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Chapitre 2 - Le développement international des firmes : stratégies et risques Ce chapitre est composé de trois sections : Section 1 - Les apports de l’analyse économique contemporaine Section 2 - La nature des risques dans les opérations internationales
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Chapitre 2 - Le développement international des firmes : stratégies et risques Ce chapitre est composé de trois sections : Section 1 - Les apports de l’analyse économique contemporaine Section 2 - La nature des risques dans les opérations internationales Section 3 - L’exemple de la gestion du risque de change
Section 1 - Les apports de l ’analyse économique contemporaine Il s’agit principalement des théories explicatives de l’échange international, fondées sur les différences internationales de technologie. A - La base des théories La plus significative des théories apparaît au début des années 60 : le cycle de vie du produit de Raymond Vernon en 1966. Par rapport au modèle HOS, l’écart est important : pas de recours à la formalisation (analyse basée sur des situations réelles, pas de modèle abstrait) ; approche dynamique (étude de l’évolution d’un phénomène au cours du temps) ; enfin, les firmes sont au centre de l’analyse. Précisons cette approche : Le cycle de vie du produit, notion ancienne, permet de rationaliser la vie économique d’un produit, c-à-dla période séparant son lancement de son abandon : au cours de cette vie, des régularités repérables dans presque tous les cas avec des phases dans la diffusion du produit auprès des consommateurs. R. Vernon distingue l’introduction du nouveau produit, la croissance, la maturité et enfin, la sénescence. Ces étapes dépendent de l’attitude des consommateurs face au produit mais aussi des conditions de production (2 variables qui structurent le secteur).
- 1ère étape : l’introduction du nouveau produit. La demande est peu sensible au niveau du prix (bien perçu comme un bien de luxe). La production s’effectue en courtes séries avec un travail qualifié et une faible intensité en capital. Le nombre de firmes est faible. - 2ème étape : la croissance. La concurrence par les prix entre les firmes se manifeste et les méthodes de production de masse sont utilisées. Le nombre de firmes est important. - 3ème étape : la phase de maturité. La concurrence repose sur le prix, la production se fait en grandes séries avec un travail faiblement qualifié et une forte intensité en capital. Le nombre de firmes diminue. - 4ème étape : la phase de sénescence. La production est progressivement abandonnée par toutes les firmes.
Sur un plan empirique, R. Vernon applique le schéma précédent aux firmes américaines en prenant en compte l’espace international. Qu’explique-t-il ? Les innovations nées aux Etats-Unis sont influencées directement par les variables spécifiques au marché américain dans les années soixante (consommation, conditions de production). Les Etats-Unis ont alors le revenu par tête le plus élevé du monde. Les capitaux sont abondants mais pas la main-d’œuvre. La demande domestique exprime un besoin en produits nouveaux (pouvoir d’achat élevé). Du côté de l’offre, les firmes innovent en réponse à cette demande, s’appuyant sur des processus de production avec peu de travail et beaucoup de capital dès que la phase de croissance est atteinte.
Les différentes étapes du cycle de vie du produit correspondent à des stratégies spécifiques des firmes pour approvisionner les marchés nationaux et étrangers. Précisons cette situation. Dans la première phase, la production est effectuée aux Etats-Unis et vendue dans ce seul pays. Avec le vieillissement relatif du produit (fin de la phase de nouveauté), des exportations commencent à apparaître. Elles sont peu importantes et destinées aux consommateurs étrangers les plus aisés (phase de croissance). Lors de la phase de maturité, la concurrence se manifeste. Ces concurrents mettent en vente sur le marché européen (principalement) des produits très proches. Aussi, pour lutter contre cette concurrence menaçant leurs exportations, les firmes américaines créent des filiales de production en Europe (baisse alors des flux commerciaux avec les Etats-Unis).
Enfin, avec la phase de sénescence, la production aux Etats-Unis diminue et les importations en provenance des filiales européennes des firmes américaines se développent (les firmes européennes fournissent également leurs propres marchés domestiques). Dans une ultime étape de la sénescence, la production est délocalisée dans les pays en voie de développement, les firmes américaines y créant des filiales. La demande européenne stagne voire se réduit et le produit est dans sa phase de déclin aux Etats-Unis.
