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Les groupes sociaux MAJ 05/01/2010. Pr. JM Dutrénit 2008. Avertissement. Ce cours a été conçu pour servir le programme du DUT « Carrières Sociales » module « M228 Le groupe et ses enjeux ». Mais il peut aussi servir à tout enseignement de Sociologie sur les groupes sociaux.
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Les groupes sociauxMAJ 05/01/2010 Pr. JM Dutrénit 2008
Avertissement • Ce cours a été conçu pour servir le programme du DUT « Carrières Sociales » module « M228 Le groupe et ses enjeux ». • Mais il peut aussi servir à tout enseignement de Sociologie sur les groupes sociaux
Le comportement humainjoue sur de nombreuses scènes, comme un voyageur qui traverse les paysages -et les transforme - avec son cerveau de 100 milliards de neurones. Les groupes sociaux sont une partie de ces paysages
Sommaire • I - Des connaissances atomisées • Typologie des groupes, définitions, propriétés • la réciprocité • normalisation / recherche de consensus • conflit socio-cognitif • coopération intergroupe • logique de l’action collective • La fausse notion de conscience collective • II - Une théorie intégrée des groupes • Evolution & éthique • Identité et comportement de groupe • Le badging • Groupes et neurosciences • Migration, dialectes, identités groupales • L’éducation à Lagan College • Nouvelle politique éducative • Nouvelle morale • Conclusion • Exercice corrigé • Références bibliographiques
Typologie, définitions, propriétés • Groupe primaire • Groupe secondaire • La réciprocité base des groupes • Groupe de référence • Groupe de rejet
Un groupe n’est pas… • Une foule • Une classe sociale • Une CSP/PCS • …Mais des groupes peuvent en émerger (intérêts latents..)
Deux critères définissent un groupe (Merton 1950) • Interactions directes ou indirectes entre les membres, obéissant à des règles préétablies • Conscience d’une appartenance commune. Les membres se définissent eux-mêmes et sont définis comme membres par les autres
Groupe primaireC.H. Cooley 1909 • Ex : famille, amis intimes • Petite taille, face à face, rapports interpersonnels dominants, identification forte des individus au collectif, sympathie, coopération et aide mutuelle, compétition et loyauté • Premières expériences de la vie sociale • Le groupe ne se modifie que par décès/naissance des membres • Universel (existe ds ttes les civilisations) • Fonctionnement informel : approbation/réprobation
Groupe secondaire C.H. Cooley 1909 • Syndicats, partis politiques, syndics divers, Assoc diverses, JC et ses disciples, Marx, Engels et la 1ere internationale, Hitler 1930, de Gaulle et 3 ou 4 personnes en juin 1940, le club cycliste d’à côté • Grande taille, bases utilitaires et superficielles • Formalisme : règles écrites (statuts, CA, Conseils de discipline, droits et devoirs, Contributions/ Rétributions, etc..) • N’engage pas la totalité de la personnalité
Groupe de référence • Souvent extérieur aux groupes d’appartenance du sujet • F° comparative • +ht/+bas que mes voisins. • Frustration relative face à ceux qui montent, • sauf en pays de l’Est émergents (Senik 2005) • F° normative (MolièreLe Bourgeois Gentilhomme, Perrin Dandin) • F° socialisationpar anticipation • le technicien élève ingénieur se réfère aux ingénieurs qu’il connaît • La Résistance 1939-45 référence pour les opprimés du nazisme, le Djihad référence pour certains musulmans de nos jours, etc...
Groupe de rejet • Employés des commerces de luxe, attirés/ rejetés par la clientèle. (relation proche et distante, frustrante pour l’employé). • En banlieue, le désir de maison individuelle est majoritaire chez les habitants qui sont dans des CSP minoritaires de la cité… Ce désir est minoritaire chez ceux qui sont dans les CSP majoritaires de la cité (Dutrénit & Haumont 1969)
La réciprocité fait & défait les groupes • Positive = construit les groupes, alliances, etc • Négative = défait les groupes mais crée des sous groupes Ex. les scissions politiques • Restreinte intra groupe / Généralisée intergroupe (mariage sociétés tribales/ sociétés modernes) • L’homme est sans doute pré-câblé pour la coopération (dopamine quand elle réussit. Damasio 2003)
La Réciprocité comme base des groupes (Mauss 1920, Lévi-Strauss 1950, Shalins 1970…)
Compléments au schéma (J-M. Dutrénit, 2002 chap 2) • La réciprocité est l’étalon implicite d’évaluation des interactions • Chaque individu l’utilise, comme chaque responsable de groupe ou de nation • Quand un individu ou un groupe s’écarte trop de la réciprocité positive (nazisme, dictatures, criminels, délinquants, parents ou conjoints abusifs, etc.) , il est combattu jusqu’à rétablissement de relations équilibrées.
