500 likes | 668 Views
Master2 Recherche Département des Sciences du Langage. V32SLA1Syntaxe et Analyse du discours http://asl.univ-montp3.fr/mcc/. 3. Analyse dialogique. Les différents types Dialogisme interdiscoursif Dialogisme interlocutif Dialogisme intralocutif. 3.1.1. Dialogisme interdiscursif.
E N D
Master2 RechercheDépartement des Sciences du Langage V32SLA1Syntaxe et Analyse du discours http://asl.univ-montp3.fr/mcc/
3. Analyse dialogique • Les différents types • Dialogisme interdiscoursif • Dialogisme interlocutif • Dialogisme intralocutif
3.1.1. Dialogisme interdiscursif • L’interaction dialogique de l’énoncé [E] avec un énoncé [e] peut être d’ordre interdiscursif : le discours, dans sa saisie d'un objet, rencontre les discours précédemment tenus sur ce même objet.
3.1.2. Dialogisme interlocutif • Le discours est toujours adressé à un interlocuteur : il lui répond et ne cesse d'anticiper sur sa réponse • Dialogisme interlocutif citatif • Dialogisme interlocutif responsif
Dialogisme interlocutif citatif • 1) (x) je parais être libre de me tuer, de me jeter par la fenêtre. Point du tout ; dès que l’envie de vivre est plus forte en moi que celle de mourir, je ne me tuerai jamais. (y)Tel homme, direz-vous, est bien libre de donner aux pauvres, à son indulgent confesseur, cent louis d’or qu’il a dans sa poche. (z) Il ne l’est point ; l’envie qu’il a de conserver son argent étant plus forte que celle d’obtenir une absolution inutile de ses péchés, il gardera nécessairement son argent. (Thérèse philosophe)
Dialogisme interlocutif citatif • Le locuteurprête à l’allocutaire (interlocuteur à l’oral, lecteur à l’écrit) un discours-réponse à son propre discours, et réagit à ce discours-réponse, en le « rapportant », ou… sans le rapporter : exemple la prolepse
Dialogisme interlocutif responsif • ? Qui a préparé QI, le grand test de M6 ? C’est la psychologue Anne Bacus, spécialisée dans les tests de QI, qui a élaboré ce questionnaire divisé en quatre catégories : observation, verbal, logique et spatial ( Télé deux semaines, 01-13/05/05)
Dialogisme interlocutif responsif • Le premier tour de parole (le titre) est attribué au lecteur qui pose la question (le dialogisme interlocutif citatif). Cette intervention iniciative sollicite la production d’un tour réactif, correspondant à la phrase clivée attribué à l’énonciateur E1. • Ce pseudo-dialogue se caractérise (i) par la production in absentia des tours de parole, (ii) par le fait que les locuteurs ne partagent pas le même fil temporel et de ce fait, contrairement au dialogue ordinaire, ne sont pas énonciativement égaux.
3.1.3. Dialogisme intralocutif • Le discours dialogue avec lui-même, notamment avec sa propre production.
3.1.4. Le statut de l’énoncé dialogique • L’énoncé dialogique constitue une reprise, une mention du discours de l’autre ou de soi-même. l’énoncé [e] qui se voit mentionné par l’énoncé [E] par le biais de la dislocation ou du clivage, peut être effectif, explicite et parfaitement repérable ; ou totalement implicite, et parfois purementimaginé par E1, notamment lorsque le locuteur, aussi paradoxal que cela puisse paraître, reprend un élément du discours qu’il prête à l’allocutaire, en réponse (imaginée) au propre discours qu’il est en train de tenir (dialogisme interlocutif citatif/responsif).
3.2. Description dialogique de la phrase clivée • 3.2.1. La phrase clivée et pseudo-clivée citative • 3.2.2. La phrase clivée et pseudo-clivée interlocutive résponsive. • 3.3.3. Le clivage responsif et citatif
3.2.1. Le clivage citatif • La phrase clivée, tout comme la pseudo-clivée, relève du dialogisme citatif lorsque l’énonciateur E1 s’oppose explicitement ou implicitement à un énoncé attribué à un autre ou à soi-même. Elle est (i) citative interdiscursive dans le cas où l’énonciateur E1 s’oppose au discours d’un tiers, (ii) interlocutive citative lorsqu’E1 s’oppose au discours attribué à l’allocutaire et (iii) citative intralocutive dans le cas de l’opposition en idem.
