420 likes | 546 Views
Les bibliothèques dans le Développement Durable en Algérie Nadia Temmar et Dalila Nedjraoui nadiatemmar@yahoo.fr dnedjraoui@yahoo.com 2 ème Congrès de l’AIFBD : « Francophonies, bibliothèques et développement durable » Sainte-Luce, La Martinique 09-11 août 2011. Introduction
E N D
Les bibliothèques dans le Développement Durable en Algérie Nadia Temmar et Dalila Nedjraoui nadiatemmar@yahoo.fr dnedjraoui@yahoo.com 2ème Congrès de l’AIFBD : « Francophonies, bibliothèques et développement durable » Sainte-Luce, La Martinique 09-11 août 2011
Introduction Le rapport Brundtland en 1987 définit le développement durable comme un développement économique et social qui prend en compte la dimension environnementale. La Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, de Rio en 1992 a précisé la notion de développement durable à travers le premier principe de la déclaration issue de ce sommet qui stipule que « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature »
Aujourd’hui, il devient impératif, pour tous les états signataires des conventions environnementales de Rio, et dans le cadre du respect de l’Agenda 21, de prendre en compte les principes du développement durable dans toutes prises de décisions tant au niveau local qu’au niveau national. La protection de l’environnement et la durabilité des systèmes écologiques doivent faire partie des préoccupations de tous les décideurs et en particulier ceux en charge des bibliothèques, les meilleures courroies de transmissions des idées.
1- Le développement durable en Algérie • L’Algérie a participé à toutes les réunions mondiales sur l’environnement et a ratifié les conventions et protocoles relatifs à la protection de l’environnement, notamment les grandes conventions issues du sommet de Rio : • la convention sur la diversité biologique, • la convention cadre sur les changements climatiques, • la convention sur la lutte contre la désertification. Ces conventions sont des instruments de conservation et de gestion des ressources naturelles et qui répondent au concept de développement
L’action gouvernementale pour la préservation de l’environnement et la durabilité du territoire en Algérie, est basée sur la mise en place des indicateurs de développement durable, issus d’analyses écologiques et socioéconomiques nécessaires à la prise de décision à tous les niveaux, national et local.
Une stratégie nationale de développement durable, que coordonne le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement (MATE), a été définie pour asseoir une bonne gouvernance et donner un contenu concret au principe du développement durable dans le pays. Les principaux objectifs de cette stratégie se retrouvent dans le Plan d’Actions National pour l’Environnement et le Développement Durable (PNAEDD, 2002) et concernent :
le renforcement du cadre juridique et institutionnel en matière de préservation de l’environnement, • la réduction des perturbations de l’environnement (pollutions et nuisances), • la conservation du capital naturel et l’amélioration de sa productivité par la préservation de la biodiversité, des ressources génétiques et des écosystèmes naturels • la formation et la sensibilisation à une problématique environnementale durable
Des institutions ont été mises en place pour asseoir cette politique. On peut citer entre autres : • L’Observatoire National de l’Environnement et du Développement Durable (ONEDD)qui a pour mission le développement et la gestion des réseaux d’observations de l’environnement. • Le Conservatoire National des Formations à l’Environnement (CNFE)qui assure la sensibilisation, la formation et l’assistance pour tous les acteurs publics et privés exerçant des activités en relation avec l’environnement
Ces actions de formation et de sensibilisation sont perçues dans un esprit solidaire et sont basées sur une coopération internationale Nord-Sud. Elles sont à la base de la mise en place d’un cadre participatif qui associe tous les partenaires dans la gestion intégrée des ressources naturelles.
Dans le cadre de ces formations, les bibliothèques seraient le lieu privilégié pour développer une éducation environnementale au niveau des lecteurs et de tous les gestionnaires en les sensibilisant aux principes de base du développement durable et à la protection de leur environnement.
2- Les bibliothèques en Algérie : état des lieux • Il existe 3 types de bibliothèques en Algérie : • La Bibliothèque Nationale, • Les Bibliothèques Universitaires, • Les Bibliothèques Publiques. • Aucune de ces bibliothèques n’a, à ce jour, de programme de sensibilisation sur la problématique environnementale.
LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE D’ALGERIE Ancien site de la BN (devenu annexe) Nouveau site
Dans cette présentation, nous nous intéresserons aux bibliothèques publiques qui ont été, pendant plus d’une décennie (les années 90), période malheureuse pour l’Algérie, pour la plupart, fermées, délaissées ou indûment occupées.
L’étude réalisée en 2005 par le Ministère de la culture sur l’état des lieux des bibliothèques publiques a démontré que «les équipements étaient délabrés, les fonds documentaires insuffisants, les bâtisses hors normes et les personnes qui travaillent dans les bibliothèques peu qualifiées et peu nombreuses ».