La normalisation dans les groupes • Point lumineux dans l’obscurité / comparse => normalisation des opinions (Shérif 1965) • En 1945 les unités de la Wermarchtrecomposées à l’arrière en 3 mois résistent aux Alliés, non celles qui ont été renvoyées immédiatement au front. (Stouffer & al. 1949)
La normalisation dans les groupes(suite) • Le petit groupe discutant est 2 fois plus efficace que l’information individuelle ou collective pour modifier les comporte-ments alimentaires (Lewin 1965 Graphe p. sq.) • Les Kamikazes (japonais, djihadistes...) aux éthiques différentes, sont formés par un long parcours initiatique sur leur légitimité restreinte (droit de tuer, etc..)
Donner huile de foie de morue aux nourrissons :% de mères se conformant à une décision de groupe versus un conseil individuel(Lewin 1965)
Le conflit socio cognitif créateur d’intelligence (Doise 1980) • Les performances scolaires des enfants de CM2 sont meilleures lorsqu’ils se trouvent dans des classes mélangeant les origines sociales
La coopération intergrouperapproche et intègre (Johnson D-W. et al. 1981-86) Modalités de fonctionnements de groupe en ordre croissant d’effet intégrateur (mesuré sur relations d’entraide et inter genres et apprentissage) • la compétition interindividuelle • la compétition intergroupe • la coopération interindividuelle • la coopération intergroupe (ex : les différentes équipes faisant chacune une partie d’un projet commun. Industrie, spectacles, fête locale, etc.) • Compétition => plaisir aux gagnants • Coopération => dopamine pour tous
MAIS autre logique de l’action collective dès lors que les groupes dépassent 20 pers (Olson 1980) • Olson démontre que chaque individu a intérêt objectif à éviter de participer à l’obtention de biens collectifs (grèves, mouvements divers…) • Sauf si la rétribution est individualisée(syndicats français / étrangers; Am Medical Association assurant défense et recours en cas de procès par un client)
Les groupes et les cultures sont des réservoirs d’idées variables • Les individus adoptent ou refusent ce qui est loin d’eux avec une grande liberté • « Conscience de groupe » et « conscience collective » ne sont que des majorités relatives et passagères. Elles ne suffisent jamais pour expliquer des conduites ou des décisions. L’individu est essentiel (Socrate, Galilée, Keppler, Marx, Einstein, De Gaulle, Terroristes, Pasteur, etc…)
Les groupes sont des tramways. On descend quand on estime être arrivé à destination • Intérêt collectif et intérêt individuel sont concurrents. • Leur synthèse existe à condition d’entraîner les participants dans des circuits de réciprocité positive • Nombreuses divergences présentes dans une même culture et dans un même groupe primaire ou secondaire
IIUne théorie intégrée des groupes (d’après Colin Irwin, Belfast University, 1993)
Evolution & éthique • L’altruisme animal (oiseaux, insectes ouvriers/reines, ) est répandu en biologie • Lions, loups, hyènes chassent en coopération (bon rendement) : l’altruisme est favorisé. • La faiblesse physique individuelle des hommes les a conduits à une moralede la coopération(Lovejoy 1981), c’est-à-dire de la réciprocité.
