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La traversée du Libron par le canal du Midi, jusqu'en 1855. Un cas très particulier : la traversée du Libron.
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La traversée du Libronpar le canal du Midi, jusqu'en 1855 Un cas très particulier : la traversée du Libron A Vias, entre Béziers et Agde, Riquet a rencontré un problème de taille avec le Libron. Cette rivière cévenole, quasiment insignifiante en temps normal, s'enfle de façon démesurée lors des crues activées par la fonte des neiges et charrie une grande quantité d'alluvions. Deux bonnes raisons pour ne pas l'inviter à mêler ses eaux à celles du canal. Or, à cet endroit, le miroir de ce dernier n'est qu'à 1,95 m d'altitude. Le mouillage du canal est de 2 mètres, ce qui place déjà le plafond à 5 centimètres en-dessous du niveau de la mer toute proche. Il n'est alors pas question de pont-canal, ni même de buses : l'intrados de celles-ci serait déjà à moins un mètre, et à quelle profondeur serait-on obligé d'en établir le radier ? Riquet n'a pas le temps de résoudre le problème : il meurt avant. Pendant un siècle, l'on se contente d'une traversée à niveau, avec tous ses inconvénients. Vers le milieu du XVIIIe siècle, l'on conçoit un système original : l'ouvrage est remanié de façon à former un couloir aux parois non pas parallèles, mais de rapprochant de quelques centimètres de l'amont (côté Toulouse) à l'aval (côté Sète). En temps normal, il se comporte comme une traversée à niveau ordinaire. (Cliquez sur l'image pour passer à la suivante)
La traversée du Libronpar le canal du Midi, jusqu'en 1855 En temps de crue, l'on vient y placer un bateau spécial, une sorte de radeau, plate-forme dont les extrémités avant et arrière sont fermées par de hautes cloisons de bois, l'ensemble formant une large goulotte destinée à former un lit provisoire à la rivière en crue. Conçu lui aussi un peu plus étroit à l'avant qu'à l'arrière, ce radeau épouse exactement le couloir. Résultat : en temps de crue, le Libron passe dessus sans toucher au canal. Mais si l'on a trouvé le moyen d'éviter les dépôts alluvionnaires indésirables, l'on n'a pas trouvé celui de maintenir la navigation en temps de crue : le radeau empêche tout passage. Ce système fonctionne pendant environ un siècle lui aussi. En 1855, l'ingénieur Urbain Maguès conçoit enfin l'ouvrage actuel, qui permet de ne pas interrompre la navigation en temps de crue du Libron. (Cliquez sur l'image pour passer à la suivante)
La traversée du Libronpar le canal du Midi, depuis 1855 Les ouvrages du Libron Maguès conçoit un système unique en son genre, à notre connaissance, et dont le fonctionnement est d'une rare complexité. En gros, l'ingénieur divise l'ouvrage en deux corps séparés par une bonne longueur de bateau, et conserve le principe du radeau-gouttière en lui substituant des goulottes amovibles. L'idée consiste à permettre au bateau de passer en plusieurs temps, comme dans une écluse, tandis que l'on oriente le flot du torrent en crue vers l'un, puis l'autre des deux corps de l'ouvrage. Voyons cela dans le détail. En amont de la traversée, le Libron est séparé en deux bras qui se dirigent chacun vers un corps de l'ouvrage. Chacun de ces corps comporte six couloirs ou pertuis destinés à livrer passage aux eaux du Libron dans des modalités que nous allons voir de suite (fig. L3. Précision : Sur nos dessins et dans un but de clarté, nous avons divisé par deux le nombre de ces couloirs. De plus, les organes ouverts sont en vert, et ceux qui sont fermés sont rouges). Chacun de ces couloirs est obturable en amont par une vanne, et dans chacun des deux corps de l'ouvrage, quatre sont équipés de grandes goulottes ou bâches mobiles longitudinalement par rapport à l'axe de la rivière, et donc perpendiculairement à celui du canal. Les bâches mobiles sont elles-mêmes constituées chacune de deux demi-bâches qui se rangent de chaque côté du canal, de façon à tenir moins de place. À l'origine, ces organes basculaient à la manière d'un pont-levis, ce qui explique la présence de treuils sur les passerelles de manœuvre. Aujourd'hui, ils coulissent, suspendus à des chariots qui roulent sur des rails. Les deux autres couloirs sont dépourvus de ces goulottes et n'ont qu'un rôle de déversoir écrêteur du canal. En temps normal, le Libron, au débit insignifiant, passe sous le canal par un aqueduc-siphon juste à l'amont de l'ouvrage. Les seize demi-goulottes sont retirées chacune dans son couloir qui est fermé par sa vanne en amont et éventuellement en aval (fig. L4). Les bateaux passent en ralentissant simplement. (Cliquez sur l'image pour passer à la suivante)
La traversée du Libronpar le canal du Midi, depuis 1855 Goulottes en place lors d'une crue du Libron En temps de crue, c'est l'inverse: selon le débit du Libron, l'on va disposer, en travers du canal, un nombre plus ou moins important de demi-bâches raboutées qui vont constituer, comme le radeau du XVIIIe siècle, le lit provisoire de la rivière (fig. L5 et L6). (Cliquez sur l'image pour passer à la suivante)
La traversée du Libronpar le canal du Midi, depuis 1855 Le Libron en crue, traversant un corps d'ouvrage (photo prise de l'aval) Si un bateau se présente alors (fig.L7 et L8) et, l'on va fermer les vannes de tous les couloirs du premier corps de l'ouvrage et retirer ses demi-bâches de façon à libérer le passage pour le bateau (fig. L9 et L10). Tout le flot du Libron coule alors dans les demi-bâches du deuxième corps d'ouvrage. (Cliquez sur l'image pour passer à la suivante)
La traversée du Libronpar le canal du Midi, depuis 1855 Vue de l'intérieur d'un corps d'ouvrage. Seules quelques goulottes sont en place. Si un bateau se présente alors (fig.L7 et L8) et, l'on va fermer les vannes de tous les couloirs du premier corps de l'ouvrage et retirer ses demi-bâches de façon à libérer le passage pour le bateau (fig. L9 et L10). Tout le flot du Libron coule alors dans les demi-bâches du deuxième corps d'ouvrage. (Cliquez sur l'image pour passer à la suivante)
La traversée du Libronpar le canal du Midi, depuis 1855 Le « sas » entre les deux corps d'ouvrage . Le bateau vient alors se placer entre les deux corps. L'on replace les demi-bâches du premier corps derrière lui, et l'on rouvre leurs vannes (fig. L11 et L12). (Cliquez sur l'image pour passer à la suivante)
La traversée du Libronpar le canal du Midi, depuis 1855 Les impressionnants mécanismes de manoeuvre des goulottes, au-dessus des ouvrages. L'on ferme les vannes des couloirs du deuxième corps, et l'on en retire les goulottes de façon à libérer le passage au bateau, pendant que le Libron passe entièrement dans les bâches du premier corps (fig. L13 et L14). (Cliquez sur l'image pour passer à la suivante)
La traversée du Libronpar le canal du Midi, depuis 1855 Deux demi-goulottes ouvertes, et leurs voisines fermées. Une fois le bateau parti, l'on revient à l'état initial (fig. L15). C'est loin d'être simple et rapide, mais au moins les bateaux passent en toutes saisons. (Cliquez sur l'image pour quitter l'animation)