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L’Autre: un ennemi?. Etude de cas Abdelkader 1807-1883 Hugues FRANCOIS Lycée J.F Champollion Lattes. Photographie par Mayer & Pierson post 1860. Un homme en tenue traditionnelle, l’émir Abdelkader sur une photographie postérieure à 1860
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Etude de cas Abdelkader 1807-1883 Hugues FRANCOISLycée J.F Champollion Lattes
Un homme en tenue traditionnelle, l’émir Abdelkader sur une photographie postérieure à 1860 • Un homme décoré du grand cordon de l’ordre de la Légion d’Honneur • L’adversaire le plus acharné des français lors de la conquête de l’Algérie qui ne se rendit qu’en 1847: un vaincu • Un homme qui arbore la plus haute distinction française, reconnaissance de mérites éminents aux yeux de ceux qui la remettent: un ami de la France
Photographie d’Etienne Cargat (1828-1906) • Différent • Ennemi • Prisonnier • Ami? Dans les avatars de l'émir peut-on trouver quelques outils pour appréhender l’autre?
Abdelkader: l’autre, ennemi a vaincre « Mais nous sommes des guerriers Dans tous les combats nous avons abreuvé les lames blanches de nos sabres au sang des ennemis, et nos lances brunes ont attisé les feux de la lutte. Rappelez-vous, Français, comme nous avons chargé à Khanq-en-Nit’ha, tel des braves défendant leur étendard. Que de têtes, ce jour là, mon sabre a tranché tandis que ma lance semait des blessures mortelles!(…) Baïonnette à la main, un adversaire m’affronta Je tenais à la main un pistolet dont le feu aurait pu rôtir un bélier. A ma vue il comprit qu’il allait mourir et voulut s’enfuir. Je l’abattis d’un coup de sabre. Je chargeai contre les ennemis comme un Hachémite et ils burent le breuvage de la mort pour avoir suivi la fausse route (…) Nous sommes les fils de la guerre sans cesse renouvelée C’est une joie pour nous lorsqu’elle se lève, alors que nos ennemis hurlent de désespoir » Poème épique d’Abdelkader, 1832, traduction Bruno Etienne
« Les habitants des régions de Mascara, des deux Ghéris, celui de l’est et celui de l’ouest, leurs voisins et alliés, les Beni Sokran, les Beni Abbas, les Yacoubia, les Beni Amer et les Beni Mahajer et d’autres encore non dénommés sont unanimement convenus de me confier l’autorité suprême de notre pays; en s’engageant à me suivre dans la victoire comme dans la défaite, dans l’adversité comme dans la prospérité et à consacrer leur personne, leurs fils et leurs biens à une cause qui est grande et juste. En conséquence, et bien que je m’en sois énergiquement défendu, j’ai accepté d’assumer cette lourde tâche, dans l’espoir de pouvoir être le moyen d’unir la communauté des musulmans, d’éteindre leurs querelles intestines et d’apporter une sécurité générale à tous les habitants de ce pays, de mettre fin à tous les actes illégaux perpétrés par les fauteurs de désordre contre les honnêtes gens, de refouler et de battre l’ennemi qui envahit notre territoire dans le dessein de nous imposer son joug » Déclaration d’investiture d’Abdelkader 21 novembre 1832 traduction B.Etienne
L’homme est jeune, tout juste 24 ou 25 ans puisque les débats sont toujours ouverts sur sa date de naissance • C’est un guerrier qui s’exprime, un cavalier, un semeur de mort, • L’adversaire est désigné, collectif ou individuel, chef de troupe ou au corps à corps l’émir se bat • C’est un chef politique les tribus se sont fédérées sous son nom et il entend assumer pleinement son pouvoir dans le cadre d’une guerre sainte, le jihad est proclamé. Comment un homme si jeune a-t-il pu accéder à de si hautes fonctions?
