Chanteurs et groupes préférés des 5/10 ans (Top 5)

1. Chanteurs et groupes préférés des 5/10 ans(Top 5) Base : Total de chacune des cibles écoutant de la musique / spontané / issu des 3 groupes ou chanteurs préférés Lorie 51% Kyo 29% Tragédie 22% Star Ac’ 14% Alizée 11% Lorie 71% Star Ac’ / Jenifer 26% Nolwenn 17% Priscilla 16% Elodie 13% Filles 8/10 ans 5/7 ans Tragédie 22% Lorie 16% Kyo / Johnny Hallyday 15% Star Ac’ 13% Eminem 11% Lorie 26% Star Ac’ 23% Tragédie 19% Kyo 14% Priscilla / Billy Crawford 9% Garçons = nouvel entrant Commun aux deux tranches d’âgeCommun aux deux sexes

2. Programmes TV préférés des 5/10 ans Base : Total de chacune des cibles regardant la télévision / spontané / issu des 3 programmes TV préférés Debout-Midi les zouzous/ Franklin 19% 7 à la maison 18% Titeuf / Bigdil15% Dora l’exploratrice 12% Star Ac’ / Charmed 11% Charmed 21% 7 à la maison 18% Star Ac’ 16% Ma famille d’abord / Titeuf / Debout-midi les Zouzous / Tf1 jeunesse, Tfou / Bigdil / A prendre ou à laisser 8% Filles 5/7 ans 8/10 ans Bigdil19% Franklin16% Debout-Midi les zouzous 15% TF1 jeunesse, Tfou 12% Titeuf 11% Titeuf20% Bigdil 10% TO3 / Téléfoot 9% A prendre ou à laisser 7% Charmed/ Tf1 jeunesse,Tfou Garçons Commun aux deux tranches d’âgeCommun aux deux sexes

3. 1) Real TV ou l’apprentissage de soi Pour les mères comme pour les enfants, les émissions de real TV répondent aux préceptes éducatifs et moraux en cours dans la société d’aujourd’hui. Elles revêtent un caractère quasi pédagogique en développant des valeurs humaines et sociales positives. Ces qualités hautement valorisées par tous, sont de l’ordre du collectif ou de l’individuel : • Le développement du libre arbitre, de la personnalité « Ils apprennent à se faire une opinion » (mères) • La maîtrise et le contrôle « Apprendre la patience, à se contrôler, rester tranquille devant les autres, ne pas fondre en larmes » (enfants) • Le dépassement de soi et l’ambition « C’est des jeunes qui travaillent dur pour y arriver, c’est un bon exemple » (mères) « Avoir du punch, ne pas être timide, avoir du caractère pour se défendre et se montrer, apprendre à se débrouiller, à tenir le coup, à se surpasser, avoir un moral d’acier » (ados) • La popularité, la capacité à se faire accepter, aimer (être élu pour régner) « Il faut te faire aimer par les autres » (ados)

4. Autant de qualités (« d’armes » ?) qui, pour les ados 1), et contrairement à ce que la starisation minute pourrait laisser supposer, ne relèvent pas de la « magie ». On les acquiert par le travail, le sens de l’effort, et bien-sûr le mérite… en bravant l’adversité et les multiples démons tentateurs dans la quête du bien, du juste… et de la récompense. Les enfants 2) quant à eux, cherchent des modèles positifs pour se construire, des archétypes adultes conformes aux valeurs de l’autorité des aînés… et les trouvent, au grand bonheur de leurs parents, dans un certain nombre d’émissions. 1) Par ados, on entend les 14/16 ans 2) Par enfants, on entend les 8/12 ans

