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Pour toi mon amourJe suis allé au marché aux oiseauxEt j'ai acheté des oiseauxPour toiMon amourJe suis allé au marché aux fleursEt j'ai acheté des fleursPour toiMon amourJe suis allé au marché à la ferrailleEt j'ai acheté des chaînesDe lourdes chaînesPour toiMon amourEt je suis allé au marché aux esclavesEt je t'ai cherchéeMais je ne t'ai pas trouvéeMon amourJacques Prevert
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa forceNi sa faiblesse ni son coeur Et quand il croitOuvrir ses bras son ombre est celle d'une croixEt quand il croit serrer son bonheur il le broieSa vie est un étrange et douloureux divorceIl n'y a pas d'amour heureuxSa vie Elle ressemble à ces soldats sans armesQu'on avait habillés pour un autre destinA quoi peut leur servir de se lever matinEux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertainsDites ces mots Ma vie Et retenez vos larmesIl n'y a pas d'amour heureuxMon bel amour mon cher amour ma déchirureJe te porte dans moi comme un oiseau blesséEt ceux-là sans savoir nous regardent passerRépétant après moi les mots que j'ai tressésEt qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent Il n'y a pas d'amour heureuxLe temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tardQue pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unissonCe qu'il faut de malheur pour la moindre chansonCe qu'il faut de regrets pour payer un frissonCe qu'il faut de sanglots pour un air de guitareIl n'y a pas d'amour heureuxIl n'y a pas d'amour qui ne soit à douleurIl n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtriIl n'y a pas d'amour dont on ne soit flétriEt pas plus que de toi l'amour de la patrieIl n'y a pas d'amour qui ne vive de pleursIl n'y a pas d'amour heureuxMais c'est notre amour à tous les deux Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946) Il n'y a pas d'amour heureux
Je vis, je meursJe vis, je meurs : je me brûle et me noie.J'ai chaud extrême en endurant froidure :La vie m'est trop molle et trop dure.J'ai grand ennuis entremêlés de joie :Tout à coup je ris et je larmoie,Et en plaisir maint grief tourment j'endure :Mon bien s'en va, et à jamais il dure :Tout en un coup je sèche et je verdoie.Ainsi Amour inconstamment me mène :Et quand je pense avoir plus de douleur,Sans y penser je me trouve hors de peine.Puis, quand je crois ma joie être certaine,Et être au haut de mon désiré heur,Il me remet en mon premier malheur.Louise LabéSonnets, V111La mer et l'amour
Le Pont Mirabeau Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienneLa joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeureLes mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passeDes éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeureL'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lenteEt comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeurePassent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennentSous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
A une passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit! — Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité? Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais! Charles Baudelaire
Et la mer et l'amour ont la mer pour partageEt la mer est amère, et l'amour est amer.L'on s'abîme en la mer aussi bien qu'en l'amour,Car l'amour et la mer ne sont point sans orage.Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage.Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimerqu'il ne se laisse pas par l'amour emporterCar tous deux ils seraient sans hasard de naufrageLa mer de l'amour eut la mer pour berceau,Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau.Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes... Pierre de Marbeuf
SensationArthur RIMBAUDPar les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiersPicoté par les blés, fouler l'herbe menue:Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.Je laisserai le vent bainger ma tête nue.Je ne parlerai pas, je ne penserai à rien:Mais l'amour infini me montera dans l'âme,Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,Par la nature, - heureux comme avec une femme
A ma maitresse Mignonne, allons voir si la rose Qui se matin avoit déclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las las ses beautez laisse cheoir ! O vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleure ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez mignonne, Tandis que vostre age fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleure la vieillesse Fera ternir vostre beauté. Pierre de Ronsard ("Le Premier Livre des Odes, Ode XVII")
Harmonie du soir. Voici venir les temps où vibrant sur sa tigeChaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;Valse mélancolique et langoureux vertige!Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige;Valse mélancolique et langoureux vertige!Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir!Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,Du passé lumineux recueille tout vestige!Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!Baudelaire, Les fleurs du mal XLIII
Ma mie, de grâce, ne mettonsPas sous la gorge à CupidonSa propre flècheTant d'amoureux l'ont essayéQui, de leur bonheur, ont payéCe sacrilège...R:J'ai l'honneur deNe pas te de-mander ta mainNe gravons pasNos noms au basD'un parcheminLaissons le champs libre à l'oiseauNous seront tous les deux priso-nniers sur paroleAu diable les maîtresses queuxQui attachent les cœurs aux queuesDes casseroles!Vénus se fait vielle souventElle perd son latin devantLa lèchefriteA aucun prix, moi je ne veuxEffeuiller dans le pot-au-feuLa marguerite On leur ôte bien des attraitsEn dévoilant trop les secretsDe MélusineL'encre des billets doux pâlitVite entre les feuillets des li-vres de cuisine.Il peut sembler de tout reposDe mettre à l'ombre, au fond d'un potDe confitureLa jolie pomme défendueMais elle est cuite, elle a perduSon goût "nature"De servante n'ai pas besoinEt du ménage et de ses soinsJe te dispenseQu'en éternelle fiancéeA la dame de mes penséesToujours je pense Georges BrassensLa non-demande en mariage
