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20. - Roman inédit de Léo Beaulieu. Chapitre 20 La fuite en moto Deuxième partie. Chapitre 20 – dernière partie Convaincu qu’Édith n’avait jamais connu les aboutissements des soirées organisées par le monstre Goldberg, il en ressent une profonde satisfaction. C’est pourquoi il explique :
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20 - Roman inédit de Léo Beaulieu Chapitre 20 La fuite en moto Deuxième partie
Chapitre 20 – dernière partie Convaincu qu’Édith n’avait jamais connu les aboutissements des soirées organisées par le monstre Goldberg, il en ressent une profonde satisfaction. C’est pourquoi il explique : – Oh ! Mais c’était nécessaire. Nous n’aurions jamais pu louer de chambre autrement, Édith. Les lois d’ici sont supposées avoir été créées pour protéger les mineures, même si tu as raison d’en douter après ton séjour chez « le vieux cochon ». Il faut bien jouer ses cartes lorsqu’on confronte un dilemme… bien que je réalise que je n’ai berné le réceptionniste d’aucune façon. Il n’est pas dupe, tu sais ! Probablement habitué à ces genres de situations, il a vite imaginé que nous étions sûrement deux amoureux qui cherchaient un abri privé et à la chaleur. D’un regard inquisiteur, un peu ébranlée par ses propos, Édith questionne : – Répète-moi donc ça encore une fois ! Je ne pense pas avoir bien saisi ! Allez, Jason… ! Oui, dis-moi que tu n’avais pas tout planifié ce scénario… ! et de façon insistante. – Dis-moi que je me trompe ? reprend la petite, à la fois émue et fort déçue de cette attitude qu’elle cherche à percevoir dans ces propos.
– Oh, mais ma chère Édith… ! Rien de tout cela n’a été planifié, voyons ! J’ai inventé cette histoire de toutes pièces, crois-moi… ! Nous n’avions pas d’alternative… et j’ai dû improviser… un peu trop, je crois. Excuse-moi si je t’ai offensée ! – Tant mieux car j’aurais été très contrariée si tel avait été le cas, Jason ! Oui, vraiment très chagrinée ! Je te l’exprime sincèrement. – Eh, bien, tu vois, moi aussi je suis franc avec toi. Je ferais tout pour toi, tu sais… Édith reconnaît qu’elle a sauté aux conclusions trop rapidement, puis, pour prouver ses regrets et sa reconnaissance : – Moi aussi, d’ailleurs… répond-t-elle, se lançant dans les bras de son sauveteur. – Tu me l’as grandement démontré en créant cette cohue au château Goldberg. Tu as tout risqué et je suis persuadée que tu as perdu ton emploi. Peut-être que je n’aurais pas dû accepter… mais, c’est fait ! Ta générosité m’a impressionnée au plus haut point. Oui, je crois être amoureuse de toi, Jason…
– Il est vrai que je ne connais que très peu de choses sur ton passé… Pourtant, dès que tu m’as offert ce verre, il y a à peine quelques heures, j’ai compris que le destin se manifestait. J’ai vu la grandeur de ton âme dans ton regard… enfin, tu n’étais pas comme les autres. À cet instant-là, j’ai senti que j’avais raison de te faire confiance, et que tu étais la personne toute désignée pour moi. C’est très curieux de constater la manière dont certains événements se manifestent et font subitement tourner une situation tragique en une aventure heureuse. Depuis sa naissance, notre pauvre Édith n’avait connu, hélas, que de tristes épisodes ; ce qui avait pour effet de la rendre vulnérable au moindre signe de largesse de la part de quiconque démontrait un tant soit peu de bonté à son égard. Toutefois, sa perspicacité innée l’avait, bien malgré tout, protégée de faire confiance inconditionnellement au premier venu. Dans le cas de Jason, c’était différent… elle le pressentit dès la première rencontre.
Dans la vie, il y a parfois ce vide que chacun a besoin de combler, même si les circonstances donnent l’apparence d’un certain bien-être, souvent passager et parfois trompeur… C’est humain de faire face à cette nécessité à un moment ou à un autre ! Il s’agit d’être circonspect… Pourquoi donc Jason s’était-il donné tant de mal pour extirper Édith des mains de ce monstre ? Pourquoi cet élan sans bornes ? Difficile à expliquer. Et ce qui en suivit : la fuite effrénée en moto… cette nuit de pleine lune, où, tacitement, marchant ensemble, cherchant le gîte rêvé… Le résultat pourrait facilement nous permettre de conclure qu’en ce soir de bal chez Goldberg, le destin lui avait permis de rencontrer l’élu de son cœur, son prince charmant. Lorsqu’il s’approcha d’elle, le plateau à la main, lui offrant ce verre de vin qui reflétait les lumières psychédéliques du plafonnier de la grande salle… il n’en fallut pas plus !
Oh, qu’il était beau et séduisant ce jeune adonis ! Il lui était apparu comme un personnage de contes de fée, vêtu d’une armure imaginaire… celui qui vient à la rescousse de la belle princesse qui l’attendait depuis longtemps. Et pour Édith, il est devenu celui qui, désormais, l’accompagnera pour faire de sa vie un passage terrestre gratifiant ! N’est-ce pas mérité après ses débuts si pénibles ? – Dis, Édith ! Soulève le store de la fenêtre, si tu le veux bien. C’est la pleine lune cette nuit… on pourrait mieux se voir et surtout déterminer l’emplacement des meubles… ! – Tiens… voilà ! Je l’ai trouvée… j’étais juste à côté… Ouais… ! Qu’elle est sale cette fenêtre… et la glace… si pleine de poussière qui tamise la lueur de la lune qui ne perce que très peu… mais enfin… c’est mieux que rien, on peut maintenant se voir ! – Il n’y a qu’un petit bureau sans miroir et un lit simple ! reprend Jason. – C’est pitoyable ! Je doute même si les draps de ce lit sont propres… probablement pas changés depuis des mois…
– Mon cher Jason, laisse moi te dire que c’est autrement mieux que de coucher sur un banc de bois ! Et moi, j’ai décidé de dormir tout habillée… je n’en peux plus ! C’est la journée la plus éprouvante de ma vie ! • Sans offrir la moindre hésitation, la petite s’allonge sur le lit qui, en réalité, n’est pas aussi malpropre qu’il l’avait prétendu. • Jason a beau chercher à ne pas la déranger, mais ne trouve aucune autre manière : – Il n’y a pas de chaise ni de fauteuil dans cette misérable chambre ! J’peux m’installer près de toi ? • – Sûrement, Jason…. Sûrem…, • La jeune fille n’a même pas terminé sa réplique qu’elle est déjà partie au pays des rêves. Tout de suite, il comprend à quel point, elle est vraiment exténuée. • Avec précautions, il prend place à ses côtés, et amoureusement… se colle à son dos et de son bras, il couvre ses frêles épaules… • Fin du Chapitre 20 À suivre…
20 - Roman inédit de Léo Beaulieu Photos de Léo Beaulieu Musique de Zamfir : ‘Bilitis’ Tous droits réservés - 2006