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La démocratie et la couleur de l’épistémologie : Où se trouve la race dans les relations interculturelles ?. Paul R. Carr Youngstown State University prcarr@ysu.edu www.coe.ysu.edu/~paulcarr/. Résumé.
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La démocratie et la couleur de l’épistémologie : Où se trouve la race dans les relations interculturelles ? Paul R. Carr Youngstown State University prcarr@ysu.edu www.coe.ysu.edu/~paulcarr/
Résumé • Le débat autour des relations interculturelles se situe souvent dans un contexte de normativité culturelle où le questionnement de la place et le rôle de la race ne se fait toujours pas. Cette communication met l’accent sur le pouvoir, le privilège et le positionnement de la race blanche dans les relations interculturelles. Bien que l’identité, et certes la race, est une construction sociologique, la race, selon l’argument avancée dans cette communication, existe, pas parce qu’un tel concept est soutenu par la science, mais parce que le racisme existe dans nos sociétés. Le racisme existe aux niveaux individuel, systémique, institutionnel et culturel, et l’histoire de l’humanité a été marquée par les relations raciales. Ce qui n’est pas évident, quand un fait un survol de la littérature scientifique sur l’interculturel, c’est l’impact des blancs dans le processus de comprendre, vivre, initier et perturber l’épanouissement sociopolitique des sociétés. A partir d’un livre que j’ai codirigé en 2007 sur le privilège et le pouvoir de la race blanche, je vise à explorer comment la question du “blanchement” caractérise des relations interculturelles. Bien que le “blanchement” soit un phénomène tamponné dans toutes les sociétés, il prend une forme différente selon le contexte, et le fait qu’il est discuté d’une manière différente en anglais qu’en français ne diminue pas sa valeur. A travers des années de travail sur le thème du “blanchement”, l’auteur a rencontrée une réaction dichotomique juxtaposant les blancs et les gens de “couleur.” Finalement, la communication explorera la pertinence de la race dans un temps où ca semble être de plus en plus difficile de l’élucider, surtout dans un contexte éducationnel. Le but de ce travail se concentre sur un engagement sociopolitique et démocratique de reconnaitre et de prendre des mesures de faire face au racisme, ce qui est noyé dans des relations colonialistes lointains.
SVP, fermez les yeux • Imaginez un President francais, un juge a la cour supreme de la Grande-Bretagne, un gagnant du Prix Nobel en science, le recteur de la Sorbonne, un President de l’Italie, un ministre des Affaires étrangères de la Suisse, un president d’une banque allemande, le président du marche boursier d’Espagne, le Chef de delegation de l’equipe olympique des Pays-Bas, le fonctionnaire le plus important en Australie, la Reine de l’Angleterre, de l’Espagne, des Pays-Bas, de la Belgique, et de la Suède, le personnage le plus respecte dans les medias en Italie, au Portugal et en Grèce, un directeur d’ecole de n’importe quel pays en Europe, et l’ambassadeur canadien au Japon…
Maintenant, ouvrez les yeux • Combien, parmi vous, avez pensé d’une personne de couleur pour n’importe quelle de ces étiquettes que je viens de vous mentionner ? • Combien, parmi vous, pensez que c’est possible d’avoir quelqu’un(e) qui n’est pas de race blanche dans ces positions de pouvoir ? • Est-il purement un coïncidence que les gens de race blanche dominent notre imaginaire pour les positions de pouvoir ?
Mise en contexte : Comment faire de l’interculturel sans parler de la race ? • L’identité est noir et blanc on ne voit jamais de couleur • mais • L’identité n’est jamais noir et blanc la construction sociologique • L’identité est figée dans le temps on est dans les boites • mais • L’identité est très dynamique on change selon le contexte et l’expérience • Qui suis-je a la naissance ? • quelle langue ? quelle ethnie ? quelle race ? quelle religion ? • quelle idéologie ? quelles valeurs ? quelle orientation sexuelle ? • quelle classe sociale ? quelle foi ? …
Mise en contexte : Comment faire de l’interculturel sans parler de la race ? • Il y a des races parce que… il y a du racisme ! • Avoir une origine raciale ne veut pas dire que… les uns sont moins intelligents que les autres • Le racisme existe depuis longtemps et de faire semblant que la société ne considère jamais le variable raciale, c’est de négliger la réalité sociopolitique le pouvoir et le privilège de la race blanche • Pourrions-nous avoir ou atteindre la démocratie s’il y a du racisme ? • Peut-on changer le sexisme sans parler de la complicité des hommes ? Donc, peut-on changer le racisme sans parler de la complicité des Blancs ?
