Et la tête? De l'utilité de travailler « le mental » Lucio Bizzini, PH.D

1. Symposium AGE-ISMMS Association genevoise des entraineurs Institut des sciences du mouvement et du sport de l’Université de Genève CMU, 12 novembre 2010 Symposium: Entrainement et performance: 25 ans de rencontres entre terrain et laboratoire Et la tête? De l'utilité de travailler « le mental » Lucio Bizzini, PH.D Psychologue et ancien international de football

2. Un peu d’histoire personnelle… • En 1985 je fais partie du staff de l’EN de football en tant que psychologue . Réactions étonnées des médias et des dirigeants. Article: Le psychologue dans le football: type d'intervention. Revue de la Société Suisse de Médecine du Sport, 1986, 34/3, 131-133 • Entre 1985 – 2000: plusieurs interventions dans des sports individuels au niveau de fédérations – peu de sollicitations de la part de sports collectifs, si ce n’est comme « Pompier- Réanimateur - Sauveur » Article: Le conseil psychologique cognitif auprès de jeunes sportifs: théorie et pratique de l’intervention. Schweizerische Zeitschrift für « Sportmedizin und Sporttraumatologie », 1995, 2, 33-38.

3. Un peu d’histoire tout court… • 2000- 2010: dans le sport de haut niveau il est désormais très fréquent de recourir à un coach mental ou à un psychologue du sport  la question ne se pose plus … • Formation des psychologues: Titre de spécialisation en psychologie du sport en 2005 (SASP et Ecole Fédérale de sport de Macolin) • Formation des entraîneurs: Mentale Aspekte und die Rolle des Trainers in der Rehabilitation von Sportverletzungen, Macolin, 15-16 novembre 2010

4. Un peu d’histoire: Les publications.... Sur le plan scientifique, l’augmentation impressionnante du nombre de papiers, articles, revues, ouvrages, témoigne de cet intérêt croissant pour la psychologie du sport. Source: PubMed

5. Types d’interventions • Article LB (1995): deux voies, • l’entraînement mental • le conseil cognitif sportif • Article AAASP (2007): two academic routes • Sport science route  performance enhancement • Psychology route  clinical assistance • Travailler le mental s’oriente sur (Cédric QUIGNON-FLEURET, 2010): • La dimension d’écoute, de soutien et de conseil • L’apprentissage des thèmes liés à la performance sportive • L’apprentissage des outils

6. Objectifs du travail psychologique • Donner du sens au travail • Aider à anticiper le situations problématiques et à y faire face • Fournir des outils • Éduquer l’athlète sur certains thèmes • Aider à mieux gérer différente situations, ex: • Psychologie des blessures • L’anxiété de performance

7. Exemple: Psychologie de la blessure • Travail sur les attitudes de l’athlète blessé: • Une catastrophe qui bloque le développement: Déception, baisse de confiance en soi, développement de pensées négatives • Une opportunité pour changer : Augmente la motivation, meilleure conscience de son corps, amélioration de la concentration • Identifier les stratégies les plus utiles

8. Stratégies utiles pour une convalescence plus courte (Ievleva et Orlick, 1991, 1993) • Les athlètes qui emploient des stratégies positives ont une convalescence plus courte que ceux qui utilisent des stratégies négatives • S+: locus de contrôle interne, dialogue interne +, rechercher le soutien social, niveau d’engagement élevé dans le programme de réhabilitation, exercice d’imagerie positive • S-: attributions causale externes, discours interne dévalorisant, s’apitoyer sur son sort, se centrer sur soi et refuser le soutien social

9. Programme psychologique lors de la réhabilitation d’une blessure • Aspect psycho-éducatif: informations sur la blessure, le traitement, les différentes phases de la réhabilitation • Fixation d’objectifs à chaque étape, à court terme et réalistes • Approches anti-stress (respiration, méditation) • Travail psychologique sur les distorsions cognitives • Stratégies de contrôle de la douleur • Préparation à la rentrée de la compétition : étapes progressives

10. Ex: Psychologie de l’anxiété de performance • En dose modérée, l’anxiété est souhaitable pour soutenir la motivation d’accomplissement de la performance (achievement motivation) et le « fighting spirit » • L’anxiété de performance est un état d’appréhension, de tension ou de malaise causé par la peur de l'échec. • La personne souffrant d'anxiété de performance donne plus d'importance au résultat qu'à la tâche en soi. Elle accorde plus de valeur à la réussite qu’à l'apprentissage. Elle ne se donne pas le droit à l'erreur. • Michael Mahoney: les sportifs qui réussissent sont ceux qui tolèrent mieux le stress et qui acceptent l’anxiété pré-compétitive

11. Cas clinique (S., 19 ans, tennis, niveau élite en France) « Ces derniers mois j’ai rarement réussi à exploiter mon potentiel sur le terrain et jouer comme à l’entraînement. J’étais trop crispée, anxieuse, nerveuse, trop de doutes et surtout une totale perte de confiance intérieure qui provoque une angoisse, la peur de perdre et ne pas y arriver. J’ai perdu le plaisir de jouer et de m’entraîner » Etapes du traitement: • Histoire de S.: compartiments de vie, tennis et motivation • Livre de J.E. Loehr (psycho-éducation)

12. http://www.sportpartners.net • S. lit et souligne: • Se fixer des objectifs de performance et non de résultats • Se traiter soi-même en meilleure amie et avoir de la tolérance pour soi • Trouver une routine avant la compétition

13. Cas clinique (suite) 3.Stratégie principale: L’auto-observation par écrit de ce qui se passe avant le match, pendant le match et après le match (fiche ad hoc avec situations, émotions,pensées,actions.). S. prend conscience de son fonctionnement et discute de quelques changements 4. Changements et cibles: • Retrouver le plaisir d’être en compétition • Etre moins exigeante envers soi-même • Gérer l’angoisse des 24 heures avant le match • S. dit « Je me bats sur chaque point »

14. Le bilan de S. après 8 séances • L’apprentissage de la réussite sportive est faite d’un mélange de plaisir, d’effort et de persévérance • Succès et défaites) nécessitent que l’on soit forts dans la tête • « J’ai beaucoup appris sur moi-même et j’ai plus envie de me battre » • « J’ai du plaisir à pratiquer mon sport » Mots-clés de l’intervention selon S.: ACCEPTATION – EFFICACITE – FIERTE – ROUTINE

15. En conclusion • Aujourd’hui, entraîneurs, athlètes et médecins du sports sont convaincus de l’importance de travailler le mental dans le sport de haut niveau … • Nous devons toujours et encore expliquer le rôle du psychologue et son utilité • Rappel des deux voies: Optimisation de la performance vs Traitement des troubles émotionnels et comportementaux • Message: le psychologue du sport enseigne des techniques pour améliorer le mental, mais favorise surtout la croissance personnelle de l’athlète et de la personne