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La ronde. des mois. Avancer au clic. Janvier La fraîcheur monte de la terre ; Se mêlant au parfum du bois, De la mousse et de la bruyère Pour voler par-dessus les toits. Gazouillis d’oiseaux en attente D’un printemps encor endormi, Bruissement d’ailes inconscientes
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La ronde des mois Avancer au clic
Janvier La fraîcheur monte de la terre ; Se mêlant au parfum du bois, De la mousse et de la bruyère Pour voler par-dessus les toits. Gazouillis d’oiseaux en attente D’un printemps encor endormi, Bruissement d’ailes inconscientes Des chasseurs au fond des taillis. Regarde le bleu des collines Se découper dans le lointain, L’hiver qui sent bon la résine A la couleur du romarin. Sous le soleil de notre France Janvier est un si joli mois, Qu’avec les grives et les mésanges, Viens, nous allons tirer les rois. Brigitte Lascombe Février Février se lève aux chandelles, Moitié Verseau, moitié Poissons Et s’auréole de glaçons Ou revêt chape de dentelles… Il picore mille étincelles Pour conjurer de vains frissons. Février se lève aux chandelles, Moitié Verseau, moitié Poissons. Adoucissant les jours rebelles, Beignets et crêpes, sans façons, Sucreront rimes et chansons. En espérant les hirondelles Février se lève aux chandelles Renée Chabaud Fages
Mars Mois espiègle qu’un rien enchante, Mars a plus d’un tour dans son sac, Et de par son humeur changeante, rire et pleurs restent son ressac. Il observe quelque réserve puis soudain se livre en entier, Et s’émeut, s’amuse ou s’énerve, triste, grave et primesautier. Il invite les giboulées puis les repousse insolemment, Et de les voir inconsolées, le Soleil rit de leur tourment. Il rend plus brillantes leurs larmes : diamants offerts aux bourgeons Qui, troublés par de vagues charmes, veulent quitter leurs capuchons… Mars, dans l’orchestre un peu bohème, exécute son trémolo Mais préfère jouer quand même sa partition en solo. Il a ses notes inspirées pour d’imprévisibles accords, Et mêle, en toutes les contrées, ses dons personnels aux décors. Ne le croyez pas insensible. Il détient des élans charmants. Dans sa fougue, il fait son possible pour nous donner maints agréments. Comme l’homme il lutte, il ouvrage avec soin sa voie ici-bas, Car n’est-ce pas le seul courage, l’artisan des nobles combats ? Gisèle Perlot
Avril La muse est de retour ! La campagne s’allume. Partez, ma fantaisie ; errez parmi les prés. Voici le soleil d’or et les cieux sidérés ; La nature s’éveille et le bois se parfume. Le printemps, jeune oiseau, vêt sa première plume. Avril vient, en chantant dans les champs diaprés, Ouvrir sous un baiser les bourgeons empourprés ; Et la terre en moiteur s’enveloppe de brume… Le printemps engloutit la neige et les chagrins Et dispense à chacun des jours purs et sereins. Charles Baudelaire Balade au mois de mai Sous le doux ciel de mai je m’en vais par la lande, Respirant tour à tour le parfum des genêts, Du chèvrefeuille en fleur aux fragiles bouquets Et la chaude senteur des touffes de lavande. L’églantier rose et blanc que la brise enguirlande Et les fraises des bois quittant leurs verts corsets, Dévoilent devant moi plein de nouveaux attraits Que mon regard charmé reçoit comme une offrande. J’avance sans songer où me mènent mes pas, Sous les ors du soleil brillant de mille éclats, J’écoute les oiseaux répéter leur romance. Des instants d’émotion envahissent mon cœur, La vie au creux des nids me parle d’espérance, La beauté de ce jour suffit à mon bonheur. Suzanne Panizzi
Juin Le blé est déjà haut et oscille au vent. L’alouette monte saluer le soleil, La prairie où le faucheur, à pas lents, Coupe le foin, aux senteurs sans pareil. Le merle siffle dans le bosquet voisin, Attendant patiemment que mûrisse la cerise. L’hirondelle rase de son aile le foin, Au jardin, la rose est bercée par la brise. La Saint-Jean est là, au summum de l’été, La nuit où s’éclairent des feux sur les collines, Comme si l’on voulait, un instant, arrêter Le temps qui passe en ligne rectiligne. Le paysan, ruisselant de sueur Sous le chaud soleil de juin, Engrange le foin et son odeur Se répand tout le long du chemin Marie Vernet
