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CHIMIE. UNE HISTOIRE DE LA CHIMIE JUSQU’À LAVOISIER. DES ORIGINES. Comment situer les origines de cette science que nous appelons « chimie » ?. Faut-il penser aux pratiques que nous définissons comme chimiques ?
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CHIMIE UNE HISTOIRE DE LA CHIMIE JUSQU’À LAVOISIER
Comment situer les origines de cette science que nous appelons « chimie » ? • Faut-il penser aux pratiques que nous définissons comme chimiques ? • Faut-il nous référer aux doctrines que nous pourrions assimiler à une chimie « préscientifique » ? Mais comment les identifier ? • Faut-il nous retourner vers ces pratiques et ces doctrines qui se nomment « chimiques » et se situent elles-mêmes dans une histoire spécifique ?
L’ÉLÉMENT PREMIER • Thalès de Milet (625-585 av. J.-C.) répond à la question : «Quel est l’élément primordial ?», il choisit l’eau. • Anaximène de Milet (585-528 av. J.-C.) admet l’air. • Héraclite d’Éphèse (540-480 av. J.-C.) choisit le feu.
LES MATERIALISTES « Rien ne nait de rien, rien ne nait, rien ne périt » • Anaxagore (500-428) : à l’origine : des particules matérielles, variées, différentes selon les substances. • Empédocle (480-430) : 4 éléments, l’air, le feu, l’eau et la terre2 principes, l’amour qui les rapproche et la haine qui les sépare.
LES ATOMISTES « Nulle chose ne se produit fortuitement, mais toutes choses procèdent de la raison et de la nécessité. » « Convention que le doux, convention que l’amer, convention que le chaud, convention que le froid, convention que la couleur ; et en réalité : les atomes et le vide. » • Leucippe (Vème siècle av. J.-C.) Démocrite (460-370 ) Épicure (341-270) et Lucrèce (97-55) indiquent : • L’indestructibilité de la matière, • L’indivisibilité des éléments derniers Ce qui conduit à une ultime partie insécable : l’atome.
PLATON (428-348 av. J.-C.) Les éléments derniers sont les polyèdres réguliers. Il en retient cinq : • Le tétraèdre qui correspond au feu, • L’octaèdre qui correspond à l’air, • Le cube qui correspond à la terre, • L’icosaèdre qui correspond à l’eau. Le dernier est le dodécaèdre. Dans le Timée, il écrit : « un octaèdre d’air se décompose en deux tétraèdres de feu ».
ARISTOTE (384-322 av. J.-C.) Il conserve les quatre éléments et il ajoute quatre qualités fondamentales : le froid, le chaud, le sec et l’humide. Ces qualités sont liées aux quatre éléments : • Froid et sec à la terre, • Froid et humide à l’eau, • Chaud et sec au feu, • Chaud et humide à l’air. Un cinquième élément constitue le monde céleste, c’est l’éther.
LES STOICIENS • École fondée à Athènes vers 300 av. JC par ZénonIls s’opposent aux atomistes.Deux principes président à la constitution des corps : un principe passif, la matière et un principe actif, la pneuma (souffle vital qui représente Dieu)
L’ALCHIMIE « L’alchimie n’est pas une fausse science même si elle doit s’avérer une science fausse ou porteuse d’espoirs vains. Elle est science parce qu’elle repose sur un système de catégories rationnellement enchaînées et qui permettent, à un moment donné de notre histoire, d’accorder les succès d’un art pratique avec nos notions communes. »
L’alchimie occidentale • Alexandrie, point de rencontre des traditions grecques , égyptiennes et orientales va être le creuset de l’alchimie occidentale. • Les premiers écrits : L’hermétisme : ces écrits se recommandent d’Hermès Trismégiste fils de Zeus et de Gaïa. La table d’émeraude est le texte fondateur pour les alchimistes.Bolos de Mendès (?) : choses physiques et mystiquesZozime de Panopolis (III-IVème)Marie la Juive (IVème)
L’alchimie arabo-musulmane • Brillante synthèse des influences diverses et développement des techniques existantes • Transmission à l’occident • Jabir Ibn Hayyan (vers 721-vers 815) Le plus célèbre des alchimistes arabo-musulman. Maître révéré au Moyen-âge, il est appelé Geber par les alchimistes occidentaux • Al-Kindi (793-873) • Abu Bakr al-Rhazi (864-935) [Rhazés]
L’OCCIDENT MEDIEVAL Malgré ses aspects suspects tant théoriques que pratiques, ses considérations mystiques, magiques, qui entraineront quelques réticences de la part des théologiens, et la pratique des faiseurs d’or ou « souffleurs » qui posera quelques problèmes du point de vue de la morale chrétienne, l’alchimie en rapport étroit avec les modes de pensée de l’époque sera respectée. Ainsi va-t-elle s’implanter dans les couvents. Le laboratoire sera voisin de l’oratoire.
