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Comment la parole vient aux enfants ?. Parler: un apprentissage difficile. Parler: un acte social.
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Comment la parole vient aux enfants ? Parler: un apprentissage difficile Parler: un acte social Le langage articulé est un outil de communication propre à l’espèce humaine. Son acquisition se fait selon un ordre relativement stable au cours des premières années de la vie (Boysson-Bardies de, 1996) et servira en partie à s’intégrer au mieux au monde social qui nous entoure. Il existe néanmoins des variations interindividuelles dans la vitesse et les styles d’acquisition, mais aussi dans l’utilisation que l’on peut faire d’une même langue: c’est ce qu’on appelle les « dialectes sociaux ». Ces dialectes ont surtout été mis en évidence chez les locuteurs adultes: il existe des variantes linguistiques qui permettent aux locuteurs de dire la même chose de différentes façons, selon leur âge, leur sexe, leur origine géographique…(Labov, 1976). Ces variantes linguistiques donnent lieu à des jugements sociaux, comme par exemple la prononciation « quatre sous », dite standard et associée au prestige linguistique vs « quat’ sous », dite non-standard et associée à la solidarité envers le groupe d’appartenance. Peu d’études se sont intéressées à ces dialectes sociaux chez l’enfant. Il apparaît néanmoins que l’on retrouverait certaines variations présentes chez l’adulte. Le lien qui existe entre un mot et son sens n'a aucune motivation (De Saussure, 1916), rien dans la suite de sons formant le mot chien, /ʃ jɛ̃/ symbolise réellement l'être vivant de la race des canidés qui a quatre pattes, des poils, un museau… comme le fait le panneau signalant une interdiction de fumer. Le fait que /ʃjɛ̃/ désigne cet animal est une convention adoptée par les locuteurs du français comme ceux de l’anglais l’ont fait avec /dog/, les Inuits avec /kimek/etc. Comment font les bébés pour apprendre le sens des mots? Un observateur inattentif pourrait croire que cette question est triviale car il suffit à l'enfant d'entendre plusieurs fois un mot en présence d’un objet précis pour associer un mot au concept qu’il désigne. Cette personne aurait tort et cela pour deux raisons: • Le problème de la multiplicité des sens possibles: Quine, en 1960, a mis en évidence qu'une situation paraissant univoque pour un adulte par exemple quelqu’un pointe un objet du doigt et prononce le mot qui le désigne, comme dans «Oh, un lapin», est en fait très ambiguë. En effet, la cible du pointage peut être n’importe quoi en rapport avec l’objet montré: sa matière, sa couleur, une de ses parties, l’action qu’il fait, etc • La polysémie des langues/la polymorphie des référents: la possibilité qu'il existe dans toutes les langues d'utiliser différents mots pour désigner la même chose associée au fait que des classes d'objets du monde très différents visuelement sont décrits par le même référants créé un problème d'inclusion pour notre bébé. Par exemple, un caniche nain et un doberman sont tous deux des chiens et on peut désigner ces deux objets par «chien», «toutou», « animale”... et cela présence ou en absence de la chose désignée par l’entourage du bébé (Deloache, 2004). Mettez-vous à la place de bébé: écoutez ce qu'est la parole pour bébé avant de la comprendre Bibliographie • Boysson-Bardies de, B. (1996). Comment la parole vient aux enfants. Éds. Odile Jacob, Paris. • DeLoache, J. S. (2004). Becoming symbol-minded. Trends in Cognitive Sciences, 8(2), 66-70. • De Saussure, F. ( 1916). Cours de Linguistique générale (Payot ed.). • Labov, W. (1976). Sociolinguistique. Éditions de minuit, Paris. • Quine, W. V. O. (1960). Word and object. Cambridge, Mass.: MIT Press.