3.2.1. Clivage citatif • L’Europe tenait toute prête une nouvelle exigence : l’élargissement à l’Est, imposé d’en haut plutôt que négocié politiquement. C’est cela, et non les 500 pages de la Constitution, que vise l’ire des partisans du non. (Courrier international du 2 au 8 juin 2005).
3.2.1. Clivage citatif • Le tour clivé complexe rapporte un énoncé antérieur (e) d’un énonciateur e1que l’on pourrait cotextuellement identifier comme la voix des partisans du non : l’ire des partisans du non vise le texte de la constitution/ c’est le texte de la constitution que vise l’ire des partisans du non, auquel il s’oppose partiellement en en validant une partie à travers le thème qu-z et en rejetant l’élément x qui se trouve corrigé par le rhème posé de l’énonciateur E1 : le pronom cela anaphorique de l’énoncé du cotexte gauche immédiat.
3.2.1. Pseudo-clivage citatif • Washington n’a pas décidé de libérer le monde de ses dictatures (…). Ce que Washington a décidé, c’est de tout mettre en œuvre pour protéger son territoire contre la menace terroriste (Le Monde, 29/12/2001) • La phrase pseudo-clivée relève dans ce cas d’un emploi citatif : elle s’oppose implicitement à une autre prédication.
3.2.1 Pseudo-clivage citatif • Textuellement la pseudo-clivée est en relation avec l’énoncé négatif dans le cotexte antérieur. La phrase tronquée (ce que z) reprend partiellement l’énoncé négatif, dans lequel l’énonciateur E1 réfute un énoncé positif (e) (Washington a décidé de libérer le monde de ses dictatures), pouvant être considéré comme le discours rapporté (narrativisé) attribué à Washington. L’élément (z) est consensuel “ Washington a décidé de faire qch” le désaccord portant sur l’action: ce n’est pas de libérer le monde, c’est de tout mettre en œuvre pour protéger son territoire.
3.2.1.Clivage citatif : opposition implicite Sécurité aérienne (le titre) ALORS QUE le monde entier s’était mobilisé pour assurer la sécurité des avions face aux menaces terroristes mises en avant par les Etats-Unis, c’est ailleurs que le destin a choisi de frapper. (Le Monde, 06/01/04)
3.2.1.Clivage citatif : opposition implicite • Le clivage, comme précédemment, est citatif, car il s’oppose implicitement à un autre énoncé (e), cotextuellement récupérable : le destin a choisi de frapper sur les vols réguliers vers les Etats-Unis… L’énoncé (e) auquel s’oppose la clivée est sous-entendu dans ce cas : c’est ailleurs et non pas sur un vol vers les USA…
3.2.1. Clivage citatif : critères de reconnaissance • L’énoncé clivé citatif peut être textuellement précédé par la paraphrase contrairement à ce que dit/pourrait penser l’autre, tu/vous et/ou soi-même : c’est y qu-z (et non pas x).
3.2.2. Clivage responsif • Le clivage relève de la dialogisation responsive lorsqu’il répond à une question que se pose ou pourrait se poser le récepteur.
3.2.2. Clivage responsif • Les vignerons de l’AOC Saint-Chinian (au nord-ouest de Béziers) fêtent aussi la Saint-Vincent. L’appellation Saint-Chinian, regroupe depuis vingt ans, une vingtaine de communes situées au nord-ouest de Béziers. Chaque année, le saint patron est fêté dans un village différent. C’est à Cruzy, en bordure du canal du Midi, que se tiendront les agapes 2003.(La Gazette 24/30-01-03).
3.2.2 Clivage responsif • Le SP circonstant de lieu (à Cruzy) apporte une information nouvelle qui constitue la réponse à la question implicite « où est-ce que se tiendra la Saint-Vincent cette année ? » imputée au lecteur, eu égard à l’enchaînement textuel.
