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LES PIGEONNIERS DU TARN
Lors d’un séjour chez ma fille à Rabastens, c'est elle qui a attiré mon attention sur les pigeonniers de la région. Elle pensait qu’il pourrait être intéressant d’en faire une présentation. Et c’est vrai que leur diversité est séduisante… Mais il y en a plus de 1700 dans le Tarn! Alors comment choisir? Heureusement, il existe un document très bien fait offert par le Comité Départemental du Tourisme du Tarn et réalisé avec la collaboration de Michel Lucien, auteur des « Pigeonniers en Midi-Pyrénées ». Vingt d’entre eux y sont recensés représentant la diversité de construction. J’ai voulu les rechercher et cela m’a valu de parcourir, en trois visites, plus de 500 km! Tous Les éléments documentaires de cette présentation proviennent de ce petit fascicule particulièrement bien réalisé.
Le Tarn est un département du Sud-ouest de la France, dans la région Midi-Pyrénées. TARN
On retrouvera ici les principaux types de pigeonniers : • Pied de Mulet ou Toulousain • Sur Piliers • Sur Arcades • Tour cylindrique • Tour Carrée • Tour Polygonale • - Porche • Tour intégrée à l’habitation.
Ce schéma pris sur le document du Comité départemental du Tourisme du Tarn permettra de mieux identifier les différentes composantes des pigeonniers. J’ajouterai que la partie principale est appelée la caisse.
On peut se demander pourquoi tant de pigeonniers dans le Tarn. Il semble que la raison principale soit la présence de nombreuses plaines céréalières et de vignes dans l’ouest du département, là où on les retrouve le plus fréquemment… Dans le Tarn, ils présentent quelques variantes dues principalement à la forme de leur toiture : le type « Gaillacois » avec une toiture haute à deux angles de pente, généralement appelée « Queue de vache », le « Castrais » avec clocheton sur caisse en bois, le Saint-Sulpice ou Albigeois avec quatre pentes mais presque plates.
A MILHARS, ce pigeonnier est intégré à une maison d’habitation, elle-même partie de l’enceinte du château. A cause de sa situation on pense que ce fut d’abord une tour de guet. La circulation des pigeons se fait par une lucarne carrée avec plage d’envol et par cinq petits orifices également carrés répartis un peu plus bas.
Bien rénové en 2004, ce pigeonnier sur piliers possède un toit à quatre pentes, recouvert de tuiles canal tandis que le lanternon qui le surmonte est recouvert de tuiles plates. Il est situé en contrebas de l’église du village de LABASTIDE DE LEVIS..
A ANDILLAC, ce pigeonnier de belle pierre calcaire blanche est représentatif du modèle « Gaillacois » avec toiture haute à quatre pentes, bordée d’une génoise. A noter, les pigeons de céramique qui le surmontent.
Ce pigeonnier de LE VERDIER est un bel exemple de ceux sur piliers. Ceux-ci sont constitués de six cylindres en calcaire superposés, terminés par un large capel et un chapiteau. La caisse à colombages est faite de pans de bois et de briquettes plates. L’envol des pigeons se fait par deux lucarnes fermées par des plaques percées d’orifices ronds.
A GAILLAC, ce pigeonnier est situé dans la cour du Musée d’histoire Naturelle et, à l’heure tardive où je suis passée, je n’ai pu m’en approcher. C’est une tour carrée construite de briques foraines typiques de la région. La toiture à quatre pentes, presque plate, est de type « Saint-Sulpice » recouverte de tuiles « canal ».
Malgré de longues recherches, ce pigeonnier de BRENS, je ne l’ai tout simplement pas trouvé… Je le regrettais car il est très particulier, avec des allures de petit château baroque! Vases, urnes, girouettes, épi à boules superposées en sont l’ornement. Restauré en 2008, il a été construit en 1848. Sa grille d’envol est formée de 16 orifices carrés en briquette du pays.
C’est dans la petite ville de LISLE SUR TARN que l’on retrouve celui-ci dominant un lavoir qui cache, malheureusement, sa base. Les briques foraines de sa construction sont en grande partie masquées par un crépi. On ne voit pas les piliers avec hautes arcades mais on peut remarquer trois randières dont celle du centre en carreaux de céramique. La lucarne de façade sert au passage des pigeons.
