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THEME 2 : CROISSANCE ET PROGRES TECHNIQUE

LA STRATEGIE DE LISBONNE : VERS UNE ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE EN EUROPE ?. THEME 2 : CROISSANCE ET PROGRES TECHNIQUE. I - DEFINITION DE LA STRATEGIE DE LISBONNE .

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THEME 2 : CROISSANCE ET PROGRES TECHNIQUE

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Presentation Transcript


  1. LA STRATEGIE DE LISBONNE : VERS UNE ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE EN EUROPE ? THEME 2 : CROISSANCE ET PROGRES TECHNIQUE

  2. I - DEFINITION DE LA STRATEGIE DE LISBONNE • Considérons d’abord le diagnostic établi à Lisbonne sur la compétitivité européenne et qui a été confirmé par le rapport Kok. Dans ce document, une grande transformation de l’économie européenne est annoncée : • démographique, avec le vieillissement accéléré des populations et la baisse tendancielle de la population active, • économique, avec une mondialisation étendue et l’irruption de la Chine, • financière, avec la globalisation des marchés, • technologique enfin, avec l’irruption de l’économie de la connaissance. • L’axe central de la stratégie de Lisbonne est de repenser les conditions de la compétitivité dans le cadre d’une économie de la connaissance, dans laquelle l’innovation joue un rôle majeur, où le capital humain et sa qualité sont décisifs pour la croissance, une économie qui a besoin d’un environnement favorable pour se développer pleinement. La stratégie de Lisbonne décline cette représentation de la transformation du monde en un certain nombre d’orientations macroéconomiques et de programmes économiques sectoriels et instaure une méthode nouvelle de coordination : la stratégie adoptée à Lisbonne consiste à faire de l’Europe « … d’ici 2010 l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique (en se donnant comme objectif de rattraper puis de dépasser les États-Unis) capable d’une croissance durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi, d’une plus grande cohésion sociale, dans le respect de l’environnement ». • Mais il y a plus encore. Il y a une véritable philosophie de Lisbonne : l’Europe, après s’être longtemps consacrée à la désinflation compétitive, à la stabilisation de l’économie, au lancement de l’euro, doit traiter de nouveaux problèmes résumés dans le triptyque : innovation, emploi, croissance, que l’Europe découvre en l’an 2000, sous la pression des succès américains. L’ambition peut paraître démesurée, le discours peut passer pour hyperbolique ; il a un mérite, au sortir d’une période de croissance médiocre, celui de fixer un objectif mobilisateur : résorber le gap technologique qui s’était rouvert avec les États-Unis, en mobilisant les ressources communautaires humaines, scientifiques et financières. Source : Rapport de Philippe Aghion, Élie Cohen et Jean Pisani-Ferry, Politique économique et croissance en Europe, CAE, 2006. consultable comme tous les rapports du CAE sur le site : http://www.cae.gouv.fr

  3. Au coeur de l’économie de la connaissance, la recherche est un pilier et un objectif intermédiaire de la Stratégie de Lisbonne révisée, avec l’objectif fixé le 16 mars 2002 par le Conseil de Barcelone d’un investissement dans la recherche européenne à hauteur de 3 % du PIB, dont les deux tiers d’origine privée, à l’horizon 2010. Investir dans la recherche et développement (R & D) contribue à la croissance économique, à la fois par les effets directs sur la productivité et par les retombées de la diffusion de la connaissance. Le renforcement de la R & D est également une condition préalable de la compétitivité européenne. L’impact économique de la recherche est double : ·        en premier lieu, la recherche contribue à la croissance de la productivité du capital et de la main d’œuvre (effet direct). Par exemple, des études de la Commission européenne mettent en évidence le fait que jusqu’à 40 % de la croissance de productivité de main-d’oeuvre sont générés par les dépenses de R & D. Chaque investissement supplémentaire d’un point (1 %) dans le stock de R & D totale fait croître la productivité de + 0,18 % ; ·        en second lieu, la recherche génère des externalités positives qui accroissent le rendement entre firmes et entre secteurs. Des externalités internationales ont également été mises en évidence : les partenaires commerciaux bénéficient de l’effort du pays qui investit dans la recherche. En conséquence, le taux de retour socio-économique de la recherche et développement est élevé, évalué entre 30 % et 100 %. Les résultats empiriques conduisent à estimer que 1 euro investi en R & D produit 0,9 euro de PIB supplémentaire. Les estimations les plus conservatrices fixent ce retour à 30 %, bien au-delà des retours sur investissements privés de 7 % à 14 %. De tels retours économiques justifient l’intervention publique. l’objectif d’un investissement européen dans la recherche à hauteur de 3 % du PIB en 2010, et son maintien à un horizon de 10 ans en 2020, représenteraient une augmentation moyenne du PIB communautaire que l’on peut situer a minima à 3,2 % et jusqu’à 10,1 % du PIB en 2025 dans l’Union européenne (de + 2,9 % à + 8,9 % pour la France) Source : Jean-Louis Sangaré, investir dans la recherche pour doper la croissance européenne :L’Europe doit viser un taux d’investissement élévé dans la connaissance, in notes de veilles, CAS , 4-09-2006 consultable comme toutes les notes de veille sur le site : http://www.strategie.gouv.fr

