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Les femmes face à l’austérité 12eme congrès de l’USS 15 et 16 novembre 2013. Esther Jeffers Université Paris 8 CS ATTAC, CA Economistes atterrés esther.jeffers@univ-paris8.fr. Acte I : tout est fait pour nous culpabiliser et faire passer des mesures d’austérité
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Les femmes face à l’austérité 12eme congrès de l’USS15 et 16 novembre 2013 Esther Jeffers Université Paris 8 CS ATTAC, CA Economistes atterrés esther.jeffers@univ-paris8.fr
Acte I : tout est fait pour nous culpabiliser et faire passer des mesures d’austérité Pour trouver un remède il faut commencer par faire un bon diagnostic !
Évolution des dépenses (totales et hors intérêts) et recettes de l’État en % du PIBSource : http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/documents/etudes2010/19.pdf
Et la Suisse ? • En Suisse, comme ailleurs en Europe, et dans le monde, la tendance est à la baisse de l’imposition des bénéfices des sociétés. Les taux en Suisse se situent déjà nettement en-dessous de la moyenne européenne. • Actuellement la troisième réforme de la fiscalité des entreprises promet de nouvelles baisses, alors que la deuxième réforme est entrée en vigueur en 2011 seulement.
Baisse des recettes accentuée depuis les années 2000sans augmentation notable des dépenses de l’État (en % du PIB)Source : INSEE (Comptes nationaux de l’Etat)
Taux de marge et taux d‘investissement USA + Europe + Japon (en % du PIB) 1960-2011
Acte II : L’austérité généralisée et ses conséquences…
« Les responsables politiques doivent corriger les déficits excessifs et dégager des budgets équilibrés au cours des années à venir, en déterminant et en mettant en œuvre les mesures d’ajustement nécessaires » • « Les réformes du marché du travail doivent s’attacher à éliminer les rigidités et à accentuer la flexibilité des salaires. Les réformes des marchés de produits doivent viser à leur ouverture complète à une concurrence accrue» Editorial du Bulletin de la Banque centrale européenne (décembre 2011)
Les conseils du FMI en 2011et ses prévisions … « une baisse des dépenses publiques de 10 milliards d’euros ne devait diminuer le PIB que de 5 milliards »…
L’austérité renforce la récession • Pacte budgétaire enfonce la zone euro dans la crise (procédure de déficit excessif oblige le pays « fautif » à s’engager dans une politique de restriction budgétaire) • Le statut de la BCE n’est pas modifié : elle ne prête pas aux États : ce seront toujours les marchés financiers, par contre elle prête aux banques… sans contrepartie exigée • Les mêmes mécanismes qui ont mené à la crise sont perpétués : titrisation, effet de levier, CDS, garantie publique, liquidités aux banques sans conditions
Situation en Grèce Au mois de novembre 2012 : Le taux de chômage dans le pays est de 27% de la population active. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est de 61,7%.
l’Espagne • Le taux de chômage atteint aujourd’hui 26% et 56% chez les jeunes. • Le chef du gouvernement a affirmé avoir éviter “le naufrage” en ramenant le déficit public à moins de 7% du PIB en 2012 • La dette a augmenté : 68% du PIB en 2011, 85% en 2012 et devrait grimper à 90% en 2013 Risque de désintégration politique et sociale.
Portugal • 4 plans d'austérité • Bilan des 4 plans d'austérité : • Récession : recul de 3,4% du PIB en 2012.Poursuite de la récession en 2013 (-1,6%) • Taux de chômage record : 16%40% chez les jeunes ! • Hausse de la dette : 120% du PIB en 2012 contre 108% en 2011.