5. 2) Real TV ou l’apprentissage de la vie en société La TV réalité permet d’explorer, en images et par procuration, l’éternel désir de percer les mystères liés aux autres, à travers leur comportement social.  Mais les enfants établissent une distinction selon les émissions, prouvant aussi qu’ils se préservent volontairement d’un monde adulte peu conforme à l’image que l’on veut bien, habituellement, leur donner. A titre d’exemple, les filles de 8/12 ans voient, dans Bachelor, un conte de fée moderne capable de les faire rêver,alors que Greg, l’Ile de la Tentation et Opération Séduction sont controversées « Dans Bachelor, c’est sincère, il offre des fleurs, des roses, il ne ment pas… il a choisit sa femme pour se marier avec, il va la présenter à ses parents. C’est une histoire d’amour un peu pour notre âge, c’est pas trop sexuel, on ne voit rien, c’est pas impudique » « Mon fils s’auto-censure quand ils se balladent à poil » (mères) En bref, à cet âge, la perversité ne paie pas : elle fait peur. Les ados, eux, expérimentent de manière ludique, et par personne interposée, les multiples affres qui viennent les tourmenter au quotidien. Les miroirs offerts par les divers protagonistes sont autant de facettes sur lesquelles projeter leurs propres désirs, leurs propres doutes ou leurs propres angoisses, face à la société. Ainsi, les ados cherchent-ils au travers de ces émissions, au moins autant de contre-modèles que de modèles. Une construction « mosaïque », qui se fait bien souvent grâce une prise de recul salvatrice et gratifiante : si j’ai le pouvoir de juger, c’est que je suis mieux (moins con, plus mature, plus sain), que les autres.

6.  Peu étonnant, que les mères des 8/12 ans établissent également une nette distinction entre - la « bonne » télé réalité (les Star Ac et autres Koh-Lanta), - et la « télé réalité poubelle », taxée d’exhibitionnisme et d’incitation au voyeurisme (les programmes « séduction », mais aussi Nice People). Au-delà de l’aspect moral qui semble évident (même si, ne l’oublions pas, la censure n’est pas toujours effective -62% des 8/10 ans ont regardé au moins l’une des émissions dites « séduction »), le recul des mères s’explique par la dimension éducative qu’elles voient ou veulent trouver dans ces émissions : • les premières agissent sur un mode actif, pour les candidats comme pour les spectateurs (on commente, on parie, on soutient, on espère… on vote). Par ailleurs, l’adulte est admiré pour des qualités et des compétences liées à un savoir-faire (sportif ou artistique), la sélection est « juste et naturelle » (c’est la loi du plus fort) : nous sommes dans la représentation d’une société vivante, dynamique et tournée vers l’avenir… dans laquelle leur enfant s’inscrit, à laquelle il participe dores et déjà. • les secondes sont définitivement plus douteuses : elles fonctionnent sur un mode passif, là aussi pour les acteurs comme pour les spectateurs (tous vautrés). L’image déprimante de leur enfant devant le poste, amorphe et contemplatif, les dérange… comme les dérange l’image projetée de leur avenir (de grands ados décadents, des adultes mal préparés, en « marge ») « Loft Story, c’est bronzette toute la journée » « Ils sont statiques dans le canapé »

7. Mais, quel que soit le public, et quel que soit le mode d’appropriation, c’est bien dans l’optique d’une finalité positive que ces émissions sont regardées : le message, la résultante de la quête et la vision du monde, se doivent d’être optimistes : • Exit, donc, les mauvais coucheurs « Houcine était très gentil, il avait toujours le sourire » (enfants) « Ils ne sont pas là pour faire la gueule » (ados) « Il y avait une fille qui avait un caractère de cochon, elle pouvait pas rester » (ados) • Exit aussi, les physiques banals et bienvenue aux standards de l’esthétique « Au bout du compte c’est toujours le plus beau qui gagne » (ados)

8. 3) Real TV ou l’apprentissage de la vraie vie  Concernant les plus jeunes comme pour les plus âgés, la dimension de « réalité » joue un rôle déterminant, et permet à ces émissions de supplanter les soaps ados jusqu’alors en vogue. Pour les enfants (et une partie des garçons plus âgés), c’est la vie, la vraie (voire la vie en mieux) ! « C’est de la télé avec de la vérité » « C’est de la télé réalité, parce que ça passe à la télé, et que c’est réel » L’intérêt porté est intimement lié à la proximité avec les candidats, qu’ils perçoivent comme des individus lambdas (et non comme des vedettes). « C’est des personnes qu’on peut rencontrer dans la vie de tous les jours, ils sont comme nous, ils ont une famille » « C’est des choses qui se passent vraiment dans la vie des gens, c’est pas comme dans un film où il y a un scénario, c’est du réel, c’est pas prévu à l’avance »