  4. Un tel régime de croissance par innovation s’oppose au régime de croissance par imitation, dans lequel l’économie croît par adoption progressive de changements technologiques ou organisationnels initiés par d’autres pays. Le choix de l’un ou l’autre des deux régimes de croissance découle de la distance à la frontière technologique, car l’incitation à innover ou à imiter ne sont pas les mêmes selon le niveau technologique déjà atteint. Pour reprendre les terme d’Aghion et Cohen (2004) « l’intuition suggère que, pour un pays qui est loin derrière la frontière technologique, les gains de productivité passent plutôt par l’imitation des technologies existantes, alors que pour un pays proche de la frontière technologique, c’est l’innovation qui tend à devenir le principal moteur de la croissance ». L’économie française était dans l’après-guerre une économie « de rattrapage », dont les gains de productivité étaient fondés sur l’imitation des technologies issues des pays « leaders » (les États-Unis). Elle aurait aujourd’hui rejoint cette « frontière technologique » mondiale. Ayant épuisé le précédent gisement de gains de productivité, il lui faut maintenant innover pour continuer à croître. Or on s’interroge fréquemment sur les atouts dont elle dispose pour s’installer durablement dans ce régime de croissance. Source : Claire Lelarge, dossier : innovation et niveau technologique des entreprises françaises, in l’économie française comptes et dossiers, 2006-2007 consultable sur le site : http://www.insee.fr/fr/ppp/publications/collect_ref.asp?coll=13&avis=2

  5. II - LE CONSTAT : LES CARACTÉRISTIQUES DE L’INNOVATION EUROPÉENNE PAR RAPPORT À SES CONCURRENTS

  6. COMPLEMENT Les différentiels de productivité du travail entre les différents pays de l’OCDE et les États-Unis (dont on suppose implicitement qu’ils représentent l’économie technologiquement la plus avancée) permettent de situer le niveau de productivité relatif de chaque économie. Pour ce faire, deux indicateurs de productivité sont traditionnellement utilisés : ·      - le niveau global de richesse créé en termes de PIB par habitant ·      - et le niveau global de richesse créé par heure travaillée. Les résultats obtenus divergent sensiblement selon le type d’indicateur retenu : ·       - Pour la France, en 2003 l’écart avec les États-Unis en termes de PIB/habitant est important et négatif, de l’ordre de 26 %, ce qui la repousse vers le milieu du classement des économies de l’OCDE. Elle devance l’Allemagne, plus nettement l’Italie et l’Espagne, mais arrive derrière le Japon, le Royaume-Uni et un ensemble de petits pays européens, la Norvège en tête. ·       - Au contraire, en termes de productivité horaire (PIB/heure travaillée), l’économie française semble avoir une très légère avance (3 %) sur les États-Unis. C’est également le cas d’un certain nombre d’autres économies européennes, telles que la Belgique, l’Irlande ou la Norvège. ·       - Les pays, comme la France, qui affichent de bonnes performances en matière de productivité horaire se caractérisent simultanément par des durées du travail ou des taux d’emploi (population active occupée/ population en âge de travailler x 100) inférieurs à ceux des Etats-Unis. Source : C Lelarge, op. cité.