Les Yeux d'Elsa Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire J'ai vu tous les soleils y venir se mirer S'y jeter à mourir tous les désespérés Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent L'été taille la nue au tablier des anges Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée Sept glaives ont percé le prisme des couleurs Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche Par où se reproduit le miracle des Rois Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois Le manteau de Marie accroché dans la crèche Une bouche suffit au mois de Mai des mots Pour toutes les chansons et pour tous les hélas Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux L'enfant accaparé par les belles images Écarquille les siens moins démesurément Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où Des insectes défont leurs amours violentes Je suis pris au filet des étoiles filantes Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août J'ai retiré ce radium de la pechblende Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu Ô paradis cent fois retrouvé reperdu Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent Moi je voyais briller au-dessus de la mer Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa Louis Aragon Extrait de "Les Yeux d'Elsa"
Dans l'eau de la claire fontaineElle se baignait toute nueUne saute de vent soudaineJeta ses habits dans les nuesEn détresse, elle me fit signePour la vêtir, d'aller chercherDes monceaux de feuilles de vigneFleurs de lis ou fleurs d'orangerAvec des pétales de rosesUn bout de corsage lui fisLa belle n'était pas bien grosseUne seule rose a suffi Avec le pampre de la vigneUn bout de cotillon lui fisMais la belle était si petiteQu'une seule feuille a suffiElle me tendit ses bras, ses lèvresComme pour me remercierJe les pris avec tant de fièvreQu'ell' fut toute déshabilléeLe jeu dut plaire à l'ingénueCar, à la fontaine souventEll' s'alla baigner toute nueEn priant Dieu qu'il fit du ventQu'il fit du vent... Georges Brassens dans l'eau de la claire fontaine
Plaintes d'amoureux Nul hom ne peut souffrir plus de tourmentQue j'ai pour vous, chère dame honorée,Qui chaque jour êtes en ma pensée; Se il vous plaît, je vous dirai comment,Car loin de vous ai vie désespérée:Nul hom ne peut souffrir plus de tourmentQue j'ai pour vous, chère dame honorée, Mais Faux-Rapport vous a dit faussementQue j'aime ailleurs; C'est fausseté prouvée;Je n'aime fors vous, et sachez, belle née,Nul hom ne peut souffrir plus de tourmentQue j'ai pour vous, chère dame honorée,Qui chaque jour êtes en ma pensée; Deschamps
PAUL VERLAINE1844 - 1896 Green Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous. Ne le déchirer pas avec vos deux mains blanches Et qu'à vos yeux l'humble présent soit doux. J'arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue à vos pieds repose Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encore de vos derniers baisers; Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête, Et que je dorme un peu puisque vous reposez
L'amoureuseElle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens, Elle a la forme de mes mains, Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts Et ne me laisse pas dormir. Ses rêves en pleine lumière Font s'évaporer les soleils, Me font rire, pleurer et rire, Parler sans avoir rien à dire. Eluard
DEMAIN, DÈS L'AUBE... - VICTOR HUGO Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombeUn bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats Lequel montait à l'échelle et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle cette clarté sur leur pas Que l'un fut de la chapelle et l'autre s'y dérobât Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Tous les deux étaient fidèles des lèvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle la sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle l'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel a le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gèle lequel préfère les rats Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle deux sanglots font un seul glas Et quand vient l'aube cruelle passent de vie à trépas Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Répétant le nom de celle qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle même couleur même éclat Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas Il coule, il coule, il se mêle à la terre qu'il aima Pour qu'à la saison nouvelle mûrisse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes de Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle le grillon rechantera Dites flûte ou violoncelle le double amour qui brûla L'alouette et l'hirondelle la rose et le réséda Louis Aragon, "La rose et le Réséda"
J'ai tant rêvé de toi J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivantEt de baiser sur cette bouche la naissance De la voix qui m'est chère? J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués En étreignant ton ombreA se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pasAu contour de ton corps, peut-être.Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hanteEt me gouverne depuis des jours et des années,Je deviendrais une ombre sans doute.O balances sentimentales. J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus tempsSans doute que je m'éveille.Je dors debout, le corps exposéA toutes les apparences de la vieEt de l'amour et toi, la seulequi compte aujourd'hui pour moi,Je pourrais moins toucher ton frontEt tes lèvres que les premières lèvreset le premier front venu. J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,Couché avec ton fantômeQu'il ne me reste plus peut-être,Et pourtant, qu'a être fantômeParmi les fantômes et plus ombre Cent fois que l'ombre qui se promèneEt se promènera allègrementSur le cadran solaire de ta vie. Robert Desnos, "Corps et biens".
