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Plus de cinquante ans d’une histoire d’eau. Eau potable et eau d’irrigation à La Londe. L’eau: l’enjeu des élections de 1904. D’un côté, Albert Roux, qui promet qu’il fournira de l’eau potable à la commune.
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Plus de cinquante ans d’une histoire d’eau Eau potable et eau d’irrigation à La Londe
L’eau: l’enjeu des élections de 1904 • D’un côté, Albert Roux, qui promet qu’il fournira de l’eau potable à la commune. • De l’autre, Louis Latil, qui fait la même promesse à partir de son barrage de Valcros. • Le tout sur fond de fièvre typhoïde qui sévit la même année: la faute au cloaque des rues non goudronnées sans assainissement, aux animaux domestiques errants. • Albert Roux est élu et va agir en véritable pionnier de l’eau: une demi-douzaine de fontaines et de lavoirs publics seront alimentés grâce à un pompage dans la nappe phréatique du Gapeau.
Quartier des Anglades: la « machine de l’eau » Station de pompage fonctionnant à la vapeur A gauche, Albert Roux; en veste noire, Louis Quiller; fontainiers et puisatiers de l’Entreprise générale de Distribution d’Eau
La salubrité enfin! • De là, des canalisations partent vers un bassin de stockage situé sur sa propriété de la Coulerette, pour alimenter ensuite le centre-ville. L’eau, « à l’abri de toute contamination », peut désormais « engendrer la salubrité physique et donc contribuer à la salubrité morale ».
Déjà insuffisant! • Détail terre à terre, le bassin n’étant pas très élevé,la pression n’est malheureusement pas suffisante pour alimenter les étages des petits immeubles du centre-ville, mais chaque fontaine peut débiter 24 l par minute (1908). Cette solution immédiate n’est cependant pas satisfaisante au regard des besoins d’une population grandissante, et aussi en rapport avec des remontées salines toujours à craindre en période estivale.
Les municipalités veulent améliorer la situation • On prolonge la canalisation existante (Ø 80 mm). • Un emprunt (19 200 F et 5 centimes et demi = 51 648 €) est contracté pour une adduction et une distribution d’eau potable digne de ce nom. • En 1921, Louis Bernard, Maire, signe une convention pour 10 ans de pompage toujours à partir du bassin de la Coulerette. • Un fontaine abreuvoir est créée entre la distillerie et le pont du Pansard. • La distribution d’eau est améliorée.
En Provence, l’eau est d’or. • Dans les campagnes, les agriculteurs ont appris à économiser le précieux liquide, surtout en période estivale: arrosage à la fraîche, sarclage, plantes économes, épandage de posidonies, arrêt des cultures. • Utilisation des puits, des canalisations, des barrages, des bassins, des citernes qui récupèrent l’eau de pluie. • Les pompes fonctionnent, les norias sont actionnées par les chevaux ou des éoliennes.
Le Conseil Général se préoccupe de l’eau dans le département • En 1923, M. l’Ingénieur des Travaux Publics est chargé de recueillir « tous les renseignements nécessaires de nature à préciser l’étendue des besoins en eau d’alimentation et en eau d’irrigation provenant des barrages du Verdon et de la dérivation de Fontaine l’Évêque ». • Le questionnaire adressé à la commune s’inquiète, pour l’eau potable, du débit actuel, du débit nécessaire ou encore de celui demandé « sur la base de 200 litres par habitant et par jour ». • L’eau du Verdon est encore très loin de couler à La Londe et les londais devront compter sur leur puits encore longtemps malgré les risques de salinité l’été.
Le problème de l’eau n’est pas réglé. • En 1929, l’eau manque toujours dans les maisons. • En 1936, des problèmes sont signalés derechef. On doit exécuter des sondages l’année suivante. • En 1938, les agriculteurs se plaignent de l’insuffisante quantité d’eau pour les cultures maraîchères. La municipalité élabore un projet de stockage pour usage agricole de 1 200 m3. • Pendant la guerre, on parle de fuites et de pénurie car la fonte est introuvable (réfection des canalisations en « Eternit ». • En 1946, l’eau communale est toujours vendue par les hoirs Roux.
