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Cours de Baccalauréat Université de Genève. Economie du travail : L’offre de travail Prof. Yves Flückiger Département d’économie politique (Université de Genève) et Observatoire Universitaire de l’Emploi. 1.1. Introduction.
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Cours de Baccalauréat Université de Genève Economie du travail : L’offre de travail Prof. Yves Flückiger Département d’économie politique (Université de Genève) et Observatoire Universitaire de l’Emploi
1.1. Introduction • L’offre de travail émane des personnes qui choisissent d’offrir leurs services sur le marché du travail aux conditions qui y règnent,et ceci qu’elles soient employées ou non • Elles forment ce que l’on appelle la population active qui regroupe les personnes actives occupées ainsi que les chômeurs • La population active occupée se divise entre les personnes qui sont employées comme salariées dans une entreprise et celles qui ont un statut d’indépendant • Les salariés choisissent le nombre d’heures qu’ils souhaitent offrir sur le marché du travail; on distingue généralement les emplois à temps partiel (90% ou moins du temps de travail normal du secteur) et les salariés à temps plein
1.1. Introduction • Pour analyser l’offre de travail, il faut tout d’abord examiner le choix de participer au marché (décision de participation) • Pour les personnes qui choisissent de participer, il faut ensuite déterminer le nombre d’heures de travail offertes (taux d’occupation) • Les modèles théoriques se divisent en deux groupes: • Décision instantanée: le choix est analysé en fonction des variables actuelles, en ignorant les paramètres futurs susceptibles d’influencer ce choix • Décision inter-temporelle: le choix est adopté en tenant compte de l’état actuel et futur (espéré) des variables influençant le choix des individus
1.1. Introduction • Dans les deux approches, l’analyse peut être effectuée en considérant l’individu ou le ménage • Dans le premier cas, on ne tient pas compte des caractéristiques du ménage (revenu du conjoint notamment) qui peuvent modifier le choix d’un individu • Dans la deuxième approche, les décisions prises par chaque membre du ménages sont examinées en tenant compte des caractéristiques de la famille et du conjoint, notamment du point de vue de ses décisions de participation au marché • Ces différentes questions peuvent être illustrées pour la Suisse à partir des données du Recensement fédéral de la population (RFP), des entreprises (RFE), du panel suisse des ménages (PSM), de l’enquête suisse sur la population active (ESPA) ou de l’enquête suisse sur la structure des salaires (LSE)
Taux d’activité :Les femmes restent de manière plus permanente sur le marché du travail …. mais elles réduisent leur temps de travail Taux de personnes actives occupées et taux de participation en équivalent plein-temps, 2000
Le comportement d’activité de la population étrangère se rapproche de celui de la population suisse Taux de participation de la population selon l’âge et le statut de séjour, 2000
La participation des femmes est fortement influencée par l’état civil et plus encore par les charges de famille Taux de participation de la population féminine en 2000, selon l’âge, l’état civil et les charges de familles
Caractéristiques des personnes actives au-delà de leur âge légal de retraite, RFP 2000
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail A. Introduction • Approche instantanée • Analyse individuelle; on ignore la situation familiale de la personne qui effectue son choix d’offre de travail • La fonction d’utilité individuelle dépend de deux paramètres: le nombre d’heures de loisirs dont l’individu dispose (L) et le panier de consommation totale (C) qu’il peut acheter grâce à son revenu total • Hypothèses : • Choix libre de l’horaire de travail; • Un seul bien (composite) de consommation • L’individu souhaite maximiser son propre bien-être et sa décision ne prend pas en compte les autres membres du ménage
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail • L’individu alloue tout son temps disponible (H) à deux activités: le loisir (L) et le travail (h); dès lors H = L + h où H représente le nombre total d’heures disponibles par semaine et h le nombre d’heures hebdomadaires de labeur • Le revenu total de l’individu se compose de son salaire (W.h) et du revenu indépendant de l’effort de travail (Y) • Une seule période est considérée : l’individu fait un choix définitif pour cette période et il consomme tout son revenu (pas d’épargne ou d’emprunt) • Le modèle est sans doute trop simple par rapport à la réalité, mais il permet déjà de comprendre un certain nombre de choix • Il sera affiné par la suite • Nous allons distinguer ce que l’individu souhaite faire (ses préférences) et ce qu’il peut faire (sa contrainte budgétaire)
