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Internationale universitaire et enseignement des langues étrangères - Quelques réflexions. Jean-Marc DEFAYS Institut Supérieur des Langues Vivantes Université de Liège. Du double langage des institutions universitaires De l’évaluation D’UNE langue universitaire internationale.
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Internationale universitaireet enseignement des langues étrangères- Quelques réflexions Jean-Marc DEFAYS Institut Supérieur des Langues Vivantes Université de Liège
Du double langage des institutions universitaires • De l’évaluation • D’UNE langue universitaire internationale Defays - Helsinki 02/09/05
1. Du double langage des institutions universitaires • Importance stratégique des langues pour le rayonnement d’une université… • pour la formation et la mobilité des étudiants, des chercheurs locaux • pour l’accueil des étudiants, des chercheurs, des enseignants étrangers • pour le développement des enseignements, des recherches, des collaborations (scientifiques, éducatives, logistiques) • pour le succès professionnel des diplômés Defays - Helsinki 02/09/05
B. Mais parfois/souvent (?)discrédit persistant des langues sur le plan académique à cause d’idéesreçues concernant… • …leur apprentissage • …leur enseignement • …leurs enseignants Defays - Helsinki 02/09/05
1ère idée reçue : « L’apprentissage des langues… … est un apprentissage élémentaire, spontané, machinal, qui dépend surtout de la motivation et des efforts de l’apprenant » • Or apprentissage aussi complexe que les autres apprentissages, • peut-être davantage car mobilise des compétences multiples et variées : • cognitives • sensorielles • relationnelles • culturelles • stratégiques (communicatives) • et associe étroitement • savoir (le vocabulaire, la grammaire… ) • savoir-faire (écouter, parler, lire, écrire) • savoir-être (se comprendre, s’entendre, vivre ensemble) Defays - Helsinki 02/09/05
2ème idée reçue : « L’enseignement des langues… … n’est qu’un palliatif à l’apprentissage naturel » • Effectivement, depuis les méthodes traditionnelles • où les langues s’enseignaient comme les autres matières on a estimé ensuite que les langues ne s’enseignent pas, • qu’elles s’inculquent automatiquement par conditionnement, spécialement en laboratoire (méthodes structuro-behavioristes) • qu’elles s’acquièrent naturellement en les utilisant pour communiquer en situation réelle (méthodes communicatives) • qu’elles s’apprennent en fonction de processus linguistiques et/ou cérébraux programmés, peut-être universels (approches génératives, cognitives) Defays - Helsinki 02/09/05
Les multiples avatars de l’enseignement des langues : conviction qu’on peut s’en passer (comme dans la vie réelle?) Enseignement magistral Coaching, tutoring Entraînement, drill Gestion mentale Animation culturelle Formation aux NTIC Dynamique de groupes Defays - Helsinki 02/09/05
En fait… • la conception et l’organisation de l’enseignement des langues ont beaucoup changé en fonction : • des besoins des étudiants et de la société • du contexte (surtout, de la multiplication et la diversification des opportunités d’apprentissage) • des développements de la recherche en linguistique, en psychologie, en didactique des langues • mais la responsabilité de cet enseignement s’est accrue et précisée : • analyser les besoins et les transformer en objectifs, en programmes • planifier, conduire, individualiser l’apprentissage, orchestrer les différents moyens mis à sa disposition • stimuler la recherche et profiter de ses résultats pour favoriser l’apprentissage Defays - Helsinki 02/09/05
3ème idée reçue : « Les professeurs de langues… « … pourraient être remplacés… • par des répétiteurs (native speakers) pour les séances de conversation • par un enseignement virtuel (labo. AV, EAO, NTIC) pour les cours de langue (explications et exercices de grammaire, de vocabulaire,…) » RAPPEL : • Il ne suffit pas de parler sa langue maternelle pour l’enseigner à autrui, qui reste un travail de professionnel; • l’enseignement via les NTIC (e-learning, e-tutoring, e-coaching) permet d’optimaliser l’emploi du temps des enseignants, mais pas de le réduire. Defays - Helsinki 02/09/05
Conséquences sur le terrain : • Apprentissage des langues parfois/souvent (?) réduit… • à leur dimension structurale • à leurs objectifs fonctionnels • Enseignement des langues garde parfois/souvent (?) une position marginale… • dans les programmes, les horaires • dans les curriculum, lors des délibérations • dans les budgets • Parfois/souvent (?), les enseignants de langues… • ont un statut peu valorisé, précaire (hors cadre) dans l’institution • travaillent dans des conditions difficiles Defays - Helsinki 02/09/05
L’institution universitaire devrait davantage… • reconnaître les spécificités et les exigences de l’apprentissage/ enseignement des langues… • et les enjeux de leurs dimensions culturelles et interculturelles, • élaborer une politique linguistique cohérente et pertinente à long terme, • et se donner les moyens humains, académiques, logistiques, financiers de la mener à bien. Defays - Helsinki 02/09/05