B - Les vérifications empiriques L’explication de R. Vernon ne vaut que dans un contexte particulier : celui des firmes américaines sur la période allant de 1945 à la fin des années 60. Après cette période, les modifications de l’environnement international -en particulier la hausse des coûts salariaux en Europe conduisant à une parité avec les conditions de production nord américaines- rendent le schéma initial de R. Vernon inadapté. Mais ce schéma peut être repris et étendu à d’autres pays en prenant en compte les innovations comme principe explicatif des échanges internationaux (par exemple, séquences Etats-Unis – pays asiatiques).
De façon générale, comment tester le pouvoir explicatif de cette approche par le cycle de vie du produit? Le repérage de l’innovation est difficile, faute d’un accord sur une définition précise de ce phénomène. Pour pallier ce pb, on peut utiliser un indicateur quantifiable : la part des dépenses de recherche-développement dans le CA des firmes ou du secteur. M. Rainelli énonce alors la proposition théorique suivante : le commerce international doit être plus intense dans les industries où la recherche-développement est relativement importante que dans celles où elle est plus faible. Cette proposition a été vérifiée pour différents pays autres que les Etats-Unis (Japon, Royaume-Uni, etc) et différents secteurs (électronique, biens de consommation durable, pétrochimie, etc).
Ce type d’explication permet de comprendre le dynamisme des échanges mondiaux pour les produits des industries électromécaniques, chimiques : ce sont globalement des secteurs où les dépenses de R-D sont importantes. Cependant, une part significative du commerce international ne s’explique pas par l’innovation. Par exemple, les produits intermédiaires. De plus, l’approche technologique pas d’explication, notamment dans les cas de déséquilibres commerciaux nationaux persistants et de coexistence dans de nombreuses branches d’importations et d’exportations similaires (échanges croisés de produits similaires ou échanges intra-branche). Quelles sont les autreslimites de la théorie du cycle de vie du produit ?
R. Vernon reconsidèrera dans une contribution de la fin des années 70 sa thèse initiale du fait de l’évolution des processus d’exportation et de délocalisation du capital. Trois effets nouveaux sont à considérer : - le processus d’innovation, d’exportation et d’investissement à l’étranger s’est considérablement accéléré (le temps s’est réduit entre l’introduction d’un nouveau produit aux Etats-Unis et sa première production à l’étranger) ; - l’innovation n’est plus l’apanage d’un seul pays, les Etats-Unis. L’Europe, le Japon sont devenus des zones de lancement de nouveaux produits, favorisés par un revenu/tête plus élevé (et plus proche de celui des Etats-Unis) ; - certaines firmes multinationales (FMN) se développent selon un schéma différent de celui de la thèse du cycle de vie du produit. Elles n’adaptent pas leurs produits selon la séquence Etats-Unis - Europe - Pays en développement mais produisent des biens standardisés directement à l’échelle mondiale : le processus de production est réparti entre les différents pays et les ventes s’effectuent d’emblée sur tous les marchés (stratégie globale).
C - Les stratégies contemporaines de développement de la firme à l’échelle internationale Une des principales explications concerne les modèles d’internationalisation fondés sur l’existence de coûts de transaction. (R. Coase, O. Williamson). Un coût de transaction coût lié à un échange sur le marché. Il existe du fait d’imperfection sur les marchés des biens et des facteurs (coûts de recherche et d’information - études de marché, coûts de négociation et de décision -rédaction et conclusion d‘un contrat, coûts de surveillance et d’exécution - vérification de la livraison, etc). L’existence de tels coûts incite les firmes à chercher la forme d’organisation optimale, c’est-à-dire les coûts de transaction les plus faibles.
