250 likes | 417 Views
Changer pour aller mieux. LE LANGAGE EN THERAPIE: FREIN OU MOTEUR DU CHANGEMENT ?. Matthieu Villatte, Amiens. Matthieu Villatte, Amiens L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt concernant les données de sa communication. Perte de flexibilité et psychopathologie.
E N D
Changer pour aller mieux LE LANGAGE EN THERAPIE: FREIN OU MOTEUR DU CHANGEMENT ? Matthieu Villatte, Amiens
Matthieu Villatte,Amiens L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt concernant les données de sa communication.
Perte de flexibilité et psychopathologie • Lorsque les patients débutent une psychothérapie, ils sont généralement en perte de flexibilité: • Evitement expérientiel (émotions, pensées, sensations). • Persistance de l’évitement en dépit de l’inefficacité à long terme.
Qu’est-ce que l’évitement expérientiel? Tendance motivée par le langage à échapper ou éviter les expériences psychologiques privées en essayant de modifier leur forme, leur fréquence, leur intensité même lorsque cela s’avère inefficace, contreproductif, ou en contradiction avec les actions valorisées. (Hayes, Wilson, Gifford, Follette, & Strosahl, 1996)
Plus grande anxiété Dépression plus importante Performance au travail plus faible Difficultés d’apprentissage Addiction Qualité de vie diminuée Passé d’abus sexuel Comportements sexuels risqués Symptomatologie borderline Alexithymie Sensibilité à l’anxiété … Evitement expérientiel lié à : Sources: Hayes et al (2004); Polusny (1997); Toarmino (1998); Pistorello (1997); Batten, Follette, & Aban (1998); Stewart, Zvolensky, & Eifert (1998);
Plan Lien entre langage et Evitement expérientiel Contourner les barrières du langage en thérapie Utiliser le langage pour avancer en thérapie
Quel lien entre le langage et l’évitement expérientiel ? Le langage : A) Favorise l’évitement expérientiel B) Rend l’évitement expérientiel inefficace C) Maintient l’évitement expérientiel en dépit de son inefficacité
A) Le langage favorise l’évitement expérientiel Deux formes principales d’apprentissage : Aux contact des conséquences directes de l’environnement. Eviter les sources de souffrance est renforcé négativement. Aux contact des règles verbales. Eviter les émotions négatives est promue par notre culture « Il faut penser à autre chose quand on est triste » « il ne faut pas trembler dans les moments importants » « il faut oublier les événements malheureux »
B) Le langage rend l’évitement expérientiel inefficace • Le langage est un outil qui permet de mettre en relation les événements. • Cette mise en relation peut s’appliquer dans toutes les directions, sans limite formelle (= caractère arbitraire, symbolique). • Or, plus on tente d’éviter un événement psychologique, et plus on l’évoque, plus on multiplie les relations avec d’autres événements psychologiques. Conséquence: il est très difficile de se mettre à l’abri d’une pensée de façon durable. Voir la Théorie des Cadres Relationnels (TCR), Hayes et al. (2001). Voir Wegner (1989)
Consigne : Ne pas penser à un OURS ! 1) Chaque fois que « OURS » apparaît à l’écran, suppression. 2) Relation verbale d’équivalence OURS = BOCEEM • Chaque fois que BOCEEM apparaît, suppression. 3) Relation verbale d’équivalence BOCEEM = GEDEER • Chaque fois que GEDEER apparaît, suppression. • Les mécanismes relationnels du langage créent de nouveaux réseaux et étendent sans cesse les sources d’évitement. Hooper et al. (in press). B) Le langage rend l’évitement expérientiel inefficace
C) Le langage maintient l’évitement expérientiel en dépit de son inefficacité >> Le suivi de règles verbales rend insensible aux conséquences Suivre une règle vs apprendre au contact des conséquences 1 point/minute 1 point/appui • Modification des conséquences (non indiquée au participant) • Adaptation difficile aux changements de conséquences • On apprend plus vite, mais on ne se fie plus qu’aux indications verbales, on devient insensible = Persistance de comportements inefficaces. voir Hayes, SC (1989).
En conséquence Les patients sont fréquemment piégés dans une lutte créée et maintenue par le langage. Difficulté à envisager des approches alternatives face à leurs émotions douloureuses. Dans ce cas, le langage est un frein au changement vers l’acceptation des événements psychologiques et l’action dirigée vers ce qui est valorisé.