3.2.2. Clivage responsif : critères de reconnaissance • La phrase clivée responsive est dialogiquement orientée vers la parole du destinataire, le lecteur d’un article de presse. Elle ne peut pas être précédée par la paraphrase contrairement à. En revanche, il est possible de restaurer sous forme d’un petit échange de trois tours de paroles la question qui est préalable au clivage responsif : A1 : (…) Chaque année le saint patron est fêté dans un village différent B2 : Où se tiendra la fête cette année ? A3 : C’est à Cruzy, en bordure du canal du Midi, que se tiendront les agapes 2003.
3.2.3. Clivage citatif et responsif • Le double dialogisme : La question climatique présente toutefois un caractère très nouveau : elle n’a pas été portée d’abord par les écologistes, mais bien par les scientifiques. Ce sont les climatologues qui ont, dans les années 80, tiré les premiers la sonnette d’alarme, et c’est un scientifique réputé, James Hansen, qui a sensibilisé l’opinion américaine (Le Monde, 3/12/2000)
3.2.3. Clivage responsif et citatif • Il est citatif, car il fait implicitement entendre la négation exprimée dans le cotexte antérieur : ce sont les climatologues et non pas écologistes qui… La paraphrase avec conformément à ce qui a été dit dans l’énoncé négatif est dans ce cas possible. • Il également responsif, car il répond à la question implicite que pourrait se poser le lecteur après la structure négative : « quels scientifiques ont d’abord signalé la question ? ».
3.3. Description dialogique de la dislocation • La dislocation est une opération de thématisation dialogique : un énoncé disloqué [E], procédant d’un locuteur-énonciateur E1, est en interaction dialogique, explicitement ou implicitement, avec un énoncé antérieur [e]procédant d’un autre énonciateur e1 (correspondant au locuteur, et / ou à l’allocutaire, et/ou à un tiers). De ce dialogue interne, l’élément disloqué est le lieu et la trace, en mettant en relation deux énoncés. La dislocationproduira en discours, en fonction du rhème qui l’accompagne et en fonction du cotexte et du contexte, différents effets de sens : accord, concession, opposition, ironie, etc.
3.3. Description dialogique de la dislocation • 3.3.1. Dislocation à gauche • 3.3.2. Dislocation à droite • 3.3.3. Insistance pronominale
3.3.1 Description dialogique de la dislocation à gauche • Un syntagme est disloqué à gauche et repris par un pronom personnel conjoint : (A1) – (…) Un peintre ne doit jamais faire ce que les gens attendent de lui. Le pire ennemi d’un peintre, c’est le style. (B2)– Et de la peinture aussi ? (A3)– La peinture, elle le trouve quand vous êtes mort. Elle est toujours la plus forte. (Malraux, Le miroir des limbes II)
3.3.1 Description dialogique de la dislocation à gauche • A3 reprend le syntagme la peinture en le validant fortement comme thème par la dislocation ; mais change la structure syntaxique dans laquelle il était pris en B2 : complément du nom ennemi . La peinture devient sujet, via l’anaphore pronominale elle, du nouvel énoncé. Nouvel énoncé qui, dans sa partie rhématique (« elle le trouve quand vous êtes mort »), corrige implicitement l’inférence qui sous-tendait l’interrogation :[le style est le pire ennemi de la peinture].
3.3.1 Description dialogique de la dislocation à gauche • « Cette partition de Chopin m’a sauvé » par Christophe Alévêque (titre de l’article, la photo qui accompagne le texte montre Christophe Alévêque tenir une partition) Entre 16 et 22 ans, j’ai joué cette « Polonaise » de Chopin tous les jours. (…) Chopin était l’un des inventeurs du romantisme et c’est aussi pour lui qu’il y a toujours de la musique dans mes spectacles. Cette partition, je l’ai achetée quand j’avais 16, j’en ai 44 aujourd’hui. La « Polonaise », c’est une décharge, un cri de révolte contre l’envahisseur russe (Marie France 2007)
3.3.1 Description dialogique de la dislocation à gauche • Cette partition se voit thématisé en début de phrase (il a la fonction COD dans la « phrase de base »). La reprise thématisante d’un élément antérieur introduit une (auto)correction : elle permet au locuteur, tout en articulant sur ce qui précède, de réorienter son discours, en revenant au thème principal, dont il s’est éloigné, afin d’apporter les éléments de réponse attendus. Dialogisme intralocutif
3.3.1 Description dialogique de la dislocation à gauche • Finalement, dans ce premier tour, j’aurai été le seul candidat de la majorité plurielle à éviter d’attaquer ses partenaires et à ajouter la division à la division. Des erreurs dans la campagne, j’en ai commises. Mais ce qui m’a surtout manqué, c’est la dynamique politique d’une gauche rassemblée. (article de L. Jospin, après sa défaite à l’élection présidentielle de 2002 dans Le Monde 01/02/02)
3.3.1 Description dialogique de la dislocation à gauche • Le SN des erreurs dans la campagne ne dispose, directement ou indirectement, d’aucun antécédent textuel. Il (i) reprend les critiques, notamment des socialistes, après l’échec électoral de L. Jospin, avec lesquelles il interagit interdiscursivement : la concession est suivie de l’opposition et (ii) mentionne par avance les possibles réponses critiques que le lecteur pourrait lui adresser (du type « mais vous avez commis des erreurs »), à la lecture de l’énoncé d’autosatisfaction précédent.