9. Pour les ados, plus du côté des filles, la dimension artificielle de cette pseudo-réalité (de vrais gens dans un contexte improbable ou conceptualisé) est davantage relevée. « C’est une autre réalité qu’on essaie de nous faire avaler, ce n’est pas ce qui se passe en vrai » « C’est comme aller au musée, c’est un petit monde où on voit comment un groupe de gens réagit avec d’autres gens » « C’est stéréotypé … c’est des caricatures … mais j’ai compris que c’est des émissions qui cherchent à nous faire penser qu’on est mieux qu’eux » Un décalage qui permet -ou donne lieu- à une lecture à plusieurs niveaux : qui dit pseudo réalité, dit réalité quand même… de nature à vivre en direct, au jour le jour, les états d’âme des candidats, de vivre des émotions à chaud, d’être tenu en haleine… Une « dose » suffisante de réalité pour générer cette fameuse dépendance, cette fascination dont bon nombre déclarent présenter les symptômes « C’est un attachement indépendant de notre volonté »

10. L’occasion, aussi, de chercher des réponses aux questions qu’on se pose sur les autres et sur la vie…

11. le « pseudo » constitue un garde-fou, propice à la prise de recul nécessaire. Les situations potentiellement anxiogènes à cet âge (les vices, la manipulation, le sexe, le mensonge, la mort -symbolisée par le principe d’élimination, ou présents via les dangers rencontrés dans les émissions Aventure, etc…) sont désamorcées… pour constituer un simple divertissement … et redevenir de la fiction ! « Dans l’Ile de la Tentation, humainement, c’est très dur de résister, des conditions comme ça, elles n’existent pas dans la vie… un homme qui craque parce qu’il a 20 nanas à ses pieds, c’est normal, en plus il n’y en a aucune de moche » (ados) « C’est abusé ! Comme si les mannequins étaient célibataires ! On en croise pas tous les jours ! » (ados)  Libre à eux, dès lors, de s’adonner sans vergogne à la contemplation de la valse des pantins qui se joue devant eux, et qui ne va pas sans s’accompagner d’une bonne dose de cynisme : si la nature humaine, représentée par des adultes consentants, prend des allures de jeux du cirque ou de foire d’empoigne, c’est tant pis pour eux et tant mieux pour le plaisir des spectateurs ! « L’île de la Tentation, c’est salaud, ça casse les couples… mais il faut être honnête : s’ils sont là, c’est parce qu’ils sont masos, et si ils résistent tous, ça divertit pas » (ados) « Bachelor, c’est marrant, surtout quand on se moque de lui… on l’appelait Dumbo parce qu’il était bèbète… je sais pas comment il peut séduire » (ados)  Une prise de recul encore renforcée par la motivation du gain (l’argent, la célébrité) « Ils font ça pour de l’argent » (ados) … Alors qu’au fond, l’homme de la vie de tous les jours n’est pas comme ça, il a sa part de pureté …

12. 4) Real TV, un forum inter-générationnel La télé réalité est enfin un lien de partage, d’échange et de communication autour d’un sujet perçu aujourd’hui comme incontournable.  La TV réalité c’est le nouveau forum en forme de jeux du cirque politiquement corrects, où le plus faible ne sera pas donné en pâture aux lions, mais simplement exclu de la société (l’équipe, la communauté, la troupe…)… par la voix massive (et surtaxée) du peuple.  Par ailleurs, si c’est un mode d’emploi de la vie en société que l’on cherche au travers de ces émissions, c’est aussi en société qu’on les partage : on regarde surtout parce que « tout le monde en parle »… forcément, ça crée des liens « On regarde parce que toutes les filles en parlent, pour en parler avec les filles » (enfants) « Je voudrais chanter comme dans Star’Ac : ils ont plein de copains » (enfants)  On regarde aussi ces émissions pour échanger ses impressions en famille « Maman nous fait plaisir en la regardant avec nous, et on en parle avec maman » (enfants) « On regarde en famille, et on découvre ses enfants » (mères)  Et on regarde enfin quel que soit l’âge pour discuter entre copains, entre pairs et apprendre à connaître les autres à travers leurs réactions aux événements créés par la télé réalité. « On en parle entre copains / copines pour savoir ce qui s’est passé … on parle des râteaux, des casquettes … on en parle pour voir ce qu’ils en pensent eux » (ados)