L’occident médiéval XIIe XIIIe siècle • Albert le Grand (1193-1280) Dominicain, il enseigne à Cologne et à Paris. Grand admirateur d’Aristote, il fait la distinction entre science et croyance. • Thomas d’Aquin (1225-1274) Élève d’Albert le Grand, il fait la synthèse de la philosophie aristotélicienne et de la théologie chrétienne • Roger Bacon (1214-1294) Enseigne à Paris, il attribue un rôle important aux mathématiques et à l’expérience.
L’occident médiéval XIVe siècle Quelques alchimistes célèbres • Arnaud de Villeneuve (vers 1240-1311) médecin alchimiste, il signal les premières utilisations de « l’eau-de-vie » obtenue par distillations répétées du vin. • Raymond Lulle (1235-1315) médecin montre que l’alcool peut extraire les substances aromatiques des plantes. • Jean de Rupescissa (vécu au XIVème siècle) il est un des premiers à appliquer les idées de l’alchimie à la médecine • Nicolas Flamel (1330-1418) écrivain public et personnage légendaire
L’occident médiéval XVe siècle Les acides commencent à être identifiés : • Le premier, le vinaigre, • Puis l’acide nitrique connut sous le nom d’eau-forte, • L’acide sulfurique est appelé esprit ou huile de vitriol, • L’acide chlorhydrique esprit de sel. • L’eau régale (mélange d’acides chlorhydrique et nitrique) • Basile Valentin (Johann Thöld ? XVI-XVIIe ?) description des propriétés et de l’obtention de l’antimoine. Extraction des métaux par voie humide (oxydoréduction). Description de l’obtention de l’huile de vitriol et du vitriol vert (sulfate de fer)
LA RENAISSANCE La différence entre ceux qui se disent respectivement chimistes et alchimistes renvoie d’abord à la question du statut du savoir qu’ils construisent, et à son mode de transmission. Le rôle de l’imprimerie dans la mise en crise de la tradition alchimiste serait alors crucial. A la suite de Léonard de Vinci, Bernard Palissy, Agricola renoncent au secret et tentent de décrire leurs procédés de manière précise et reproductible.
La renaissance • VannuncioBiringuccio(1480-1539) publie en 1540 le premier ouvrage qui couvre l’ensemble du champ de la métallurgie, De la pirotechnia. • Agricola (Georg Bauer) (1494-1555) : De remetallicalibri XII paru en 1556, fruit de vingt ans de recherches et d’expériences. • Bernard Palissy (1510-1589 ou 1590) maitre verrier célèbre pour ses travaux sur les émaux. Célèbre pour ses cours publics aux tuileries et ses nombreux traités.
