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1er baromètre de tendance. Grands enjeux économiques, sociologiques et environnementaux : la vision des Présidents d'Associations, Fondations et ONG. 1. 1. Objectifs et m é thodologie. SAISIR LA VISION DES DIRIGEANTS D’ASSOCIATIONS SUR LES GRANDS ENJEUX CONTEMPORAINS…
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1er baromètre de tendance Grands enjeux économiques, sociologiques et environnementaux : la vision des Présidents d'Associations, Fondations et ONG 1 1
Objectifs et méthodologie SAISIR LA VISION DES DIRIGEANTS D’ASSOCIATIONS SUR LES GRANDS ENJEUX CONTEMPORAINS… …Pour apporter un éclairage différent sur la nouvelle donne qu’impose aujourd’hui l’évolution de la société aux entreprises: • Mondialisation, • Montée en puissance du développement durable, • Prise en compte de la RSE… • Quel regard les dirigeants d‘ONG, de Fondations et d’associations portent-ils sur ces questions ? Sur quels leviers s’appuient-ils pour faire face aux menaces ? METHODE 17 entretiens qualitatifs auprès de responsables (Présidents, DG…) des associations suivantes: AIDES - Amnesty France – ARC - Délégation catholique pour la coopération - Emmaüs - Fédération Internationale des Droits de l’homme - Fondation d’Auteuil - Fondation de France - Fondation Nicolas Hulot - Fondation pour la Recherche Médicale – Les Petits Frères des Pauvres - Max Havelaar - Secours Catholique - Secours Populaire - Société de Saint-Vincent-de-Paul (Fédération française) - Unicef - WWF 10 entretiens en face-à-face 7 entretiens téléphoniques Réalisés en septembre et octobre 2009. & 2
INTRODUCTION & 3
Des postures liées aux héritages des organisations… DES ORGANISATIONS SINGULIÈRES Les organisations dont nous avons rencontré les dirigeants n’ont pas toutes • Les mêmes histoires (les Orphelins d’Auteuil créée fin du XIXe, la Fondation Nicolas Hulot il y a moins de 20 ans, par des figures différentes - experts, abbés, médecins… • Les mêmes référentiels d’action (héritage de la philanthropie, du syndicalisme, des « nouveaux mouvements sociaux », de la solidarité internationale…) • La même mission • Ni ne jouissent de la même vision de l’opinion publique. DES PRÉOCCUPATIONS PARTIELLEMENT PARTAGÉES Ils partagent des préoccupations communes : • Le constat unanime d’un état de crise (sociale, économique, écologique) • Des difficultés internes et propres à leur statut d’associations. Mais parce que chaque association est singulière, leurs dirigeants ne priorisent pas les enjeux et les menaces de la même façon. • On distingue trois grands groupes d’enjeux, en fonction des histoires, des missions et des regards de l’opinion publique. & 4
…et des préoccupations en lien avec la nature des missions… 1 2 3 Soutenir, développer la recherche ou des projets. Agir directement auprès d’un public (solidarité). Alerter, modifier les comportements et agir au global. MISSION Les individus « adhèrent » aux causes (faute de « militer ») : Autofinancement, exigence de transparence : Désintérêt pour l’engagement « total » : CONTEXTE CONTEXTE DE CONCURRENCE BAISSE DU MILITANTISME DECLIN DES IDEOLOGIES • dépasser le consensus des « bonnes causes » • réussir à changer le monde (via les politiques publiques, la régulation.) • évaluer, • rendre des comptes, • soigner son image et son éthique. • recruter des militants. • optimiser les ressources: rendre le peu de bénévoles disponibles les plus opérationnels possible. ENJEUX & 5
Au niveau sémantique, un plaidoyer pour défendre les actions. La posture des dirigeants et leur regard sur le monde diffèrent de ceux des patrons du CAC40 ou des politiques. Ils agissent directement sur le monde qu’ils veulent changer, et pourtant leur espace de pouvoir est indéfini. « DÉFENDRE LA CAUSE » • En prise directe avec la société : les dirigeants font de leur mission une cause qu’ils défendent collectivement autant qu’individuellement. • De fait, une très forte proximité avec le public visé, avec l’opinion et le « peuple », là où les patrons restent en décalage et perçoivent le monde à travers un filtre. DAVID vs GOLIATH ? • Les ONG, un contre-pouvoir davantage qu’un pouvoir : un espace d’exercice de leur influence qui n’est ni la sphère marchande, ni la sphère gouvernementale. • Composer avec les pouvoirs sans perdre leur vocation éthique tout en défendant leur cause : « David face à des Goliath* ». • Une légitimité et une efficacité toujours à prouver. « Si l’on prend une grande question très importante qui est les sans-papiers, on a un discours d’un triste de la part des politiques de droite et de gauche! Terrible, c'est-à-dire qu’ils fonctionnent avec les archétypes strictement électoraux et ne répondent pas au problème posé qui est que la grande immigration aujourd’hui représente la grande épopée du 21e siècle. Les sans-papiers sont les héros des temps modernes. » & 6 6
