Patrick CHARRIER, Docteur en Psychologie Psya, Paris, Rennes

1. CCN 66 / Commission Nationale Paritaire Technique de Prévoyance Du commerce éthiquable entre enjeux stratégiques et gestion humaine de la ressource dans le secteur médico-social Patrick CHARRIER, Docteur en Psychologie Psya, Paris, Rennes

2. PSYA

3. Propos liminaires

4. Question de départ Toute chose n’étant jamais égale par ailleurs, existe-t-il une spécificité du champ psychosocial pour le secteur sanitaire et social ?

5. Sur la question de départ « toutes choses n’étant jamais égales par ailleurs … » laisse entendre que le champ de la santé mentale, plus que tout autre, est dépendant d’un contexte sociétal et politique qui en circonscrit les contours. L’avènement des troubles anxio-dépressifs dans le monde du travail, et dans le monde occidental de façon plus générale, doit en être une illustration

6. Des risques Psychosociaux ? Première conjecture : a priori, les risques psychosociaux n’existent pas. Deuxième conjecture : comme tout objet de la science, pour exister, le concept a besoin d’un territoire. Celui du risque psychosocial est juridique.

7. Des risques Psychosociaux ? Avant de se poser la question de ce que révèlent les risques psychosociaux d’une relation spécifique du salarié avec son travail, son entreprise, il est plutôt intéressant de s’intéresser à ce que cette notion masque ou atténue.

8. Du politique ! Il y a une réalité psychosociale qu’aucune méthodologie d’évaluation du risque ne saurait recouvrir, cette réalité est politique. C’est précisément dans le discours politique que s’autorise toute prise en compte de la santé mentale au travail. Ailleurs elle risque de n’être qu’instrument d’une pensée partisane.

9. De l’évaluation ! En soi, l’évaluation en elle-même est moins importante que la manière dont on va l’inscrire dans un projet politique raisonné et durable autour de la santé au travail. Sur l’idéal de scientificité : Un mauvais outil bien utilisé sera plus efficace qu’un bon outil mal utilisé. En elle-même l’évaluation n’a pas de sens sauf à reposer sur ses deux piliers : la santé comme objectif d’une part et le dialogue social comme moyen d’autre part

10. De l’éthique ! Détachée de la morale (une certaine idée normée du bien et du mal) et de la déontologie (une certaine idée de mon métier et de ses limites) les risques psychosociaux sont d’abord une éthique. Les risques psychosociaux questionnent la manière dont chacun va fixer les limites en deçà et au-delà desquelles : • le métier prend sens dans une vision claire de l’utilité à l’exercer, • Je perçois les conditions (objectifs) de qualité dans lesquelles on me demande d’exercer

11. Des RPS dans le champ sanitaire et social Le secteur, « riche » de contraintes nouvelles, est à un carrefour de son existence qui lui impose d’absorber des contraintes nouvelles : • tout en maintenant la clarté du discours politique, et • tout en maintenant une exigence éthique de haut niveau. Troisième conjecture : Dans l’ensemble des transactions tactiques et stratégiques dans le secteur sanitaire et social, le commerce éthiquable qu’un établissement entretient avec ses salariés est garant de la réussite du processus de changement.

12. Quelques exemples • Inscrire l’exigence de qualité de vie au travail dans les axes directeurs RH ou stratégiques • Valoriser une posture du type : « prendre soin des soignants pour garantir la qualité du soin » • Sensibiliser / former en priorité les directions et encadrants afin de « donner l’exemple » et autoriser un changement de posture • Faire de la justice organisationnelle une boussole managériale dans l’accompagnement du changement • …

13. RPS et secteur sanitaire et social

14. Les facteurs de risque Psychosociaux : Illustrations et projections dans le secteur sanitaire et social • Exigences émotionnelles … + éléments de profil

15. Prévenir ou guérir ?

16. Quel niveau d’action pour quel niveau de problème ? Observation : Parce que dans le secteur, le discours politique n’a pas été toujours construit à la hauteur de l’importance qu’il revêt, aujourd’hui bon nombre de structures vivent les changements de façon « violente », déstabilisant l’organisation en place (mettant en lumière la non organisation ! ) et nécessitant une intervention plus globale.

17. Vignette clinique Fiche de l’établissement : IME qui a vu le jour il y a 40 ans. 50 ETP. Un seul directeur pendant 35 ans avec une gestion très patriarcale qui évitait toute remise en question des pratiques internes Départ du directeur il y a 5 ans Reprise en main par le siège avec impulsion d’une stratégie globale de changement pour épouser les contraintes venues de l’ARS notamment

18. Signes et symptômes • Actes de maltraitance signalés il y a 4 ans • Constat régulier de familles qui retirent leur enfant de l’établissement (l’éthique et la qualité de la prise en charge ne sont plus managés ) • Plaintes à la médecine et l’inspection du travail pour stress • Taux de rotation important • Résistances au changement et à l’autorité • Succession de 3 équipes de Direction en 5 ans • Pas de discours politique clair sur l’institution, les métiers et la qualité de vie au travail (démission du politique, le pouvoir est pris par les référents métiers : c’est une organisation endogamique)

19. Actions décidées • Un audit organisationnel décidé par le siège : manque de clarté, il a été récupéré par les salariés comme un témoignage à décharge sur la maltraitance : pas d’arbitrage ni de décision claire • Un audit des RPS qui ne s’est aucunement installé dans les discours politiques mais qui a permis de voiler les enjeux intestins et historiques de l’établissement. La prévention primaire, là, n’est pas le meilleur instrument de réussite.

20. Ce qui a été fait ! Mise en place des groupes

21. Pour conclure ! Davantage qu’une contrainte légale, davantage qu’une caution morale aux nécessaires changements stratégiques du secteur, davantage encore que le prétexte à un conflit social / syndical, la problématique psychosociale est un levier stratégique d’une organisation. Penser avec et au travers le prisme psychosocial, cela consiste à faire de la santé ou de la qualité de vie au travail un moyen de fidéliser, motiver et professionnaliser nos salariés. le commerce éthicable en est le garde-fou.

22. Merci de votre attention !!!