La renaissance • PhilippusAureolusTheophrastusBombastusvonHohenheim dit Paracelse (1493-1541)« Qui était-il ce vagabond génial ? Un savant profond qui aurait, dans sa lutte contre la physique aristotélicienne et la médecine classique, posé les bases de la médecine expérimentale moderne ? Un précurseur de la science rationnelle du XIXème siècle ? Un médecin érudit génial, ou un charlatan ignorant, vendeur d’orviétan superstitieux, astrologue, magicien, faiseur d’or, etc. Un des grands esprits de la Renaissance, ou un héritier attardé de la mystique du Moyen Age, un « gothique » ? Un cabaliste panthéiste, adepte d’un vague néoplatonisme stoïcisant et de la magie naturelle ? Ou au contraire, est-il « le médecin », c’est-à-dire l’homme qui, se penchant sur l’humanité souffrante, aurait trouvé et formulé une conception nouvelle de la vie, de l’univers, de l’homme, de Dieu ? » A. Koyré
La renaissance • Pour Paracelse, il y a trois principes : le soufre : principe de combustion et de chaleurle mercure : principe du lourd, du liquide, du volatille sel : principe de solubilité dans l’eau et de la résistance au feu. • Paracelse ne rejette pas les quatre éléments aristotéliciens, mais pour lui, ce ne sont que des corps • Les trois principes et les quatre éléments constituent les êtres, les corps, les métaux comme les corps vivants et donc l’homme.
La renaissance • Libavius (Andréas Libau, 1560-1616) Son ouvrage majeur Alchymia, paru en 1597, rassemble toutes les connaissances chimiques de l’époque et vaut également par sa tentative d’organisation rationnelle des connaissances qu’il expose d’une manière claire et systématique.
Le XVIIème siècle « Ce siècle est le siècle de la « révolution scientifique », il n’est que de citer Galilée, Kepler, Descartes, Gassendi, Boyle, Newton entre autres […] Il est fréquent de lire que le statut nouveau qu’acquièrent par exemple la physique ou l’astronomie, met en lumière le retard de la chimie et qu’il faudra attendre la fin du XVIIIème et Lavoisier. S’il ne saurait être question de minimiser le rôle révolutionnaire et fondateur de Lavoisier, cette appréciation rapide et encore trop répandue a pour effet de jeter un voile sur l’immense bouleversement que va vivre la chimie au XVIIème siècle et qui va aboutir à lui donner un statut de science autonome. »
Le XVIIème siècle • L’alchimie va connaître un nouvel essor suivant deux voies principales :La première, une alchimie mystique.La deuxième voie, sera développée par les médecins iatrochimistes à travers une importante activité expérimentale liée à de constantes préoccupations théoriques. Beaucoup vont utiliser les deux termes, alchimie et chimie, et peu à peu une distinction se fait et dans la pratique et dans la théorie. Mais la chimie qui se construit va rester longtemps encore tributaire de concepts hérités de l’alchimie, comme la conception philosophique des éléments principes.
Le XVIIème siècleLes iatrochimistes • Jean-Baptiste Van Helmont (1579-1644) médecin, alchimisteIl rejette la théorie des éléments comme celle des principes, et fait de l’eau la substance primordiale unique. L’archée (principe spirituel) confère leur forme et leur unité aux corps naturels. L’air est un élément particulier, c’est un réceptacle pour les vapeurs, les »esprits » pour lesquels il inventera le mot gas (gaz)Il identifie le « gaz sylvestre » (gaz carbonique), qui se dégage lors d’une combustion ou lorsque de l’acide est versé sur du calcaire et lors de la fermentation et il montre que ce gaz n’entretient pas la combustion.
Le XVIIème siècleEnseignement et diffusion de la chimie • Depuis le XVIème siècle, la chimie s’enseignait dans les facultés de médecine et dans des cours privés. C’est au Jardin du Roi (jardin des plantes) qu’un enseignement officiel de la chimie est créé vers le milieu du XVIIème siècle.Guillaume Davisson, médecin et chimiste écossais inaugure en 1648 un enseignement de la chimie qui jouera un rôle important dans les siècles suivants.Un professeur fait un cours théorique et un « démonstrateur » fait un cours pratique illustrant (en principe…) le cours théorique par des expériences et des explications.Se succèdent dans la fonction Guillaume Davisson, Étienne de Clave, Nicolas Lefèvre, Christophe Glaser, Nicolas Lémery… Chacun publiera un traité reprenant son cours, ce qui constituera une série unique en Europe, série inaugurée par Jean Béguin.