Il est donc important de rénover les bibliothèques existantes, d’en construire de nouvelles et d’adapter leurs collections aux besoins du public dans un contexte de développement durable.
3- Les projets nationaux de développement des bibliothèques publiques En Algérie, le paysage de la lecture publique est en pleine mutation à travers une grande opération de construction de bibliothèques, considérées comme le patrimoine matériel et immatériel du savoir. On assiste, aujourd’hui, à une nouvelle dynamique concernant les bibliothèques et la lecture et une volonté politique allant dans ce sens et qui se manifeste par :
Des plans d’actions d’aménagement et de construction de bibliothèques, Des manifestions culturelles pour la promotion des bibliothèques, du livre et de la lecture.
Un programme d'investissements publics : le Programme de Développement Quinquennal 2010-2014 qui accorde « plus de 2 milliards US $ à la Culture pour la réalisation de : • 40 maisons de la culture et complexes culturels, • 340 bibliothèques, • 44 théâtres, • 12 conservatoires de musique et écoles des Beaux-arts, • 156 centres de loisirs scientifiques…»
La gestion des bibliothèques, dont la vocation principale est la promotion et la relance de la lecture publique, dépendra du ministère de la Culture qui a consacré 30% de l’enveloppe financière dégagée pour le secteur.
En 2010, le Ministère de la Culture a décidé, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur, une opération de grande envergure: la construction d'au moins une bibliothèque publique par commune (En Algérie, il y a 1541 communes.) Un budgetimportant a été dégagé en faveur de la création de 1800 bibliothèques dont 448 bibliothèques de lecture publique.174 ont été livrées à ce jour.
Dans la wilaya de Tipaza, le secteur de la culture vient de bénéficier d’une enveloppe de plus de 10 millions de dollars dans le cadre du quinquennat 2010 / 2014. La wilaya compte actuellement 22 espaces de lecture: 20 bibliothèques et 2 salles de lecture, dont celles se trouvant dans les montagnes ou dans les zones les plus enclavées et rurales comme celles de Béni Mileuk, Larhat, Hadjrat Ennous et Sidi-Semiane qui ont été récemment inaugurées.
Bibliothèque de la commune de Kadiria Wilaya de Bouira Cette bibliothèque est l’une parmi les 1800 lancées en Algérie dans le cadre du projet relatif à la construction d’une bibliothèque pour chaque commune Bibliothèque de la wilaya de Aïn-Temouchent
Bibliothèquepublique de la ville de Nedroma La bibliothèque communale Des Ouacifs dans la wilaya De Tizi-Ouzou
D’autres actions sont entreprises pour la promotion des bibliothèques publiques, du livre et de la lecture : • le Ministère de la Culture a décidé la création du Centre National du Livre, qui serait « le cœur battant de la politique nationale en matière du livre et de la promotion de la lecture publique ». • Les Ministères de la Culture et de l’Education Nationale ont convenu de rendre la lecture obligatoire dans les trois cycles du système éducatif, à partir de la prochaine rentrée scolaire 2011-2012 • Institutionnalisation de plusieurs festivals : salon international du livre, festival du roman et du livre de jeunesse, festival Lire en fête, festival international de la bande dessinée…
- Le 4ème Festival International de la Littérature et du Livre de Jeunesse (FELIV), 22 au 29 juin 2011 à Alger avec escale du 25 au 29 juin 2011 à Constantine, Tlemcen et à la place Kettani, de Bab El Oued : nouveauté faire profiter d’autres publics de l’Algérie en dehors d’Alger.
La rénovation du parc des Bibliobus par l’acquisition et la mise en circulation de ces bibliothèques itinérantes qui sillonnent l’ensemble du pays, notamment les villages, surtout ceux enclavés du Sud du pays ainsi que les quartiers populaires qui manquent de moyens. • Le nombre de bibliobus est passé de 24 en 2009 à 46 en 2010
La rénovation du parc des Bibliobus par l’acquisition et la mise en circulation de ces bibliothèques itinérantes qui sillonnent l’ensemble du pays, notamment les villages, surtout ceux enclavés du Sud du pays ainsi que les quartiers populaires qui manquent de moyens. • Le nombre de bibliobus est passé de 24 en 2009 à 46 en 2010
La prochaine étape de la réforme scolaire en Algérie, sera axée sur la réhabilitation, la construction et l’équipement de bibliothèques au niveau de : • 2.000 lycées, • 5.000 collèges, • 18.000 écoles primaires. • Le budget du Ministère de l’Education, évalué à 11 milliards de dollars, permettra de prendre en charge un grand nombre de ces infrastructures de lecture.