O. Williamson distingue 2 modes d’organisation alternatifs: le marché (M) et l’entreprise (E). A ce niveau, l’arbitrage se fait entre l’exportation (le marché) et l’investissement à l’étranger (l’internalisation par l’entreprise). Cependant, entre le marché et l’entreprise, des formes intermédiaires peuvent se rencontrer : joint venture, sous-traitance, concession, réseau, etc. Le risque d’inefficience du marché est accru dans les échanges internationaux (différence de langue, de culture). L’exportation avant l’échange engendre des couts d’information (réglementation, prix, barrières tarifaires et non tarifaires, etc) et après l’échange, en cas de difficulté, des coûts d’arbitrage (principalement, des coûts juridiques pour la résolution des contentieux commerciaux).
La firme compare donc les coûts de transaction en cas d’internalisation par un IDE (coûts tels ceux d’adaptation du personnel, ceux liés aux risques politiques, etc) aux coûts engendrés par le marché en exportant (coûts liés aux droits de douane, risques de change, etc). Le choix dépend aussi de la fréquence des transactions et de la spécificité des actifs de l’entreprise. Plus les produits sont spécifiques (aéronautique par exemple), plus l’entreprise va privilégier l’internalisation plutôt que le marché). Plus les biens sont génériques (produits textiles par exemple), plus l’entreprise va favoriser le marché (exportation ou tout accord n’impliquant pas un engagement en capital de la firme). En résumé, la firme est incitée à internaliser ses activités sur d’autres marchés plutôt que d’exporter ses produits tant que cette forme d’organisation reste celle qui minimise les coûts de transaction de ses activités.
Plus récemment, la théorie éclectique de J. Dunning (ou paradigme OLI - Ownership, Localization, Internalization)) représente une synthèse intéressante des théories existantes de l’internalisation et des coûts de transaction. Elle propose aussi une explication des choix de déploiement international des firmes. Selon ce modèle, les firmes ont le choix entre trois modalités de pénétration du marché étranger : IDE, licence et exportation. Le choix sera fonction ou non des avantages relevant du paradigme OLI. Ces avantages se déclinent comme suit : avantages spécifiques d’une firme (O ou Ownership), avantages spécifiques du pays (L ou Localization) et avantages de l’internalisation (I ou Internalization) :
- les avantages spécifiques d’une firme (ownershipadvantage). Les firmes vont à l’étranger parce qu’elles ont un avantage spécifique surpassant à LT les coûts occasionnés par la présence à l’étranger. Ces avantages peuvent recouvrir plusieurs dimensions : · ceux liés aux savoirs spécialisés, aux innovations et au niveau technologique ; · ceux liés aux économies d’échelle de différentes natures ; · ceux de nature monopolistique (détention d’une marque reconnue par les consommateurs, etc).
- les avantages spécifiques de localisation (localizationadvantage). La firme compare les différentes possibilités offertes par les pays afin de décider où elle peut maximiser le plus ses avantages spécifiques. La comparaison entre les pays peut s’effectuer autour de 3 catégories, éléments que J. Dunning appelle le paradigme ESP (Environment, Systems, Policies). La 1ère catégorie concerne l’économie: qualité et quantité de facteurs de production disponibles, taille du marché, transports et réseaux de distribution, existence de clusters d’entreprises, etc. La 2ème catégorie prend en compte les éléments sociaux et culturels tels le langage et la culture. Enfin, la 3ème catégorie concerne la politique gouvernementale du pays.
- les avantages de l’internalisation (Internalizationadvantage). Cela concerne la forme d’organisation choisie par la firme pour s’implanter à l’étranger. Plusieurs méthodes possibles pour se déployer à l’international : exportation, délégation (licence, sous-traitance), partenariat (joint venture, par exemple), filiale locale contrôlée à 100% (création de type greenfield ou acquisition). La firme retient la forme permettant de maximiser ses avantages spécifiques et de bénéficier des avantage liés à la localisation.
Pour J. Dunning, le choix du mode de pénétration des marchés étrangers est donc fonction des trois avantages OLI. La firme choisit l’implantation à l’étranger (IDE) si elle réunit les 3 avantages OLI. La cession de licence est préférable si la firme ne détient qu’un avantage spécifique (O). Enfin, l’exportation est le meilleur choix si elle détient un avantage spécifique et un avantage à l’internalisation sans avantage à la localisation (OL). Voir tableau ci-dessous.