A maintes reprises, passant par LAVAUR, j’avais remarqué ce que je prenais pour une échauguette… En pleine ville, cette poivrière est construite en angle du toit avec des briques traditionnelles du Sud-ouest. L’épi de faîtage, sur une toiture hexagonale, est constitué d’un pigeon qui se dresse fièrement sur une carafe. Au-dessus de l’une des deux randières, une pierre carrée est percée de quatre orifices pour la circulation des pigeons. En encorbellement, la base du pigeonnier est construite en pierre de taille.
Ce pigeonnier de GRAULHET, construit sur piliers de grès est de type « Pied de Mulet ».Construit avec des briques foraines et couvert de tuiles « canal »,il possède une contremarche en bois percée de trous pour l’envol. La partie à colombages est faite de pans de bois en croisillons et de briquettes du pays. Sept épis en forme de quille dominent le faîtage dont l’un supporte un pigeon.
Situé dans un jardin à proximité de la maison de retraite de MONTDRAGON, ce pigeonnier est construit en belles pierres taillées de couleur ocre. Il est supporté par des piliers très massifs avec « capel et chapiteau » et son corps est en « Pied de Mulet ». En façade, la grille d’envol est constituée d’une pierre monolithique.
Ce pigeonnier de LOMBERS est réalisé en pierre de taille avec de belles pierres d’angle. Il est soutenu par de larges arcades. Sa toiture « pyramidale » est recouverte d’ardoises.
C’est un pigeonnier à « Double Tours » que l’on retrouve à LAUTREC et il encadre une grange. De type « sur arcades », il est bâti en pierre de taille. Les randières en saillie servent de plages d’envol. Les toitures à quatre pentes, couvertes en tuiles plates, sont surmontées d’un lanternon avec épi de faîtage à pigeon sur boule.
Celui-ci, à ST-PAUL CAP DE JOUX, je l’aime particulièrement… Il repose sur des piliers très massifs ornés des traditionnels « capels et chapiteaux ». Les croisillons de bois des colombages sont très élégants et tranchent sur les briquettes. La toiture à quatre pentes est recouverte de tuiles plates mais avec des arêtiers en tuile canal. Son lanternon est prolongé par une lucarne allongée.
Sur terrain privé, ce pigeonnier de PUYLAURENS ne peut être approché. Heureusement que les arbres avaient déjà perdu leurs feuilles. Cela a permis d’admirer ce très beau clocheton qui le surmonte et qui est recouvert d’ardoises en « écailles de poisson ».L’envol des pigeons se fait à la base de ce clocheton.
Restauré par des compagnons bâtisseurs, le pigeonnier de LEMPAULT constitue le type « castral » par excellence. Très élégant, il repose sur des piliers de faible hauteur. Les pans de bois en croisillons ne se retrouvent que sur trois faces. Le toit à quatre pentes est recouvert d’ardoises en «écailles de poisson » et il est surmonté d’un clocheton orné d’une grille d’envol. L ’épi de faîtage représente un pigeon sur une boule.
Ce pigeonnier de FREJEVILLE, j’ai eu une certaine difficulté à le trouver : j’avais l’impression d’être au bout du chemin, aboutissant dans une cour de ferme. Mais un charmant monsieur questionné m’a autorisée à pénétrer dans sa cour, contourner des bâtiments pour le voir, un peu plus loin, en plein champ. Il est en forme de « tour ronde » Il n’en existe que quatre du genre dans le Tarn. La toiture de type « castral » est recouverte d’ardoises disposées en « écailles de poisson ». L’épi de faîtage qui la surmonte montre un beau pigeon sur une boule.
Ce pigeonnier de SAÏX offre la grande particularité de posséder huit piliers. Un escalier sous la caisse permet d’accéder à l’intérieur. Son clocheton est plutôt court. Il est surmonté, lui aussi, d’un pigeon sur quille vernissée à base carrée.
Celui de PUECH AURIOL est construit sur un terrain privé. J’ai commencé par le photographier du petit chemin. puis j’ai croisé son propriétaire qui m’a gentiment invitée à pénétrer dans son jardin.
