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Le choc discriminatoire et son influence sur le parcours des jeunes des minorités noires qui fréquentent les classes d’accueil. . Guy Drudi Service d’aide et de liaison La Maisonnée. Les jeunes de seconde génération observent comment la société québécoise accueille leurs parents.
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Le choc discriminatoire et son influence sur le parcours des jeunes des minorités noires qui fréquentent les classes d’accueil. Guy Drudi Service d’aide et de liaison La Maisonnée
Les jeunes de seconde génération observent comment la société québécoise accueille leurs parents. La qualité de cet accueil sera déterminante pour leur participation civique et leurs stratégies de mobilité sociale et professionnelle. Conclusion du Mémoire de La Maisonnée à la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles. (2007) Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Plan de la communication • Le choc discriminatoire: historique, définition et pertinence. • Le profilage racial et choc discriminatoire: témoignages. • L’impact du choc discriminatoire sur le sentiment d’appartenance à la société québécoise. • Pistes d’intervention pour contrer les impacts du choc discriminatoire. • Conclusion Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Le choc discriminatoire: historique du concept. • En 1996, une étude de l’Indice surles producteurs de comportements racistes lors de l’insertion à l’emploi des jeunes travailleurs. Le cas des jeunes Québécois d’origine haïtienne. • Les jeunes québécois d’origine haïtienne identifient la discrimination des jeunes en tant que membres d’un groupe ethnique minoritaire tandis que les jeunes de groupes ethniques minoritaires visibles non noirs considèrent qu’il s’agit de rejet de profils individuels. • Ce constat s’applique également pour les jeunes travailleurs de la première et de la seconde génération, quel que soit leur niveau de scolarité. • Les jeunes québécois d’origine haïtienne nés au Québec ont le sentiment de faire face au scepticisme de certains employeurs qui continuent de les associer à une culture et un pays étranger où ils n’ont jamais mis le pied. Ils sentent que les employeurs refusent de les prendre au sérieux. • Ce constat est confirmé par les employeurs qui affirment privilégier l’embauche de personnes qui leur ressemblent. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
L’indice (1996) étude des producteurs de comportements racistes lors de l’insertion à l’emploi des jeunes travailleurs. Le cas des jeunes québécois d’origine haïtienne
L’indice (1996) étude des producteurs de comportements racistes lors de l’insertion à l’emploi des jeunes travailleurs. Le cas des jeunes québécois d’origine haïtienne. • De part et d’autre, jeunes travailleurs et employeurs perçoivent qu’il existe une place hiérarchique pour chacun. • Au haut de la pyramide, • les blancs du groupe démographique majoritaire, • les individus des groupes ethniques minoritaires non visibles, • les individus de groupes minoritaires visibles non noirs, • les noirs • les antillais, haïtiens et jamaïcains. • Les jeunes travailleurs fonctionnent avec une conscience de cette hiérarchie perçue. • Pour les jeunes travailleurs des groupes minoritaires visibles qui veulent se faire embaucher, il n’est pas suffisant de devenir des compétences égales. Ils disent se heurter à cette exigence d’être véritablement intégrés, c’est-à-dire dans le vocabulaire des employeurs, devenir blancs. • Pour compenser de ne pas être blancs, ils développent une deuxième peau en tissant des réseaux de relations signifiantes pour les employeurs. Ils doivent commencer à le faire le plus tôt possible, au moment de leurs études. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Le choc discriminatoire • Le choc discriminatoire est de se sentir: • différencié (distancé, mis à l’écart) • Infériorisé (jugé moins performant, moins compétent, inadéquat) • Sur la seule base de son appartenance à un groupe: • l’origine ethnique ou nationale, • la race, • la couleur, • la religion, • la langue, • le sexe. • Sans égard à son adaptation fonctionnelle, sociale et culturelle à l’environnement; • Sans égard à sa maîtrise des référents ou des codes culturels de la société d’accueil. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Variables reliées au choc discriminatoire • Être né à l’étranger. • Être différent physiquement (couleur de la peau). • Posséder un accent différent. • Être d’une langue maternelle différente. • Avoir un patronyme de consonance autre. • Être issue de religion différente. • Ne pas avoir d’ancêtre québécois. A. Ledoyen, (1992), Montréal au pluriel. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Conséquences du choc discriminatoire • Le terme de choc est approprié si l’on considère les réactions émotives et physiques des victimes qui se sont senties discriminées en raison de leur appartenance à un groupe. Le choc discriminatoire se manifeste particulièrement dans les secteurs de l'emploi, du logement, de l'éducation et des services publics, en particulier la sécurité publique. • Affaiblissementdes structures des familles immigrantes: • Absence de réussite sociale des parents • Encadrement des jeunes • Transmission de modèles à suivre. • Les enfants se recréent une famille à l’extérieur du foyer: • Tensions importantes dans la famille • Éclatement de la famille. • L’intervention des services sociaux dans la famille: • Suppléance au manque d’encadrement des jeunes. • Stigmatisation des enfants comme étant toujours des étrangers: • Difficultés d’intégration similaires à leurs parents • Absence d’intégration sociale réussie. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Conséquences du choc discriminatoire(suite) • Marginalité des réseaux de support des jeunes issus de l’immigration • Exclusion de la vie sociale active et participative des jeunes issus de l’immigration et des minorités visibles: • École, • Emploi, • Mobilité sociale • Mobilité professionnelle. • Disqualification et peu d’espoir de rattraper le peloton formé par les jeunes du groupe majoritaire. • Développement de structures marginales de soutien social qui amplifient l’écart ressenti entre eux et le groupe majoritaire. • Le choc discriminatoire engendre un malaise identitaire qui peut occasionner un repli identitaire et une rupture avec la société d’accueil. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Conséquences du choc discriminatoire: le malaise identitaire. • D’autres recherches confirment les conséquences du choc discriminatoire que vivent les jeunes de communautés ethnoculturelles, dont celle de l’Institut interculturel de Montréal sur le malaise identitaire . • Ces recherches font ressortir que les jeunes des familles immigrantes, qu’ils soient nés au Québec ou qu’ils aient immigré, se retrouvent souvent dans une situation de malaise ou de conflit au niveau identitaire. • Ne pouvant nier qu’ils ont une origine autre et que leur famille est différente des familles québécoises de souche, ils tentent de se faire accepter de leurs pairs en cherchant à être comme eux, ce qui peut entrer en contradiction avec les valeurs des parents. • En même temps, l’image que la société québécoise leur renvoie est celle de l’étranger (malgré que certains soient nés au Québec), ce qui peut être ressentie comme une source de discrimination et d’injustice. • Le fossé s’agrandit entre les immigrés d’un côté et la société d’accueil d’un autre côtéce qui les met en situation de « choc discriminatoire » vis-à-vis de la communauté majoritaire par leur faible participation aux sphères économiques et politiques significatives, par le sentiment de rejet que vivent de nombreux immigrés et le réflexe de repli sur soi que ce sentiment provoque chez certains. Institut Interculturel de Montréal (2005)« Malaise identitaire : un facteur à apprivoiser dans l’intervention auprès des jeunes des communautés ethnoculturelles » Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Choc discriminatoire et stress post traumatique • Le choc discriminatoire s’apparente à un stress post traumatique dû au fait que la victime ne s’attend pas à être discriminée. • La personne qui ressent le choc discriminatoire peut être la victime elle-même de la discrimination ou le témoin d’une discrimination survenue à un proche. • Face au choc, les symptômes d'hypervigilanceet de suractivationphysiologique se produisent comme s'il fallait réagir, se protéger et prévenir tout autre danger. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
La difficulté de contrer les effets du choc discriminatoire. • La condition de noir s’impose à vous et vous rattrape par le collet au moment où vous n’y pensez plus. • Ce n’est pas d’éviter le fait d’être noir, c’est d’éviter le souci de l’être, c’est-à-dire de lutter contre les difficultés qui sont associées à cela.» • Parvenir à considérer qu’être noir ne compte pas plus qu’une autre caractéristique physique, la couleur des cheveux ou la couleur des yeux. PapNdiaye, (2008)La Condition noire. Essai sur une minorité française. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Il sent qu’il est à part, mais il ne comprend pas ce qui le met à part, il n’est sûr que d’une chose: c’est qu’aux yeux des autres, quoi qu’il fasse, il est et restera juif. Jean-Paul Sartre. Réflexion sur la question juive. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Le profilage racial et le choc discriminatoire. • Les cas de profilage racial procèdent de la logique du choc discriminatoire. • Les cas de profilage racial représentent des fragmentations du discours entre « nous » vs « eux ». • Un crime individuel commis par un Blanc= Pathologie individuelle. • Un crime individuel commis par une personne des groupes racisés = Empreinte culturelle et collective. Turenne Michèle (2006). Prouver le profilage racial : perspectives pour un recours civil. CDPJQ. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Conseil interculturel de Montréal. Avis sur le profilage racial. En 2006, l’enquête du CiM constate que lesprincipales victimes et présumées victimes du profilage racial sont les jeunes de deuxième génération issus de l’immigration, principalement des minorités visibles, nés à Montréal et perçus par la population et les forces de l’ordre comme étant liés à des activités criminelles. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
« Paroles de femmes et d’hommes montréalais d’ici et d’ailleurs» • Donner la parole et un visage aux victimes ou présumées victimes du profilage racial. • Sensibiliser les personnes concernées par la problématique du profilage racial sur les expériences vécues par les victimes et les séquelles qui en résultent pour elles-mêmes et leur entourage. • Maintenir un mode de veille en matière de profilage racial en collaboration avec la Ville et les partenaires du milieu. • Affirmer la volonté des victimes de contribuer, comme Montréalais et Montréalaises à part entière, à la vie collective et au développement de Montréal. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
« Paroles de femmes et d’hommes montréalais d’ici et d’ailleurs» • Cette expérience crée une rupture dans l’itinéraire des individus et dans le développement de leur identité. Cette rupture qui introduit une discontinuité dans leurs rapports à la société d’accueil et dans leur sentiment de sécurité et d’appartenance à leur milieu de vie. • Le profilage racial crée chez les victimes un stress post-traumatique qui donne lieu à des comportements qui peuvent contribuer à nourrir et maintenir les pratiques d’exclusion de la société à leur endroit. • Ainsi, le profilage racial est un acte raciste particulièrement insidieux et violent. Il communique à la victime qu’elle est la principale responsable de son interpellation. Ce faisant, le profilage racial opère un renversement cognitif qui fait de la victime l’agent de son exclusion, par ses attitudes et comportements en voulant faire valoir ses droits. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
témoignages Giliane « Après mon interpellation, j’étais d’abord sur le choc et, puis après, c’était la colère et l’indignation… Je rejoue la scène dans ma tête continuellement pour essayer de voir : Qu’est ce que j’ai fait de mal ? J’ai dû dire quelque chose de mal ? Faire quelque chose de mal ? Pour que l’on me traite de la sorte. Cet incident m’a fait réaliser que je peux avoir totalement raison dans une histoire ou totalement tort, ça ne fait rien. L’important, c’est que je suis noire et il faut faire attention… Depuis, les années ont passées… Maintenant, je pense que l’anxiété est le seul sentiment qui me reste. » Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
La politique interculturelle de la Commission scolaire de Montréal. • La CSDM reconnaît son rôle dans la formation de l’identité montréalaise, qui concilie pluralisme et spécificité de la culture québécoise, et dans la préservation de la langue française et de la culture québécoise. • En effet, pour les élèves nouvellement immigrés, jeunes et adultes, ainsi que leurs parents, l’établissement scolaire est un lieu privilégié d’intégration dans la langue commune, facilitant ainsi leur évolution et leur participation démocratique dans la société d’accueil. • Cette diversité engendre la nécessité, pour la Commission, de développer davantage des pratiques qui traduisent les valeurs éducatives de respect de l’autre dans sa différence, d’accueil de la pluralité, de maintien de rapports égalitaires entre les personnes et de rejet de toute forme d’exclusion ou de violence. • Ce faisant, elle crée les conditions les conditions optimales d’une intégration scolaire et sociale des élèves, elle crée un milieu harmonieux pour ses élèves et son personnel. CSDM (2005). Politique interculturelle de la Commission scolaire de Montréal. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