Le XVIIème siècleLa chimie des sels ; la théorie acide-alcali • Johann Rudolph Glauber (1604-1670) Praticien hors pair, son travail sur les sels va se traduire par une avancée importante dans la compréhension de la réaction chimique, et de la composition des substances. • Otto Tacken dit Tacchenius (1620 ? 1690 ?) : « d’après le témoignage de l’expérience, tous les êtres sublunaires sont composés de deux choses, à savoir de l’acide et de l’alcali. »Toutes les réactions chimiques peuvent s’expliquer par un combat entre un acide et un alcali.
Le XVIIème siècle« L’atomisme », la philosophie corpusculaire, la chimie mécaniste. • Les idées atomistes n’avaient jamais complètement disparu au Moyen âge. C’est un renouveau de ces idées qui se produit à partir de la renaissance. En 1417 Poggio, découvre l’unique manuscrit complet de DeNaturaRerum de Lucrèce. Nicolas de Cuses (1401-1464) appliquera les conceptions atomistes à la médecine. Pour Giordano Bruno (1548-1600) les atomes possédaient une âme. • Au début du XVIIème, le mouvement s’amplifie. Daniel Sennert philosophe et médecin tente de réaliser une synthèse entre les atomes de Démocrite et les éléments d’Aristote. Pour Sébastien Basso également médecin et philosophe, il y a deux manières d’envisager les atomes : ou bien comme les lettres de l’alphabet, ce qui confère une identité aux atomes, ou bien comme des briques élémentaires dans ce cas les atomes sont tous identiques (avec des briques identiques, on peut construire différents styles d’édifices). En 1642 Joachim Jungius publie sa théorie corpusculaire de la matière. Il interprète le fait qu’une tige de fer trempée dans une solution de sulfate de cuivre se recouvre de cuivre par un échange d’atome. • En règle générale, on a plutôt affaire à des conceptions corpusculaires impliquant des particules très très petites qu’à des conceptions atomistes qui expliciteraient la nature (supposée) des atomes.
Le XVIIème siècle« L’atomisme », la philosophie corpusculaire, la chimie mécaniste. • Pierre Gassend dit Gassendi (1592-1655) conception de la matière fondée sur l’existence des atomes et du vide. La forme des atomes est responsable des propriétés des substances. Il envisage des atomes spécifiques pour expliquer certaines propriétés de la matière. • René Descartes (1596-1650) le vide n’existe pas ainsi que les atomes. La matière est définie par son extension. La matière est l’espace et l’espace est la matière. Ainsi entre les particules visibles, les intervalles sont remplis d’une matière subtile support de la lumière.
Le XVIIème siècle« L’atomisme », la philosophie corpusculaire, la chimie mécaniste. • Robert Boyle (1627-1691)« Les chimistes se sont laissés jusqu’ici guider par des principes étroits, et sans aucune portée élevée. La préparation des médicaments, l’extraction ou la transmutation des métaux, voilà leur terrain. Quant à moi, j’ai essayé de partir d’un tout autre point de vue : j’ai considéré la chimie, non pas comme le ferait un médecin ou un alchimiste, mais comme un philosophe doit le faire. J’ai tracé le plan d’une philosophie chimique que je serais heureux de voir complété par mes expériences et mes observations (…). Si les hommes avaient plus à cœur le progrès de la vraie science que leur propre réputation, il serait aisé de leur faire comprendre que le plus grand service qu’ils pourraient rendre au monde ce serait de mettre tous leurs soins à faire des expériences, à recueillir des observations, sans chercher à établir aucune théorie avant d’avoir donné la solution de tous les phénomènes qui peuvent se présenter. »
Le XVIIème siècle« L’atomisme », la philosophie corpusculaire, la chimie mécaniste. • La conception de la matière de Boyle est corpusculaire. Il postule l’existence d’une matière universelle, constituée de particules fondamentales qui existent sous une multitude de formes différentes. Ces particules sont susceptibles de s’agréger pour donner des agglomérats stables que sont les « concrétions primaires », dont les propriétés sont spécifiques. Elles constituent les particules des corps simples. Par association, elles forment les corps composés. Les concrétions primaires, en principe divisibles, ne le sont pas dans les processus chimiques. Les propriétés sensibles (qualités secondaires) sont pour Boyle liées aux effets des qualités primaires que sont la dimension, la forme, le mouvement et la position.