Pourquoi parler du racisme ? • Le pouvoir : la richesse, l’emploi, le statut, la représentation… • Le progrès pour les femmes ne se traduisait pas aux minorités raciales • Les réseaux, les associations, les clubs, les écoles privées, etc. maintiennent le pouvoir et le privilège des Blancs l’inégalité institutionnalisée basée sur la race • Un langage, des conventions culturelles, un discours public, des blagues, etc. des codes pour maintenir le racisme • Accuser l’autre de la discrimination inverse contre les Blancs pour éviter (de) l’action (la rectitude politique) • Peu de compréhension entre le racisme individuel et le racisme systémique • La collecte de données (comment documenter le problème ? )
La complexité de l’identité raciale • L’intersectionalité de l’identité • les gens d’origine hispanique et arabe, sont-ils des Blancs ? • La complexité de l’expérience vécue • la construction sociologique de l’identité • Le mélange d’identités (les adoptions, les mariages, etc.) • Des changements démographiques ; les Blancs comme minorité numérique • Étant donné le méltissage des groupes raciaux, allons-nous voir, un jour, la disparition de la race blanche ? • L’ADN : 50 M + d’Américains de race blanche ont, au moins, une parenté d’origine africaine ; 10% + d’Afro-américains sont 50% + de race blanche • Y a-t-il un racisme démocratique ? (Tator and Henry)
L’expérience et la réalité • L’expérience individuelle contre l’expérience collective Oprah à Paris • J’ai un ami qui est ______, donc ca ne se peut pas qu’il y a du racisme… • Si quelqu’un ne connait pas le succès, c’est à cause de l’effort qu’il consacre a la tache… • Les blancs ne représentent pas un groupe raciale… mais les autres (surement) sont lies (intimement) à leur race ?
Niveau d’incarcération selon la race aux É.-U.(Source : Prison Policy initiative - http://www.prisonpolicy.org/graphs/raceinc.html)
Niveau d’éducation pour les adultes 25 et plus selon la race et l’origine ethnique (2003) (Source : National Center for Educational Statistics-http://nces.ed.gov/pubs2005/nativetrends/ind_8_1.asp)
Les minorités en France : Existent-elles ?(Source : http://no-pasaran.blogspot.com/2005/09/no-minorities-in-france-and-no-racial.html) • La France comme pays des droits de la personne, un pays qui lutte contre le racisme, et celui qui dénonce le racisme des É-U. • La France, un pays sans minorités, sans gens de couleur • Le recensement ne documente pas l’origine raciale ; comment savoir combien de gens y sont de couleur ? Est-il important de le savoir ? (il y a des estimés de 2 M+) • Donc, il n’y a pas de Noirs en France… et pas de représentation pour et par les Noirs • Le vécu des Noirs, est-il le même que celui pour les Blancs ? • La France ne reçoit pas de fonds de l’UE pour des programmes ciblant des minorités parce que il n’y a pas de reconnaissance de ces minorités
La race institutionnalisée au niveau formel (Source : http://www-cs-students.stanford.edu/~cale/cs201/apartheid.hist.html)
L’image du Blanc (‘Whiteness’ blanchement / blachitude / blanchissage …?) • Des métaphores • Des analogies • Des images • Des points de repère culturels • Des conventions linguistiques et la colonisation • Des pratiques institutionnelles • Des lois et l’administration de la justice
Le blanc comme la norme blanc --------------------------------------------noir bon, bien mal, malin la lumière l’obscurité bienfaisance malfaisance aimable pas fiable propre sale, pas désirable le vainqueur le colonisé
La supériorité raciale des Blancs ? • L’esclavage • Le colonialisme et le néo-colonialisme • Les groupes de haine • La force de la religion chrétienne (la conversion religieuse forcée et la dégradation des peuples indigènes) • Pourquoi les mariages interraciaux sont-ils encore tabou ?
