre en œuvre donc il faut qu’ils écrivent en classe.
A quoi sert l’orthographe ? Moyen d’être reconnu socialement… il fut même d’ailleurs un temps où l’une des significations de « faute d’orthographe » signalée par le Trésor de la Langue Française était « le manquement aux usages et bonnes mœurs »… On nous jugera donc par rapport à notre orthographe ! Une personne qui a une mauvaise orthographe court le risque de ne pas être estimée fiable ! L’orthographe est partie prenante depuis un siècle et demi d’école obligatoire de l’histoire de l’école primaire : elle fait partie de la mémoire collective (de moins en moins, il me semble tout de même). La dictée incarne à elle seule le premier diplôme de masse : le certificat d’étude avec son « cinq-faute-zéro » (premier outil populaire de promotion sociale). Pourtant, pas une semaine sans coquille dans les journaux, sur les devantures des magasins… sans parler des erreurs que l’on perçoit à l’oral, à la TV par exemple problèmes de norme restent prégnants. ATTENTION à cet aspect normatif et culturel de l’orthographe. On aidera plutôt les élèves à percevoir la dimension « technique » de l’orthographe…
A quoi sert l’orthographe ? « Si cinq haches abattent cinq pommiers, alors cinquante haches abattront cinquante pommiers ! » • L’orthographe sert : • à la communication : être lisible (on doit avoir le même code). Un texte écrit en phonétique demande à être oraliser (voir les SMS ou les logiciels d’échange instantané - MSN - qui ont leur vertu !). Est-ce l’avenir ? • à la compréhension :« Les poules étaient sorties dès qu’on leur avait ouvert les portes. »« un coude du chemin » et « un coup de Duchemin »On peut en jouer, c’est une bonne entrée parfois (vire langue) : « Il était trop homme de terre pour aimer l’état marin. » « L’eusses-tu cru, cher ami, que les traits sont là peints ? » « Ton thé t’a-t-il ôté ta toux ? disait la tortue au tatou. » « Si six scies scient six cyprès, alors six cent six scies scieront six cent six cyprès ! » On n’oubliera pas de montrer en situation de lecture que l’orthographe peut-être une aide à la compréhension.
L’orthographe, c’est compliqué ? • Le français est avant tout une langue orale. • Origines diverses : 85 % de latin mais aussi du celte, du grec, de l’allemand, de l’arabe, de l’anglais… (cf la chanson de Henry Dés) • L’alphabet latin fut adopté mais limité à 23 lettres (pour les romains, pas de problème : amatis) d’où des problèmes en français : • la mise en correspondance phonèmes/graphèmes : 26 lettres pour 36 phonèmes • des graphies différentes pour un seul phonème • un graphème pour plusieurs phonèmes (c carotte et citron) • des problèmes d’équivoques (XI - XIVème siècle) : VILE/UILE ; PIE (pie et pied) L'alphabet latin archaïque (avec différentes variantes pour chaque lettre) attention - cette - fils - maçon - session - asthmatique - Metz - dix - gestion - succion - scientifique = 12 graphies pour [s]
L’orthographe, c’est compliqué ? • On est sur plusieurs principes : • Correspondance sons lettres- un phonème pour plusieurs graphèmes [f] : ph / f- un graphème donne plusieurs phonèmes : ( en entrent / rien ) • Couche idéographique ou sémiographique qui désigne ces lettres, le plus souvent muettes qui servent : - à départager les homophones (les os/les eaux ; poêle/poil) - à signaler des familles sémantiques (grand/grandir mais pourtant abri/abriter) • Des marques indiquent les caractéristiques morphologiques et syntaxiques des mots : l’accord, le nombre, le genre, la conjugaison du verbe. D’autres exemples : échos Dans le mot « chats » : 5 lettres pour 2 phonèmes [Sa] Dans le mot « taxi » : 4 lettres pour 5 phonèmes [taksi] Apprentissages différents Ces 3 caractéristiques rendent précaires et incertains l’appui sur les formes orales de la langue : le système présente une part d’arbitraire. Il faut donc s’appuyer sur une typologie des erreurs qui relèvent d’apprentissages différents.
