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À l’orée du bois, dans une charmante maisonnette fleurie en toutes saisons, vivait une dame, déjà âgée, et ses deux filles, aussi ravissantes l’une que l’autre : l’aînée, qui a le teint légèrement rosé, s’appelle Rose-Rouge. La deuxième a une peau
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À l’orée du bois, dans une charmante maisonnette fleurie en toutes saisons, vivait une dame, déjà âgée, et ses deux filles, aussi ravissantes l’une que l’autre : l’aînée, qui a le teint légèrement rosé, s’appelle Rose-Rouge. La deuxième a une peau nacrée, presque transparente, diaphane, et sa maman l’appelle Neige-Blanche. La vie s’écoule sereine. Les animaux du bois voisin viennent parfois leur rendre visite, ou les agneaux de la prairie…
Ces demoiselles aimaient particulièrement les veillées. Elles se livraient à de petits travaux de couture ou tricotage, et leur maman leur faisait la lecture …Et il faisait si bon, près de l’âtre où les flammes crépitent en lançant leurs bouquets éphémères d’étincelles ! Surtout lorsque la neige tombait au-dehors ! Mais ce soir-là, à travers les bruits de la tempête, elles entendent frapper à la porte. « Ouvrez vite, mes filles ! dit maman. avec cette neige, c’est sûrement quelque voyageur égaré ! »
Mais lorsqu’elles ouvrent, elles se trouvent face à face avec un ours, un ours immense, un ours majestueux, un ours… enfin, avec un ours ! Le chat affolé s’enfuit, et les filles ne savent pas si elles doivent s’enfuir aussi, ou fermer la porte au nez de cette apparition terrifiante… Mais non, l’ours semble bien débonnaire, attend poliment qu’on l’invite à entrer…
Ces dames sont vite rassurées ! Et voilà l’ours installé devant l’âtre, séché, frotté, bichonné, peigné, chatouillé même… Il se laisse faire, semble rire. Quel heureux compagnon pour passer l’hiver ! Car, vous vous en doutez, il est resté tout l’hiver bien au chaud, avec ses nouvelles amies, pour le plus grand plaisir de tout le monde !
Mais, dès les premiers beaux jours, l’ours décide de • partir. Les fillettes sont tristes : • « pourquoi ne restes-tu pas avec nous ? • je dois aller surveiller ma fortune, qu’un mauvais • génie cherche à me voler ! Mais je reviendrai vous voir ! »
Ces demoiselles ne comprennent pas quelle réserve de miel peut avoir leur ami, qui soit si importante ! Les « au revoir » sont un peu tristes de part et d’autre… Et la vie suit son cours !
Un jour, alors qu’elles cueillent des fruits, elles entendent des cris, des râles… Elles se précipitent, et voient un gnome prisonnier d’un arbre… La barbe est retenue dans la fente refermée d’un tronc d’arbre. Catastrophe ! Pour le délivrer, il faut couper la barbe ! Et une chance que Rose-Rouge ait ses ciseaux dans sa poche ! Pensez-vous que le lutin les ait remerciés ? « Ah ! maladroites ! Voyez ce que vous avez fait ! Vous n’êtes bonnes à rien ! » Drôle de remerciement !
Mais, un peu plus tard, autres cris, autres jérémiades ! Encore ce farfadet ??? Cette fois, il s’est pris la barbe dans sa ligne de canne à pêche ! Elles restent interdites… « Alors ! vous attendez de me voir noyé ? » Mais rien à faire, il a fallu couper encore un bout de barbe ! Et, comble de colère, pendant ce temps Neige-Blanche remettait le poisson à l’eau ! Je pense que vous imaginez la scène !!!
Et l’automne revient, sur les grands bois et sur la petite maison… Rose-Rouge et Neige- Blanche font provision de châtaignes et de champignons.
Encore ces cris ??? Elles connaissent bien cette voix, et malgré les rebuffades des premières fois, elles se précipitent. Un aigle essaie d’enlever le rouspéteur. Mais il est tout de même lourd, et l’aigle s’envole difficilement. Les fillettes, courageusement, se lancent à son secours, et réussissent à le libérer. « Évidemment, dit le malotru, si vous ne m’aviez pas si souvent coupé la barbe, qui est le siège de ma force, j’aurais réussi tout seul ! Tout cela, c’est votre faute ! »
Ah… Cette fois-ci, ce ne sont pas cris, qu’elles entendent ! Mais des gloussements de joie, des petits rires, des explosions de victoire… Intriguées, elles s’approchent et voient le lutin jouer avec des pierres précieuses, les faire ruisseler entre ses doigts… Mais il les aperçoit. « Vous m’espionnez, maintenant ? Qui vous envoie ? Fichez le camp d’ici ! Vous n’êtes que des curieuses ! » Elles se sauvent quand…
Un grognement féroce, un grand bruit de « bang » ! Un ours énorme vient d’abattre le lutin d’un coup de poing bien asséné. « Pauvre lutin ! disent ces demoiselles, pas rancunières. Il va se faire dévorer, et nous aussi, si nous ne fuyons pas ! » Mais une voix bien connue les arrête.
Elles se retournent, tout heureuses… juste à temps pour voir l’ours énorme se transformer en un beau jeune homme ! « Ce lutin magicien, qui voulait mon trésor, m’avait jeté un sort et transformé en ours, explique-t-il. Il fallait que je le tue pour être libéré. Mais il était plus fort et malin que moi. Heureusement, je ne sais comment, sa barbe, siège de son pouvoir, a été sérieusement coupée, et j’ai pu en arriver à bout. » Après un premier instant de timidité, que d’effusions, que d’explications, que de compliments !
Rose-Rouge et le prince s’avouent leur amour. Une noce en perspective ! Le prince présente Neige-Blanche à son frère, et ils tombent amoureux l’un de l’autre ! Deux noces en perspective ! Vous imaginez quel jour de liesse ce fut dans le royaume ! Mais la maman, après les fêtes, préféra retourner dans sa maisonnette. Sa fille et ses gendres venaient la voir souvent, et l’on entendait dans le bois les rires et les cris de ses petits-enfants…
Texte : d’après un conte traditionnel Illustrations : Carlos Busquets Musique : E.Cortazar : My piano cries for you Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ Site : http://www.jackydubearn.fr/