« Grands Patrons », dirigeants d’ONG : le constat partagé d’un environnement qui se durcit. Les dirigeants des ONG « défendent une cause et une mission » et projettent ainsi les préoccupations inhérentes à cette mission sur l’ensemble des problématiques de l’époque. Mais ils ont en commun avec les patrons de constater l’apparition de nouveaux risques. Un nouvel environnement mondial auquel il faut s’adapter La mondialisation des risques L’accélération/contraction des temps L’instantanéité de l’information Remise en cause profonde des évidences actuelles et des modèles de compréhension du monde, laissant les entreprises et les ONG sans grande visibilité. & 7
La tendance pour les patrons du CAC 40 : changement d’équations La mondialisation de l’entreprise est digérée mais son environnement se durcit Les bouleversements de fond franchissent de nouveaux seuils avec le numérique 3.0, et l’Asie barycentre du monde L’accélération / contraction du temps crée des paradoxes, des dichotomies, des mondes parallèles Aggravation / apparition de nouveaux risques, eux aussi mondialisés (comme si le GPS était cassé, et qu’il fallait revenir à la navigation d’après les étoiles !) Remise en cause profonde des évidences actuelles et des modèles de compréhension du monde, laissant les entreprises sans grande visibilité • La temporalité se contracte : les dangers sont plus imminents, leur déroulement moins prédictible que celui des crises passées… • « Ce qui est nouveau c’est que pour les crises précédentes, les acteurs savaient où ils en étaient alors que là c’est dispersé, il y a une perte de contrôle … » • …symptôme d’un bouleversement plus large, intense et irréversible, de l’état du monde et de l’équilibre des forces qui s’exercent & 8
L’enjeu : muter • Il ne s’agit plus de se protéger contre des risques hypothétiques, ou même de s’y préparer : les risques sont advenus, les dangers sont là. • Aujourd’hui, l’enjeu principal est de faire muter les entreprises pour les adapter à un environnement mondial qui s’est fondamentalement transformé. Les faire « devenir d’autres animaux », capables de rebondir rapidement sur des terrains toujours mouvants. • Pour s’adapter à ce rythme, sans visibilité, le meilleur animal… c’est l’homme ! D’où une importance grandissante et de plus en plus individualisée, intuitu personae de l’homme, qu’il soit collaborateur, client, partenaire… ou le chef d’entreprise lui-même. & 9
La tendance pour les patrons des Associations et ONG CONTEXTE GLOBAL : une crise Economique et sociétale Humaine et sociale Ecologique La mission des associations s’impose aujourd’hui plus que jamais. Deux réponses/deux postures qui divisent les dirigeants. Agir sur les effets : Réparer les malheurs Agir sur les causes : Changer le monde Rendant leur mission plus difficile que jamais. DES ENJEUX PROPRES AUX ONG Légitimité Recrutement Pérennité Trois visions prospectives autour d’un espoir partagé. Les pragmatiques : Rester solidaires. Les optimistes : Faire passer des mesures. Les lucides : Limiter les dégâts. & 10
La société subit un raz-de-marée de la misère. LA PRÉCARITÉ TOUCHE MÊME LES CADRES • Une nouveauté pour les associations de « charité ». • Face à l’humiliation, ils sont les seuls acteurs à pouvoir apporter une aide : une certaine pudeur à dénoncer les responsables. FRACTURE ET MALAISE SOCIAL • Emploi, logement, éducation, santé. • Une dénonciation des exactions envers le minima des droits humains de la part des dirigeants d’association de solidarité d’action locale, mais aucune cause n’est mise en avant. « Il y a un appauvrissement de la personne. Il y a un modèle à deux vitesses. (…) Nous sommes confrontés à un problème social qui va être critique et qui rend les choses compliquées pour nous qui venons en aide aux personnes en difficulté. Mais nous ne sommes pas là pour mettre en place un système de substitution. » « On est face à un véritable phénomène sociétal. C’est la descente aux enfers, même pour les gens qui avaient les moyens. » Une grande urgence à mener des réformes…mais une faible confiance dans les pouvoirs publics Une conscience partagée que la responsabilité de répondre à l’urgence revient aux associations de solidarité. & 11