Courbes d’indifférence: toutes les combinaisons d’heures de loisirs (L) et de paniers de consommation (C) qui procurent la même utilité totale à l’individu B. Préférences individuelles: U = U(L; C) C B U2 A U1 U0 En passant de A à B, dC/dL augmente en valeur absolue: il devient de plus en plus difficile de remplacer une heure de loisir perdue L
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail C. La contrainte budgétaire • Le choix de l’individu s’effectue sous la contrainte suivante : • W0.H + Y0 = P0.C + W0.L • où W0 : taux de salaire horaire nominal • P0 :indice des prix à laconsommation (bien composite) • Y0 : revenu non salarial (subsides, rentes, allocations familiales, revenu du conjoint…) • Compte tenu de W0 et de Y0, l’individu peut acheter différents paniers de « biens », composés de plus ou moins d’heures de loisirs et de biens de consommation
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail • En d’autres termes : W0.(H-L) + Y0 = P0.C ou w0H + y0= c + w0L ou w0.h + y0 = c où w0 : taux de salaire réel y0 : revenu réel indépendant de h • Le revenu réel total obtenu grâce à l’effort de travail (w0.h) et au revenu indépendant de son effort (y0) doit lui permettre d’acheter le panier de biens de consommation (C) qu’il souhaite • Le salaire horaire w représente le coût d’opportunité du loisir. Il indique la quantité du bien à laquelle l’individu renonce implicitement en prenant (« achetant ») une heure de loisir
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail C. La contrainte budgétaire C C0 = wo.H + y0 -w0 y0 L H
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail D. Le choix optimal C Choix qui permet de maximiser l’utilité totale de l’individu En restant inactif (A) l’individu ne maximise pas son utilité totale (U0<U1) E Ce U2 U1 A y0 U0 L L0 H h0
2.1. Le modèle canonique de l’offre de travail A l’équilibre, au point E : Le salaire horaire réel obtenu sur le marché du travail est égal à l’utilité marginale d’une heure de loisir divisée par l’utilité marginale du revenu OU L’utilité marginale procurée par une heure de travail est égale à l’utilité marginale d’une heure de loisirs
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail E. Modification du choix optimal • Si l’environnement de l’individu se modifie, on peut s’attendre à ce qu’il adapte son choix optimal. Deux perturbations majeures méritent d’être examinées de plus près: une modification du revenu non salarial et une modification du taux de salaire • En ce qui concerne le revenu non salarial, on admet en général que le loisir est un bien normal dont la quantité demandée augmente avec le revenu • Cette hypothèse est vérifiée par les études empiriques • Une hausse du revenu non salarial (augmentation des allocations familiales par exemple) pousse dès lors l’individu à réduire ses heures de travail au profit du loisir
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail Hausse du revenu non salarial C Suite à la hausse du revenu non salarial, l’individu choisit de travailler moins (loisir est un bien normal) E’ E Ce U2 y1 U1 y0 L h1 L0 H h0
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail E. Modification du choix optimal • Lorsque le taux de salaire varie, l’effet est plus difficile à déterminer; cette analyse nous permet de dériver l’offre individuelle de travail qui met en relation le taux de salaire avec le nombre d’heures de travail offertes • En effet, un salaire plus élevé s’apparente à une hausse du prix du loisir (le travail marchand devient plus rentable); les individus sont donc incités à travailler plus • D’autre part, un salaire plus élevé accroît le pouvoir d’achat de l’individu puisqu’il peut obtenir un revenu plus élevé que précédemment en travaillant le même horaire • Ce revenu plus important peut l’inciter à accroître son temps de loisir pour autant que le loisir soit considéré comme un bien « normal »
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail F. L’offre de travail individuelle • On peut donc définir deux effets qui sont à l’œuvre lors d’une variation du taux de salaire : • Effet de substitution : l’augmentation du prix du loisir, toutes choses égales par ailleurs, incite l’individu à substituer des heures de loisir par des heures de travail ce qui se traduit par une hausse des heures de labeur • Effet de revenu : la hausse du salaire accroît la valeur potentielle totale du temps à disposition de l’individu ce qui l’incite à réduire ses heures de travail pour autant qu’il considère les loisirs comme un bien « normal » • L’effet final (net) dépendra de l’importance relative de ces deux forces antagonistes