L’auteur se présente dans le respect des usages traditionnels Une généalogie qui se déploie dans toute son ampleur et qui montre qu’Abdelkader est un descendant du Prophète. Une légitimité essentielle pour prétendre à l’exercice du pouvoir Un pouvoir d’essence spirituelle car Abdelkader est un homme de Dieu tout autant qu’un guerrier Abdelkader: lettre aux français 1858 Réédition 2007 Phébus Libretto
Kitâb sahîh muslim (« livre [ du recueil ]authentique de Muslim » ] Recueil des traditions relatives au Prophète Manuscrits arabes de la bibliothèque du duc d’Aumale provenant de la Smala d’Abdelkader Reproduit dans « Abdelkader et l’Algérie au XIXème siècle » , catalogue de l’exposition du musée Condé, 2003
« J’avais l’intention d’établir à Tagdempt [sa capitale fixe] une vaste bibliothèque mais Dieu ne m’en a pas donné le temps. Les livres que j’avais destinés à en former le commencement étaient dans ma Smala lorsque le fils du roi s’en est emparé. Aussi ce fut une douleur ajoutée à mes douleurs de suivre votre colonne reprenant le chemin de Médéa, à la trace des feuilles arrachées aux livres qui m’avaient coûté tant de peine à réunir » Abdelkader source: « L’émir Abd el-Kader », Alger, ministère de l’information et de la culture, 1974, p61 37 volumes manuscrits sont conservés à la bibliothèque du château de Chantilly. Ils forment un ensemble contenant les textes de base de l’Islam, le Coran ainsi que les traditions relatives au Prophète, des textes théologiques mais aussi des textes mystiques et des ouvrages de droit. Il y a aussi des ouvrages traitant de la langue arabe mais aussi de poésie et un recueil scientifique contenant 6 essais scientifiques sur la définition de l’heure. Cet ensemble devait constituer le noyau de la bibliothèque publique de l’émir, base de données nécessaires à la bonne administration de l’état qu’il a tenté de constituer mais aussi instrument de la réflexion d’un intellectuel et d’un savant
Un fils de famille noble maraboutique, la « noblesse de chapelet » • Une formation intellectuelle poussée orchestrée par son père Mahi Ad-Din, mort en 1833,qui dirigeait une zâwiya, confrérie soufie, renommée près de Mascara; Abdelkader lui succède à la tête des Qadiriyya, son éducation l’y a préparé. • Une approche rigoureuse et mystique de l’Islam au sein d’une confrérie fondée au douzième siècle par Ibn-Arabi lui-même d’origine andalouse et mort à Damas en 1240. Lors de son premier pèlerinage en Orient (1828-1830) Abdelkader se fait initier dans la confrérie orientale des Naqshbandiyya. Abdelkader est un guerrier mais surtout un maître spirituel, un soufi, un savant musulman face à des chrétiens, un homme au regard toujours tourné vers l’est source de l’Islam. Il est d’une autre culture, d’une autre tradition, d’une autre religion. En 1832 il est reconnu comme Calife et Sultan par les tribus même s’il ne prend que le titre d’émir. Que retenir de 15 ans de combat?
« La guerre avait duré depuis près de six ans et on peut se demander qui faut-il admirer davantage ou de mes intrépides et infatigables soldats ou l’homme qui tient tête à une armée de cent six mille hommes, glisse entre nos colonnes, frappe les tribus sur mes derrières, sur mes flancs, nous échappe au moment précis où il semble que l’on a qu’à étendre la main pour le saisir, lasse nos troupes par de continuelles escarmouches et, fidèle à une invincible tactique, s’attache à les réduire en détail, autant par l’épuisement que par le feu » Texte écrit a posteriori par le maréchal Bugeaud nommé Gouverneur Général de l’Algérie le 22 février 1841 et responsable d’une contre guérilla systématique. « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux arabes! Tuer tous les hommes jusqu’à 15 ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs; en un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens (…) » Extrait d’une lettre écrite par Montagnac, jeune officier, à la tête des « voltigeurs de la mort » Deux documents extraits de « Abdelkader », Bruno Etienne, hachette pluriel
Une guerre qui alterne des phases de combat et des phases d’accalmie avec les traités de 1834 et 1837 pendant lesquelles l’émir entreprend de réorganiser les territoires placés sous son autorité entre le centre de l’Algérie actuelle et la frontière marocaine et ce malgré des difficultés récurrentes avec les tribus. • Le traité de la Tafna est rompu, suite à l’expédition des « portes de fer » menée par les français. En février 1841, Bugeaud est nommé Gouverneur Général avec pour mission de mener à bien la conquête totale. Ses moyens sont sans cesse accrus. Des atrocités sont commises comme les « enfumades » du colonel Pélissier, un millier d’hommes asphyxiés dans les grottes du Dhara auxquelles répond le massacre des prisonniers français détenus par les hommes de l’Emir.