Le XVIIème siècle« L’atomisme », la philosophie corpusculaire, la chimie mécaniste. • « Et pour éviter des erreurs, je dois vous avertir que je désigne par Éléments, comme ces chimistes qui parlent sans détour le font avec leurs principes, certains corps primitifs et simples, parfaitement purs de tout mélange ; qui ne sont constitués par aucun autre corps, ou les uns par les autres, qui sont les ingrédients à partir desquels tous les corps qu’on appelle mixtes parfaits sont composés de manière immédiate (sans intermédiaire) et en lesquels ils peuvent être finalement résolus. Et maintenant ce que je me demande est s’il existe un corps de ce genre que l’on rencontre de manière constante dans tous et dans chacun de ceux que l’on dit être constitués d’éléments. »
Le XVIIème siècle« L’atomisme », la philosophie corpusculaire, la chimie mécaniste. • Au-delà de ses expériences sur l’élasticité de l’air, Boyle montrera qu’il est nécessaire à la combustion et à la respiration. Il mettra au point une méthode pour récupérer les gaz • Il accomplira d’importants travaux concernant les bases, les acides et les sels. Il introduit l’usage d’indicateurs colorés • L’utilisation systématique de tests fera de Boyle un pionnier de l’analyse qualitative. • Il mettra au point la distillation fractionnée et la distillation sous pression réduite. • Il retrouve après Brand le procédé de fabrication du phosphore à partir de l’urine.
Le XVIIème siècle« L’atomisme », la philosophie corpusculaire, la chimie mécaniste. • Isaac Newton (1642-1727)Comme Lucrèce, comme Gassendi, Newton ne conçoit que des corpuscules et du vide. En premier lieu, la matière est formée de particules primitives.Ce qui différencie les corps ce sont les différents assemblages de ces particules qui forment des particules plus grosses.Les propriétés de la matière dépendent de mouvements, chocs ou contacts, mais aussi de l’attraction universelle qui s’applique aux phénomènes chimiques.Newton explique les réactions chimiques par le jeu des forces d’attraction. Il va relier la force des acides à leur force attractive, expliquer la cohésion des corps ou l’expansion des corps volatils.
Le XVIIème siècleLe feu, la chaleur, la lumière. Calcination et combustion • Pour Aristote, le feu est un élément et un principe de légèreté. • Pour Paracelse, « tout ce qui brule est soufre », le soufre est le principe de combustibilité. • Pour Van Helmont, ni substance , ni accident, le feu est un instrument des transformations. • Les cartésiens conçoivent la lumière comme une pression de la matière subtile, qui se transmet instantanément ; la chaleur est due au mouvement de la matière. • Pour Gassendi et les atomistes, la lumière est un corps constitué de particules très petites se propageant à grande vitesse. Conception de Boyle et de Newton. • Huygens propose une conception ondulatoire de la lumière. • Il n’y a pas de véritable théorie de la combustion au XVIIème siècle
Le XVIIème siècleLe feu, la chaleur, la lumière. Calcination et combustion • Robert Hooke (1635-1703) collaborateur de Boyle, il montre que l’air est nécessaire à la combustion, aux animaux pour vivre et aux plantes. L’air contient un « esprit vital » qu’il identifie au « nitre » principe essentiel du salpêtre. • John Mayow (1641-1679) disciple de Boyle, il poursuit la démarche de Hooke. En chauffant du « nitre » dans une cloche où il a fait le vide, il observe que quelque chose s’échappe qui permet la combustion du soufre. « Le nitre a dégagé un esprit universel de la nature de l’air », qu’il nomme particules « nitroaériennes » ou « ignoaériennes. » Quant à l’augmentation de poids lors de la calcination, il l’attribue à la fixation de ces particules. • Jean Rey (1575 ou 1583-1645) 1630 : Essays sur la recherche de la cause pour laquelle l’estain et le plomb augmentent de poids quand on les calcine. « Je responds et soutiens glorieusement que ce surcroît de poids vient de l’air. »