Aujourd’hui, un schéma d’internalisation lié aux interactions entre les firmes peut être cité avec un degré significatif de pertinence : les clusters d’entreprises (ou pôles de compétitivité). Les firmes exploitent alors des externalités positives ou économies d’échelle externes (SiliconValley aux Etats-Unis, villes de Bangalore puis de Madras en Inde pour les activités liées à l’informatique, quartier du sentier à Paris pour les secteurs des TIC jusqu’à l’éclatement de la bulle internet en l’an 2000. (Notons le risque de coûts de congestion quand le cluster d’entreprises se développe trop – exemple de Bengalore).
Au total, la thèse du cycle de vie du produit conserve un bon pouvoir explicatif. En effet, la production et l’exportation d’un bien s’intensifient lorsque le produit atteint sa phase de maturité (la production, très demandée par les consommateurs, bénéficie de rendements d’échelle). Mais le cycle peut démarrer ailleurs qu’aux Etats-Unis, le temps entre les différentes phases du cycle se réduit et la production par les filiales à l’étranger apparaît souvent sans phase intermédiaire d’exportation par les sociétés-mères.
Section 2 - La nature des risques dans les opérations internationales (source : Eur-Export) Le risque de non-paiement auquel est confrontée la firme peut avoir deux sources : - Le risque commercial ou de défaillance de l'acheteur : risque lié à la solvabilité et/ou au comportement du client (rupture de contrat, non-paiement ou paiement partiel, faillite, etc); - le risque politique : des évènements indépendants de la volonté du client empêchent le paiement (changements politiques, guerres, boycotts politiques, grèves, etc). Il comprend également le risque de non-transfert (interdiction ou limitation des mouvements de capitaux vers l'étranger ainsi que le risque bancaire lié à la solvabilité de la banque de l'acheteur (faillite de la banque).
S'il est aisé de se couvrir contre le premier type de risque, il est relativement difficile de se protéger contre le risque de non-paiement lié à des facteurs politiques. Certains organismes publics proposent des assurances - crédit dans ce contexte mais celles-ci sont généralement réservées à des opérations de montants relativement importants. La protection contre le risque politique et ses conséquences demeurent principalement dans la prévention et la surveillance des marchés. Pour pallier le risque commercial (analyse privilégiée ici), 2 types d'actions : - Evaluer le degré de risque auquel la firme est exposée ; - Choisir une des techniques les plus appropriées à l’environnement de la firme.
A - L’évaluation du degré de risque Généralement, le degré de risque est fonction de la répartition du chiffre d'affaires, des caractéristiques des clients et des délais de paiement octroyés. . Pour le CA: plus les ventes sont concentrées sur un petit nombre de clients et/ou de pays, plus la vulnérabilité de la firme est forte. En cas de défaillance de l'un d'eux, l'impact sur sa rentabilité est important (règle à nuancer selon la qualité des clients du portefeuille). . Pour les caractéristiques des clients : tout d’abord, l’ancienneté des relations avec le client. Si les clients sont connus par la firme, l'intensité du risque dépend du nombre d'incidents de paiement répertoriés pour chacun d'entre eux. Mais toute nouvelle relation commerciale internationale élève le risque de crédit de la firme (sauf si le client a une notoriété financière reconnue). Dans ce cas, recours à tout organisme susceptible de donner des informations financières sur le futur client (sociétés d'assurance-crédit, annuaires spécialisés, clubs d'exportateurs, organismes publics de promotion des exportations, etc).
