1 / 115

La polysémie

La polysémie. Pr. François MANIEZ Directeur du CRTT , EA 4162 ( Centre de Recherche en Terminologie et Traduction) Université Lumière Lyon 2 requête Google : maniezf. La polysémie est un élément commun à toutes les langues naturelles.

hagop
Download Presentation

La polysémie

An Image/Link below is provided (as is) to download presentation Download Policy: Content on the Website is provided to you AS IS for your information and personal use and may not be sold / licensed / shared on other websites without getting consent from its author. Content is provided to you AS IS for your information and personal use only. Download presentation by click this link. While downloading, if for some reason you are not able to download a presentation, the publisher may have deleted the file from their server. During download, if you can't get a presentation, the file might be deleted by the publisher.

E N D

Presentation Transcript


  1. La polysémie Pr. François MANIEZ Directeur du CRTT , EA 4162(Centre de Recherche en Terminologie et Traduction) Université Lumière Lyon 2requête Google : maniezf

  2. La polysémie est un élément commun à toutes les langues naturelles. • Elle signifie qu’un même signe a plusieurs usages, ce qui répond au principe d’économie de la langue. • L’homonymie n’est pas essentielle au fonctionnement des langues; mais elle est également génératrice d’ambiguïté.

  3. I. Monosémie, polysémie, homonymie A. Polysémie et monosémie • Le mot polysémique s’oppose au mot monosémique. • Il présente un seul signe pour plusieurs signifiés. • Ex: canard • (animal, morceau de sucre, son criard, fausse nouvelle, journal)

  4. Extrait de l’entrée canard (TILF) • B. P. anal. […] • b) [Avec le comportement gén. du canard] Loc. et expr. Mouillé (trempé) comme un canard […]. Mon (petit) canard. Petit nom affectif souvent donné à un enfant : […] 2. [En parlant d'inanimés abstr. ou concr.] […] Fam. Morceau de sucre que l'on trempe en général dans de l'alcool ou du café.

  5. b) Lang. techn.MÉD. [P. anal. avec la forme du bec du canard] Tasse à long bec permettant de donner à boire à un malade en position allongée. […]MUS. [P. anal. avec le son discordant émis par le canard] Note manquée par un musicien. Synon. couac.

  6. TECHNOL. Pièce d'artifice qui se lance dans l'eau, plonge et en ressort.C. Fausse nouvelle souvent imaginée de toutes pièces et enflée jusqu'au mélodrame dans des journaux de seconde catégorie. […] • Arg. Mauvais journal; p. ext., journal quelconque. […]

  7. Le mot monosémique a une seule acception (ex. azote) • Le mot polysémique fait généralement partie du vocabulaire commun alors que l’unité monosémique fait généralement partie du vocabulaire de spécialité • (les langues de spécialité recherchent l’univocité, même si elles empruntent parfois leur vocabulaire à la langue commune (foyer, instruire, souris)

  8. Le mot polysémique a une fréquence élevée. • Il arrive que des polysèmes aient des acceptions opposées : on parle alors d’énantiosémie. • Ex: louer, • Es <alquilar>, It <affittare>, mais De <vermieten/mieten> et En<rent out/rent> • On trouve également tomar en alquiler (ES) et prendere in affitto (IT).

  9. 1] Fr <hôte> → Gast (DE), huésped (ES), ospite (IT), guest (EN) • 2] Fr <hôte> → Gastgeber, anfitrión, ospite, host.

  10. Sanctionner • A. 1. Rendre exécutoire une disposition légale par une sanction; confirmer par une sanction. Sanctionner un décret, une loi, un privilège. • B. 1. [Le suj. désigne une pers.] Punir, réprimer par une sanction, une punition quelque chose ou quelqu'un. Sanctionner un délit, une erreur, une faute; sanctionner des exactions.

  11. En règle générale la polysémie ne gêne pas le fonctionnement de la langue • En effet, les ambiguïtés lexicales sont résolues grâce au cotexte (entourage d’un mot) ou au contexte (circonstances énonciatives et situation référentielle). • Ex: Elle ne voyage jamais sans son guide. (animé/inanimé)

  12. B. Homonymie 1. Homonymes, homophones et homographes • Les homonymes ont une forme identique mais diffèrent par leurs signifiés. • Les homophones ont la même prononciation (car, quart, carre) • Les homographes ont la même orthographe (le nom et la conj. car)

  13. Le terme d’homonyme est généralement utilisé pour faire référence aux homophones qu’ils soient ou non homographes. • Les homographes non homophones (un fils / des fils, front row / diplomatic row) ne sont pas considérés comme des homonymes.

  14. La paronymie est une homonymie approximative, due à une ressemblance phonique. Elle est à l’origine de nombreuses erreurs d’usage. • Ex: collision / collusion, conjecture / conjoncture, éminent / imminent. • Le rapprochement de paronymes à des fins stylistiques ou réthoriques est la paronomase (Traduttore, traditore).