La théorie du phlogistique • Première théorie permettant d’expliquer l’ensemble des phénomènes chimiques connus à la fin du XVIIème siècle, la théorie du phlogistique est l’œuvre de Georg Ernst Stahl (1660-1734). Conçue au départ comme interprétation des phénomènes de combustion et de calcination, cette théorie va voir sa capacité explicative étendue à toute la chimie. C’est de fait, la première grande théorie chimique. Elle repose sur l’idée très ancienne que la matière perd quelque chose lors de la combustion ou de la calcination, l’agent expulseur étant le feu. Ce qui est expulsé c’est le phlogistique. La théorie de Stahl unifie dans son ensemble la plupart des réactions chimiques connues à l’époque notamment la relation réciproque des notions d’oxydation et de réduction :métal, chauffé dans l’air chaux métallique + phlogistiqueChaux métallique + carbone (qui contient beaucoup de phlogistique) + chauffage métal
La théorie du phlogistique • Johann Joachim Becher (1635-1682)Tous les corps y compris les métaux, sont composés d’eau et de trois « principes terreux » et il distingue trois « terres » :Terra fusilis ou terre vitreuse, responsable de l’état solideTerra pinguis (grasse) qui est la terre combustibleTerra fluida, terre fluide ou terre mercurielle.La terra pinguis entre dans la composition des corps combustibles. Dans la combustion l’air est secondaire, son rôle est uniquement mécanique et favorise la combustion qui est une décomposition. • Pour construire sa théorie, Stahl a puisé dans les conceptions de Becher. Tous les corps combustibles contiennent un principe de combustibilité ou phlogistique qui est la terra pinguis de Becher, combiné à d’autres éléments, différents selon les corps concernés. Un métal quelconque est un corps composé : il résulte d’une matière terreuse, variable selon le métal, avec le phlogistique. Libéré, le phlogistique constitue le feu proprement dit accompagné de lumière et/ou de chaleur.
Le XVIIIème siècle Siècle des lumières, le XVIIIème siècle va être un siècle de grands bouleversements. Des changements importants vont marquer tous les secteurs de l’activité humaine tout au long du siècle qui se terminera par la Révolution française et la « révolution chimique ». Jusqu’en 1700 on connaît douze éléments. On en découvre une quinzaine au XVIIIème siècle.
Le XVIIIème siècleLa naissance de l’industrie chimique • La porcelaine : 1709 Boettger en Saxe parvient à fabriquer de la porcelaine blanche. La fabrication démarre en France en 1768 avec les travaux de Macquer. • La teinture. • Le sucre de betterave : 1796 première raffinerie près de Berlin à la suite des travaux de Marggraf. • L’acide sulfurique, les vitrioleries : l’acide sulfurique sert à préparer les autres acides et diverses matières tinctoriales. • Les cristaux de soude, la « soude Leblanc » : intervient dans la fabrication des verres, des savons, de la teinture des étoffes ou du blanchiment des toiles. • L’eau de Javel. La production d’eau de Javel (hypochlorite de potassium) démarre en 1796. • La poudre blanchissante : en Angleterre c’est la poudre à blanchir (chaux éteinte imprégnée par du chlore). • Acier et alliages. • Ciment : breveté en 1796.
Le XVIIIème siècle • Hermann Boerhaave (1668-1738) Plus que par de découvertes originales, c’est par son enseignement, réputé dans toute l’Europe, que Boerhaave exercera une grande influence. Il va réaliser tout un travail de rationalisation et de clarification, d’abord dans ses cours puis dans son ouvrage de 1732, Éléments de chimie. • Étienne François Geoffroy (1672-1731) Il publie en 1718 une « Table des différents rapports observés entre différentes substances ». • Pierre Joseph Macquer (1718-1784) Son « dictionnaire de chymie » jouera un rôle important de référence pour les chimistes de l’époque. Newtonien, il relie causticité et affinité.