  7. COMPLEMENT D’INFORMATIONS Un dernier moyen d’évaluer le niveau de développement technologique de l’économie française consiste à analyser sa « balance des paiements technologiques ». Celle ci retrace les transactions commerciales liées aux transferts internationaux de technologies : - redevances (reçues ou payées) de brevets, licences ou marques ; montants reçus ou versés pour le transfert de savoir-faire et autres services liés aux transferts technologiques (par exemple, assistance technique) ; dépenses de R&D effectuées à l’étranger, etc. - La France est exportatrice nette de technologies, c’est-à-dire qu’elle dégage un solde extérieur technologique positif. Les recettes technologiques, c’est-à-dire les technologies exportées, atteignent 5,2 milliards de dollars, soit 14 % de la R&D (17 % pour les États-Unis). - Symétriquement, les paiements technologiques, c’est-à-dire les « technologies importées » représentent 3,2 milliards de dollars en 2003, soit 9%de son effort global de R&D domestique (7 % dans le cas des États-Unis).

  8. III – QUEL MODE DE FINANCEMENT ET QUELS ACTEURS POUR UNE RECHERCHE ET UNE INNOVATION EFFICACES ET SOURCE DE CROISSANCE ?

  9. « Frontière technologique » : quelques éléments de statistique descriptive Entreprises industrielles, 2003

  10. La frontière technologique se définit en théorie comme l’ensemble des technologies les plus efficaces et les plus récentes implémentées dans les pays « leaders ». Faute de données internationales suffisamment détaillées, les entreprises se trouvant à la frontière technologiques sont définies ici comme les firmes industrielles localisées sur le territoire français, présentes en 2003 dans les fichiers BRN de la DGI, et classées parmi les 5 % les plus performantes au sein de leur secteur en termes de productivité horaire. Surtout, les entreprises considérées comme « innovantes » représentent moins de 6 % du nombre d’entreprises, moins de 10 % de l’emploi, mais contribuent de façon très importante à la croissance de la productivité : elles sont à l’origine d’environ 30%de cette croissance jusqu’au milieu des années 1990, puis 47%sur la période 1997/2000, et plus de 62%entre 2000 et 2003. les entreprises innovantes semblent être à l’origine d’une part importante de la croissance sur la période récente, et surtout en être devenues l’un des moteurs les plus stables. Ces entreprises innovantes, « de pointe », jouent bien le rôle que l’on attend d’elles dans un régime de croissance fondé sur le savoir et la compétitivité hors prix. Mais la contribution de ce moteur resterait néanmoins plus faible qu’ailleurs et le positionnement de la France à la frontière technologique resterait donc fragile, fragilité dont témoignerait également le fléchissement des dépenses de R&D. Source : op. cité.

  11. Quels sont les liens entre innovations et capitalisme ? Une première réponse intuitive serait l'idée que l'abondance des découvertes passe par la liberté économique. Si celle-ci est établie, si une myriade d'initiatives individuelles peut se manifester, les chances de trouvailles heureuses seront favorisées. On n'imagine pas l'Etat monarchique anglais mettre au point dans ses ministères une machine à vapeur en 1765, pas plus qu'un métier à filer ou à tisser le coton efficace. Il fallait pour cela les esprits inventifs et entreprenants d'un James Watt, d'un Richard Arkwright ou d'un Edmund Cartwright, prototypes de ces premiers entrepreneurs-innovateurs vantés plus tard par Joseph Schumpeter ou Frank Knight. L'innovation majeure est avant tout une rupture, produite par des esprits excentriques, des individus dont l'histoire se confond avec celle du capitalisme, d'Abraham Darby à Bill Gâtes, en passant par Thomas Edison.( …) Aussi, pour William Baumol, l'innovation, plus que la concurrence sur les prix, est un attribut spécifique au capitalisme de marché. La concurrence oblige les firmes à investir dans la recherche, à innover, si elles ne veulent pas être éliminées. Comme Marx et Engels, et Schumpeter après eux, il considère que l'innovation est partie intégrante du système. Mais moins du fait de la volonté d'accumulation ou de la recherche du profit que de cette nécessité d'innover pour ne pas disparaître (… ) Source : J.Brasseul , La dynamique de l’innovation , in Alternatives économiques , Hors-Série n° 65 , 3° trimestre 2005