Dans le temps même où elle se déroule la campagne d’Algérie fait l’objet d’une mise en image. Chargé de la tâche le peintre Horace Vernet (1789-1863) gloire de la peinture française et peintre officiel de la monarchie orléaniste. C’est à lui que le roi confie la décoration de ce qui allait devenir la « salle de la Smala » dans le prolongement de la « Galerie des Batailles » du château de Versailles transformé en musée. Après l’épopée militaire du premier empire, il importe de monter que le régime né de la révolution de 1830 apporte aussi sa pierre à la grandeur nationale et de rendre un hommage appuyé à l’armée que la paix en Europe laisse inoccupée et qui trouve en Algérie contre l’émir Abdelkader un nouveau théâtre d’opération Ces images témoignent elles aussi d’un regard porté sur l’adversaire? Peut on en identifier les principales caractéristiques?
Bugeaud Horace VERNET (1789, 1863)Combat de la Sickak.(6 juillet 1836).1840peinture à l'huile sur toileH 200 cm, L 153 cm La charge de cavalerie Les combattants arabes: une résistance vaine et désespérée, ils sont à pieds
La marche inexorable de l’infanterie française Horace VERNET (1789, 1863)Combat de la Somah.(24 novembre 1836).1840peinture à l'huile sur toileH 200 cm, L 153 cm Le cavalier dressé Le cavalier effondré L’impossible résistance des cavaliers arabes
La charge triomphale Le repli dans les forets, la guérilla par avance perdue Le duc d’Orléans prince royal Horace VERNET (1789, 1863) Combat de l'Habrah. (3 décembre 1835). 1840 peinture à l'huile sur toile H 512 cm, L 713 cm
Trois images à l’organisation identique même si elle est inversée rendant à la fois hommage aux chefs et aux simples soldats, à la cavalerie et à l’infanterie dans une action commune • Une symétrie qui voit s’opposer l’ordre français au désordre arabe et annonce la victoire inéluctable du premier dans un dynamique à laquelle ne manque ni le bruit, ni la fumée, ni la fumée. C’est là le talent du peintre de bataille • A la lisibilité des uniformes et la cohérence des actions menées s’oppose l’anarchie des comportements, le folklore des costumes traditionnels, l’outrance des expressions. Tout oppose les adversaires. La discipline s’oppose à la prouesse vaine. Deux univers et deux époques qui se font face.