les mesures d’austérité, il y en a pour tout le monde personne n’y échappera soyez en certains
L’austérité n’est pas la solution ! Pour réduire le ratio déficit/PIB, il faudrait que les deux variables soient indépendantes. Or, selon L’OFCE, quand les dépenses publiques baissent de 10 milliards, le PIB se contracte de 16 milliards. Non seulement le PIB ne reste pas inchangé quand les dépenses publiques baissent, mais il diminue même plus vite que les dépenses budgétaires => plus on réduit les dépenses, plus le ratio déficit/PIB augmente
“Les prévisionnistes du FMI ont nettement sous-estimé l’augmentation du chômage et la baisse de la demande intérieure associée à l’assainissement budgétaire”. Le 4/1/2013 http://www.imf.org/external/pubs/cat/longres.aspx?sk=40200.0
Acte III : des attaques sur tous les fronts Conséquences de la crise : • Augmentation de la pauvreté • Développement de la précarité • Chômage et sous emploi • Erosion du pouvoir d’achat, salaires, Casser le « modèle social européen » • Attaques contre le droit du travail • Contre les retraites et la protection sociale
L’impact sur les femmes Le rapport de l'expert indépendant auprès de l'ONU, M. CephasLumina, "Les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur les droits économiques, sociaux et culturels" http://daccess-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N12/461/55/PDF/N1246155.pdf?OpenElement « Les femmes sont affectées de manière disproportionnée par la dette et les conditionnalités qui y sont liées ; la dette et les politiques de réforme économique ont, dans bien des cas, contribué significativement à l’appauvrissement et à la marginalisation des femmes, rendant les services sociaux de base encore plus inaccessibles pour elles, renforçant ainsi les inégalités de genre et contribuant à la féminisation de la pauvreté. Le présent rapport met en lumière le fait que la plupart des pauvres de la planète – soit 6 personnes sur 10 – sont des femmes et que ce facteur, combiné à l’exclusion habituelle des femmes des processus de prise de décisions à tous les niveaux, renforce leur vulnérabilité face aux effets négatifs des politiques décrites précédemment et aux conditions introduites par leur adoption »
La crise aggrave la position des femmes La crise « ne fait qu’aggraver la position traditionnellement défavorisée des femmes » Rapport de la CSI « Vivre dans l'insécurité économique : les femmes et le travail précaire » mars 2011. http://www.ituc-csi.org/IMG/pdf/Women_8_march_FR.pdf
le rapport du Parlement européen sur les répercussions de la crise économique sur l'égalité des genres (déc. 2012) «Les femmes subissent une précarisation plus importante de leurs conditions de travail, une baisse significative de leurs revenus (…), l'essor du travail à temps partiel subi, la multiplication des emplois précaires ou à durée déterminée au détriment des emplois plus stables ». Il rappelle que « les coupes dans les budgets publics auront pour effet d'accroître les inégalités entre hommes et femmes, le chômage des femmes, majoritaires dans le secteur public et principales bénéficiaires des politiques sociales, et par conséquent, d'accroître encore la féminisation de la pauvreté ».
L’austérité frappe prioritairement les plus précaires • Les femmes sont majoritaires parmi les plus pauvres • Elles sont davantage exposées : • au chômage • au sous emploi • aux bas salaires • Elles sont moins couvertes par les systèmes de protection sociale • Elles sont, en période de récession, de plus en plus confrontées à des discriminations multiples qui accentuent leur vulnérabilité
Évolution du taux de chômage des hommes et des femmes en FranceConstruit à partir des tableaux INSEE
Emplois non qualifiés, exemple de la France • En 2010, on compte en particulier plus de 95 % de femmes dans trois métiers peu qualifiés de services aux particuliers (assistantes maternelles, aides à domicile, employées de maison) et plus de 70 % parmi les agents d’entretien (catégorie qui emploie le plus de femmes : 870 000 salariées) et les employés du commerce. • L’emploi non-qualifié est de plus en plus féminisé : il est occupé à 62 % par des femmes aujourd’hui • Si, il y a vingt ans, la population non qualifiée était surtout ouvrière, masculine et industrielle, aujourd’hui elle est en grande partie employée, féminine et tertiaire.
Temps partiel en France • Entre 1975 et 2008, sur les 3 831 000 emplois créés, les deux tiers l’ont été à temps partiel et ils ont très majoritairement concerné les femmes (près de 70 %) • Près d’une femme salariée sur trois travaille à temps partiel • les femmes sont cinq fois plus souvent à temps partiel que les hommes • Plus de 8 salariés à temps partiel sur 10 sont des femmes (et plus de 9 sur 10 dans la grande distribution)
Et en Suisse ? • 58% des femmes qui exercent une activité professionnelle ont un emploi à temps partiel, contre seulement 14% des hommes. • Les petits temps partiels sont nettement plus fréquents chez les femmes que les hommes: parmi les personnes actives occupées, une femme sur quatre et un homme sur vingt ont un taux d’occupation inférieur à 50%. • Depuis 1991, les temps partiels de 50% - 89% ont progressé dans la population active aussi bien chez les femmes que chez les hommes.
Les risques de précarité sont multifactoriels • Ils trouvent leur origine dans le fondement culturel du rôle assigné aux femmes dans la société y compris au regard de l’emploi(le chômage des hommes est "plus grave" que celui des femmes !) • La surreprésentation féminine dans certains métiers considérés comme correspondant à des qualités « naturelles et innées chez elles », aussi peu reconnues dans la vie professionnelle que dans la sphère familiale, constitue une illustration manifeste de cette précarité cumulative.
Travail et enfants, le dilemme des femmes suisses • S’il y a des enfants dans le ménage, la femme réduit le plus souvent son taux d’occupation ou renonce (temporairement) à exercer toute activité professionnelle ( faible taux d’occupation - de 50% lorsqu’elles élèvent de jeunes enfants. • En Suisse, le modèle le plus fréquent au sein des couples avec enfant(s) est celui où le père a un emploi à plein temps et la mère un temps partiel. • Les mères élevant seules leurs enfants, comparées à celles vivant en couple, sont proportionnellement plus nombreuses à exercer une activité professionnelle et à avoir un taux d’occupation plus élevé.
Travail domestique • la progression de la participation des femmes au marché du travail ne se traduit pas par un partage plus égalitaire des activités domestiques entre les sexes. • En France, le travail domestique continue d’incomber majoritairement (64 % des heures) aux femmes • En Suisse, parmi les femmes vivant dans un ménage avec enfants de moins de 15 ans, trois sur quatre assument l’essentiel de la responsabilité du travail domestique.