Quand les adultes s’adressent aux enfants… Ce que les enfants entendent Effets du LAE sur le développement langagier Dès sa naissance, le jeune enfant est bercé dans un environnement riche en interaction sociales, et notamment en interactions verbales. Depuis le milieu de XXème siècle, de nombreux chercheurs se sont intéressés au contenu de ce qu’entend l’enfant, appelé également « input langagier». Malgré des divergences concernant notamment la définition de cet input, les chercheurs s’accordent sur le fait qu’il existe un registre de langue particulier, utilisé par les locuteurs plus âgés lorsqu’ils s’adressent à des plus jeunes. Ce registre de langue est appelé « mamanais » ou « langage adressé à l’enfant » (LAE). Ce registre de langue possède des caractéristiques bien particulières, même si certains aspects sont retrouvés notamment lorsqu’on s’adresse à une personne malade, à une personne étrangère, ou à un animal familier, et est retrouvé dans toutes les langues. Par ailleurs, c’est ce registre de langue qui est préféré, dès la naissance, par les jeunes enfants. • Il existe 2 théories principales qui amènent à des prédictions différentes quant à l’effet du LAE sur le développement langagier: • Pour les tenants de la théorie nativiste (Chomsky, 1981), l’input langagier et ses variations auraient peu d’effet sur l’acquisition du langage. • Pour les tenants des théories dites « basées sur l’usage » (Tomasello, 2000), l’input langagier jouerait, au contraire, un rôle prépondérant dans l’acquisition du langage. • Malgré cette absence de consensus, les chercheurs s’accordent en partie sur le fait que les propriétés prosodiques du LAE aurait pour effets d’attirer l’attention de l’enfant. Ses propriétés lexicales, phonologiques et syntaxiques accentueraient la saillance de certaines propriétés langagières et faciliteraient la discrimination catégorielle. En clair, le LAE faciliterait la segmentation de la parole continue par les jeunes enfants. • Certains auteurs se sont intéressés au LAE de mères d’enfants autistes. Il est alors apparu que la voix de ces mères ne présentaient pas les mêmes caractéristiques prosodiques que le LAE de mères d’enfants tout venant (Touati et al, 2007). Néanmoins, il est encore trop tôt pour interpréter ce constat. Propriétés du LAE Prosodie: hauteur tonale plus élevée, et plus de variabilité que dans le langage adressé aux adultes. Lexique et phonologie:prépondérance de structures verbales du type CVC et CVCV. Plus de pauses, noms d’objets accentués. Syntaxe: énoncés plus courts et moins complexes, plus de pronoms personnels utilisés, et plus de phrases interrogatives, avec notamment des questions fermées. Qu’en est-il du « papanais »? Depuis quelques années, de plus en plus d’études prennent en compte le LAE des deux parents. Certains auteurs soutiennent d’ailleurs que les mères,les pères et la fratrie permettent à l’enfant d’acquérir un certain nombre d’habiletés langagières importantes mais différentes. Les pères seraient par exemple plus exigeants et corrigeraient plus le parler des enfants que les mères (Le Camus et al, 1997). Bibliographie • Tomasello, M. (2000). Do young children have adult syntactic competence? Cognition, 74, 209-253. • Touati, B., Joly, F., Laznik, M-C., (2007). Langage, voix et parole dans l’autisme, PUF. • Chomsky, N. (1981). Lectures on government and binding. Dordrecht: Foris Publications. • Le Camus, J., Labrell F., & Zaouche-Gaudron, C. (1997). Le rôle du père dans le développement du jeune enfant. Éds. Nathan Université. • Soderstrom, M. (2007). Beyond babytalk: Re-evaluating the nature and content of speech input to preverbal infants, Developmental Review, 27, 501-532.