Horace Vernet , la prise de la smala d’Abdelkader, 1844,salon de 1845 23 mètres de long sur 5 mètres de haut, musée national du château de Versailles, salle de la Smala, commande du roi Louis Philippe. C’est la pièce maitresse de l’ensemble
« Il apprit bientôt que la smala était la capitale mobile de l’empire nomade d’Abdelkader; qu’elle consistait en une agglomération de plus de quarante mille personnes; qu’elle renfermait tout ce que l’émir avait de plus précieux, sa famille, ses archives, ses ateliers de réparations, ses provisions de guerre, ses troupeaux, enfin tous les instruments de sa puissance. Il la défendait avec ses réguliers, l’escortait avec eux, et en avait confié la surveillance à son ami le plus sur, le plus fidèle, son calife, Mustapha ben Thami. Ce fut la première fois que l’armée d’Afrique entendit parler de la smala. Yusuf comprit immédiatement l’importance de cette révélation et alla en faire part au prince » Général BARRAIL, compagnon d’armes du duc d’Aumale, extrait de « Abdelkader et l’Algérie au XIXème siècle », Somogy 2003
'Vue panoramique de la smala d'Abd-el-Kader installée à Taguin et attaquée par les troupes du duc d'Aumale le 16 mai 1843 » (année 1847) de Siméon Jean Antoine Fort
Composition et installation de la smala d’Abdelkader Archives du musée Condé, commandement de Médéa, 1842-1843 « Quand j’avais planté ma tente, chacun savait la place qu’il devait occuper. Autour de moi j’avais trois ou quatre cents soldats de mon infanterie régulière et la cavalerie des Hachem d’Ighris qui m’était particulièrement dévouée. Ce n’étais pas une petite affaire que d’arriver à moi: non que je prisse des mesures pour ma sécurité personnelle. Je sentais que j’étais nécessaire pour accomplir l’œuvre de Dieu et je me fiais à lui pour fortifier et prolonger le bras qui portait Sa bannière » Abelkader, cité dans Bruno Etienne, Abdelkader, 2003
La tente d’Abdelkader est au centre du camp comme au centre du monde • Chef d’une confrérie d’initiés soufis il a aussi conçu son campement comme une ville mobile, conciliant nomadisme et sédentarité • Cette ville de tentes peut se lire aussi comme la référence à une cosmogonie organisée autour du maitre de la confrérie, détenteur du pouvoir mais aussi du Verbe et donc connaisseur du sens caché des textes sacrés (Cf. Bruno Etienne: Abdelkader) • Un ordre existe bien, loin des représentations d’Horace Vernet et du savoir des conquérants, mais cet ordre est autre. • Le 16 mai 1843 les troupes du duc d’Aumale trouvent enfin la smala et s’en emparent en l’absence de l’émir
La déferlante de la cavalerie française dans la partie gauche du tableau, conçu comme un panorama Toujours l’ordre et la discipline de l’armée française
Le duc d’Aumale, fils de Louis Philippe Le désordre et la fuite d’un campement surpris où ne manquent pas les détails exotiques
Dans les désordres du camp, le peintre met en œuvre des dévoilement et donne à voir à l’amateur de peinture d’histoire les charmes de l’autre… De quoi alimenter les fascinations et les fantasmes de l’orientalisme ou l’autre comme objet exotique et sexuel, le repos du guerrier?
La prise de la smala marque le début de la fin pour Abdelkader • Il ne peut plus imposer son autorité aux tribus qui se soumettent face à la pression constante des armées françaises • Il se réfugie régulièrement au Maroc d’où il lance des raids et tente vainement de soulever la Kabylie en 1846 • Les marocains, défaits à la bataille d’Isly en 1841, et contraints par Bugeaud, maréchal en 1843, à ne plus le soutenir, deviennent aussi une menace pour lui. • Il est contraint à la reddition le 23 décembre 1847. L’ennemi est vaincu mais quel ennemi?
Augustin Régis (1813-1880) Reddition d’Abdelkader le 24 décembre 1847 0.41x 0.56, Chantilly, musée Condé Abdelkader remet son sabre, son pistolet et son cheval: « Je vous offre ce cheval pour qui j’avais une affection particulière, c’est le dernier que j’ai monté et je dois maintenant m’en séparer. J’espère qu’il vous mènera vers le bonheur… » cité dans Abdelkader, Bruno Etienne. Ce tableau met en place les éléments d’une iconographie de la soumission magnifique qui s’appuie sur les références les plus classiques. La reddition d’Abdelkader s’inscrit dans une geste chevaleresque dont la grandeur rejaillit sur les vainqueurs 23 décembre 1847 Abdelkader se rend au général de Lamoricière à condition d’être envoyé librement à Saint-Jean d’Acre ou à Alexandrie, en terre musulmane. L’accord est ratifié par le duc d’Aumale, gouverneur général de l’Algérie depuis le mois d’octobre en remplacement du maréchal Bugeaud, sous réserve de l’accord du roi et du gouvernement,. D’Aumale demande à l’émir de revenir se rendre le lendemain en amenant son cheval. Abdelkader, émir vaincu Aumale, Prince du sang La jument de l’émir remise au vainqueur Les vaincus Les vainqueurs Le jardin de la place de Mers El-Kébir