Augmentation de la pauvreté En moyenne, dans l’Union européenne le taux de pauvreté est de 16,4 % Il est plus élevé pour les femmes (17 %) que pour les hommes (15,7 %)
Taux de pauvreté dans l’Union européenne en 2009Source : CESE
En France En 2010, 8,6 millions de personnes, 4,7 millions de femmes et 3,9 millions d’hommes, avaient un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté estimé à 60 % du revenu médian. Ce seuil correspondait la même année à 964 euros mensuels pour une personne seule. La moitié des personnes concernées vivent avec moins de 781 euros par mois. Source : Étude du Conseil économique, social et environnemental « Femmes et précarité », 28 février 2013 http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Etudes/2013/2013_09_femmes_precarite.pdf
En Suisse La proportion de personnes ayant un bas salaire – moins de 3986 francs bruts par mois en 2010 pour 40 heures hebdomadaires – varie fortement selon le sexe: sept sur dix sont des femmes. Le taux de pauvreté de la population résidante permanente dans les ménages privés était en 2010 de 7,9%. Environ une personne sur treize vit dans la pauvreté. Les femmes sont plus souvent concernées que les hommes.
Parmi les pauvres, les travailleuses… • Dans la catégorie des travailleurs pauvres, en 2010, on trouve 70 % de femmes exerçant un emploi leur procurant un revenu inférieur à 964 euros mensuels. • Les femmes sont par ailleurs majoritaires parmi les allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) dont elles représentent 57 % des bénéficiaires en 2010. • Au sein de cette population, la proportion de celles qui sont à la tête d’une famille monoparentale est significative : 31 %.
Les réductions budgétaires • Démantèlement progressif de l’État social • Retour en force du rôle traditionnel des femmes dans la famille, au détriment de l’égalité, ce qui se constate en Grèce ou en Espagne • Fait récent, en France les femmes et les enfants viennent grossir le rang des sans-abris • Les droits des femmes sont menacés et régressent lorsque les maternités et les centres d’IVG ferment. En France, la restructuration de l’hôpital, initiée avant même le début de la crise, et l’instauration de la tarification à l’activité (qui classifie les actes en fonction de leur rentabilité) aboutissent à la fermeture de nombreuses maternités et centres IVG, ce qui constitue de fait une restriction du droit à l’avortement. • La régression vient aussi de la baisse des subventions aux associations et structures d’aide aux femmes victimes de violence
La baisse des dépenses publiques • Coupes dans les services publics et dans les prestations sociales • Baisses d’effectifs et de rémunérations dans le secteur public • Les femmes doublement touchées : • en tant qu’employées, car elles sont majoritaires dans le secteur public • en tant qu’usagères de ces services, car du fait des baisses des prestations sociales et familiales, des coupures budgétaires dans des services essentiels tels que l’accueil d’enfants (crèches), ou les services sociaux et de santé, ou les soins aux personnes, les femmes sont contraintes d’assurer tout ce qui n’est plus pris en charge par la collectivité Leur travail dans la sphère privée augmente, au détriment de leur travail rémunéré et donc de leur autonomie.
Attaques contre le droit du travail Exemple de l’ANI en France : • Les mesures en faveur des directions d'entreprises portent des coups sévères au droit du travail. • Il réduit considérablement les droits et les possibilités de contestation et de recours à la justice des salariés et de leurs représentants. • Il va, au contraire, aggraver la précarité du travail. • Il ne réduit pas les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes
Attaques contre le système des retraites • Les mesures sur les retraites viennent compléter la panoplie du parfait plan d’austérité • Privatisation des pensions, favorisée par le retrait de l’État social, et à un renforcement du lien entre montant des cotisations versées et montant de la pension • En France, la pension moyenne des femmes, tout compris, ne représente que 62% de celle des hommes, alors que leur salaire moyen représente 80% de celui des hommesDrees, chiffres de 2004. • Age de départ en retraite des femmes et baisse des pensions
L’austérité n’est pas inéluctable, d’autres solutions existent ! • Mise au pas de la finance et sa mise au service de la société et non l’inverse • Annulation de la dette publique illégitime • Mettre fin au dumping fiscal • Supprimer le secret bancaire et en finir avec les paradis fiscaux • Réalisation d’un programme d’investissement public indispensable à la transition écologique et à la satisfaction des nombreux besoins non satisfaits (logements, accueil de la petite enfance, crèches, écoles, éducation, universités, recherche, hôpitaux, service d’aide aux personnes dépendantes, …)
L’austérité n’est pas inéluctable, d’autres solutions existent ! • Réduction du temps de travail avec maintien des salaires • Défense des systèmes de retraite • Mobilisations aux niveau européen • Face à l’austérité qui mine les sociétés en Europe, face au risque de fatalisme suscité par le manque de foi dans un projet alternatif, une de nos tâches les plus urgentes soit d’insuffler au mouvement social l’esprit du féminisme