Le Syndicat intercommunal d’amenée d’eau • En 1947, le nouveau Maire, François de Leusse, participe à sa création. • La crise s’aggrave au début des années 50 avec une sècheresse importante qui impose un transport par camions-citernes (18 mois de ravitaillement). • L’eau du réseau est devenue salée (l’eau de mer ayant gagné sur la nappe d’eau douce du Gapeau). • Après une tentative de pompage au bord du Maravenne, on préfère le projet de l’eau de Carcès en coopération avec Bormes et Le Lavandou. • L’année 1951 est baptisée « l’année de l’eau ».
Horloge fontaine des Quatre chemins (années 50)
1956 • L’eau de Carcès arrive enfin à La Londe. • Néanmoins, devant l’augmentation des besoins aux heures de pointe, en été (effet du tourisme croissant), François de Leusse, en tant que Président du Syndicat de l’Est varois, décide, avec les responsables des municipalités voisines, de créer une réserve à La Verrerie : le plan d’eau du Trapan.
La réserve du Trapan • Au début, c’est l’eau du barrage de Carcès qui l’alimente mais occasionne des dépenses de traitement importantes : l’eau est malheureusement chère. Dès 1959, la municipalité soutient alors le projet du Canal de Provence (eau non traitée) pour l’irrigation des cultures et l’alimentation de la réserve du Trapan.
L’enjeu du tourisme et du développement • L’opinion et les pouvoirs publics prennent la mesure du problème de l’eau en Provence : son usage doit en être limité et la politique de l’eau doit aller de pair avec l’aménagement du territoire (Charte de l’eau du Conseil de l’Europe). Au début des années 60, on estime que la population va plus que doubler dans les trente années suivantes, des Bouches du Rhône au Var. L’avenir économique (industries, irrigation agricole, tourisme, urbanisme) et social (démographie) de la Provence passe vitalement par son avenir hydraulique. Aussi, la seconde tranche du Canal (Var, Toulon-est, basse vallée du Gapeau…) est l’enjeu d’une course de vitesse contre des besoins exponentiels.
De l’eau à tout prix! • Sur tout le littoral varois, les nappes alluviales étant surexploitées, le risque est grand de voir une invasion saline irréversible : les Londais en ont fait la tragique expérience. Aussi, les autorités s’attendent à ce que les municipalités entreprennent des travaux de secours justifiés par la pénurie. Ainsi, une nouvelle solution voit le jour, elle est proposée par M. de Leusse : la construction d’une usine de dessalement de l’eau de mer. D’abord, celle-ci assurerait 10 000 m3/jour destinés à une consommation urbaine (vu son prix de 2 F/m3, soit environ 1,60 €/m3).
L’eau du Verdon • Le projet de dessalement est trop coûteux (1,5 milliards de F = 1,2 M€). • L’effort financier national se porte sur le Canal de Provence: 700 millions de m3/an pour 116 communes dont Marseille, Toulon et Aix et 60 000 hectares agricoles. • Plus de 10 ans après l’eau de Carcès, l’eau du Verdon commence à arriver dans le terroir londais. • Au même moment, les fontaines qui avaient abreuvé pendant si longtemps les habitants sont considérées comme des « cloaques pestilentiels » et sont supprimées sans plus de reconnaissance. Geste symbolique qui enterre un problème récurrent et qui tourne La Londe vers la modernité!
Tous les quartiers londais ne sont pas irrigués à la fois. La S.C.P. procède dans le temps et par tronçons après avoir obtenu les autorisations de passage. La Mozerolle, le Bas Pansard voient des travaux d’enfouissement de conduite en 1969, le secteur de la Coulerette à partir de 1976.
François de Leusse, Maire et Gabriel Abran, 1er Adjoint, Président du Syndicat Agricole, ont joué un rôle essentiel.
Hommages • Avec les maires déjà cités, rendons hommage également à M. Edouard Soldani, Président du Conseil Général du Var et de la Société du Canal de Provence, dans ce long effort d’équipement du département et de la commune. Parmi ses démarches, à la tribune du Sénat, il a plaidé pour l’accélération de la réalisation du Canal auprès du Ministre de l’Agriculture (Edgar Faure lui a répondu : « Je m’engage à faire le maximum »). En matière de finances, le Conseil Général du Var a garanti des emprunts en faveur de la Société du Canal de Provence.
Ce présent travail a été réalisé d’après le précieux témoignage de Gabriel Abran. • « Le passage des conduites d’eau sur la commune a favorisé la reconversion des cultures du fait que les petites exploitations viticoles ne sont plus viables ».