Ensuite, le statut du client : l'acheteur étranger peut être une firme ou un gouvernement. Dans le cas d'un opérateur public, le risque est en général plus faible. Dans ce cas, peu importe le motif de défaillance, celui-ci est considéré comme un risque politique, une entreprise publique ne pouvant pas être mise en faillite. Mais avec un acheteur privé, le risque peut être commercial ou politique, en fonction du type d'incident. L'expérience montre aussi que les organes publics demandent des délais de paiement souvent longs et que les risques sont fortement liés au climat politique entre les Etats du vendeur et de l'acheteur. . Pour les délais de paiement : ils ont un impact important quant au risque auquel l'entreprise s’exposevis-à-vis du recouvrement de sa créance. Plus ces délais sont longs, plus l'intensité du risque d'impayé croît. En effet, durant le délai de crédit, l'acheteur peut faire faillite, des événements politiques peuvent se produire, etc.
B - Le choix des techniques de couverture du risque Le risque d'impayés est fonction des caractéristiques propres à chaque entreprise. Il dépend du type de clients, des délais de paiement accordés et de la composition du chiffre d'affaires. Il apparaît donc difficile de donner une classification des techniques de protection du risque de non-paiement sur la base du degré de sécurité qu'elles offrent. Le tableau ci-après indique les avantages et inconvénients des différentes techniques de couverture.
La décision de recourir à une technique de couverture plutôt qu'à une autre ne doit pas être prise à chaque opération de vente : une politique générale préalable de protection contre l'impayé doit être définie pour deux raisons : - les opérateurs ne doivent pas s'interroger à chaque transaction sur la couverture à appliquer. Cela rendrait la gestion quotidienne des opérations commerciales internationales très lourde ; - le transfert du risque de crédit en externe (via l'affacturage ou l'assurance crédit) fait intervenir le principe de globalité. Il stipule que la firme ne peut pas décider au cas par cas des créances qu'elle transfèrera ou pas, mais est obligée de les transmettre dans leur totalité, selon des critères préétablis (zone géographique prédéfinie, secteur d'activité déterminé, etc). Le transfert des créances doit donc reposer sur une stratégie construite de la firme, ayant pris en compte les avantages et les inconvénients de ces techniques.
Section 3 - L’exemple de la gestion du risque de change • Quels sont tout d’abord les comportements observables sur le marché des changes ? • Une firme ou une banque possède à tout instant des avoirs et des engagements en devises. Les avoirs sont des actifs libellés en devises, détenus à des dates certaines et les engagements (ou dettes) sont des devises empruntées ou des obligations à verser des devises à des tiers à des dates certaines. La différence entre avoirs et engagements constitue la position de change de l’agent. Si les créances > les engagements, on dit que la position est longue, sinon elle sera courte. • Trois types d’opérations permettent d’agir sur cette position de change :
la couverture (ou hedging) ; • la spéculation ; • l’arbitrage. a - la couverture de change Le caractère imprévisible des variations des taux de change (et aussi des taux d'intérêt) fait courir des risques aux intervenants qui, pour se prémunir contre les pertes, réalisent des opérations de couverture. Ainsi, un agent économique se couvre lorsqu’il prend sur le marché une position inverse de celle engendrée par l’opération qu’il veut couvrir.
Soit un importateur français devant payer ses achats à l’étranger en $ (1 000 000 $ dans 3 mois). Il est confronté à une dette en euros au montant aléatoire (variation en fonction de la valeur du dollar en euros jusqu’à l’échéance des 3 mois). Si l’importateur anticipe une hausse du $ par rapport à l’€, il se couvre contre cette hausse en achetant immédiatement des dollars contre euros. La valeur de sa dette en euros devient certaine et non plus aléatoire. Si le dollar s’établit à 0,80 € et que l’importateur anticipe une valeur de 0,90 €, il va acheter aujourd’hui 1000 000 $ avec 8 00 000 € : il se couvre contre la hausse de la monnaie américaine. Autrement dit, il compensera ainsi sa dette en dollars (à verser dans 3 mois) par un actif en dollar (achat aujourd’hui de dollars sur le marché). Le jour de l’échéance, sa couverture se trouvera ou non justifiée en fonction de l’appréciation ou pas du dollar.