L’identité de race blanche • Nous savons que les gens de couleur sont racialisés mais savons-nous que les gens de la race blanche font partie d’une origine raciale ? • Les blancs utilisent-ils leur privilège pour nier ou ignorer leur identité raciale, et, simultanément, pour impliquer des attributs raciaux inhérents à l’ « autre » ? • Si les personnes de race blanche ne savent pas qu'elles sont blanches, comment est-ce que ceux et celles dans les positions de pouvoir (qui sont principalement des Blancs) peuvent-elles comprendre et combattre le racisme et le privilège immérité ? • Comment réconcilier l’histoire avec la présence de la colonisation, de l'esclavage et du racisme ? • “Les Blancs, peu importe leur classe sociale, font partie d’un club, même s’il s’agit du deuxième niveau”
Mimi Pinguin, caricature importante au Mexique, dans les années 1940 (série de timbres en 2005)(Source : http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2005/06/29/AR2005062902831.html)
TinTin, s’agit-il du racisme ?(Sources : http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2007/07/12/ntintin112.xml) (http://vivirlatino.com/2007/07/13/racist-book-ruffles-feathers-in-the-uk.php)
De l’art raciste et la culture américaine (Source : http://www.sonofthesouth.net/slavery/african-american-art/racist-picture.htm)
Des Blancs qui se maquillent en noir (Blackface)(Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Blackface)
Les groupes haineux de race blanche (Sources : http://www.rulen.com/kkk/ et http://sun.menloschool.org/~sportman/ethnic/individual/kkk/)
Des groupes haineux en Europe Dans tous les pays • Moyens utilisés • La musique • La désinformation • L’internet • La religion • Les regroupements politiques • La violence • Contre une gamme de minorités (les noirs, les arabes, les Rom, les Indiens, les immigrants…) • le dénominateur en commun la couleur de la peau • OBSTACLE : identification du problème, un débat publique limité, manque de compréhension, peu de données ramassées, volonté politique…
Carte des groupes haineux actifs aux États-Unishttp://www.stumbleupon.com/demo/?review=1#url=http://splcenter.org/intel/map/hate.jsp (Southern Poverty Law Center)
Défaire le sac à dos invisible (Peggy McIntosh)50 énoncés qui démontrent le privilège de la race blanche(Source : http://seamonkey.ed.asu.edu/~mcisaac/emc598ge/Unpacking.html) 1. Je peux passer du temps avec les gens de ma race si je veux. 2. Je peux éviter du passer de temps avec les gens dont je me méfie. 3. Je peux vivre où je veux. 4. Je peux être sûr d’un bon accueil de la part de mes voisins. 5. Je peux magasiner seul, confortable en sachant que je ne serai pas suivi ni harcelé. 6. Je peux regarder la télévision où lire un journal et voir les gens de ma race bien représentés. 7. Quand j’apprends du patrimoine ou de la civilisation, on parle de l’apport des gens de ma race. 8. Je suis certain que mes enfants auront accès aux matériaux d’apprentissage qui témoignent de l’existence de leur race.
Défaire le sac à dos invisible (Peggy McIntosh)50 énoncés qui démontrent le privilège de la race blanche(Source : http://seamonkey.ed.asu.edu/~mcisaac/emc598ge/Unpacking.html) 9. Si je veux, je pourrais m’assurer de trouver un endroit pour les écrits qui parlent du privilège de la race blanche. 10. Je suis certain de pouvoir me faire entendre dans un groupe où je suis la seule personne de ma race. 11. Je peux me sentir à l’aise de ne pas écouter une autre personne quand elle est la seule personne de ce groupe a la rencontre. 12. Je suis confiant de pouvoir trouver la nourriture de mes origines où un coiffeur pour me faire couper les cheveux. 13. Quand j’écris un chèque ou utilise une carte de crédit, je peux compter sur mon origine raciale pour prouver ma fiabilité financière. 14. Je peux protéger mes enfants la plupart de temps des gens qui ne leur ressemblent pas. 15. Il ne faut pas que j’éduque mes enfants à être sensibles à la discrimination systémique afin de les protéger quotidiennement. 16. Je n’ai pas de préoccupations que les enseignants ou les employeurs de mes enfants auront des attitudes néfastes à leur origine raciale.
