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LE COMBAT AMÉRICAIN LE 20 AOÛT 1944 DANS LA PLAINE RELIANT PEYROLLES À MEYRARGUES à partir de rapports militaires déclassifiés, d'écrits et de récits locaux. AOÛT 1944.
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LE COMBAT AMÉRICAIN LE 20 AOÛT 1944 DANS LA PLAINE RELIANT PEYROLLES À MEYRARGUES à partir de rapports militaires déclassifiés, d'écrits et de récits locaux
Des lueurs striant le sud dès l'aube, d'importants bombardements, puis la radio de Vichy avertirent les habitants de la Provence du débarquement de l'armada alliée sur les plages méditerranéennes le 15 août 1944. En vue de la plage du Dramont, Saint-Raphaël.
L'offensive approchant, des Peyrollais pouvant loger ailleurs partirent, certains avec leur bétail. Une trentaine gagna « la Grande Baume », une grotte discrète dans les collines au sud où la Résistance apporta des couvertures et que des paysans ravitaillèrent. D'autres se réfugièrent au « camp indochinois1 », ou près du château de Trempasse réquisitionné par des officiers allemands avant leur envoi au front de Monte-Cassino en Italie au début de 1944… 1 des vietnamiens forcés à venir en France entre octobre 1939 et mai 1940, exploités, méprisés, rudoyés… Seuls des malades, souvent tuberculeux, y étaient en 1944.
3 compagnies (600 Américains) du 1er bataillon motorisé du 180ème Régiment de la 45ème Division d'Infanterie débarquèrent sur des plages près de Sainte-Maxime le jour J sans trop d'aléas. Renforcés de pièces d'artillerie, de 12 chars Sherman et de 4 chars M·101 « tueurs de chars » (ci-dessous dans le Var, au nord de Salernes le 18 août 1944), ils rallièrent Peyrolles via Jouques le 20 après un bivouac à l'est de Rians. La plaine à l'ouest menait à l'étape suivante, Meyrargues à 5 km… 1 ils tireront 150 obus le 20.
Les réfugiés de la grotte entendirent parler une patrouille de reconnaissance américaine le 20 août, tôt le matin. Ils vinrent la voir et offrirent de l'eau et des fruits à ces trois soldats assoiffés. Puis ils retournèrent se mettre à l'abri sur leurs conseils… Une autre patrouille avait observé Meyrargues depuis la terrasse de son château la veille en début de soirée. Des tilleuls lui masquaient un grand danger…
La 11ème Panzer Division fut redoutable pendant sa mission destinée à freiner les Alliés le long de la vallée du Rhône après leur débarquement réussi en Provence. Elle facilita ainsi le repli du maximum de personnel civil allemand et de troupes vers les Vosges. Une vingtaine de ses engins1 vint cantonner à Meyrargues peu avant le 20. Les tilleuls du cimetière l'isolaient des vols d'observation… 1 dont de puissants « Panther » de 45 tonnes.
Défendue par une mitrailleuse postée sur une colline, la colonie scolaire de la ville de Marseille1·2 logeait déjà l'Occupant. La fabrique de papier délabrée voisine2 allait servir de quartier général à ses officiers. 1 transit de 30 juifs soustraits à la Gestapo en 1943, puis sauvés par des réseaux. 2 un canal récent la recouvre.
Une pièce d'artillerie gardait chaque issue du tunnel de Réclavier d'où un canon sur rails K·5 d'une portée de 62 km sortait parfois pour des exercices de tirs inertes1 en mer 1 un lest remplace l'explosif dans l'ogive des obus utilisés.
Une pièce d'artillerie gardait chaque issue du tunnel de Réclavier d'où un canon sur rails K·5 d'une portée de 62 km sortait parfois pour des exercices de tirs inertes1 en mer vers Marseille, Meyrargues Peyrolles Tunnel de Réclavier Vers la vallée du Rhône et l'Allemagne et à 52 kilomètres La Ciotat. Aix-en-Provence Viaduc Tunnel Il partit le 20 mais à 25 km, un viaduc saboté à midi par les Allemands quittant Aix-en-Provence dicta son abandon à la gare. MARSEILLE Le postier sur place neutralisa le minage de ses obus de 255 kg, sauvant la ville. Il sera promu… Le Génie américain bricolera un tablier avec sa plateforme de 30 m gagnant 20 jours sur le retour du trafic, le 29 août. La Ciotat
Des unités du 157ème régiment attendent le montage d'un pont flottant à 10 km de Peyrolles, des Résistants ayant saboté le pont de Mirabeau sur la Durance la nuit du 17. Elles resteront en dehors du combat… Plans d'eau récents Route vers Meyrargues Peyrolles Canal récent
9 h 10 : une faible résistance, vite vaincue, attend l'avant-garde américaine au carrefour à l'est de Peyrolles. 9 h 58 : les militaires investissent les rues quasi vides sous des tirs erratiques d'artillerie lourde et légère. Le canon d'un char Sherman détruit trois colonnes de la Caisse d'Épargne et tous les piliers de portails d'où partent des tirs. Les Allemands fuient en incendiant leur local à munitions. D'héroïques habitants éteignent le feu avant un désastre ! 10 h 40 : des drapeaux ornent les rues du village.