b - La spéculation Le spéculateur prend volontairement un risque pour obtenir un gain du fait de l'évolution du cours du change. Un agent anticipant une hausse du $ en termes d’ € achète du $ contre € et attend la hausse de la monnaie américaine pour la revendre contre € et percevoir le bénéfice en €, égal à la différence des cours.Le gain spéculatif est la rémunération du risque pris. Ajoutons que l’anticipation de la majorité des spéculateurs fait évoluer le taux de change dans un sens conforme à cette anticipation (anticipation auto-réalisatrice), sauf si les B. C. interviennent pour freiner cette évolution. L’anticipation à la hausse provoque la hausse (intensification d’achats de $ qui fait monter son cours).
c - L’arbitrage Les opérations d'arbitrage proviennent de l'imperfection des marchés, liée en particulier aux coûts de transaction et aux coûts d'information. Les agents identifiant des écarts de cours et/ou des écarts de taux d'intérêt (rapportés par des actifs libellés dans des monnaies différentes) tentent de tirer profit de ces écarts par des opérations d’arbitrage. Celles-ci, en modifiant les caractéristiques des marchés (taux de change, taux d’intérêt), font disparaître les écarts qui leur ont donné naissance. Lorsque les écarts disparaissent, l’arbitrage cesse.
b - Les compartiments du marché Sur le marché des changes, les transactions sont réalisées par les cambistes agissant pour leurs employeurs, les banques. Ils communiquent par Ntic les conditions des contrats, engageant les contractants. Les transactions concernant 2 monnaies ont des taux de change proches, voire semblables, eu égard à la spécificité des marchés des changes se caractérisant par une circulation très rapide de l’information. Ces taux évoluent dans la journée en fonction des anticipations des cambistes. Le marché des changes comporte plusieurs compartiments régis pour chacun d’entre eux par des règles spécifiques et qui ne sont pas cloisonnés en raison des comportements d’arbitrage des opérateurs.
a- Le marché des changes au comptant (spot) et à terme (forward) Sur le 1er marché, les conditions de l’échange de devises (p et q) sont fixées par les contractants le jour j et la transaction effective (remise de devises) a lieu 2 jours ouvrablesaprès le jour j. Sur le marché à terme, les conditions de la transaction sont fixées le jour j et l’exécution de la transaction a lieu après le 2ème jour ouvrable qui suit le jour j. Plus précisément, la durée est variable : 30 jours ; 60 jours ; 90 jours ; 6 mois et un an. L’avantage du marché à terme, outre l’engagement par avance des contractants dans des conditions non aléatoires, est que les intervenants ne doivent pas posséder la contrepartie dès le jour j mais peuvent attendre le jour du terme. De ce fait, ce marché facilite le règlement des transactions en autorisant des opérations de couverture.
Prenons un exemple : un importateur français A achète à un exportateur américain B du maïs, avec contrat conclu en $. A se fait accorder un crédit à 3 mois en $ par B. Si A attend l’échéance pour se procurer les $ nécessaires, il peut voir sa facture s’alourdir en € si entretemps, le $ s’apprécie par rapport à l’ €. Pour pallier cet inconvénient, A peut se couvrir contre un tel risque en achetant des $ contre € sur le marché à terme à 3 mois. Il achète donc aux conditions du marché du jour ses $ qui sont livrables à 3 mois. Le jour du terme, A récupère les dollars au prix connu 3 mois auparavant et règle sa dette. Cela étant, si l’importateur A a anticipé une appréciation de la monnaie de règlement et s’est couvert en conséquence, il sera lésé si la monnaie de règlement in fine se déprécie.
Remarque : le marché des swaps cambistes Le swap cambiste correspond à une transaction financière dans laquelle deux parties s’engagent à échanger des devises aujourd’hui (par exemple des euros contre des $) au cours de change au comptant et à échanger les mêmes devises à l’échéance du contrat (généralement inférieure à 1 an). Les swaps cambistes sont donc la combinaison d’une opération de change au comptant et d’une opération de change à terme. Elles ont lieu sur le marché interbancaire des changes et permettent aux banques de se couvrir à terme pour une échéance courte. Il s’agit là d’un point qui les différencie des swaps de devises qui sont conclus pour des échéances à moyen et long terme.