Romances sans paroles Il pleure dans mon coeurComme il pleut sur la ville;Quelle est cette langueurQui pénètre mon coeur? O bruit doux de la pluiePar terre et sur les toits!Pour un coeur qui s'ennuieO le chant de la pluie! Il pleure sans raisonDans ce coeur qui s'écoeure.Quoi! Nulle trahison?...Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peineDe ne savoir pourquoiSans amour et sans haineMon coeur a tant de peine! Paul Verlaine
Je ne songeais pas à Rose ;Rose au bois vint avec moi ;Nous parlions de quelque chose,Mais je ne sais plus de quoi.J'étais froid comme les marbres ;Je marchais à pas distraits ;Je parlais des fleurs, des arbresSon oeil semblait dire: " Après ? "La rosée offrait ses perles,Le taillis ses parasols ;J'allais ; j'écoutais les merles,Et Rose les rossignols.Moi, seize ans, et l'air morose ;Elle, vingt ; ses yeux brillaient.Les rossignols chantaient RoseEt les merles me sifflaient.Rose, droite sur ses hanches,Leva son beau bras tremblantPour prendre une mûre aux branchesJe ne vis pas son bras blanc. Une eau courait, fraîche et creuse,Sur les mousses de velours ;Et la nature amoureuseDormait dans les grands bois sourds.Rose défit sa chaussure,Et mit, d'un air ingénu,Son petit pied dans l'eau pureJe ne vis pas son pied nu.Je ne savais que lui dire ;Je la suivais dans le bois,La voyant parfois sourireEt soupirer quelquefois.Je ne vis qu'elle était belleQu'en sortant des grands bois sourds." Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.Depuis, j'y pense toujours. Victor HugoVieille chanson du jeune temps
Quand on n'a que l'amourA s'offrir en partageAu jour du grand voyageQu'est notre grand amourQuand on n'a que l'amourMon amour toi et moiPour qu'éclatent de joieChaque heure et chaque jourQuand on n'a que l'amourPour vivre nos promessesSans nulle autre richesseQue d'y croire toujoursQuand on n'a que l'amourPour meubler de merveillesEt couvrir de soleilLa laideur des faubourgsQuand on n'a que l'amourPour unique raisonPour unique chansonEt unique secoursQuand on n'a que l'amourPour habiller matinPauvres et malandrinsDe manteaux de velours Quand on n'a que l'amourA offrir en prièrePour les maux de la terreEn simple troubadourQuand on n'a que l'amourA offrir à ceux-làDont l'unique combatEst de chercher le jourQuand on n'a que l'amourPour tracer un cheminEt forcer le destinA chaque carrefourQuand on n'a que l'amourPour parler aux canonsEt rien qu'une chansonPour convaincre un tambourAlors sans avoir rienQue la force d'aimerNous aurons dans nos mains,Amis le monde entier Jacques BrelQuand on n'a que l'amour
George Sand Lettre de Georges Sand à Alfred de Musset Cher ami,Je suis toute émue de vous dire que j'aibien compris l'autre jour que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votrebaiser et je voudrais bien que ce soit une preuve que je puisse être aiméepar vous. Je suis prête à montrer mon affection toute désintéressée et sans cal-cul, et si vous voulez me voir ainsi vous dévoiler, sans artifice, mon âmetoute nue, daignez me faire visite, nous causerons et en amis franchement je vous prouverai que je suis la femme sincère, capable de vous offrir l'affection la plus profonde, comme la plus étroite amitié, en un mot : la meilleure épouse dont vous puissiez rêver. Puisque votre âme est libre, pensez que l'abandon ou je vis est bien long, bien dur et souvent bien insupportable. Mon chagrin est trop gros. Accourrez bien vite et venez me lefaire oublier. À vous je veux me sou-mettre entièrement.Votre poupée(seconde lecture: lire une ligne sur deux en commençant par "Je suis toute émue") QUAND je mets à vos pieds un éternel hommage, VOULEZ-vous qu'un instant je change de visage ? VOUS avez capturé les sentiments d'un coeur QUE pour vous adorer forma le créateur.JE vous chéris, amour, et ma plume en délireCOUCHE sur le papier ce que je n'ose dire.AVEC soin de mes vers lisez les premiers mots :VOUS saurez quel remède apporter à mes maux. Alfred de Musset CETTE insigne faveur que votre coeur réclame NUIT à ma renommée et répugne à mon âme. George Sand Correspondance amoureuse [02/03/2004][George Sand et Alfred de Musset]
Merci Claire ! Erickdream