  12. L'étude met à mal deux mythes tenaces. ·       - Tout d'abord, celui d'un capital-risque qui financerait largement l'innovation : le capital-risque américain intervient relativement peu dans les premières phases risquées de ce processus. ·       - Ensuite, celui d'un marché où les entreprises sélectionneraient les meilleures idées pour les financer : les pouvoirs publics (fédéraux ou locaux) sont dans ce domaine largement interventionnistes et jouent un rôle crucial avec entre 23 et 30 % des financements suivant l'évaluation retenue. Ce soutien des États à l'innovation technologique n'est pas nouveau. De tout temps, les pouvoirs publics ont financé l'innovation : il est ainsi difficile de comprendre l'histoire de l'électricité sans prendre en compte l'engagement de la ville de New York auprès d'Edison qui propose de remplacer l'énergie « sale et dangereuse » du gaz par celle « propre et sûre » de l'électricité. Les préoccupations de défense nationale sont également au cœur de l'incitation et du financement public de l'innovation. Source : P Mustar, les logiques de l’innovation , incroissance et innovations, cahiers français, déc. 2004.

  13. L'industrie des biotechnologies aux Etats-Unis a de quoi faire saliver. Selon les statistiques réunies par la Biotechnology Industry Association (BIO), représentant la profession, les entreprises du secteur réalisaient en 1992 toutes ensemble un chiffre d'affaires de 8 milliards de dollars ; aujourd'hui, elles frôlent les 40 milliards de dollars! Les biotechs emploient 198 300 personnes et, si l'on en croit les projections du Batelle Mémorial Institute, 815 000 personnes travailleront dans le secteur d'ici à 2007 et gagneront en moyenne 26 600 dollars de plus par an que le salarié moyen du privé. Derrière ce succès, un partenaire essentiel, l'Etat. Son représentant, les National Institutes of Health (NIH), dispose d'un budget annuel de 28 milliards de dollars destiné au financement de la recherche et du développement dans la santé ( … ) Les deux douzaines d'instituts (National Institute of Allergy, ofCancer, of Heart, of Lung, of Blood...) qui forment le NIH concluent régulièrement des accords de coopération avec le secteur privé pour leur fournir locaux, terrains et personnels. Les chercheurs des instituts brevettent eux-mêmes leurs découvertes, mais les NIH aident ensuite soit une université, soit une start-up, à commercialiser le produit. Il y a aussi ce qu'on appelle l'aide « extra-murale », (« en dehors des murs»), qui permet d'accorder des subventions aux universités ou des aides à la recherche aux petites entreprises. Au final, 3 082 entités dispersées de par le monde sont liées aux NIH, et 212 000 chercheurs profitent de leurs largesses.( … ) Les raisons de cette accumulation de moyens publics et privés ? «Ce sont les besoins en capital humain, répond Ted Abemathy. Vous êtes sûr de trouver sur place le personnel dont vous avez besoin. Il y a aussi le financement fédéral. Quand vous êtes regroupés autour d'un laboratoire, il est plus facile de capter les dollars de la recherche et développement. » Bien sûr, l'industrie des biotechnologies ne repose pas seulement sur les deniers de l'Etat. Les investisseurs en capital-risque sont là. Wall Street prend le relais : en octobre 2003 et fin septembre 2004 31 entreprises se sont introduites en Bourse et y ont récupéré 1,86 milliard de dollars, souligne-t-on chez BIO. Mais, ajoute aussitôt Lila Seisee, directrice de la propriété intellectuelle de BIO, «l'intervention des NIH est critique dans les premiers temps de la recherche, quand aucun investisseur en capital-risque ne pointe encore son nez ». Source : C.Talbot , L’Etat , un soutien majeur aux chercheurs américains , in Le Monde 30 novembre 2004.

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