« la moralité aurait donc une valeur biologique adaptative comme toute adaptation (yeux, mains, dents) sans statut spécial. Elle serait innée MAIS limitée aux proches. »(Irwin 1993)
En somme il y a une hypothèse évolutionniste de l’éthique (Ruse 1993) • Des éthiques adaptées surprenantes & variées.Chez les Inuits : euthanasie & infanticide mais la personne est sacrée. • H. Spencer, O. Wilson : l’évolution est progressive • Morale humaine = produit de ce processus, réflexivement connecté à l’identité des individus & des groupes • Devoir probable de prolongation du processus
Identité et comportement I – ENDOGAMIE TRIBALE UNIVERSELLE Chez les 600 tribus de 250 à 750 personnes, dispersées sur le continent australien, les préférences de mariage par ordre décroissant sont (Tindale, 1974) : • 1/ Entre cousins dans la famille • 2/ Intra clan ou horde • 3/ Intra tribu • 4/ Intra groupe de 5 ou 6 tribus • 5/ Zéro mariage au delà. (absence de migration) La parenté est forte entre les membres des 47 villages Yanomama d’Am. Du Sud (Spielman & al. 1977)
Identité et comportement (suite) II – EVOLUTION DES COMPORTEMENTS • Le sacrifice-privation du donneur augmente avec la proximité génétique du receveur MAIS AUSSI du rapport coût/avantage du don pour le donneur (Hamilton 1964) III - SOCIETES EN TRANSITION • La reconnaissance de la proximité parentale, impossible à cause du nombre est remplacée par des marqueurs divers (costume, langue, dialecte, religion, etc..) (Baker & Cunningham 1985) • La différence linguistique et génétique est corrélée avec la coopération intra groupe et avec indifférence ou hostilité inter-groupes (Irwin 1987 Esquimos Netsilingmiut, Bakunda Rwanda, 2006)
Le badging (ou marquage) (Irwin 1993) • Les émotions positives et négatives sont encartées dans le cerveau. Quand les badges qui les caractérisent se présentent à nouveau, nous répondons souvent en fonction du souvenir qu’elles nous ont laissé. (Damasio 2003). • Les cérémonies d’initiation dans les différentes cultures ont lieu au début de la puberté, avant le mariage (renforcement du groupe, au moment de la perte de 40% des synapses) • Les enfants acquièrent patriotisme, sociocentrisme et nationalisme entre 8 & 12 ans (Piaget & Weil 1951) • Sur 780 guerres de 1820 à 1952, la propension à se battre augmente avec les différences de langage, religion, race & style de culture (Wilkinson 1980)
Groupes et neurosciences • Charité et Coopération produisent dopamine(Damasio 2003) • Le siège du relai éthique disparaît par traumatisme cérébral ou chirurgie (Damasio 2003) • La prise de pouvoir stimule à la fois dopamine et testostérone (IRS Canada 2006)
Migration, dialectes, identités groupales • L’accent se modifie facilement avant la puberté, difficilement ensuite (Irwin, Canada 1986) • Spence Bay nouvelle ville Gd Nord canadien a été peuplée en 1960 par 2 tribus sans alliance entre elles et de religion différentes (anglicans & catholiques). • Les enfants ont fréquenté la même école. • Résultats = 1/ nouveau dialecte issu des 2 anciens 2/fréquents mariages inter tribaux
L’éducation mixte à Lagan College • En Irlande du Nord Lagan College créé en 1981 recrute étudiants, personnel et direction à raison de 50% cathol & 50% protest. On y enseigne à égalité Histoire, Culture et pensée politique des 2 communautés • Dix ans après la création, les amitiés nouées dans « l’autre » groupe sont significatives… (graphe sq.) • Peu d’influence du sexe et du SES • Au Bénin, la paix intertribale et pluripartisme politique ont eu une source analogue construite par les missionnaires avant l’indépendance (Dutrénit)
% d’amis de « l’autre groupe »chez les étudiants de Lagan et de Queen’s University LM = Logement mixte, LS = Logt ségrégatif, Q.U. = Queen’s University (Irwin 1993)
En résumé… (Irwin 1993) • Bénéfices génétiques/sociaux de l’endogamie limitée • Badging associé aux alliances proches (signes divers) • Frontière et comportements intra/extra groupe (dialectes, échanges économiques…) • Bénéfice social & économique de groupes plus grands • Manipulation culturelle du badging à la période sensible (initiation, rites de passage…) • Nouveaux comportements dans de grands intra/extra groupes (religions, écoles, nationalisme, liens interethniques…)
Le monde a besoin d’une Nouvelle politique éducative • La mondialisation produit de la diversité culturelle, comme en Irlande. Comment respecter et intégrer ? • Utiliser la période critique du badging : • Ecole séparées en primaire + une langue commune • Ecoles intégrées en secondaire • Israël a refusé cette stratégie. Le racisme y est devenu puissant. Sauf dans l’école Neve Shalom (site web) fondée en 1972 qui a réussi l’école intégrée Palestine/Israël
Charte de Paris pour une nouvelle Europe, 1990 • « L’identité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse des minorités nationales sera protégée et les personnes appartenant à des minorités nationales ont le droit d’exprimer de préserver et de développer librement cette identité sans aucune discrimination et en toute égalité devant la loi » Charte de Paris pour une nouvelle Europe, 1990
Bonne intention mais problème… • La Charte peut protéger l’éducation ségrégative dont on a vu les effets dévastateurs. • Une législation nouvelle et de nouveaux droits de l’homme sont nécessaires pour protéger explicitement l’éducation intégrée. • Ex. Busing et quotas aux USA. Les noirs US qui réussissent ont développé une stratégie a-raciale
ConclusionVers une nouvelle morale intergroupe • Ces phénomènes de groupe conduisent à déterminer autrement ce qui est moral. • Les institutions religieuses en dépit de leur volonté méta morale se centrent sur l’intra groupe • La force des religions chrétiennes fut de rompre les chaînes de la parenté et des cultures (liberté de choix du conjoint et tous les hommes « enfants de Dieu ») • Mais la pression tribale et la différentiation culturelle ont parfois recentré les comportements sur l’intra-groupe badgé.