La politique interculturelle de la Commission scolaire de Montréal. • La CSDM a mis en place des pistes d’action totalisant 1M$ pour assurer l’opérationnalisation de sa politique interculturelle. Ces pistes d’action se réfèrent directement aux trois orientations de la politique interculturelle qui sont elles-mêmes reliées aux trois orientations du plan stratégique de la Commission, à savoir : • Orientation 1. Soutien pour la réussite et l’intégration des élèves jeunes et adultes. • Orientation 2. Appui sur un personnel représentatif de la population scolaire et formé à la dimension interculturelle. • Orientation 3. Accroissement des liens entre l’école, les familles et la communauté dans toute sa diversité. • Les interventions prévues sont : • Développer des services de francisation et d’introduction à la vie culturelle et scolaire québécoise aux parents et aux élèves. (Orientations 1 et 3) • Former le personnel à l’interculturel (Orientation 2) • Créer un comité interculturel dans les établissements (Orientations 1 et 3) • Mettre en place des mesures de soutien aux élèves de l’accueil et du post accueil (Orientation 1) • Développer des outils et modalités de communication appropriés avec les parents (Orientation 3) • Mettre en place des cours de langues (Orientations 1, 2 et 3) • Réviser la politique de la langue notamment au regard de la traduction et de l’interprétariat (Orientation 3) • Mettre en valeur le patrimoine culturel du Québec (Orientation 1 et 3) Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
À l’école • Le profilage racial peut se manifester en milieu scolaire dans l’application ciblée des codes de vie et autres règlements scolaires par les membres du personnel et de la direction d’une école à l’égard des jeunes des groupes racisés. ‘’La société québécoise est ainsi faite. Quand les enfants noirs atteignent l’âge de 10 ans, ils ont perdu tout espoir.’’ • Les personnes sont affectées sur les plans affectif, psychologique et social. Les impacts sur plusieurs aspects de leur vie se manifestent par une perte de confiance en soi, un affaiblissement du sentiment d’appartenance citoyenne. • Il semblerait en effet que les règles en vigueur dans l’école soient parfois appliquées de manière plus stricte, et donc disproportionnée, à l’endroit des élèves des minorités racisées • Il semblerait qu’il n’est pas rare, dans ces établissements, que les élèves de certaines minorités racisées fassent l’objet d’une surveillance et d’une sévérité plus strictes de la part des surveillants ou des professeurs. Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. Document de consultation sur le profilage racial. Mars 2010. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
À l’école • Certains enseignants et membres du personnel scolaire semblent moins motiver et soutenir les élèves de minorités racisées pour les amener à se dépasser lorsqu’ils présentent des difficultés d’apprentissage. • Autrement dit, il semblerait que des préjugés ou des généralisations abusives puissent parfois conduire certains membres du personnel enseignant et spécialisé à investir moins d’efforts pour soutenir, encadrer, et éventuellement « récupérer », les élèves en difficulté de certaines minorités racisées, en particulier ceux issus des communautés noires. Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. Document de consultation sur le profilage racial. Mars 2010. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
témoignages Certains enseignants leur ont dit : « En Haïti, l’école c’est pas fort, donc ici vous ne réussirez pas», « Ça ne donne rien parce que vous n’irez pas au cégep », « Ça ne vaut pas la peine parce que vous ne poursuivrez jamais vos études », « Ça ne vaut pas la peine parce que vous autres, les Haïtiens, vous n’êtes pas capables d’en donner plus. » Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. Document de consultation sur le profilage racial. Mars 2010. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Les classes d’accueil • Les classes d'accueil ont pour but de sensibiliser les étudiants immigrants à la langue française et à la culture québécoise afin de leur permettre une intégration facile et rapide aux classes régulières françaises. • Cette organisation des classes d'accueil n'est pas un système parallèle au système régulier. • C’un système de transition dans lequel l'objectif à atteindre est la compétence orale et écrite en français. Rose-Hélène Arseneault et Anne-Marie Lortie. Revue des sciences de l'éducation, vol. 2, n° 1, 1976, p. 59-62. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