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail F. L’offre de travail individuelle • Si au final, l’individu accroît ses heures de travail, l’effet de substitution domine l’effet de revenu • S’il réduit son temps de travail, cela implique que l’effet de revenu l’emporte sur l’effet de substitution • Pour décomposer ces deux effets graphiquement, on utilise un artifice: on imagine que suite à l’augmentation du taux de salaire, on confisque à l’individu un montant de revenu non salarial tel qu’il peut tout juste atteindre le même niveau d’utilité qu’avant la hausse salariale • Pour faire réapparaître l’effet de revenu, on restitue le revenu non salarial précédemment confisqué
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail F. L’offre individuelle de travail Hypothèse: y = 0 C Effet d’une variation du taux de salaire sur l’offre de travail D B A U1 U0 L H 0 ha hd
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail F. L’offre de travail individuelle • Si le taux de salaire augmente de w0 à w1 (w1 > w0), la contrainte budgétaire « pivote » autour du point H • Au départ, l’individu choisit de travailler «ha» heures de travail par période (semaine) • Suite à la hausse du taux de salaire, l’équilibre passe du point « A » au point « D » et le nombre d’heures de travail hebdomadaires augmente de « ha » à « hd » • Son niveau d’utilité s’accroît car le même panier de biens peut être acquis maintenant avec un effort moindre
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail F. L’offre de travail individuelle • Globalement, l’effet d’une hausse de « w » sur l’offre de travail est indéterminé (sauf si L est un bien inférieur): • L’effet de substitution tend à augmenter les heures de travail : • L’effet de revenu tend à réduire les heures de travail :
F. L’offre de travail individuelle C De A à D, l’effet de substitution l’emporte sur l’effet de revenu. De D à E, l’effet de revenu l’emporte et la courbe d’offre a une pente négative E D A L w E D A h
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail G. Le taux de salaire de réserve • Jusqu’à présent, nous avons admis que l’individu considéré participait au marché du travail • Il nous faut maintenant examiner le choix d’y participer en considérant le taux de salaire minimum exigé par une personne pour qu’elle accepte d’entrer sur le marché du travail • Cette valeur seuil du taux de salaire à partir duquel l’individu choisit de travailler est appelée salaire de réserve • Cette valeur est subjective et elle varie entre individus en fonction de leurs préférences pour le loisir et la consommation ainsi qu’en fonction du revenu non salarial
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail G. Le taux de salaire de réserve • Si le salaire du marché est supérieur au salaire de réserve (w>wr), l’individu participe au marché du travail • Si le salaire du marché est inférieur au salaire de réserve (w<wr), l’individu ne participe pas au marché du travail et il reste « inactif » • Si le salaire de réserve est juste égal au taux du marché, alors l’individu sera indifférent entre travailler ou non. • Pour connaître cette valeur, il suffit de proposer différents taux de salaire à l’individu et de lui demander s’il accepte de travailler; si la réponse est positive, alors on lui offre un salaire plus bas et inversement, jusqu’à aboutir au taux de salaire de réserve
G. Le taux de salaire de réserve Si le revenu indépendant de l ’effort est égal à y0, l’individu choisit de participer au marché si son taux de salaire est au moins égal àw0 qui représente le taux de salaire de réserve C Plus le niveau de revenu indépendant (y) augmente, plus le taux de salaire de réserve s’accroît; le taux de salaire proposé à l’individu doit être de plus en plus élevé pour le convaincre de participer au marché U0 w0 y0 L H
1.2. Le modèle canonique de l’offre de travail H. Quelques résultats empiriques • Les études sur le comportement de l’offre de travail distinguent souvent les femmes des hommes • Généralement, l’offre de travail des femmes est plus élastique que celle des hommes dont l’élasticité totale au taux de salaire peut même être négative • On observe généralement que l’offre de travail est moins élastique pour les hauts revenus • Cela provient sans doute d’une augmentation de l’utilité marginale du loisir • La plus forte sensibilité de l’offre de travail féminin est surtout associée à une plus grande variation dans la participation que dans des changements des heures de travail
1.3. Quelques extensions au modèle de base A. Horaires contraints • Beaucoup d’employeurs ne proposent qu’un horaire possible ou alors une ou deux possibilités de temps partiel • Cette nouvelle hypothèse a des effets sur le taux de salaire de réserve et, par conséquence, sur la décision de participation • Les données de l’enquête ESPA permettent de comparer les heures de travail effectives et les heures par la population masculine et féminine • De manière générale, on constate que les femmes comme les hommes souhaiteraient travailler moins • La flexibilité horaire peut permettre d’accroître le taux de participation de la population