Aumale, Prince du sang Une reddition folklorisée, la structure de l’image est toujours binaire, les éléments faisant couleur locale sont ajoutés et doivent beaucoup à Horace Vernet, ordre et désordre s ’opposent encore mais les éléments fondamentaux sont là: Abdelkader s’incline, son cheval aussi, le sabre du vaincu est au centre de l’image PELLERIN (imprimeur, éditeur) Epinal 2e quart 19e siècle Paris ; musée national des Arts et Traditions Populaires
Abd el-Kader raconté dans le journal Tintin en 1951 La dernière vignette de la série de neuf Reddition d’Abdelkader source et date indeterminées
HP.Motte 1886 • De 1847 à 1951,les mêmes éléments sont présents et servent de signes codés quelle que soit la nature de l’image. L’ennemi se soumet de la même façon et l’abandon volontaire du cheval et du sabre s’inscrivent dans une tradition de la mise en scène de la défaite. Abdelkader vaincu s’inscrit dans une longue lignée de représentations. • Si Abdelkader est représenté de la même manière que Vercingétorix, l’Algérie devient une forme de guerre des Gaules inversée, Paris une nouvelle Rome est peut ainsi se déployer la rhétorique de la mission civilisatrice: l’autre peut-il devenir un semblable dans une sorte de courbure de l’espace temps? • Si la continuité de la représentation d’Abdelkader est perceptible, qu’en est il de Jules César?
D’Aumale Bugeaud Lamoricière Bugeaud Le duc d’Aumale disparait pour être remplacé par Bugeaud, ce qui est inexact et par Lamoricière qui reçut Abdelkader mais fit appeler le duc d’Aumale, Gouverneur Général. Il y a donc des ambigüités qui font apparaitre les discontinuités françaises. Cinq images Trois personnes
Henri-Eugène-Philippe d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), par Franz Xavier Winterhalter (Versailles) Prince de la maison de France et quatrième fils du roi régnant.
Louis-Philippe et ses fils à cheval devant la grille du château de Versailles, par Horace Vernet (1846 - Versailles) La volonté d’insérer la dynastie dans le passé (Versailles), de préparer l’avenir (les princes) mais aussi de monter sa grandeur au présent (l’aventure algérienne), un régime qui veut se montrer solide…sous le pinceau de son peintre officiel.
Mais un régime balayé par la révolution de 1848. La famille royale est frappé d’exil. Le duc d’Aumale demeure hors de France, principalement en Angleterre de 1848 à 1871. A Ton Tour Bonjour Philippe! Bonjour Abdelkader! Eh bien! Eh bien! Nous nous rencontrons justement comme le firent Charles X et le Dey d’Alger en 1830. C’est vrai!
Président du conseil général de l’Oise Député à l’assemblée Membre de l’académie française Réintégré dans l’armée en février 1872 Relevé de ses fonctions en 1874 par le ministère Ferry Victime de l’interdiction faite aux princes d’exercer des mandats électifs Rayé des cadres de l’armée Expulsé de France suite à la loi du 22 juin 1886 Il fait don à la France de ses collections et du château de Chantilly, se rallie à la république mais n’est autorisé à revenir qu’en 1889 Il meurt en 1897
« Abdelkader vient me faire ses adieux. Je ne puis cacher l’émotion que me font éprouver la dignité et la simplicité de cet homme qui a joué un si grand rôle et qui a essuyé un si grand revers. Pas une plainte! Pas un mot de regret! Il n’a eu de paroles que pour me recommander ceux qui l’avaient servi, pour m’assurer qu’il ne songerait plus qu’au repos » Lettre du duc d’Aumale au roi, 25 décembre 1847 L’autre n’est plus un ennemi c’est un vaincu mais un vaincu qui impressionne ses propres vainqueurs. Alors que les vainqueurs sont sur le point d’être emportés par la révolution de 1848, Abdelkader est transféré en France avec sa famille.