Une augmentation des atteintes aux droits humains. LES ONG : LE CHAÎNON MANQUANT ET INDISPENSABLE • Les instruments et les acteurs dont le rôle est de mettre en œuvre les droits humains existent... ... mais comme ils ne remplissent pas leur mission… … elle incombe désormais aux ONG. CONTEXTE POST-11 SEPTEMBRE • Une nouvelle donne pour les ONG à dimension internationale qui oeuvrent pour l’application des droits humains. « Au delà de la terreur des groupes armés violents, il faut voir également la réaction opportuniste de certains acteurs pour resserrer leur emprise. Ça change la donne. » & 12
Le développement durable dans sa dimension sociale : plus que jamais un enjeu Une vision globale du Développement Durable Le développement durable ne concerne pas que la protection de la planète et des espèces animales (aspect environnemental), mais aussi (et surtout), le développement de l’humain dans sa dimension sociale. « Moi ce que je mets derrière le développement durable, ce sont les mots et la définition de l’ONU, à savoir économie, écologie et social. C’est un trépied. Penser le développement en intégrant la dimension écologique, c’est bien mais insuffisant car il faut intégrer la dimension sociale. » Certains dirigeants insistent sur le fait qu’ils n’ont pas attendu le « greenwashing » pour penser « durable ». Enjeu : aider les pays du Sud à s’adapter aux évolutions. & 13
L’enjeu environnemental est partagé par tous, mais à des degrés différents. Un enjeu trop important pour être présenté sous la forme d’une « politique de l’oxymore ». Un enjeu important, mais pas d’action dans cette direction. Le DD : pas une priorité, ni leur rôle. Implication dans le discours. Degré 0 d’implication. Implication dans les actes. « Ce sont des mots qui sont complètement dans la mission historique de notre ONG. Depuis 40 ans on est sur le développement durable. Quand deux ingénieurs partent ouvrir un collège en Afrique, c’est du DD. » « Je pense que les ONG ont un rôle essentiel à jouer dans l’avenir. L’inquiétude que j’ai c’est que je ne sais pas bien si nos organisations associatives ont la capacité à aborder ce défi tel qu’il est. » « Ce n’est pas mon rôle de faire ça. Moi mon rôle c’est de financer les meilleurs programmes de recherche. » « Ce n’est pas notre combat prioritaire. » Une très grande différence d’implication des dirigeants d’ONG sur la question du développement durable. & 14
Le « développement durable », un outil de mensonge ? L’implication la plus forte se traduit, chez certains dirigeants, par une posture critique du développement durable comme une forme d’écologie libérale. • Protection de l’environnement et fonctionnement du marché seraient « incompatibles » dans la configuration actuelle du capitalisme. • Un mensonge : donner l’illusion que le processus de dégradation est réversible. • Le DD tel qu’il est aujourd’hui promu (notamment par les entreprises) : des « mesures écran ». • Un consensus qui cache une écologie « reprofilée » pour être consommable par le marché. « Il est sûr que depuis trois ans on parle davantage d’environnement que jadis. Avant, il n’y avait que désinvolture et sarcasmes. Maintenant c’est un autre niveau. Mais justement, c’est parce que ça monte et que c’est sur toutes les bouches qu’il faut être dans la concrétisation des propositions! » « En tant que citoyen je vous répondrais petits arrangements entre amis. En tant que directeur d’ONG, une étape. (…) C’est un système qui a récupéré l’écologie. Aujourd’hui, ceux qui nous gouvernent pratiquent la politique des oxymores. » & 15
Agir ou débattre… Les divisions des dirigeants d’ONG. 1 2 Réparer les malheurs …ou les prévenir. • Agir sur les causes. Conquérir des droits valables pour tous. • Logique de l’émancipation collective • Logique syndicale : faire prendre conscience des intérêts communs • Urgence de la responsabilisation • Solidarité dans le sens immédiat. • Logique de la charité chrétienne • Logique de la proximité, de l’aide vs assistance ( logique d’émancipation individuelle cf. éduc pop) • Logique de l’action locale vs solidarité internationale & 17