3.3.1. Description dialogique de la dislocation à gauche • Un syntagme est disloqué à gauche et repris par le pronom ce dans le présentatif c’est (X, c’est Y). Ce tour est proche du précédent, mais s’en distingue en ce que le pronom de reprise est toujours le démonstratif ce, sujet du tour présentatif. On a donc là une structure attributive dans ce cas : La « Polonaise », c’est une décharge, un cri de révolte contre l’envahisseur russe
3.3.1. Description dialogique de la dislocation à gauche • La peur en avion, c’est la peur de vivre Pour la plupart des gens, l’avion est la promesse d’un ailleurs…alors que certains y voient une machine infernale qui les entraîne vers une mort certaine. Pourquoi ? « Prendre son envol, c’est quitter les bras de la mère, seuls à même de nous protéger, affirme Irène Diamantis. La peur de l’avion, ce n’est pasla peur de mourir, c’estla peur de vivre. (Midi Libre)
3.3.1 Description de la DG • Le SN détaché « la peur de l’avion », anaphorique du thème du titre ainsi que de son développement dans « certains voient (dans l’avion) une machine infernale », se poursuit d’un rhème rejeté par la négation auquel fait suite le rhème asserté positivement. La négation dialogique fait entendre le discours de « certains » qui « voient (dans l’avion) une machine…». Le fonctionnement fortement contrastif du tour est confirmé au niveau lexical, par l’antonymie vivre / mourir.
3.3.1. Description de la dislocation à gauche • Quand j’ai annoncé que nos bébés porteraient des couches lavables, et non des couches jetables qui génèrent plus d’une tonne de déchets (…), il [mon mari] a mis cette décision sur le compte du baby blues. Le plus drôle, c’est que j’ai convaincu plusieurs de mes voisines – il y a pas mal des femmes écolo dans la région -,une délégation de papas anti-couches lavables est allée rendre visite à mon mari (…) (Marie Claire)
3.3.1 Description de la DG • L’élément détaché le plus drôle se présente comme SA au superlatif relatif de supériorité. Il n’a aucun antécédent dont il pourrait être l’anaphore. Il est en relation dialogique avec une évaluation que le locuteur prête à son interlocuteur et sur laquelle il renchérit par le superlatif qui présuppose un élément de comparaison.
3.3.1 Description de la DG • On dira que la narratrice prête à sa lectrice, à la lecture de la réaction du mari (« il a mis cette décision sur le compte du baby-blues »), une réaction du type [c’est drôle / marrant]énoncé qu’elle reprend et avec lequel elle « dialogue » par le superlatif qui présuppose un élément de comparaison [le plus drôle, ce n’est pas sa réaction, c’est que j’ai…]
3.3.2. Description de la dislocation à droite. • Pascal avait pompé l’eau du bain, dès qu’on avait pu déranger l’oncle Sainteville. Iln’avait pas très bonne mine, l’oncle. Il se plaignait que cela lui sifflait dans les poumons. (Aragon, Les Voyageurs de l’impériale)
3.3.2. Description de la dislocation à droite • La phrase qui précède l’énoncé disloqué met en scène deux actants masculins : Pascal, sujet de la principale, en début de phrase ; et l’oncle Sainteville, COD du verbe de la circonstancielle. La phrase qui suit débute par le pronom sujet il porteur d’une ambiguïté référentielle : il peut anaphoriser aussi bien Pascal que l’oncle. L’explicitation du pronom il par le SN l’oncle lève l’ambiguïté référentielle potentielle.