  15. 2. Conflits homonymiques • Les homonymes résultent de l’évolution phonétique d’étymons différents (locare et laudare pour « louer »). • Les monosyllabes sont principalement touchés, car la brièveté d’une unité lexicale augmente la chance de coïncidence phonétique.

  16. Tour, f. vient du Lat. turris • Tour, m. (Machine-outil servant à façonner des pièces cylindriques tournant sur leur axe) vient du Lat. tornus (machine-outil) • Tour, m. (Circonférence d'un corps, d'un lieu plus ou moins circulaire, etc…) est un déverbal issu de « tourner », lui-même issu du lat. tornare.

  17. En cas de collision homonymique, la langue supprime un des termes et recourt à un nouveau signe. • Aimer du lat. amare • Esmer du lat. aestimare • L’emprunt de la forme savante estimer a résolu ce conflit.

  18. La différenciation des homonymes se pratique • au niveau de l’orthographe (dessein / dessin) • Au niveau du genre (voile) • L’homonymie ne pose pas de problème lorsqu’elle touche des catégories grammaticales distinctes (porte).

  19. DESSEIN (TILF) • DESSEIN : []. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Homon. dessin. • dessein et dessin étaient des variantes orthographiques d'un même mot (desseing au XVI°) • la spécialisation définitive des 2 mots date du 18e siècle • Déverbal de des(s)(e)igner, anc. forme de dessiner*, qui eut aussi au XVIe s. le sens de « projeter » d'apr. son étymon l'ital. disegnare qui a ce sens dep. le XVe.

  20. Ce glissement de sens est à rapprocher de l’anglais blueprint (1886) ou road map (1883). • 1 : a photographic print in white on a bright blue ground or blue on a white ground used especially for copying maps, mechanical drawings, and architects' plans • 2 : something resembling a blueprint; especially : a detailed plan or program of action : a blueprint for victory

  21. road map (Webster’s) • 1 : a map showing roads especially for automobile travel • 2 a : a detailed plan to guide progress toward a goal b : a detailed explanation

  22. C. Homonymie / polysémie : le critère éymologique • Selon l’approche traditionnelle, homonymes et polysèmes se distinguent par l’étymologie. • louer (laudare / locare) • baie : ouverture(déverbal de bayer), golfe (déverbal de béer), fruit (Lat. baca), tromperie (It. Baia, abbaiare)

  23. En revanche, les diverses acceptions du mot éclair (brève lumière, bref moment, pâtisserie) proviennent toutes du même étymon (déverbal de éclairer du Lat. (pop.) exclar(i)are). Dans ce cas, il n’y a pas homonymie. • Les homonymes donnent lieu à des entrées multiples, les acceptions d’un mot polysémique étant numérotées au sein d’une seule entrée.

  24. Le critère étymologique n’est toutefois pas toujours décisif. • Une forte évolution sémantique peut conduire à une dissociation, la forme polysémique se scindant en signes homonymes. • grève (Lat. grava) : terrain de sable et de gravier au bord de l’eau.

  25. Les ouvriers qui attendaient l’embauche se réunissaient sur la place de Grève. • L’acception « arrêt de travail » s’est imposée au fil du temps. • En synchronie, le lien sémantique est rompu entre ces deux mots, d’où deux entrées distinctes.

  26. Grève 1 (TLF) • Terrain plat et uni, généralement constitué de sable et de graviers, sis au bord d'un cours d'eau ou de la mer. […] • Lieu d'embauche. Une des grèves les plus curieuses de Paris est celle qui se tient rue Vaucanson, au coin de la rue Réaumur. […] • [P. réf. aux chômeurs en quête de travail, qui se rassemblaient sur la place de Grève] Être en grève. À la recherche d'un travail.

  27. Grève 2 • Cessation collective, volontaire et concertée du travail (généralement avec préavis et pour une durée déterminée) par des salariés qui cherchent ainsi à contraindre leur employeur à satisfaire leurs revendications professionnelles.

  28. Voler 1 (TLF) • 1. Se soutenir dans l'air de manière plus ou moins prolongée et s'y mouvoir grâce à des ailes ou à des organes analogues. […] • Terme de fauconnerie. Un faucon dérobe les sonnettes, quand il s'en va sans être congédié. (Littré) • Étymol. et Hist. (TLF) • A. 1. Ca 1480 fauconn. « chasseur au vol »; 2. 1690 (FUR.: on appelle un oiseau bon voleur, ou beau voleur, quand il vole bien et sûrement). • B. 1. 1516 « personne qui s'empare du bien d'autrui »

  29. Voler 2 • 1. 1539 « déposséder une personne de ce qui lui appartient » […] De voler1*, dans son empl. comme terme de fauconn. (cf. voleur). • On employait précédemment : • rober « dérober par force », cf. dérober ou to rob (EN)  roubōn (GERM)  rumpere (LAT) • embler « dérober par ruse », usuel jusqu'au XVIIe. (Du lat. class. involare proprement « voler dans » d'où « se précipiter sur, se saisir de ».