L’orthographe, c’est compliqué ? Pour s’en convaincre… s’il en est besoin • Un mot s’écrit « comme il se prononce » ??!! • Ecris le plus simplement possible ??!! • 12 000 possibilités d’écrire « empan » ! (même si certaines graphies sont peu réalistes par rapport à notre langue) • unavion - unhomme - unnavire - onn’avait pas - • un homme - un hangar • Sait-on écrire un mot dont on connaît bien le sens ? • [fySja] • 1693; de Fuchs, botaniste bavarois du XVIe s d’où fuchsia. • J’ai cru ou j’ai crû ? • Elles se sont lavé… • SS entre 2 voyelles ? • Je me désolidarise ! • La purée ! Alors l’orthographe au musée ? les cheveux.
La même dictée en 1870, 1987 et 2005… Alors ? Le niveau baisse ? Oui, mais… pas « partout » de la même manière. La dictée reste encore la bête noire des élèves. Un test « dictée » à grande échelle par 2 chercheuses. 123 classes du CM2 à la 3ème 2 767 dictées 37 520 formes erronées
La même dictée en 1870, 1987 et 2005… Les arbres s’enfoncent dans la terre par leurs racines, comme leurs branches s’élèvent vers le ciel. Leurs racines les défendent contre les vents et vont chercher, comme par de petits tuyaux souterrains, tous les sucs destinés à la nourriture de leur tige. La tige elle-même se revêt d’une dure écorce qui met le bois tendre à l’abri des injures de l’air. Les branches distribuent en divers canaux la sève que les racines avaient réunie dans le tronc. Ce petit texte est de Fénelon (François de Salignac de la Mothe . 1651-1715). Il est extrait du Traité de l’existence de Dieu que Fénelon a rédigé entre 1701 et 1712. 52 mots : 34 acquis à 10 ans 12 acquis à 11 ans 4 acquis à 12 ans 2 acquis à 13 ans 52 mots : « Mots outils » en grand nombre (50 %)
La même dictée en 1870, 1987 et 2005… • Analyse rapide : • Plus d’erreurs en 2005 qu’en 1987. • Ecarts importants entre le1er quartile le plus faible et le quartile le plus fort. • Perfection, une donnée rare : • En 1987 : 50% des élèves sous les 6 fautes • En 2005 : 22% des élèves sous les 6 fautes • 52% des erreurs en 2005 sont sur des règles non appliquées (40% en 1987). • Le « gros » problème est en orthographe grammaticale.Dans la dictée : 5 sujets et 5 verbes accordés correctement : 18% en CM2 et 62 % en 3ème. • En 1987, les élèves divisaient le nombre d’erreurs par 3 du CM2 à la 3ème. En 2005, par 2. • La difficulté de considérer la langue comme un système est une caractéristique des élèves en très grande difficulté.
La même dictée en 1870, 1987 et 2005… Même dictée à des élèves en 1987 et en 2005 Ce que les élèves de CM2 savaient faire en 1987 est réussi actuellement par des élèves de 5ème. Cet écart de 2 ans est maintenu jusqu’en 3ème. • Quelques éléments pour comprendre : • redoublement en forte baisse • disparition des classes spécialisées • temps d’étude réduit (moins de temps pour étudier l’orthographe et la grammaire : c’est mécanique…) • programmes • choix didactiques (entrée en littérature mis en avant) • On ne peut pas s’en contenter, bien sûr !
Des attitudes vis-à-vis de l’orthographe La notation en orthographe (dictée ou autre) Hubert Montagner, Directeur de recherche à l’INSERM et membre du Comité National de Suivi de la recherche INRP , insiste sur la nécessité de désamorcer toutes les peurs et insécurités héritées pour l’essentiel de l’extérieur ou générées par la crainte de l’école. Faute de cette étape il ne serait pas possible d’aborder les apprentissages dans de bonnes conditions. « Les élèves doivent être sécures » disait-il à Larrazet. L’étude des erreurs peut servir de point de départ à des activités méthodiques de classements ou de discussions sur les représentations : construire avec les élèves la norme ou revenir sur des conceptions erronées de cette norme. Démarche méthodique, progressive, déculpabilisant : les erreurs deviennent matière à réflexion en classe. (cf site de IUFM de Montpellier). Illustration connue de la nécessité de cette activité réflexive : « Les petites brisent la glace. / Les petites brises la glacent. »
Des attitudes vis-à-vis de l’orthographe La notation en orthographe (dictée ou autre)… teinté de culpabilité ! De quelle façon les élèves se situent-ils eux-mêmes dans le domaine orthographique ? De ce point de vue, beaucoup d'entre eux - trop - ont des représentations très négatives. Mais s'ils se disent « mauvais » en orthographe, c'est sans doute parce qu'on la leur montre trop souvent par le prisme de leurs déficits. Il faudrait arriver à une évaluation positive de l'orthographe. La preuve a bien souvent été faite au cours de ces dernières années que l'évaluation privilégiait en général les 10 % erronés d'un texte au lieu des 90 % normés. Rappel : la dictée « traditionnelle » n’est qu’une évaluation. Il n’y a pas d’apprentissage lors de celle-ci.