3.3.2. Description de la dislocation à droite • Affaire de cœur ? Non ! Affaire d’état Le découplage à l’Elysée a moins à voir avec les sentiments qu’avec la politique. Il faut écouter Cécilia, et l’entendre. (…) Elle tire sa révérence et fugue au vu et au su de tout le monde. (…) Ne restait plus qu’à passer devant M. le juge. Et maintenant quoi ? Elle s’est engagée au mutisme. A peine signé, le papier est piétiné : les journaux se jettent sur ses confidences. C’est qu’elleen sait, des choses, la Cécilia.
3.3.2. Détachement à droite • Il n’y a aucun doute sur la référence du pronom personnel elle, depuis son début, l’article parle de Cécilia, l’ex-femme de Nicolas Sarkozy ; elle en est le thème constant. Le fonctionnement dialogique du tour est d’ordre interdiscursif. Par son lien avec l’oralité, le détachement droit fait entendre une autre voix, fait écho ironiquement (Sperber et Wilson 1978) à une autre parole, effet de sens d’oralité auquel concourt l’usage de l’article défini devant le nom propre (la Cécilia).
3.3.2. Dislocation à droite • La dislocation à droite en tant que rappel de thématisation est dialogique en ce que, comme la dislocation à gauche, elle reprend un élément antérieur. La fonctionnalité dialogique de cette reprise à l’oral – répondre par avance à une ambiguïté référentielle à laquelle pourrait être confronté l’allocutaire – n’a plus lieu d’être à l’écrit, où ce type de dislocation est exploité stylistiquement ou ironiquement pour faire entendre la voix d’un autre énonciateur.
3.3.3 Dislocation d’un pronom tonique • Dans ce type de dislocation, le pronom personnel, le plus souvent postposé à plus ou moins grande distance du syntagme qu’il anaphorise, vient souligner le thème de l’énoncé. C’est, dans ce cas, le pronom personnel qui fait l’objet d’une dislocation et qui relève de la fonction apposition – à l’écrit il est le plus souvent entre virgules –, ce qui explique sa réalisation sous la forme disjointe.
3.3.3 Dislocation d’un pronom tonique • L’histoire de Julien Leroy est d’une banalité… à pleurer. (…) Julien aimait sa femme, Nathalie. Ce qui ne l’empêchait pas d’avoir ce qu’il appelait des « aventures », brèves le plus souvent mais nombreuses. Nathalie tolérait ce qu’elle appelait, elle, des escapades sans lendemain. (…)(Pontalis, Elles)
3.3.3 Dislocation d’un pronom tonique • « Ce qu’elle appelait, elle, des escapades sans lendemain » est en interaction dialogique avec « ce qu’il appelait des "aventures" ». Différence thématique de Julien et de Nathalie, différence sinon opposition rhématique dans la lexicalisation des infidélités : aventures pour l’un, escapades pour l’autre.
3.3.3 Dislocation d’un pronom tonique • Ce soulignement thématique a une fonction dialogique : il noue une relation d’opposition avec un autre énoncé sur la base suivante : cet autre énoncé a un autre thème, et son rhème est contraire à celui de l’énoncé disloqué. Très souvent, l’énoncé avec lequel la dislocation pronominale interagit n’est pas explicitement réalisé ; il n’en est pas moins fortement présupposé.
3.3.3 Dislocation d’un pronom tonique • Parfois il se surprend à regarder, par la fenêtre de son bureau, la rue, les passantsqui, eux, ont l’air de bien savoir où ils vont. (Pontalis, Elles, p. 38)
3.3.3 Dislocation d’un pronom tonique • L’énoncé « les passants, eux… ne reprend pas un énoncé précédent ; il n’en convoque pas moins l’énoncé que l’on peut formuler comme : [lui n’a pas l’air de bien savoir où il va]. Cet énoncé convoqué a une cohérence textuelle, dans la mesure où il correspond bien à l’éthos du personnage tel que le lecteur a pu le construire jusqu’à ce point de sa lecture : l’homme au tournant de sa vie, un peu perdu qui rencontre une femme qu’ « il ne fera que suivre ».