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Réflexions introductives à la Journée de la Paroisse St Alexandre de l’Ouest Lyonnais Dimanche 6 Avril 2014 Bruno-Marie Duffé Vicaire épiscopal « Famille et Société » - Diocèse de Lyon. « prendre soin » : une aventure d’humanité.
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Réflexions introductives à la Journée de la Paroisse St Alexandre de l’Ouest Lyonnais Dimanche 6 Avril 2014 Bruno-Marie Duffé Vicaire épiscopal « Famille et Société » - Diocèse de Lyon
« prendre soin » : une aventure d’humanité • Nous faisons, chacun(e), l’expérience de nos capacités (physiques, relationnelles, intellectuelles, spirituelles) • et aussi l’expérience de nos limites … • Nous nous efforçons de vivre de manière « autonome », c’est-à-dire en assumant notre condition humaine et en cherchant ce qui est « bon » pour nous – et pour nos proches. • Mais nous découvrons, dans l’expérience même de notre vie, que nous avons besoin des autres, de l’autre, de l’Autre… • Notre humanité est en effet placée sous le double signe • de la vulnérabilité (et de la fragilité) et • de la solidarité (et de la fraternité).
Ce que veut dire « prendre soin » • « Prendre soin », c’est avant tout faire le détour vers celui (celle), ceux qui appellent et qui sont dans le besoin • Mais c’est aussi « prendre le risque » de donner un peu de nous-mêmes (« oser servir ») • ce que nous savons – faire, • ce que nous avons appris, • ce que nous sommes) • Plus encore « prendre soin » c’est consentir à entrer dans une rencontre • qui va peut-être nous demander beaucoup… • qui va peut-être changer notre vie… • Dans le « prendre soin », il y a avant tout le « souci » • de la vie, • de l’autre • de l’avenir de notre humanité • Dans le « prendre soin », il y a un « donner » mais aussi, de manière souvent inattendue, un « recevoir » • « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi… Que veux-tu que je fasse pour toi… Que je voie » (Marc 10, 46 – 52)
« prendre soin », c’est donc avant tout s’approcher • On pourrait dire : beaucoup de choses, dans notre humanité, se jouent dans notre manière de nous approcher • Nous approcher de l’autre et nous laisser approcher par lui • en dépassant nos peurs et nos réserves… • les pré-jugés et les idées faciles • En osant découvrir cet autre que je crois connaître mais que je ne connais pas vraiment • S’approcher, c’est consentir à se faire proche, le « prochain » mais c’est aussi accepter que l’autre ne fasse proche de nous. • « Un samaritain… s’approcha, banda ses plaies… puis le chargea sur sa propre monture… » (Luc 10, 34)
« prendre soin », c’est écouter Ecouter un cœur qui bat… • Ecouter un cri ou un murmure… • Ecouter une histoire et ses résonnances dans ma propre histoire… • Ecouter une confidence, une solitude, une souffrance qui cherche ses mots pour se dire… • Ecouter avec ses oreilles ! • Mais aussi avec son intelligence, avec sa mémoire, avec son cœur, avec sa foi • Et même avec son corps qui vibre à l’humanité de l’autre, à ce qui nous est commun, • Ecouter la terre, les saisons, le chant de l’eau et le silence de la sécheresse… • Ecouter le présent… mais aussi oser écouter l’avenir • ( Cf. François : « le Christ : notre espérance qui nous vient de l’avenir »)
« prendre soin », c’est regarder • Regarder ou, mieux encore, « poser son regard » (Cf. Marc 10, 21) • « Mesurer » ce (celui) qui vient à nous et ce qui est touché, appelé (sollicité) en nous : notre sensibilité, nos compétences, notre expérience… • Prendre la mesure du possible et de l’impossible • Croiser nos regards pour partager ce que nous sommes en train de vivre • Le regard juste ne dévisage pas, il ne déshabille pas : il respecte l’autre et les autres, dans leur fragilité, mais surtout dans la dignité de notre humanité. • Regarder, c’est être là, avec et pour l’autre • Notre regard dit notre présence . C’est notre regard, avant toute parole qui dit notre espérance en l’homme.
« prendre soin », c’est agir (servir) • C’est « donner des soins », pour soulager, pour encourager, pour relever, pour croire encore à l’avenir, au devenir. • C’est traduire en actes ce que l’on croit bon – ou préférable – pour notre humanité (soins de sauvetage; soins de protection; soins contre la douleur; soins « éducatifs » et « soins de rééducation »; sauvegarde de la dignité (intégrité, intimité, sociabilité, affectivité) • Prévenir, conseiller, dialoguer, s’apprendre mutuellement ce qui est meilleur pour notre santé et pour nos équilibres… • Sauvegarder le trésor de l’aventure humaine : la création reçue et « confiée », la mémoire et l’histoire humaine, l’environnement et les conditions du vivant, aujourd’hui et demain. (Cf. Jean-Paul II « Centesimus annus », 1991, §37 – 38)
« prendre soin », c’est veiller • Il nous faut apprendre à rester là, près d’un frère, humblement • (humilité et humanité sont construits sur la même racine : « humus » : la terre…), • Veiller humblement, c’est donc se souvenir de la terre et garder les pieds sur la terre. • Et parfois même sans « faire » beaucoup de choses : attendre / espérer ou offrir simplement un « verre d’eau fraîche » • Veiller, ce n’est pas surveiller mais offrir ce que nous sommes et « être là »pour atteindre ensemble à la lumière du matin • Veiller pour ne pas s’endormir • Veiller et prier • Veiller pour aimer : « Demeurez ici et veillez avec moi » (Matthieu, 26, 38)
« prendre soin », c’est se réjouir de ce qui est signe d’espérance • Le véritable soin porte en lui un appel à la vie, un appel à « mieux vivre » • C’est la recherche d’une vie meilleure, dans le partage où chacun se réjouit avec et pour l’autre • De quoi faut-il se réjouir ? • D’une amélioration (de notre santé, de la justice, du droit, de notre humanité, de notre planète) • D’une vie donnée et d’une vie reçue (pour être donnée) • D’un pain partagé et d’un amour re-trouvé • Parabole de la brebis perdue et retrouvée, de la pièce d’argent perdue et retrouvée, du fils/frère revenu à la vie. (Luc 15, 1 – 32)
« prendre soin » jusqu’au bout ! • On peut parfois se décourager de devoir « toujours prendre soin »… • On peut se sentir petits devant les défis nombreux du « prendre soin », surtout quand ils font face à la violence et à l’incompréhension / l’incompréhensible • Il y a pourtant dans le « prendre soin » un appel qui traverse toute notre histoire (personnelle et collective) • Comme si « prendre soin » voulait dire « devenir vraiment humain » • Etre vraiment humain , ce serait prendre soin • De la Création et de la Vie • De l’enfant, du frère et du lien qui nous relie • De l’avenir qui est le chemin vers le Dieu – Père. (Cf. Jean 14, 6) *