CPDPJQ (2011). PROFILAGE RACIAL ET DISCRIMINATION SYSTÉMIQUE DES JEUNES RACISÉS.Rapport de la consultation sur le profilage racial et ses conséquences. • La Commission souligne que les intervenants scolaires ne laissent pas aux parents issus des groupes racisés la place qui leur revient dans les décisions relatives au choix des parcours scolaires qui s’offrent à leur enfant. • Dans plusieurs cas, les classes d’accueil représentent la première porte d’entrée dans la société québécoise, non seulement pour les jeunes issus de l’immigration, mais également pour leurs parents. En effet, le réseau scolaire constitue souvent, avec le marché du travail, l’un des principaux canaux d’intégration à travers lesquels les familles immigrantes se familiarisent avec les différents aspects de leur société d’accueil. • Les classes d’accueil ont pour but de faciliter l’intégration des élèves allophones nouvellement arrivés au Québec à la fois sur le plan scolaire, linguistique et social. Or, on constate qu’on n’offre pas toujours à ces élèves un cadre correspondant à leur profil et qui leur permettrait de poursuivre leur scolarisation en classe régulière sans retard scolaire. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
CPDPJQ (2011). PROFILAGE RACIAL ET DISCRIMINATION SYSTÉMIQUE DES JEUNES RACISÉS.Rapport de la consultation sur le profilage racial et ses conséquences. • Lors des consultations, des organismes venant en aide aux élèves en difficulté scolaire ont dénoncé la ségrégation des classes d’accueil au sein de certaines écoles. Ils ont déploré le fait que les classes d’accueil étaient mises à part, parfois dans une section isolée de l’établissement. • Selon la Commission, on peut en effet douter qu’une telle configuration physique puisse favoriser l’intégration sociale et scolaire de ces élèves. « Les classes d’accueil ne semblent pas priorisées en termes de ressources. Les enseignants ne reçoivent pas de support, se découragent et reportent leur sentiment d’impuissance et d’échec sur leurs élèves […]. » La Maisonnée • La Commission souligne que les intervenants scolaires ne laissent pas aux parents issus des groupes racisés la place qui leur revient dans les décisions relatives au choix des parcours scolaires qui s’offrent à leur enfant. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
La Maisonnée(2010).Pour un sentiment d’appartenance et une participation à la société en tant que citoyen à part entière : une école libre de discrimination et de profilage racial. LA MAISONNÉE a regroupé les obstacles à l’intégration scolaire des élèves qui fréquentent les classes d’accueil en huit catégories : • Formation du personnel. Plusieurs professeurs ont une méconnaissance des cultures, des valeurs ainsi que du parcours migratoire des jeunes de leurs classes. • Application des règlements du code de vie On sanctionne plus rapidement les élèves des classes d’accueil, car il y a moins de soutien scolaire et l’on craint de perdre le contrôle si un jeune ne se conforme pas rapidement. • Matériel scolaire On a observé des stéréotypes discriminatoires à l’intérieur du matériel scolaire. Dans un exercice, on demande de combiner deux listes de mots. Dans la première colonne on avait les verbes travailler et dormir et dans la seconde colonne, les mots nègre et mexicain. Ainsi, l’élève devait composer les expressions « travailler comme un nègre» et « dormir comme un mexicain». Pour la seconde expression, il y avait même une caricature d’un personnage qui dormait avec un sombrero. Cela contribue à la reproduction des stéréotypes et des préjugés qui sont à la base du profilage racial. Des enfants ont été choqués par cet exercice. Le matériel scolaire est souvent désuet et infantilisant et les outils d’apprentissage peu rigoureux : ex. un texte écrit en joual incompréhensible pour les élèves. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
La Maisonnée (2010)Pour un sentiment d’appartenance et une participation à la société en tant que citoyen à part entière : une école libre de discrimination et de profilage racial. • Localisation des classes d’accueil Situées dans l’aile des classes de cheminement particulier, il contribue à stigmatiser les jeunes comme ayant des problèmes de fonctionnement scolaire. Lorsque ces classes sont dans l’aile des classes régulières, la performance des élèves est améliorée. • Soutien scolaire au personnel enseignant Les classes d’accueil ne semblent pas priorisées en termes de ressources. Les enseignants ne reçoivent pas de support, se découragent et reportent leur sentiment d’impuissance et d’échec sur leurs élèves. • Activités parascolaires Peu de jumelage des jeunes en classe d’accueil avec les jeunes des classes régulières. Limités aux activités sportives, telles que le soccer ou le basket, les jeunes des classes d’accueil sont absents des activités socioculturelles telles que le théâtre et la musique. Les parents ne sont pas informés que l’école peut défrayer une partie des coûts en cas d’incapacités financières de leur part. • Communication avec les parents Les professeurs