Juilletrevient… Juillet revient. L’orge est déjà si belle ! Le caillou, dans la main, redevient hirondelle. Et tout est clair et doux et merveilleux ; Ce petit vent qui court là-bas vient droit de Dieu. Ne vois-tu pas qu’au bord de ce toit rouge, Le soleil se balance et que les tuiles bougent ? La roue des chars fait gicler la lumière. On entend pépier, dans la mousse, les fraises. Juillet revient. L’orge est déjà si belle ! Le ciel est pris dans le lasso des hirondelles. Le bois fleurit. L’air est plein de clés d’or. Que vivre est bon ! Toutes les guêpes sont dehors. Maurice Carême Août Août ! tu me fais penser à la mouette Qui rase de son aile l’écume verte, Le soleil chaud, l’heure de la sieste, Le sable brûlant, la plage de Sète. Août ! le blé est rentré et rempli le grenier, Les nuits sont plus longues et plus fraîches, Les fruits ont mûri, les fruits de l’été, La source s’écoule, la rivière est sèche. Août ! tu sers de tremplin à l’automne, Tu es un peu l’une, et déjà de l’autre, L’écureuil le sait, rien ne l’étonne, Tu changes d’apparat, d’un jour à l’autre. Août ! tant attendu, mois des vacances, Des jours où l’on vit en oubliant tout. Tu nous donnes au cœur un peu d’espérance, L’illusion d’une vie « de riches », après tout. Marie Vernet
Septembre Septembre arrive avec ses brumes, Ses rosées fraîches du matin, Où parfois le soleil allume Mille feux dans les jardins. Septembre apporte la tristesse : Nos hirondelles sont parties. Les fleurs inclinent par détresse Leurs têtes fanées sous la pluie. Septembre veut qu’on lui pardonne : Il revêt de vives couleurs, Ses feuilles proclament l’automne Avant la saison des douleurs. Septembre remplit les corbeilles . Les vergers nous offrent leurs fruits. Il est doux d’aller sous la treille Grappiller en après-midi. En Septembre renaît l’école : Joyeux les jeunes écoliers Sur le chemin, en farandole, Font retentir leurs petits pieds. Alors, dès septembre, l’on pense En la douceur de fin d’été, Aux bons moments de l’existence Et l’on se prend à regretter … L’époque torride s’achève. Le meilleur de l’année aussi. Ne resteront plus que des rêves Pour enjoliver nos soucis. Jean Voisin
Octobre Avant que le froid glace les ruisseaux, Et voile le ciel de vapeurs moroses, Ecoute chanter les derniers oiseaux, Regarde fleurir les dernières roses. Octobre permet un moment encore Que dans leur éclat les choses demeurent ; Son couchant de pourpre et ses arbres d’or Ont le charme pur des beautés qui meurent. Tu sais que cela ne peut pas durer, Mon cœur ; mais malgré la saison plaintive Un moment encore, tâche d’espérer Et saisis du moins l’heure fugitive. Bâtis en Espagne un dernier château, Oubliant l’hiver qui frappe à nos portes Et vient balayer, de son dur râteau, Les espoirs brisés et les feuilles mortes. François Coppée Novembre Novembre a recouvert le sol de feuilles mortes, Des champignons vireux poussent sur le talus, Le vent a balayé les fleurs de toutes sortes Seul le lierre grimpant s’accroche aux troncs moussus. Les faines et les glands tombent en avalanche Partout dans la foret et craquent sous les pas, Un écureuil craintif saute de branche en branche Et grignote une amande accroupi sur le tas. De longs panaches blancs s’étirent dans la plaine, Brume montant de l’eau, feu de bois qui s’éteint, Un vol de passereaux pris d’une peur soudaine S’échappe d’un hallier et se perd au lointain. L’air humide est empli des senteurs de l’automne, Les arbres dépouillés tendent leurs longs bras nus ; De la bise on entend la plainte monotone, Les soirs tristes et gris déjà sont revenus. Le soleil palissant à l’horizon décline, Illumine le ciel de reflets flamboyants Avant de s’endormir derrière la colline, D’où surgissent sans bruit des fantômes géants. Suzanne Panizzi
Décembre Le givre étincelant, sur les carreaux gelés, Dessine des milliers d'arabesques informes ; Le fleuve roule au loin des banquises énormes ; De fauves tourbillons passent échevelés. Sur la crête des monts par l'ouragan pelés,De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ; Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormesDressent dans le ciel gris leurs grands bras désolés. Des hivers boréaux tous les sombres ministres Montrent à l'horizon leurs figures sinistres ; Le froid darde sur nous son aiguillon cruel. Evitons à tout prix ses farouches colères ;Et, dans l'intimité, narguant les vents polaires,Réchauffons-nous autour de l'arbre de Noël. Louis-Honoré Fléchette