11 h 25 : la troupe repartie à l'ouest subit à environ 1 kilomètre des salves d'artillerie, de mortiers, de chars, d'armes antichar et d'armes légères. Compagnies C A B Un panzer prend toute la route en enfilade. Une arme antichar incendie un Sherman. L'infanterie fuit la plaine mortelle pour les pentes boisées au sud d'un petit canal d'irrigation…
Des projectiles chassent vers l'esplanade du château de Trempasse la messe improvisée dans une pinède par des réfugiés et un prêtre en vacances dans sa famille. L'autel revêtu de draps blancs est fait de caisses servant à récolter les tomates… Des Meyrarguais se réfugient dans les reliefs au sud du village, ou à la chapelle Notre-Mère-de-Dieu.
14 h 21 : l'ennemi attaque épaulé par ses chars. Des véhicules américains et des fermes sont en feu dans la plaine… Un obus survole un groupe de G.I., ricoche, troue le mur d'une maison alors au bord du village, et finit sur un lit sans exploser… 15 h 30 : une lutte féroce1 brise l'action devant Peyrolles. Vers le château de Trempasse, un habitant trace un trajet par les collines sur la carte d'État-Major de 3 soldats en jeep devant détruire l'artillerie allemande par surprise. 1 rapport officiel de l'infanterie américaine…
18 h 00 : l'infanterie s'abritant derrière les blindés, la contre-attaque américaine évolue du côté nord hors de la route. Deux rangées de platanes l'isolent ainsi de l'artillerie allemande1 mais le bois projeté par les impacts de ses obus est craint2. Un avion d'observation renseigne l'artillerie amie. Des bazookas frappent deux autres chars Sherman… ? Les chars M·10 s'enrobent de fumée artificielle… 18 h 58 : la route reliant les deux localités est sécurisée. Un bulldozer y déblaie les branches et les épaves. Cinq platanes ébranlés sont sciés. 1indice de la mort du commando. Les servants de la mitrailleuse protégeant la colonie scolaire entendirent-ils venir la jeep ? 2 des éclats métalliques brisent encore la scie des élagueurs…
20 h 47 : le tiers des troupes est harcelé près de la colonie scolaire, le reste atteint l'orée sud de Meyrargues. 21 h 46 : deux panzers et des soldats sont assaillis dans les rues. Un Résistant guide le char devant liquider les sept canons de l'artillerie ennemie cachés derrière une colline. Leur officier observateur, relié par un téléphone de campagne, règle les tirs. Compagnie C le 21 : la force adverse refluera à l'aube via le Puy-Sainte-Réparade, 9 km plus à l'ouest. Les trois compagnies américaines feront leur jonction dans Meyrargues à 6 heures… Compagnies A et B Des obus tirés depuis la rive nord de la Durance incendieront deux des épaves de chars.
Le rapport du 645ème Bataillon de chars M·10 « tueurs de chars » n'indique pas de dommages dans cette bataille. • Le rapport du 191ème Régiment de chars note 3 blindés atteints, 1 officier et 2 soldats blessés, 3 prisonniers. • Le rapport du 180ème Régiment d'Infanterie omet ses pertes, très importantes selon des témoins. Le cimetière américain à Draguignan abrite cinq corps non rapatriés par les familles.
L'artillerie amie tua près de la ferme Saint-Joseph un couple âgé de fermiers de Meyrargues et un vieillard de Peyrolles. • Des collines brûlèrent plusieurs jours près de Meyrargues. • Des fermes, des granges et des hangars disparurent de la plaine. • Les villages furent peu atteints mais les gens s'y terrèrent, des Allemands isolés tuant pour fuir vêtus en civil.
Les cimetières reçurent provisoirement les morts des deux bords. • Les diverses épaves furent retirées début 1945. • La composition de la force allemande, son armement, sa bataille, ses pertes, sont inconnus… • Aucun mémorial n'évoque ce jour oublié…
Judy, fille du soldat américain John W. ERWIN débarqué en Provence et blessé le matin dans ce combat1, recherchait des informations depuis un forum aux États-Unis. Huit mois restés sans réponses ont motivé ces investigations… Les huit bibliothèques municipales visitées, les archives du diocèse, des deux villages, et du département (à Marseille et à Aix-en-Provence) consultées, les associations jointes, et la presse de l'époque2 n'ont pas de données sur cette bataille. Internet en français cite quatre fois cette action sans autres détails. Il est muet sur ses pages en anglais et en allemand… Le trajet probable par les collines du commando en jeep et celui du tank devant détruire l'artillerie allemande ont été déduits d'une carte de 1936. 1 il resta la journée dans l'eau avec des éclats d'obus dans le corps. Il semblait être alors près du pont de Pierrefiche passant le petit Canal de Peyrolles, au sud de la ferme « Campagne la Rose ». 2le premier journal local a été publié le 26 août 1944.
FIN Claude Mesnil Aix-en-Provence 2013 - 2014