La grande difficulté : Transformer la réciprocité restreinte de la vie quotidienne en une réciprocité généralisée dans tous les domaines
L’entraide restreinte est liée aux valeurs traditionnelles(-2,-2). L’entraide généralisée est liée à la rationalité et à l’expression de soi (1.5, 1.5) (Inglehart 2005) r²=0.7
Légende graphe précédent Enquêtes par questionnaires à échantillons représentatifs de population de chaque pays. Les scores moyens obtenus permettent de les situer sur ce graphe à deux axes. (r²=0.7 signifie que les 2 variables de ce schéma rendent compte de 70% de la variance totale calculée à partir de 10 variables différentes.) • Traditional values = L’autorité des anciens domine, il est obligatoire de vivre comme les générations précédentes • Secular-rational values = Laïcité, science et techniques innovantes sont les références dominantes de la vie politique et sociale • Survival values = Survivre le lendemain est le souci dominant la vie individuelle et collective • Self expression values = Les formes les plus originales de la liberté individuelle sont dominantes dans l’économie, les lettres, sciences, arts, vie quotidienne, etc…
Lecture SYNCHRONIQUE du graphe (situation présente) • La Russie de 1993, (en haut à gauche du graphe) présente en moyenne des valeurs très rationalistes-laïques, mais aussi des valeurs liées à la survie quotidienne. Ce couplage n’a pas créé l’abondance • La Suède (en haut à droite du graphe) est aussi rationaliste-laïque que la Russie, mais en y associant des valeurs de réalisation de soi elle a construit une économie d’abondance • Le Zimbabwe (en bas à gauche) s’exprime à travers des valeurs d’autorité traditionnelle et de survie ce qui entretient la pénurie • Puerto Rico (en bas à droite) est à la fois traditionnaliste et réalisation de soi ce qui entretient une économie de tourisme massif
Lecture DIACHRONIQUE du graphe (perspective historique) • Les pays modernes (quart supérieur droit du graphe) à un moment de leur histoire, ont eu les mêmes valeurs que les pays africains ou asiatiques (quart inférieur gauche du graphe) • La vie sociale dans ces derniers pays est centrée sur une réciprocité restreinte au groupe tribal alors qu’elle est centrée sur une réciprocité généralisée au monde entier dans les pays modernes • C’est donc le contenu des actes de la vie sociale qui diffère d’un pays à l’autre aujourd’hui. Mais dans chaque pays, ce contenu évolue au gré de la volonté des acteurs s’ouvrant ou se fermant au monde des sciences et des techniques • N.B. Ces énoncés sont vrais EN MOYENNE dans chaque pays. Des exceptions s’écartent toujours fortement de la moyenne !
Solutions pour accélérer le partage de valeurs plus universelles • Développer la vie sociale dans chaque pays en accroissant la réciprocité généralisée (droits et devoirs) au détriment de la réciprocité restreinte • Favoriser la formation scientifique et technique • Lois pour inciter à l’association d’enfants de provenance différentes (milieux, ethnies) dans les établissements primaires, secondaire et supérieurs comme Neve Shalom en Israël et Lagan College en Irlande (C. Irwin 1993)
La logique peut stimuler… J. Rawls : • le voile d’ignorance du destin individuel nous entraîne à trouver des systèmes qui nous rémunèrent tous mieux que dans tout autre cas. • La mondialisation, grand défi multiculturel appelle une telle généralisation.
La logique du vivant aussi… • Il existe une capitalisation culturelle chez les animaux. Les singes enseignent à leurs petits comment casser des noix avec une pierre en 3 ans. • La chasse est apprise par les petits des prédateurs • Les hommes apprennent rapidement ce qui leur convient
Les éléments décrits ici offrent un support empirique à une nouvelle éthique normative à médiation scientifique (Campbell 1979, Irwin 1993)
Conclusion générale • Les éléments dispersés de la théorie des groupes (primaire, secondaire, etc.) sont à insérer dans la théorie anthropologique-génétique générale des groupes • L’ensemble permet de comprendre plus finement diverses bifurcations et modifications d’idées et attitudes individuelles au sein des grands groupes tribaux ou nationaux
Exercice corrigé Occasion de révision et de test de vos connaissances