Les erreurs de langue Erreurs de type phonétique : la garotte Mauvaise maîtrise de la langue orale. Dans l’idéal : elles devraient avoir disparues en début de CP. Certains élèves en produisent encore beaucoup sans pour autant les faire en oralisant (ils ne disent pas « garotte »). Ils n’identifient pas les bons phonèmes à utiliser : travail sur la conscience phonologique de façon ludique, non fastidieuse (des mallettes de jeux phonologiques existent : Retz, Editions La Cigale… et les animations APE sur la phonologie).
Les erreurs de lexique Orthographe lexicale est pour une part importante arbitraire, imprévisible (« sève » a été écrit de 63 manières différentes par 2 767 élèves - 1/3 a donné la forme attendue). Mots emmagasinés dans la mémoire. Pour une part, c’est la rencontre avec le mot qui en fixera l’orthographe. Donc plus le mot est rare, moins on fixe son orthographe.Comment retenir POULS sans l’avoir rencontré et intégré à son lexique mental ? De même pour mésange/maison. La graphie d’un mot n’est jamais totalement acquise. N’importe quel expert peut être mis en défaut : il ne s’en émeut pas et fait… un pari ou sort son dictionnaire.
Les erreurs de lexique Des pistes de travail… • Travail sur l’apprentissage des mots outils. • Les mots donnés à apprendre doivent faire l’objet d’une analyse de leurs difficultés avec les élèves. Un apport historique, quand on le peut, est bénéfique. • Exemple : • Origine du mot "aujourd'hui« (trouvé sur Internet) "hui" vient du latin "hodie", composé lui même de "hoc" = "ce" et "die" = "jour". "hodie" signifie donc "ce jour", "le jour où nous parlons". "aujourd'hui" signifie donc "au jour du jour où nous parlons", c'est déjà une expression redondante (pléonasme)... et certains disent et répètent l'horrible "au jour d'aujourd'hui !!!" Donc à bannir de son vocabulaire. En Espagnol, on retrouve "hoy" qui signifie "jour", origine commune avec "hui" de "aujourd'hui" ! • Faire recopier au verso d’une feuille le recto en autorisant (ou non) à retourner X fois la feuille. • Puis les apprendre par cœur !
Les erreurs de lexique Des pistes de travail (suite)… La lecture est la grande pourvoyeuse de mots qui constitue le dictionnaire mental de formes écrites :« La plupart des recherches en lecture dans différents pays montre que l’étendue du lexique est en relation étroite avec les performances en lecture […] Sur le plan acquisitionnel, l’accroissement du stock lexical dépend de la pratique régulière de la lecture… Elle lui est consubstantielle. » (Jacques David dans « Le lexique et son acquisition, aspect cognitifs et linguistiques », le français aujourd’hui n0 31, 2000, p. 37) Voir sur le site de circonscription l’article sur le lexique… Travailler sur l’utilisation des dictionnaires (de tout type). Cf « Le dictionnaire historique de la langue française » d’Alain REY) Dans chaque domaine, noter les mots spécifique de la leçon sur un côté du tableau. Les utiliser et les faire utiliser fréquemment à l’oral durant la leçon. Chaque élève écrit un « résumé » en utilisant ces mots. On pourra y joindre des mots de la même famille. Faire écrire en toute occasion pour fixer l’orthographe, notamment lexicale !