Dans le contexte actuel, 3 priorités pour mener à bien sa mission • Prouver son intégrité pour légitimer l’action • Développement des normes de transparence • Interpénétration des milieux associatif et marchand • Impliquer les acteurs publics pour • pérenniser l’action • Solidarité interindividuelle insuffisante • Niveaux inégaux dans le développement de l’information virtuelle dans un contexte de globalisation de l’information • Recruter des forces vives • rendre l’action possible • Désengagement, fin du militantisme, engagement post –it, zapping • Incompatibilité entre offre et demande : militants âgés, ou jeunes Leur enjeu aujourd’hui est de parvenir à : • Être « irréprochable ». • Difficulté à penser le monde associatif comme un monde du travail • « On a mis un certain temps à leur expliquer qu’une association n’était pas un abri et que nous avions les mêmes objectifs de performance qu’une entreprise » Leur enjeu aujourd’hui est de parvenir à : • « Rejoindre » = susciter l’engagement, faire coïncider offre et demande. • Former, transmettre des compétences : • Des préoccupations de l’ordre du domaine marchand Débat autour de la professionnalisation du monde associatif. Leur enjeu aujourd’hui est de parvenir à : • Participer au débat • Responsabiliser les acteurs mondiaux • S’inscrire dans un contexte de mondialisation et répondre aux injonctions d’efficacité en créant des politiques de partenariat inter-ONG 18
SE PROJETER Les perspectives des dirigeants d’associations & 19
Une vision optimiste des temps modernes Pour caractériser l’époque, les dirigeants d’ONG placent l’espoir en premier lieu. Les mots qu’ils proposent s’articulent autour : De l’opinion, des progrès et des idéologies qui la rendent possible : De leur mission associative : soif de vivre espoirhumanisme passionnante développementdurable solidarité combativitéengagement ouverture générositéréactivitépotentiel féminisation de la société révolutionnaire époque enthousiasmante dons confiance espoir unité du monde technologiecommunicationtransparence ouverture des échanges vision du futur progrèsinnovation science humain prise de conscience citoyenne écologieaccès aux connaissancesconnaissances du vivant mouvance évolution mutationpotentiel changementrévolutionnaire & 20
Mais lucide sur une époque en flottement, en quête de sens. Ils expriment leurs doutes, autour de deux facteurs : Ceux qui relèvent directement des individus : Ceux qui relèvent du système : Irresponsabilitémondialisation des égoïsmes désabusée individualismematérialisme consuméristemoraliste intolérance indifférence misère intellectuelle humain recherche du profitimmobilismes peurperte de systèmes de références et de valeurs Inconséquence solidarité précaire époque compliquée improbable désinvolte incertainecrise injusticespouvoir incohérences évolutions économiques échanges internationaux économievirtuelleintrusion dans la vie de la personne inégalitésécarts qui se creusent fractureinstantané injuste modèles pertede senspériode douloureuse pour les gens transactions immobilières & 21
Les plus optimistes prévoient une amélioration de la situation Les pragmatiques : En restant solidaires. Les optimistes : En faisant passer des mesures. Les lucides : Limiter les dégâts. Changer le monde en agissant sur les causes Faire changer les mentalités en faisant passer des lois. Améliorer le système. Compter sur le progrès. L’heuristique de la peur. La destruction de la planète est en cours. L’enjeu est de préserver le peu d’espèces le plus longtemps possible. Mot-clef: responsabiliser. • Inventer un nouveau système. • Gagner du temps. Susciter la générosité et la philanthropie Mobiliser pour réparer les malheurs. Panser le système. Compter sur les individus. & 22
Les dirigeants se trouvent aujourd’hui face à des difficultés de deux ordres. • La question de la responsabilité • Celle des individus les concerne en termes d’engagement : la générosité, le bénévolat, le militantisme découlent de la responsabilisation des individus, et conditionnent la faisabilité de la mission des ONG. • Celle des acteurs institutionnels constitue le cœur de la mission de plusieurs ONG : les amener à se responsabiliser permettrait aux lois et aux sanctions d’être appliquées, et aux criminels de répondre de leurs actes. • La prise en compte de logiques de gestion • Exigences de transparence et d’évaluation, professionnalisation des militants • Nécessité de savoir communiquer (en particulier avec les médias) • Transmettre l’information via des outils en perpétuelle mutation… • Introduction dans le fonctionnement des organisations de logiques de performance et de rentabilité. & 23
Une exigence unanime : l’espoir. • Une inquiétude de la part des dirigeants d’ONG : qu’il s’agisse de la dégradation inéluctable de la planète, du contexte économique international de crise ou du processus d’appauvrissement des français. La situation se dégrade à tous les niveaux. • A cela s’ajoutent des difficultés internes propres aux organisations: la baisse de l’engagement, les tensions liées au fonctionnement, les débats idéologiques… • Malgré cela, et malgré les tensions qui les divisent, les dirigeants sont unanimes sur l’espoir qu’ils doivent garder et entretenir. C’est le fondement de leur mission, et leur principal moteur. & 24