Établir une politique de développement linguistique sur les 3 plans : • cours de langues étrangères • cours/activités en langues étrangères • cours/activités à l’étranger • tendance à remplacer (1) par (2), et (2) par (3), par soucis d’efficacité et d’économie (?) • mais nécessité de maintenir, de combiner, de coordonner les trois approches Defays - Helsinki 02/09/05
2. De l’évaluation En raison des exigences du contexte économique, social, culturel, l’enseignement des langues a été une des premières disciplines d’enseignement… • à être envisagée en termes de finalité, d’efficacité, de concurrence • à sortir du cadre scolaire pour entrer dans le circuit commercial (ouvrages, logiciels d’auto-apprentissage, écoles privées, tests internationaux) • à faire l’objet dans les institutions d’analyses coûts-bénéfices, investissements-rendements Defays - Helsinki 02/09/05
Effets positifs : • dynamiser l’enseignement des langues et les politiques éducatives • caractériser l’enseignement des langues par rapport aux autres enseignements • clarifier les objectifs de l’enseignement des langues (savoir, savoir-faire, savoir-être) • améliorer les méthodes d’enseignement (grammaticales structurales communicatives) • développer les recherches en matière d’apprentissage des langues, notamment sur les rapports entre l’inné et l’acquis Defays - Helsinki 02/09/05
Effets négatifs d’une évaluation excessive : • perspective de plus en plus fonctionnaliste de l’enseignement des langues • accent davantage sur les aspects formels de la langue et de la communication, en réduisant leur contextualisation • davantage d’intérêt… • aux résultats limités et rapides qu’aux processus et aux conditions d’apprentissage à long terme • aux résultats observables, mesurables qu’aux bénéfices personnels, culturels, humanistes Risques : les tests informatisés – rendus indispensables par la demande en croissance exponentielle – n’évaluent qu’une partie des compétences que les méthodes communicatives visent à développer Defays - Helsinki 02/09/05
Effets négatifs (suite) : • l’enseignement des langues se met au service de l’évaluation et non l’inverse,les cours deviennent des préparations aux tests (bachotage) • peu de marge de manœuvre laissée aux enseignants, devenus des répétiteurs • peu d’importance donnée aux motivations non académiques, non professionnelles des apprenants Risques : l’enseignement des langues étrangères devrait ouvrir des horizons, leur apprentissage représenter une expérience personnelle, or les évaluations peuvent limiter les objectifs et canaliser les parcours Defays - Helsinki 02/09/05
Effets négatifs (suite’) : • les grands tests internationaux conditionnent non seulement les finalités des enseignements de langues, mais également leur organisation et leur contenu • les cours de langues sont en train de se formater, de s’uniformiser, de se systématiser au détriment des différences entre les personnes et les circonstances concernées Risques: au lieu de favoriser l’enrichissement mutuel, un enseignement des langues trop ciblé et standardisé pourrait entraîner à long terme un appauvrissement culturel Defays - Helsinki 02/09/05
3. D’une langue universitaire internationale • Jerome Bruner : savoir… …à l’intérieur du cerveau + dans un environnement culturel déterminé le savoir, sa création, sa transmission sont indissociables de la culture Defays - Helsinki 02/09/05
pas de langue « naturelle » sans fondement culturel, pas de science sans options épistémologiques, pas de discours scientifique sans orientation idéologique • utopie de la langue parfaite (U. Eco) • mystification du degré zéro (Barthes) • danger de la novlangue (Orwell) Defays - Helsinki 02/09/05
la langue ne sert pas qu’à communiquer la science (transcodage), mais aussi à la produire : l’objet scientifique est indissociable des discours que l’on tient sur lui • renouveler les sciences = renouveler les paradigmes = renouveler les discours scientifiques (P. Feyerabend, Th. Kuhn) Defays - Helsinki 02/09/05
(s’)imposer une langue, normer un discours = risque de sclérose, d’appauvrissement, d’aliénation? = handicap pour les sciences, leur progrès, leur enseignement? Defays - Helsinki 02/09/05
danger d’uniformiser discours, langue, culture : enjeux scientifiques, idéologiques, humains de la « globalisation intellectuelle » langue unique >> discours unique >> pensée unique? Defays - Helsinki 02/09/05
Défi pour l’avenir des universités : interroger, construire, réévaluer sans cesse l’articulation (le compromis?) entre… • les besoins d’une communication et d’une collaboration maximales sur le plan international ET • la sauvegarde… • des spécificités disciplinaires, culturelles, institutionnelles • mais aussi de l’ouverture, de la flexibilité, de la créativité Defays - Helsinki 02/09/05