b - Les options sur devises et les contrats de devises (futures) Ces opérations concernent le marché des produits dérivés de change.Un produit dérivé est un contrat entre 2 parties (un acheteur et un vendeur), qui fixe des flux financiers futurs basés sur ceux d’un actif sous-jacent réel ou théorique, généralement financier. Le marché à terme permet la couverture d’un risque mais il présente l’inconvénient qu’une fois engagés, les contractants ne peuvent pas se soustraire à leurs obligations. Le marché des options sur devises, crée en 1982, offre des possibilités de couverture plus intéressantes. Sur ce marché, l’un des deux contractants peut ou non s’engager dans une transaction moyennant le paiement d’une prime à l’autre contractant. Plus précisément, une option sur devise (ou option de change) est un droit d’acheter (call) ou de vendre (put) une devise contre une autre devise, à une certaine date (option européenne) ou dans un certain délai (option américaine), à un certain prix appelé prix d’exercice (ou strikeprice). L’acheteur de l’option paie une prime au vendeur et exerce ou non son droit, en comparant le prix d’exercice avec le prix du marché.
Détaillons le mécanisme des options sur devises Une option est le droit, et non l'obligation, d'acheter ou de vendre un actif dans l'avenir à un cours fixé à l'avance. Ce droit est exerçable une fois au choix pendant une période fixe (cas des options américaines) ou seulement à une date fixe qui est souvent le dernier jour de la durée de vie de l'option (option européenne). Les actifs en question, appelés actifs sous-jacents, peuvent être des valeurs mobilières (action, obligation...), des contrats futures, des indices boursiers, de l'or, et bien sûr des devises. Dans ce dernier cas, on les appelle options de change.
Exemple : Une option peut être le droit d’acheter 1 000 000 USD contre EUR sur la base de 1 € pour 1,10 $, pour une durée de 3 mois, à n'importe quel moment (option américaine) ou seulement le dernier jour des 3 mois (option européenne). Le droit de vendre est appelé un PUT, le droit d'acheter est appelé un CALL. Quand on achète un call, on achète le droit d'acheter le sous-jacent au prix fixé; quand on achète un put, on achète le droit de vendre le sous-jacent au prix fixé. Pour acquérir ce droit, l'acheteur de l'option paie, dès la conclusion du contrat, une prime au vendeur de l'option.
La prime est donc payable en devise échangée. On peut cependant la payer dans l'autre devise, le cours de conversion pris en compte est alors le cours comptant vendeur du marché, auquel on doit acheter la devise au moment de la conclusion du contrat. L'acheteur détient le droit, et non l'obligation, d'acheter ou de vendre l'actif sous-jacent. Il paie la prime. On peut analyser cette prime comme une assurance : si tout se passe bien, c'est à dire si les cours évoluent favorablement pour l'acheteur (l'assuré), l'assurance ne jouera pas. Dans le cas contraire, l'assurance (l'exercice de l'option) servira à compenser la perte occasionnée par l'évolution défavorable des cours. En résumé, le risque de l'acheteur est limité au montant de la prime, et il a une possibilité de gain significative.
Un contrat de devises (ou future) est un titre qui porte sur une certaine somme à remettre dans une devise X à une certaine date t, le prix d’une devise X en termes d’une devise Y variant quotidiennement en fonction des offres et des demandes sur les contrats à terme de même type.
Prenons un exemple concret de contrat de devises. Ainsi, sur l’International Money Market de Chicago sont échangés des contrats de 12,5 millions de yen japonais, 125 000 francs suisses ou 62500 Livres Sterling. Quelle utilisation peut-on en faire ? Soit un investisseur institutionnel japonais dont une partie du portefeuille est composée de titres en $. Il souhaite se couvrir contre le risque de dépréciation du $. Il va acheter à terme un ou plusieurs contrats de 12,5 millions de yens japonais. Si le yen s’apprécie, l’investisseur va réaliser un profit en revendant des yens acquis contre $. Ce gain de change compense la moins-value sur son portefeuille de titres en $ imputable à la dévalorisation du $.