Le XVIIIème siècle • Torbern Olof Bergman (1735-1784)Phlogisticien et newtonien, il attribue lui aussi l’affinité à la seule force d’attraction entre les molécules. Il propose une table des rapports considérablement augmentée. • Claude Louis Berthollet (1748-1822) En étudiant la formation du natron (carbonate de sodium), il a l’intuition de ce qu’on appellera plus tard l’action de masse. • Guillaume François Rouelle (1703-1770) Il va clarifier la notion de sel et distinguer sels neutres, acides et basiques.
Le XVIIIème siècle • Carl Wilhem Scheele (1742-1786) « un des plus grand chimiste de tous les temps ». Expérimentateur hors norme, il découvre le premier « l’air du feu » comme il appelle l’oxygène. Phlogisticien convaincu, il n’a pas su le caractériser.
Le XVIIIème siècleLa chimie pneumatique • Stephen Hales (1677-1761) Il invente un appareil pour recueillir les gaz dont la description parait dans son ouvrage de 1727. Il recueille et prépare de nombreux gaz mais il n’en identifie aucun. • Joseph Black (1728-1799) Il va distinguer et caractériser le dioxyde de carbone, qu’il appelle « air fixe ». • Henry Cavendish (1731-1810) Il découvre l’hydrogène en 1765 qu’il appelle « air inflammable » et qu’il identifiera à du phlogistique presque pur. • Daniel Rutherford (1749-1819)En 1772, il découvre et caractérise l’azote qu’il appelle « air méphitique ». C’est « l’air phlogistiqué ». • Joseph Priestley (1733-1804) Avec Scheele et Lavoisier, il a découvert l’oxygène « l’air déphlogistiqué » (1774) à partir de la décomposition de l’oxyde rouge de mercure.
Lavoisier, la révolution chimique « Le trait le plus caractéristique de l’œuvre de Lavoisier c’est, à mon sens, d’avoir introduit dans la chimie, l’esprit de la physique… En apprenant aux chimistes l’usage de la balance, du thermomètre, du baromètre et du calorimètre, en portant leur attention sur les propriétés de la matière que l’on peut soumettre à des déterminations numériques exactes, Lavoisier leur a ouvert des routes inconnues qui conduisent sûrement à la vérité. » Louis Pasteur.
Lavoisier, la révolution chimique • 1770 « Sur la nature de l’eau et sur les expériences par lesquelles on a prétendu prouver la possibilité de son changement en terre. » • 1772 communication à l’Académie sur la calcination et l’augmentation de masse. • 1774 expériences sur l’oxyde de mercure. • 1775 « l’air déphlogistiqué de Priestley est la partie éminemment respirable de l’air. • 1776 mémoire sur « l’existence de l’air dans l’acide nitreux et sur les moyens de décomposer et de recomposer cet acide ». • 1777 « Sur la combustion en général » : « que ce principe acidifiant ou oxygine, combiné avec la matière du feu, de la chaleur et de la lumière, forme l’air le plus pur… » • 1783 Synthèse et décomposition de l’eau • 1783 « Mais si tout s’explique en chimie, d’une manière satisfaisante sans le recours au phlogistique, il est, par cela seul, infiniment probable que ce principe n’existe pas ; que c’est un être hypothétique, une supposition gratuite. »
La nomenclature chimique • Louis Bernard Guyton de Morveau (1737-1816) a l’idée d’une nouvelle nomenclature. • Elle est présentée à l’Académie en 1787 et paraît sous la forme d’«essai de nomenclature chimique». • Les éléments sont divisés en cinq classes : • Lumière, calorique, dihydrogène, dioxygène, diazote, • 25 bases acidifiables, • 17 substances métalliques, • 5 terres, • 3 alcalis. • En 1789, Lavoisier publie son «traité élémentaire de chimie» qui a beaucoup de succès, il fonde avec les autres chimistes «les Annales de chimie».