Il fut prêtre et chevalier, chef spirituel et politique. C’est un combattant qui apparait comme un homme d’honneur aux yeux de ses vainqueurs. Sa légitimité d’émir est dynastique, religieuse, il occupe le sommet d’une hiérarchie clairement établie. Peut-on y voir le représentant quasi parfait d’une société d’ordre et de fonctions, d’une aristocratie militaire et religieuse à la fois? Arabe, musulman et émir, il est le parfait chevalier, l’idéal de noblesse auquel des membres de la famille royale française, puisant aussi ses racines dans l’ancien Régime, peuvent quelque part s’identifier. Par là, il cesse d’être autre et devient la figure d’un même idéal: le mythe de l’orient comme image du paradis perdu et un Abdelkader reconstruit par l’imaginaire et la culture des français, quand ils sont princes en particulier
Portrait de l'émir Abd el-Kader, vers 1864-1866, par Stanislaw Chlebowski (1835-1884). Ce tableau est la dernière acquisition du duc d’Aumale, le 1er avril 1897, quelques semaines avant sa mort. Il a toutefois fait effacer le cordon de la légion d’honneur que portait l’émir. « Ah! Non! Pas ça, il a fait tuer trop de mes soldats, sans parler de massacres de prisonniers qui sentaient le barbare » Henri d’Aumale
Carte postale représentant la Salle "Abd-el-Kader" au musée Condé avec la tente de l'émir Extérieur en toile de lin ou coton gris-belge ; intérieur avec bandes verticales de tissu alternativement rouges, vertes, jaunes, en toile de laine. Liens d'attache ; socles de bois à l'intérieur pour permettre le montage. 19eme siècle Chantilly, Musée Condé
Abdelkader: l’autre, prisonnier exemplaire Toulon, fort Lamalgue (décembre 47- avril 48), Pau, château royal : 29 avril au 3 novembre 1848 Amboise, château royal: 8 novembre 1848 au 11 décembre 1852 Contrairement aux engagements pris Abdelkader est transféré puis détenu en France avec sa famille et sa suite pendant presque 5 ans. Pour l’essentiel à Amboise. Quelle image de lui voit-on se construire pendant cette période?
"Votre commissaire [Émile Ollivier] est venu me voir. Il m'a informé que les Français, d'un seul accord, avaient aboli la royauté et décrété que leur pays serait désormais une république. Je me suis réjoui de cette nouvelle car j'ai lu dans les livres que cette forme de gouvernement a pour but de déraciner l'injustice et d'empêcher le fort de faire violence au faible. Vous êtes des hommes généreux et vous désirez le bien de tous; vos actes sont supposés être dictés par l'esprit de justice. Dieu vous a désignés pour être les protecteurs des malheureux et des affligés. Je vous tiens, par conséquent, pour mes protecteurs naturels. Ecartez le voile de la douleur qu'on a jeté sur moi. Je demande justice de vos mains. [...] Je me suis rendu de ma propre volonté libre Certains d'entre vous peuvent s'imaginer que, regrettant la solution que j'ai prise, je nourris encore l'intention de retourner en Algérie. Cela ne sera jamais. Je peux maintenant être compté parmi les morts. Mon seul désir est d'être autorisé d'aller à La Mecque et à Médine, pour y prier et adorer le Dieu Tout-Puissant jusqu'à ce qu'Il me rappelle à Lui." Lettre d'Abd el-Kader au gouvernement français, mars 1848 Une revendication constante de sa part: le respect des engagements de 1847 Une affirmation réitérée: l’Algérie appartient au passé
Abd el-Kader au Fort Lamalgue, par Pierre Letuaire Pierre Schlumberger, portrait d'Abd-el-Kader d'après nature dessiné durant sa détention à Pau 1848, Pau, musée national du château « En quittant Pau, je laisse un morceau de mon cœur ». Abdelkader
Entre Pau et Amboise l’embarquement à Bordeaux StanislasGORIN Embarquement d'Abd-El-Kader à Bordeaux , Bordeaux ; musée des beaux-arts
Portraits de l'Emir Abdelkader exécutés pendant sa détention au château d'Amboise en 1852 Miniatures de Maxime David (1798-1870) 1852 0.210m X 0.150m 0.265m X 0.115m 0.140m X 0.110m
Portrait d’Abdelkader Ange Tissier 1852