En plus du maillage du territoire national, par un réseau de bibliothèques de lecture publique et d'espaces de lecture, décidé par les instances chargées du livre et de la bibliothèque, des dispositifs d'ordre législatif et institutionnel ont été mis en place tels que: le décret exécutif n°07-275 du 18 septembre 2007 qui fixe le statut et les missions des bibliothèques publiques qui seront chargées de:
mettre les différents fonds documentaires à la disposition des usagers, • mettre les prestations de services de la bibliothèque de lecture publique à la disposition de toutes les catégories sociales, • consacrer un espace adéquat pour les besoins de l’enfant afin de stimuler sa créativité, • offrir un espace pour les études et la préparation des examens, • faciliter le développement des compétences de base pour utiliser l’information et l’informatique, • fournir les moyens permettant l’accès des handicapés à la lecture publique.
De par leurs missions et leur déploiement sur le territoire national, nous sommes convaincus que les bibliothèques publiques seront les lieux les plus propices a la sensibilisation des lecteurs et autres usagers au développement durable. Elles peuvent constituer un moyentrès efficacepour la sensibilisation et l’interpellation des pouvoirs publics quant à la prise en considération de la notion de développement durable dans la gestion et l’élaboration de tous projets les concernant.
4- Une nouvelle conception des bibliothèques dans un contexte de développement durable Face à l’engouement des pouvoirs publics pour les bibliothèques et la lecture publique, et convaincus que les bibliothèques ne peuvent pas rester indéfiniment en dehors de la question environnementale, nous voulons saisir l’occasion pour intervenir, par le biais de cette modeste contribution, pour sensibiliser les pouvoirs publics, les responsables du secteur ainsi que les bibliothécaires, quant à la problématique environnementale et la mise en conformité des futures bibliothèques avec les exigences du développement durable.
4.1 La durabilité dans la construction et l’aménagement des espaces Le volet écologique et le volet économique du développement durable doivent être pris en considération dans la construction des bibliothèques, l’aménagement de l’espace ainsi dans leur gestion qui doit être une gestion éco-responsable.
Pour ce faire, nous pouvons suggérer les recommandations suivantes: • Les matériaux naturels et recyclables doivent être privilégiés dans la construction des bâtiments. • L’économie d’énergie doit être une priorité et pour ce faire, il faudrait assurer une régulation thermique des bâtiments pour éviter les pertes de chaleur et d’énergie.
Dans un pays à fort capital soleil, l’utilisation des énergies renouvelables, telle que l’énergie solaire, est à promouvoir dans la conception des édifices pour lutter contre les émissions des gaz à effet de serre et de ce fait, contre les changements climatiques. Privilégier des espaces verts avec des allées plantées d’arbres pour contribuer à la séquestration du carbone et améliorer la qualité de l’air pour les utilisateurs.
4.2 La formation et la sensibilisation au développement durable Le développement durable doit être pris en considération aussi bien par les gestionnaires que par les utilisateurs des bibliothèques. Les bibliothèques qui sont un lieu de rencontres, d’échanges, de savoir et de diffusion des connaissances, doivent jouer le rôle de courroie de transmission pour la sensibilisation de leur public sur le développement durable. A cet effet, il est nécessaire qu’au départ, les bibliothécaires doivent recevoir une formation spécifique sur le sujet. Ils pourront ainsi entreprendre des actions telles que :
Sensibiliser tous les acteurs, à travers des rencontres entre spécialistes de l’environnement et utilisateurs de la bibliothèque, sur les changements environnementaux globaux: les changements climatiques, la perte de la biodiversité et le processus de dégradation des écosystèmes…, • Informer et former les utilisateurs de la bibliothèque, à travers des présentoirs comportant des ouvrages spécialisés dans le développement durable et des séances de projections de documentaires relatifs aux problèmes environnementaux planétaires.
Développer chez les utilisateurs des bibliothèques des réflexes d’éco-gestion dans le sens du développement durable, tels que l’économie d’énergie, l’utilisation du papierrecyclable, l’économie d’eau, ressource rare qu’il faut préserver. • Inciter à l’utilisation des documents électroniques et limiter les impressions pour économiser le papier, source de déforestation et de changements climatiques. • Promouvoir une gestion des déchets rationnelle, utilisant le recyclage du papier
Montrer que l’entretien et la préservation des lieux de lecture sont autant de gestes à acquérir pour la pérennité des bibliothèques. • Et enfin, • Faire des Bibliobus « les véhicules » du développement durable a travers le pays et dans les grands espaces sahariens.
La bibliothèque d’aujourd’hui ne peut rester en dehors de la problématique du développement durable et doit intégrer les préoccupations environnementales dans son activité et dans son processus décisionnel. En Algérie, les institutions en charge des bibliothèques, doivent travailler en collaboration avec les institutions mises en place dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable que coordonne le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement et ce, pour donner un contenu concret au principe du développement durable dans le pays.