1.3. Quelques extensions au modèle de base A. Horaires contraints • Lorsque les horaires sont contraints à une ou deux possibilités, la contrainte budgétaire se transforme en points quelques points correspondant aux horaires disponibles • Les individus peuvent être dès lors soit sous-employés (ils travaillent trop peu d’heures par rapport à leur préférence) soit sur-employés (ils travaillent trop par rapport à leur souhait) • Dans le premier cas, le TMS est inférieur au taux de salaire tandis que le TMS est supérieur au TMS dans le second cas • Les horaires contraints ont pour effet d’augmenter le taux de salaire de réserve
1.3. Quelques extensions au modèle de base La contrainte budgétaire avec horaire contraint C C0 = wo.h0 + y0 y0 L H h0 h
1.3. Quelques extensions au modèle de base La contrainte budgétaire avec horaire contraint C y0 L H h1 h0
1.3. Quelques extensions au modèle de base Pour maximiser son utilité, l’individu choisit de participer au marché en travaillant h0 heures mais il est sur-employé puisqu’il souhaiterait travailler que h* heures. A l’équilibre «contraint », l’utilité marginale d’une heure de loisir est supérieure à l’utilité marginale du taux de salaire C y0 Horaire idéal L H h* h0
1.3. Quelques extensions au modèle de base Equilibre contraint C L’individu A est sur-occupé; il souhaiterait travailler moins ! Les individus B et C sont sous-occupés; B souhaiterait travailler plus alors que C souhaiterait participer au marché mais renonce compte tenu des horaires de travail disponibles A B C y0 L H h1 h0
1.3. Quelques extensions au modèle de base Salairede réserve en cas d’horaire contraint Le taux de salaire de réserve est plus élevé en cas d’horaire « contraint ». Dans ce cas, comme w est supérieur à wR, l’individu choisit de travailler C E y0 L H h0
1.3. Quelques extensions au modèle de base B. Coûts fixes d’emploi • Lorsqu’une personne décide de participer au marché du travail, elle doit également prendre en compte tous les coûts associés à sa décision • Il faut prendre en considération tous les coûts qui ne sont pas subis si l’individu ne travaille pas • Il peut s’agir d’un abonnement de transports publics, des frais de garde des enfants, des repas pris au restaurant si le domicile est loin du lieu du travail • Ces coûts peuvent être de nature monétaire ou temporelle • En cas de participation, l’individu cherchera pour le moins à couvrir par son travail ce coût fixe d’emploi
1.3. Quelques extensions B. Les coûts fixes d’emploi C Coûts fixes monétaires (CF) Dans ce cas, l’individu renonce à participer au marché en raison des coûts fixes d’emploi U1 y0 U0 y0-CF L H
1.3. Quelques extensions Dans ce cas, l’individu participe au marché, en dépit des coûts fixes temporels d’emploi, mais, s’il considère le loisir comme un bien normal, il sera amené à réduire ses heures de loisir C Coûts fixes temporels (CFt) B. Les coûts fixes d’emploi U2 U1 y0 U0 L H CFt
1.3. Quelques extensions B. Les coûts fixes d’emploi C Coûts fixes monétaires (CF) Le taux de salaire de réserve augmente avec le coût fixe d’emploi U1 y0 U0 y0-CF L H
1.3. Quelques extensions au modèle de base C. Mesures de politique économique • L’Etat intervient directement ou indirectement sur l’offre de travail sous différentes formes: • Assurance-chômage offre un revenu de substitution aux personnes qui ont exercé une activité lucrative mais qui ont perdu leur emploi • Aide sociale destinée aux personnes arrivées en fin de droit aux indemnités de chômage ou dont le revenu du travail n’est pas suffisant pour permettre à leur ménage de se situer au-dessus du seuil de pauvreté • Réglementation quantitative des heures de travail, primes pour les heures supplémentaires • Fiscalité sur le travail
1.3. Quelques extensions au modèle de base Assurance-chômage • Pratiquement tous les pays connaissent un système d’assurance-chômage • Les systèmes varient en fonction de la durée des indemnités, de la durée des cotisations exigées pour avoir droit à des prestations, du délai de carence, du taux de remplacement du revenu perdu, du degré de dégressivité du taux d’indemnisation et du taux de cotisation • La LACI a subi récemment une réforme entrée en vigueur en 2003; elle a réduit la durée maximum d’indemnisation de 520 à 400 jours pour les chômeurs de moins de 55 ans et la durée de cotisation a été accrue de 6 mois à 12 mois minimum au cours des 24 derniers mois
1.3. Quelques extensions au modèle de base Assurance-chômage en Suisse • En 1974, l’assurance-chômage n’était pas obligatoire en Suisse. Moins de20% de la population active était assurée contre les risques du chômage • L’assurance est devenue obligatoire en 1977 (AF instaurant un régime transitoire de 5 ans) • Elle est basée sur des mesures passives (indemnités) • En 1982, la loi sur l’assurance-chômage obligatoire et l’indemnité en cas d’insolvabilité est adoptée (LACI: entrée en vigueur 1984)