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Croyances et religions A. DUMOND Professeur d ’ anthropologie médicale

Département Universitaire des Soins Infirmiers Enseignement 1.1 S2 Anthropologie de la maladie et de la santé. Croyances et religions A. DUMOND Professeur d ’ anthropologie médicale. La question du « fait religieux » lié à la santé.

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Croyances et religions A. DUMOND Professeur d ’ anthropologie médicale

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  1. Département Universitaire des Soins Infirmiers Enseignement 1.1 S2 Anthropologie de la maladie et de la santé Croyances et religions A. DUMOND Professeur d’anthropologie médicale

  2. La question du « fait religieux » lié à la santé • Parmi les multiples dimensions qui caractérisent le «fait religieux», celles qui ont une apparente influence sur la santé sont : • Une dimension proprement philosophique : le besoin de croire en quelque chose de transcendant, comme aspiration, soutien pour affronter les vicissitudes de la vie, de la maladie, et faire face à «l’incertitude de l’avenir». • Une dimension anthropologique : le besoin de se rassembler, de se distinguer en affirmant son appartenance à une religion ou à un courant religieux et en adoptant les rites, tabous et usages qui ont, pour certains, un effet matériel ou symbolique sur la santé corporelle et mentale (habitudes alimentaires, hygiène, sexualité́, dépendances, etc.). • Une dimension psychologique : que les neurologues ont pu mettre en évidence, d’apaisement, de stabilisation par des pratiques méditatives, quel qu’en soit le dogme, souvent confondues avec la notion floue de «sentiment religieux», qui permettrait aux individus d’avoir un cadre rassurant et structurant pour leur bien- être, donc favorable pour leur santé.

  3. Les croyances • Le mot Croyance vient du latin credere : « croire, avoir confiance ». • La croyance est le fait de tenir pour réel l'existence de quelqu'un ou de quelque chose qui n'est pas perceptible par l'expérience ou prévue par la science. • La croyance est une façon de penser qui permet d'affirmer, sans esprit critique, des vérités ou l'existence de choses ou d'êtres, sans avoir à en fournir la preuve, et donc sans qu'il soit possible de prouver qu’elles sont fausses. • Les « croyances » sont un ensemble de certitudes sur soi, sur les autres, sur le monde environnant. Elles reflètent le système de pensée d’une personne.

  4. Dans sa signification minimale, la croyance est un phénomène universel qui concerne tous les individus, et d’une certaine manière tous les êtres vivants : pour entreprendre une action, il faut « croire » à la possibilité de sa réalisation (doute). • La superstition est une attitude faisant intervenir la croyance que certaines pratiques ou faits observés sont en lien avec un certain déroulement de l'avenir, sans qu'aucune explication de cause à effet ne soit donnée. • Le « sentiment religieux », que nous pouvons traduire en termes de croyances et de pratiques (liées ou non à une religion déterminée), a une influence sur les représentations et les pratiques de santé.

  5. Les religions • A. Leroi-Gourhan considère la religion comme « un système organisé de mythes et de rites destinés à établir d'une manière permanente des relations entre l'homme et les puissances de l'invisible (ancêtres et esprits) dans l'intérêt de la communauté ». • Le concept de religion est proprement occidental et n'a pas d'équivalent dans les autres cultures, où il va être intrinsèquement lié à la vie quotidienne (faire un choix, une alliance, une protection, un système de parenté, une politique…). • Pour les chercheurs en sciences humaines, la religion ne constitue pas un objet anthropologique autonome. Elle est considérée comme expressive du social (Durkheim), du politique (Balandier), des processus psychiques (Freud, Devereux) … Autrement dit, pour ces différents auteurs, la religion est toujours seconde par rapport à ce qui n’est pas elle. (une métaphore)

  6. Visionnage du documentaire • ''Clémentine au pays des guérisseurs'' réalisé en 2003 par Patrice Benquet. (52 min) • Clémentine Raineau est ethnologue. Sa thèse de fin d’études l’a conduite à étudier la médecine des guérisseurs et les liens qu’elle entretient avec la médecine légale. • Durant trois années, elle s’est installée en famille, en Auvergne, au cœur des Combrailles. Au fil du temps, dans ce territoire boisé et silencieux, les langues se sont déliées et la confiance s’est tissée avec celle et ceux qui « ont le don ». • Les guérisseurs de la campagne sont tous des non-professionnels, ils sont altruistes et possèdent une véritable éthique du don. Il faut rappeler que le don suppose une obligation de soigner. C’est un don dont on est dépositaire, qu’on ne monnaye pas.