Octogonal, il est recouvert d’une toiture d’ardoises, terminée par une croix. En façade, une porte et une fenêtre ogivales. Au-dessus, se trouve une plaque à trois trous sur un rebord en demi-lune en grès. Sur les autres côtés un trou sur la randière à trois briques. PUECH AURIOL 1852
Parmi les pigeonniers identifiés sur le document touristique du Tarn, l’un d’eux était situé à Albi et il m’a été impossible de le trouver… Par ailleurs, comme le dernier était situé à l’autre extrémité du département, le seul qui ne soit pas dans la partie ouest, et comme c’était sur ma route lors de mon retour, j’ai décidé de le chercher à ce moment-là. L’adresse était imprécise et j’ai commencé par découvrir un très joli château. Je ne résiste pas à l’envie de le montrer… Le pigeonnier, lui, était construit en arrière mais comme c’était privé, je ne pouvais le voir. J’ai cherché et fini par trouver la minuscule voie indiquée sur le feuillet mais pas signalée au croisement avec la route! Là encore, j’ai eu de la chance que les arbres aient perdu leurs feuilles en contrebas. Avec le château, cela constituait un ravissant tableau.
De forme circulaire, ce pigeonnier de SAUVETERRE est bâti avec différentes sortes de pierre de taille, de couleur ocre et grise. La randière qui le ceinture est constituée de plaques d’ardoise. La toiture trapue est conique.
A Sauveterre se termine la tournée proposée par le Comité départemental du Tourisme du Tarn. Toutefois, en parcourant les petites routes, j’ai eu l’occasion d’en voir bien d’autres dont certains très beaux. Plusieurs ont été restaurés pour servir de pièces d’habitation. Sans m’attarder sur leur architecture, je vais vous en proposer quelques-uns.
Celui-ci à toiture à quatre pentes, couverte de tuiles plates est bien intégré à l’ensemble des constructions.
Surmonté d’une toiture à quatre pentes, recouverte avec des tuiles plates. A l’extrémité de l’habitation, de type « pied de mulet », il a été restauré pour être habité.
Ces deux pigeonniers ci-dessous sont habitables. Ils sont situés non loin de SAURS. Ci-dessus, celui-ci a été transformé en porche d’entrée de l’habitation.
A COUFFOULEUX, pigeonnier de type « pied de mulet » avec quatre épis de faîtage.
A SAURS , ces deux pigeonniers de type « Pied de Mulet », l’un sur huit piliers et l’autre sur arcades.
A SAINT-MARTIN D’AMOUR, ce très beau pigeonnier rebâti dans un jardin : piliers, caisse à colombages avec pans de bois en croisillons et briquettes, toiture à quatre pentes, recouverte de tuiles plates, clocheton tapissé d’ardoises en «écailles de poisson ».
Non loin de GAILLAC, ce pigeonnier avec randières en carreaux de céramique.
A RABASTENS, ce pigeonnier restauré par la localité, est bien situé dans un petit jardin public.
Il est intéressant de savoir que le droit au Colombier ou Pigeonnier fut parfois fortement réglementé. Dans le Nord, longtemps il fut l’exclusivité des grands propriétaires terriens, qu’ils soient Seigneurs ou Abbayes. Il fallait posséder un minimum de 50 arpents de terre soit 25 ha). Cependant, dans le Sud, dès 1682, Simon d’Olive, Conseiller au Parlement de Toulouse, avait décrété qu’il était « convenable qu’il soit permis à tout le monde de bâtir un pigeonnier ». Cela explique leur grande présence dans toute la région autour de Toulouse. Ils étaient appréciés à la fois pour la colombine, la fiente des pigeons, indispensable pour les cultures et pour la possibilité d’avoir en grande quantité une viande très tendre.
Pour terminer, à CORDES SUR CIEL, ce pigeonnier de type « pied de mulet » restauré par des amis. Ci-dessus, on le voit avant et ci-contre, après sa restauration, le rendant habitable. Lors des travaux, une autre porte a été découverte à l’arrière et les techniques de construction utilisées laissent supposer que sa base fut construite au XIIIe siècle. En-dessous, un réservoir d’eau.
Musique : Seguido de congos – Musique de nos terroirs (Aquitaine) Documentation : Document du Comité Départemental du Tourisme du Tarn Photos, conception et réalisation : M.J. Farizy-Chaussé Novembre 2010 marijo855@gmail.com