Les principales étapes d’acquisition du langage Leila Gleitman a longtemps étudié le développement des enfants aveugles, son but étant de comprendre comment des enfants n'ayant pas d'expérience sensorielle des référents des mots de leur langue parvenaient à les apprendre aussi facilement que les voyants. C'est sur le résultat de cette étude que la théorie de Gleitman se fonde, en effet le seul indice présent dans l'input langager de ses enfants pouvant remplacer l'input visuel est la structure argumentale des verbes, commune à toutes les langues les règles qui régissent la combinaison des verbes avec leur complémént. Avec cette théorie se basant sur les hypothèses suivantes: i/ les structures syntaxiques dans lesquelles les verbes apparaissent symbolisent leur sens ii/la reconnaissance de ces structures permet à l’enfant d’apprendre le sens des verbes Gleitman se place en continuité des thèses générativistes de Chomsky. Pour Michael Tomasello, la faculté de langage descend des systèmes de communications animales, notamment celle du chimpanzé. Avec cette théorie, il s’oppose fermement aux théories modularistes et innéistes de Chomsky, en supposant que l’enfant naît sans savoir spécifiquement linguistique. C’est par l’expérience que se forment les outils cognitifs spécifiques au langage. En attendant que ce système soit mature, l’enfant s’appuie sur des indices pragmatiques pour comprendre son entouragles qui sont: L’attention conjointe : la direction du regard du locuteur informe sur le thème de la conversation et à qui son message est dédié. L’intention du locuteur : la raison pour laquelle un individu effectue une action. La nouveauté : le contexte dans lequel apparaît un nouvel item contient forcément un nouveau référent. phrase sujet verbe COD COI La question de l'acquisition est devenue très controversée dans le milieu scientifique lors de la parution de la thèse de Chomsky et les arguments de la pauvreté du stimulus* qui ont nié de façon très convaincante l'hypothèse de la Tabula Rasa de Piaget. Depuis la rencontre historique en 1975 entre les deux hommes, le débat n'a jamais vraiment cessé entre constructiviste et innéiste alors que les connaissances sur les capacités précoces du nourrissons ont elles bien évolué grâce à de nouvelles méthodes d'expérimentation (voir frise). De nos jours, il existe plusieurs théories de l’apprentissage de la langue par les bébés, toutes supposent maintenant que les bébés doivent forcément s’appuyer sur des aptitudes et des connaissances innées du monde dans lequel les humains évoluent. C’est la question de la nature de ces aptitudes qui provoque un débat houleux dans la communauté scientifique. Deux théories sont particulièrement discutées aujourd’hui, celle de Leila Gleitman et ses collaborateurs, dite initialisation syntaxique, et celle de Michael Tomasello et ses collaborateurs dite socio-pragmatique. * Pauvreté du stimulus: il existe des règles de grammaire universelles, mais les enfants n’ont qu’une expérience limitée avec ces règles. Pourtant, les enfants parviennent à applique ce règles correctement. Si ce n’est pas par l’expérience que les enfants ont acquis ces règles, il faut faire l’hypothèse que ces universaux sont innés. Bibliographie • Akhtar, N. (2005). The robustness of learning through overhearing. Developmental Science, 8(2), 199-209. • Boysson-Bardies de, B. (1996). Comment la parole vient aux enfants. Éds. Odile Jacob, Paris. • Chomsky, N. (1968). Language and Mind. • Landau, B., & Gleitman, L. (1985). Language and Experience - Evidence from a Blind Child: Cambridge Mass.: Harvard University Press. • Tomasello, M. (2000). Do young children have adult syntactic competence? Cognition, 74(3), 209-253. Naissance 1-5 mois 6 mois Discrimination et préférence pour la langue maternelle 8 mois Reconnaissance des syllabes dans des énoncés différents + sons vocaliques 1 an Capacités de détection de la correspondance entre mouvements des lèvres et sons + babillage 18 mois 2 ans Détection de frontières de syntagmes + production de voyelles Compréhension et production des premiers mots 3 ans Compréhension de phrases + production des 1ers verbes 4-5 ans Compréhension de phrases plus complexes + production des 1ères phrases Grammaire acquise Premières expériences avec le langage écrit