  30. D’emblée : locution formée à partir du participe passé substantivé de embler. • av. 1453 d'emblée (à propos de la prise d'une ville), « par surprise »  XVe s. d'emblée = « immédiatement »

  31. II – Traitements homonymique et unitaire A. Traitement homonymique • Si une forme linguistique manifeste des différences de sens, le lexicographe détermine si elles relèvent de l’homonymie ou de la polysémie. • Si ces différences sont importantes, il appliquera le traitement homonymique, qui consiste à scinder le mot polysémique en plusieurs homonymes  dégroupement des entrées.

  32. Si les sens ou les emplois sont assez proches pour être considérés comme les acceptions d’un même mot, le lexicographe adopte le traitement unitaire.

  33. Critères du dégroupement 1 - Le critère syntaxique • Il est généralement employé pour la sélection des acceptions des verbes et des adjectifs (cf. défendre) • cher1 (aimé) est obligatoirement accompagné d’une extension alors que cher2 (d’un prix élevé) ne nécessite pas de complément :

  34. cher1 : ce livre m’est cher • cher2 : ce livre est cher • En position épithète (EN attributive), cher1 précède généralement le nom alors que cher2 est toujours placé après le nom : • Il ne quitte pas ses chères pantoufles. • Il achète des pantoufles chères.

  35. L’emploi d’un sens dans une syntaxe inhabituelle permet de jouer sur la polysémie. • Renvoyer quelqu'un à ses (chères) études : Demander, ordonner ou conseiller à quelqu'un de retourner à son occupation. • Très chères études L’UNEF alerte sur la paupérisation des étudiants et fustige l’autosatisfaction du gouvernement sur le sujet. (L’Humanité, 9 septembre 2009).

  36. Cette homonymie est présente dans d’autres langues romanes (IT caro, ES caro=querido) mais pas dans les langues germaniques (DE lieber/teuer, EN dear/expensive)

  37. 2 - Le critère sémantique • L’adjectif cher est généralement considéré comme polysémique, ce qui provoque le dégroupement. • Mais un locuteur donné pourrait percevoir une relation entre les deux sens « aimé » et « coûteux » (qui partagent le sème /mesurable/. • Le critère sémantique est donc fragile.

  38. 3 - Le critère morphologique • Deux mots sont homonymes lorsqu’ils sont à la base de séries dérivationnelles distinctes. • Ce critère peut confirmer le repérage des homonymes. Ainsi, chéri et chérir sont dérivés de cher1, cherté de cher2.

  39. Exemple du verbe relever • Pour déterminer les homonymes d’un verbe, on peut avoir recours à la description distributionnelle de son environnement lexical. • Pour un verbe transitif, on opère une sous-catégorisation sémantique des substantifs employés comme objets.

  40. A. [+H] V • [+ H] • [- animé] [+ concret] • « mettre debout, en position verticale » • Paul relève le siège • Virginie relève l’enfant qui était tombé.

  41. B. [+H] V • [- animé] [+ concret] [+ partie du corps] • [- animé] [+ concret] [+ vêtement] • « diriger vers le haut » • Paul relève la tête • Virginie relève le col de son manteau.

  42. C. [+H] V • [- animé] [+ concret] [+ comptable] • « noter, faire remarquer » • Paul relève des erreurs • L’employé relève le compteur. • Les policiers relèvent des traces de balle sur le mur.

  43. D. [+H] V • [+ abstrait] • [+ H] [+ collectif] • « restaurer, rendre la prospérité à » • Le ministre a relevé l’économie du pays. • Le ministre a relevé le pays.

  44. E. [+H] V • [- animé] [+ concret] [+ quantifiable] • « porter à un degré plus élevé» • Le ministre a relevé les impôts.

  45. F. [+H] V • [- animé] [+ concret] [+ aliment] [+ cuisiné] • « donner plus de goût» • Le cuisinier relève la sauce avec du piment.

  46. G. [+H] V • [+ abstrait] + de + [+ abstrait] • « agrémenter» • Le conteur relève son récit d’anecdotes.

  47. H. [+H] V • [+ H] • « remplacer» • Les soldats se relevaient toutes les heures pour monter la garde.

  48. I. [+H] V • [+ H] + de + [+ abstrait] • « libérer, dégager» • Paul a été relevé de ses fonctions.

  49. J. [+ abstrait] V • de + [+ abstrait] • de + [+ H] • « dépendre de, être du ressort de» • Cette étude relève de la lexicographie. • Cette décision relève du président.

  50. A partir de ces divers sens, on peut opérer un regroupement en 4 sens principaux : • 1. « mettre plus haut, faire passer à un état supérieur » (tous sauf C, H, I et J). • 2. (C) « noter » • 3. (H et I) « remplacer, libérer » • 4. (J) « dépendre de »

More Related