Comment lutter contre le langage en psychothérapie ? Dans la mesure où le langage constitue le principal outil de la psychothérapie… Lutter contre le langage par le langage ? Efficacité de la restructuration cognitive mais… La distanciation/défusion Changer la relation aux pensées plutôt que leur contenu Apprendre à agir en présence des pensées « barrières »
La distanciation / défusion Etude expérimentale(McMullen et al., 2008): Des participants accomplissent une tâche informatisée. Régulièrement, ils reçoivent la proposition de poursuivre la tâche (mais ils doivent alors recevoir une stimulation douloureuse) OU de mettre fin à la tâche. Ceux qui ont interrompu la tâche avant la fin listent 3 pensées qui les ont amenés à arrêter (ex. « C’est trop désagréable ») >> Comment les aider à aller au-delà de ces pensées “barrières”?
La distanciation / défusion Un groupe « défusion » effectue un exercice favorisant la distinction pensée / action : Répéter « je ne peux pas marcher » tout en marchant en cercle. Un groupe « distraction » effectue un exercice favorisant la modification de la pensée: Penser à quelque chose de plaisant tout en répétant l’une des 3 pensées. Ensuite, les participants reprennent la tâche et on les encourage à employer soit la défusion soit la distraction face aux stimulations douloureuses.
La distanciation / défusion Résultats: Nombre de stimulations acceptées: Groupe « défusion » 8.38 stimulations vs Groupe « distraction » 4.69 (Contrôle 2.5) Évaluation du niveau de douleur ressentie (0-100): Groupe « défusion » 42.6 vs Groupe « distraction » 51.64 (Contrôle 41) >> Se distancier du langage permet mieux d’agir en dépit des pensées barrières.
La distanciation / défusion Altération de l’adhésion aux idées délirantes et aux hallucinations (Bach & Hayes, 2002): Take your mind for a walk: 50% de réhospitalisations en moins. Se distancier en modifiant le contexte verbal (Healy et al., 2008): Pensées négatives se rapportant à soi (« je suis nulle », « je n’y arriverai jamais », « je suis trop gros ») Augmentation de l’acceptation de ces pensées en modifiant leur contexte d’apparition: « j’ai la pensée que… »
Retrouver le contact avec les conséquences par le langage: les métaphores L’emploi de métaphores permet de contourner le langage en utilisant le langage. Les règles de fonctionnement sont extraites des conséquences concrètes qui apparaissent dans l’environnement, plutôt que sur un raisonnement interne. Plutôt que d’ajouter du langage, la métaphore recentre sur l’environnement. >>Exemple: Lutter dans les sables mouvants Stewart et al. (2001)
Le langage moteur du changement:Les valeurs Une forme particulière de règle verbale: l’augmental Les relations verbales peuvent transformer la fonction des comportements de telle sorte que les conséquences immédiates sont transcendées et conduisent à: > Abandonner un comportement qui a des conséquences positives à court terme mais pas à long terme. > Adopter un nouveau comportement qui a des conséquences positives à long terme (malgré les conséquences négatives ou absentes à court terme). Wilson, K. , et al. (in press); Dahl, J.C., et al. (2009).
Le langage moteur du changement:Les valeurs Concrètement: verbaliser les valeurs Formuler les grandes directions de vie constituant des sources inépuisables de renforcement (≠ buts). Elles concernent une infinité de domaines (santé, relations, travail, etc.) et sont déterminées par les patients eux-mêmes. Utilisation de questionnaires : The Valued Living Questionnaire (Wilson et al., in press); Bulls-eye Instrument about valued life (Dahl et al., 2009). Wilson, K. , et al. (in press); Dahl, J.C., et al. (2009).
Le langage moteur du changement:Les valeurs Formuler les valeurs = Facteur de changement Lorsque l’on est confronté à une information qui menace la définition de soi, on a tendance à la rejeter alors qu’elle pourrait induire un changement bénéfique à la santé (ex: « je suis un fumeur »). Formuler ses valeurs réduit le rejet de ces informations. La définition de soi est reconstruite aux travers des valeurs. Crocker, J., Niiya, Y., & Mischkowski, D. (2008). Harris, PR & Napper, L. (2005).
Le langage moteur du changement:Les valeurs Facteur de changement: L’évitement expérientiel (sous contrôle aversif) est donc délaissé au profit d’actions qui replacent le patient dans un contexte de satisfaction durable. L’action devient renforçante en elle-même car elle est cohérente avec ce en quoi le patient croit. Wilson, K. , et al. (in press); Dahl, J.C., et al. (2009).
CONCLUSION Le langage est un puissant outil permettant de se détacher de l’environnement immédiat. >> La conséquence négative est la persistance de stratégies inefficaces et contreproductives (évitement expérientiel). En thérapie: >> Privilégier la distanciation vis-à-vis du langage et favoriser le contact avec les conséquences pour aider le patient à changer d’approche. >> Utiliser le langage pour formuler les valeurs et réengager le patient dans l’action.
LE LANGAGE EN THERAPIE: FREIN OU MOTEUR DU CHANGEMENT ? Matthieu Villatte, Amiens Changer pour aller mieux Merci de votre attention !