ne tissent pas beaucoup de liens avec les parents. Ils éprouvent de la difficulté à communiquer avec eux, car plusieurs parents ne parlent pas le français.Souvent perçus comme non scolarisés parce qu’ils s’expriment difficilement en français, les parents ne reçoivent pas l’information pour comprendre ce qui se passe à l’école. Les élèves qui parlent l’anglais, attendent de terminer leur secondaire ou d’avoir atteint 16 ans pour s’orienter vers le secteur anglophone et fréquenter les cours aux adultes. Les parents disent qu’il y a plus de services et d’efforts pour intégrer leurs enfants. • Passerelles vers l’éducation aux adultes L’âge est un facteur qui oriente un élève vers l’éducation aux adultes. Dès qu’il atteint 16 ans révolus, selon sa performance, il peut être orienté vers l’éducation aux adultes à moins d’être en mesure de terminer son secondaire à 18 ans. Les jeunes qui transfèrent aux adultes ne reçoivent pas d’information sur ce qui est prévu pour eux. La majorité des élèves transférés proviennent des minorités noires et des latino-américains. Il y a une surreprésentation des élèves si l’on compare avec la démographie à Montréal Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
CPDPJQ (2011). PROFILAGE RACIAL ET DISCRIMINATION SYSTÉMIQUE DES JEUNES RACISÉS.Rapport de la consultation sur le profilage racial et ses conséquences. • La Commission rapporte que les individus racisés sont souvent exclus du « nous » dans les représentations du groupe majoritaire et ils sont plus susceptibles d’être tenus à l’écart de la vie citoyenne ou, lorsqu’ils s’y insèrent, ils doivent surmonter des obstacles supplémentaires pour accéder aux mêmes chances que les personnes non racisées. • Dans cette logique, quoi qu’ils fassent ou disent, les membres des minorités racisées seront traités ou jugés en fonction d’une différence assignée à laquelle ils sont toujours ramenés. Cela a pour effet de compromettre non seulement leur confiance dans les institutions, mais aussi leur estime de soi et leur sentiment d’appartenance à la société québécoise. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
L’intervention des ONG auprès des jeunes issus de l’immigration et de leurs familles. • Les jeunes vivent une marginalisation qui les exclut à la fois de leur communauté d'origine et de la majorité avec laquelle ils partagent le pays de leur naissance. Isabelle Taboada-Leonetti (1994), « Intégration et exclusion dans la société duale : le chômeur et l'immigré», Lien social et politique, Vol. 31, no. 71, • Les jeunes se rendent compte de leur marginalité à l’âge adulte. Cela produit une insécurité identitaire, une dissonance mentale qui implique une confusion de l’appartenance identitaire. Ils intériorisent la stigmatisation de leur communauté par la société d’accueil et répliquent en utilisant comme moyen de défense que tous les professeurs sont racistes. UralManço (2012) Affaires d’identité? Identités à faire. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Pistes d’action pour les ONG • Offrir un espace de réparation pour construire leur estime de soi et favoriser leur participation dans la société. Médiation sociale. • Mobiliser la population et les décideurs sur la nécessité de limiter les conséquences du choc discriminatoire afin de favoriser la participation des jeunes à leur milieu. Mobilisation sociale. • Générer des évaluations formatives sur les interventions réalisées pour développer nos compétences spécifiques dans ce domaine.Recherche sociale. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Programme Prévention jeunesse de La Maisonnée. • Les jeunes ressentent qu’ils ne sont pas "nuls", parce qu’ils ne parlent pas, au départ, le français. • Ils retrouvent l’estime d’eux-mêmes à travers l’expression corporelle, danse, théâtre, musique et chant, peinture, écriture, poésie et prose, contes et cultures et histoires, montage et bricolage artistique, etc. • Ils deviennent plus aptes et mieux préparés à s’ouvrir à une nouvelle langue, à une nouvelle culture et, d’une manière plus générale, à la société québécoise. Guy Drudi, La Maisonnée, 29 mars 2012
Conclusion • « Ne parler d’intégration que pour dire aux nouveaux venus qu’ils doivent prendre leur place dans la société telle qu’elle était avant eux est plus près de l’exclusion que d’une véritable intégration. Celle-ci n’existe que quand l’ensemble qui reçoit sait gérer sa propre transformation, comme une famille s’adapte à l’arrivée d’un nouvel enfant. Ce qui suppose qu’elle ait confiance en elle, en sa capacité d’adaptation, et qu’elle trouve positive l’arrivée du nouveau venu.» Alain Touraine, « Vraie et fausse intégration». Le Monde, 29 janvier 1992. Guy Drudi La Maisonnée, 29 mars 2012