  7. Les guérisseurs sont en général assez croyants. Ils ne vont pas forcément à la messe tous les dimanches, mais ils sont centrés sur la prière.  • Ils se considèrent avant tout comme des médiateurs entre un malade et une puissance spirituelle qui transmet, à travers eux, la guérison. • Nous retrouvons cette représentation de la guérison dans beaucoup de cultures : devin-guérisseur, chamane, médium, sorcier, guérisseur …

  8. Religion et santé sont liés depuis des millénaires. • Le succès de la biomédecine et de la chirurgie n’empêche pas une partie de la population de recourir à une thérapie religieuse en cas de maladie. • Il existe une prédisposition culturelle au recours aux thérapies religieuses ; celle-ci s’articule autour de plusieurs éléments psychologiques : question du sens, place pour le surnaturel, etc. Pour les patients qui y ont recours, ils se donnent ainsi plus de chances de guérir. • La recherche du sens • La maladie grave ou l’infirmité renvoient à la question : « Pourquoi moi ? ». • Toutes les maladies ne sont pas la conséquence d’abus qui sont des causes avérées des troubles biologiques graves. Alors se pose la question du sens. Les doctrines des Églises de guérison, et parfois d’autres types de confession, permettent d’inscrire la maladie dans une histoire à la fois humaine et surnaturelle : • « Par la maladie, Dieu se rappelle à moi et m’invite à me rapprocher de lui » ; « La maladie me permet de racheter des fautes commises dans des vies antérieures » ou « La maladie est le résultat mécanique de traumatismes subis dans la vie présente ou dans des vies antérieures enregistrés et agissant inconsciemment. » • Finalement, la maladie s’inscrit dans un processus qui dépasse le malade mais qui le concerne.

  9. La mobilisation des ressources • Les consultants des thérapeutes spirituels consultent les médecins certainement dans les mêmes proportions que les autres personnes de leur milieu. Des prières de guérison accompagnent les traitements classiques du cancer. Elles accompagnent aussi des interrogations de type : « Mon médecin ne comprend pas». Il s’agit peut-être dans ce cas de maladies non fréquentes ou ne faisant pas partie de la nosologie biomédicale. • Dans les réunions de guérison évangéliques, il arrive fréquemment qu’à l’approche d’une opération chirurgicale, les fidèles demandent que la main du chirurgien soit guidée par Dieu. Nous sommes dans l’esprit de la formule d’Ambroise Paré : « Je le panse, Dieu le guérit » car en fin de compte, pour les consultants, c’est toujours le surnaturel qui guérit même si un médecin ou un chirurgien intervient. • Certaines personnes feraient des démarches annexes à un traitement pour se donner plus de chances de guérir ou parce qu’un doute sur les capacités des médecins à les guérir existe.

  10. La laïcité • La question du religieux prend un sens tout à fait singulier dans le contexte français où la laïcité joue, depuis plus d’un siècle, le rôle de garant du vivre ensemble avec un sens qui a évolué depuis le véritable dogme «religieux » républicain du XIXe siècle à l’acceptation de toutes les pratiques considérées comme relevant de l’espace privé. • La laïcité est un principe de non-discrimination religieuse. Elle doit permettre de faire coexister la liberté religieuse et l’ordre public. Elle doit garantir l’équilibre des droits collectifs avec les exigences individuelles. • La laïcité en France est un principe qui : • - distingue le pouvoir politique des organisations religieuses (l’État doit rester neutre) • - garantit la liberté de culte • - affirme la liberté de conscience et ne place aucune opinion au-dessus des autres (égalité républicaine).

  11. La charte de la Laïcité dans les services publics • Agents: • Tout agent public a un devoir de stricte neutralité. Il doit traiter également toutes les personnes et respecter leur liberté de conscience. • Le fait pour un agent public de manifester ses convictions religieuses dans l’exercice de ses fonctions constitue un manquement à ses obligations. • Il appartient aux responsables des services publics de faire respecter l’application du principe de laïcité dans l’enceinte de ces services. • La liberté de conscience est garantie aux agents publics. Ils bénéficient d’autorisations d’absence pour participer à une fête religieuse dès lors qu’elles sont compatibles avec les nécessités du fonctionnement normal du service.

  12. Conclusion • Les religions autorisent la transgression des interdits face à une situation vitale. • Distinction entre urgence et consultation. • Prosélytisme: zèle pour recruter de nouveaux adeptes. (propagande) • Seul le croyant donne sa propre définition de sa croyance, de ses rites et de ses interdits.

  13. Bibliographie • Ariès P. Les sectes à l’assaut de la santé, le pluralisme thérapeutique en danger. Villeur- banne : Éditions Golias, Les dossiers de Golias, juin 2000 : 123 p. • • Carricaburu D., Ménoret M. Sociologie de la santé. Institutions, professions et maladies. Paris : Armand Colin, 2004 : 240 p. • Dericquebourg R. Croire et guérir. Quatre religions de guérison. Paris : Dervy, 2001 : 193 p. • Fainzang S. Pour une anthropologie de la maladie en France. Paris : EHESS, coll. Cahiers de l’homme, 1989 : 112 p. • Fainzang S. Médicaments et société. Le patient, le médecin et l’ordonnance. Paris : Puf, coll. Ethnologies, Controverses, 2001 : 156 p. • Hoffman A. Science et religion : le calme après la tempête ? Santé Conjuguée, 2007, n° 39 : p.65-71. • Quelle place pour la spiritualité dans les soins ? Ethica Clinica, 2006, n° 44 : 83 p. • Durisch Gauthier N., Rossi I., Stolz J. dir. Quêtes de santé. Entre soins médicaux et guérisons sprirituelles. Genève : Labor et Fides, coll. Religions et modernités, 2007 : 144 p. • Lévy I. Soins, cultures et croyances : guide pratique des rites, cultures et religions à l’usage des personnels de santé et des acteurs sociaux. Paris : Estem, 2008 : 260 p.

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