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Cours: Changement Social hiver 2005-2006 salle M1160 Dr. Simone Baglioni. Les racismes: théories et pratiques Cours du 1er décembre 2005. De l’ethnie ou de la construction socio-politique d’une classification d’individus. Cours d’aujourd'hui se base sur:
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Cours:Changement Socialhiver 2005-2006salle M1160Dr. Simone Baglioni Les racismes: théories et pratiques Cours du 1er décembre 2005
De l’ethnie ou de la construction socio-politique d’une classification d’individus Cours d’aujourd'hui se base sur: Amselle, Jean-loup et Elikia M’bokolo (sous la direction de), 1985, Au cœur de l’ethnie. Ethnies, tribalisme et état en Afrique, Paris, La Découverte
Base du racisme: classification des personnes, création des catégories d’individus dans un rapport de domination • Peut-on parler de la même logique de construction sociale d’une catégorie lorsque nous nous référons au concept d’ethnie?
Terme ethnie (du grec ethnos: peuple, nation): apparition récente dans la langue française (1896), pourtant le mot nation existait déjà, donc quel besoin de créer une spécification de ce genre à appliquer aux peuples amérindiens, africains, asiatiques?
Besoin de classer à part certaines sociétés en leur déniant une qualité spécifique • Qualité qui les rendait dissemblables et inférieures à nos propres sociétés
Définitions d’ethnie (anthropologie) • Mercier (1961): groupe fermé, descendant d’un ancêtre commun ou plus généralement ayant une même origine, possédant une culture homogène et parlant une langue commune, c’est également une unité d’ordre politique; • Nicolas (1973): une ethnie, à l’origine c’est avant tout un ensemble social relativement clos et durable, enraciné dans un passé de caractère plus ou moins mythique. Ce groupe a un nom, des coutumes, des valeurs, généralement une langue, propres. Il s’affirme comme différent de ses voisins
Certain nombre de critères communs émerge des différentes définitions: la langue, un espace, des coutumes, des valeurs, un nom, une même descendance et la conscience qu’ont les acteurs sociaux d’appartenir à un même groupe • Proximité de la notion d’E. avec celle de race et avec celle de Etat-nation
Dénominateur commun de toutes ces définitions de l’ethnie correspond en définitive à un Etat-nation a caractère territorial au rabais (Amselle 1985: 19)
Distinguer en abaissant était la préoccupation de la pensée coloniale • Trois formes: • Création ex-nihilo de l’ethnie • Transposition sémantique d’ethnonymes utilisés avant la colonisation à des contextes nouveaux • Transformation d’unités politiques ou des toponymes précoloniaux en ethnies
Mouvement de déconstruction de la notion d’ethnie, point de départ les travaux de Nadel (1942-pub.1971) sur les Nupe du Nigeria: unité culturelle plus vaste de l’unité tribale, organisation sociale et politique des Nupe communes à des nombreux groupes sociaux d’Afrique occidentale…même religion…etc…
Imbrication des réalités locales dans des ensembles de plus en plus vastes, porosité des frontières-limites…. • Donc: il n’existait rien qui ressemblât à une ethnie pendant la période précoloniale • Ethnies= fruits de la volonté du colonisateur de territorialiser le continent africain • Découpage d’entités ‘ethniques’ réappropriées ensuite par les populations (voir cas Rwanda-Burundi)
Dans quels cadres s’organisaient donc les acteurs sociaux avant la colonisation? • Primauté des relations intersociétales: espace international (Copans 1978), chaînes de société (Amselle 1977): sociétés locales intégrées dans des formes générales englobantes • Chaque société locale=réseau de relations
Espaces sociaux qui structurent le continent africain à l’époque précoloniale: • Espaces d’échanges • Espaces étatiques, politiques et guerriers • Espaces culturels et religieux
Existence des termes connotant appartenance ou identité spécifique même dans l’Afrique pré-coloniale • Mais ethnonyme reste un signifiant flottant, son utilisation est de nature performative • Légitime de se revendiquer une telle identité mais contestable considérer ce mode d’identification comme existant depuis l’éternité • Ethnonyme peut recevoir une multitude de sens en fonction des époques, lieux, situations….
Création des groupes différents dans ces espaces: sociétés englobantes Vs sociétés englobées. • Plus tard, appelées à se situer par rapport à des espaces nouveaux (espace étatique colonial et postcolonial) les ethnonymes seront repris par les agents locaux qui en feront un instrument idéologique de détermination sociale
L’exemple des hutu et tutsi au Rwanda et au Burundi • Classifications des populations africaines: modèle typique des représentations des autres (voir première séance de ce cours) • Existence des différences entre populations africaines justifiée en termes religieux mais aussi en terme de ‘étrangeté (popul. Plus évoluées aux yeux occidentaux réputées provenir de l’Asie)
1863: explorateur Speke: populations de la régions des grands lacs raffinées et organisées ascendance éthiopienne des pasteurs bahima (aristocraties pastorales), peuple à part, quasi ‘asiatique’ • Voyageurs suivants inspirés par Speke: tutsi=chevaliers brigands d’un empire disparu, nomades, capables d’assujettir une tribu d’agriculteurs sédentaires hutu • Consolidations dans les décennies suivants de l’imagé crée par Speke
Rapport de classes opposant agriculteurs et éleveurs transformé par la suite en enjeu de pouvoir: enjeu entre ‘races’, entre groupes supérieurs Vs groupes inférieurs (chefs Tutsi Vs masses Hutu) • Existence masse éleveurs-agriculteurs Tutsi n’occupant pas des rôles dirigeants méconnue (ou volonté de la méconnaître)
Rwanda: dynastie tutsi conquête militaire depuis XVII s., fait disparaître pouvoir hutu • Burundi: dynastie Baganwa joue rôle d’arbitrage entre grands lignages tutsi et hutu • Mais: politique coloniale assume le Rwanda comme modèle (fusion administrative): triomphe d’une ‘saine hiérarchie des races’ (aux yeux des Belges) • Féodalisation, politique de races, ségrégation culturelle (accès écoles réservé aux tutsi devenu une ‘race’ et une ‘noblesse’) • Eglise joue un rôle crucial dans la cristallisation de ces rôles
Réappropriation des identités ‘ethniques’ par les populations mêmes, dans la période de la décolonisation • Interprétation ‘ethnique’ des conflits politiques-sociaux dans la régions dans la deuxième moitié du 1900