Défaire le sac à dos invisible (Peggy McIntosh)50 énoncés qui démontrent le privilège de la race blanche(Source : http://seamonkey.ed.asu.edu/~mcisaac/emc598ge/Unpacking.html) 17. Je peux parler avec la bouche pleine et ne pas m’inquiéter que les gens l’associeraient à ma race. 18. Je peux utiliser de gros mots, m’habiller dans des vêtements usagés ou ne pas répondre et ne pas m’inquiéter que les gens l’associeraient à ma race. 19. Quand je réussis dans une situation difficile, je n’ai pas de souci d’être étiqueté ‘un crédit à ma race’. 20. Je ne suis jamais appelé à parler pour toutes les personnes de ma race. 21. Je peux être inconscient des langues et cultures des gens de couleur qui constituent la majorité de la population mondiale sans sentir que ma culture a joué un rôle dans cet oubli. 22. Je peux critique notre gouvernement et ses politiques sans avoir peur d’être vu comme un étranger. 23. Je peux m’assurer de parler avec quelqu’un de ma race quand je demande de voir ‘le superviseur’. 24. Si je me fais arrêter par un policier, je suis certain que cela n’a rien à voir avec ma race.
Défaire le sac à dos invisible (Peggy McIntosh)50 énoncés qui démontrent le privilège de la race blanche(Source : http://seamonkey.ed.asu.edu/~mcisaac/emc598ge/Unpacking.html) 25. Je peux facilement acheter des cartes, des livres, des affiches, des jouets et des magazines d’enfants qui représentent bien les gens de ma race. 26. Je sais que, si j’ai un problème ou un conflit avec un collègue d’une autre race, cela n’aura aucun effet sur ma carrière ou la possibilité de m’avancer dans mon lieu de travail. 27. Si je déclare qu’il y a, ou il n’y a pas, une question raciale à examiner, mon origine raciale (la race blanche) me donnera plus de crédibilité qu’une personne de couleur. 28. Je peux éviter de m’informer des écrits et des programmes de militants des gens de couleur sans me sentir le moindrement démuni ou à risque des conséquences négatives. 29. Je ne suis pas du tout au courant de comment mon corps, ma présence ou mon odeur seront une réflexion de ma race. 30. Je peux me préoccuper du racisme sans être vu comme quelqu’un qui a un parti pris. 31. Je peux prendre un emploi avec un employeur qui a un programme d’accès à égalité sans que mes collègues pensent que j’ai un l’emploi à cause de ma race. 32. Je peux facilement trouver des cours, des programmes et des institutions académiques qui représentent bien les gens de ma race. 33. Je peux chercher un maquillage et des pansements qui ressemblent à ma couleur de ma peau. 34. Je peux voyager seul ou avec mon conjoint sans me soucier de l’accueil que je recevrai.
L’antiracisme, deux gas de race blache et un elephant dans la salle
Pourquoi le faire? • Être indifférent, c’est d’appuyer l’injustice (Freire, Ghandi…) • Se réjouir des privilèges sans le questionnement, c’est d’ignorer l’expérience humaine des “ autres ” • Sommes-nous vraiment aveugles a la couleur ? • La transformation en éducation est possible si on le souhaite • Les blancs doivent faire partie de l’équation raciale pour mettre fin au racisme • Le racisme affecte tout le monde, y compris les blancs le bien pour tous, y compris les blancs, est inestimable
George Sefa Dei (de la preface) • “Because White bodies are invested in systems of privilege, the importance of dominant groups questioning their self-appointed and racialized neutrality is always critical and transformative. For far too long we have witnessed how White society has conscripted and choreographed the idea of a fractured Black community that avoids taking responsibility.”
Reaction dans les medias • Article de 450 mots dans le Globe and Mail, le journal le plus important au Canada, deux semaines avant le lancement du livre : “ Deux professeurs de race blanche maintiennent que les blancs ont un role a jouer dans le racisme ” • Tout de suite, plus 160 commentaires sur le site web du Globe and Mail • Par la suite, plusiurs editorials dans les journaux canadiens • Des commentaires et des lettres haineux • Invitations a parler du livre sur la radio dans plusieurs villes
Qu’est ce que nous avons appris à travers ce projet ? • Les racines du racisme sont excessivement bien ancrées dans les sociétés • les gens de race blanche n’ont pas nécessairement le même expérience que les autres : rejet déconfort questionnement sur comment le faire • Les gens de couleur : mais seraient-ils (les blancs) être tentes de s’engager...? • L’idéologie d’être aveugle a la couleur (“color-blindness”) + le mythe du multiculturalisme = une diminution de la quête envers la justice sociale • Beaucoup de gens veulent faire quelque chose mais ne savent pas quoi faire • Concevoir l’éducation comme un projet apolitique et neutre, c’est d’écarter la possibilité de la justice sociale • Le blanchement (“Whiteness”) doit être traite d’une manière critique, soutenu et réflectif
Merci Gracias Thank You