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1. PsoriasisModule Immunologie-ImmunopathologieDCEM 2 -2006
Carle Paul
Dermatologie, Hôpital Purpan
Toulouse
2. Plan
Epidémiologie
Physiopathologie
Clinique
Traitements locaux
Traitements systémiques
Perspectives futures
3. Dermatose érythémato-squameuse d’évolution chronique- Touche 2 à 3% de la population en Europe- Peut retentir de façon importante sur la qualité de vie, surtout les formes modérées à sévères- 2 pics de survenue : adolescent et adulte jeune, sujet de plus de 50 ans
4. Physiopathologie (I) Le psoriasis est caractérisé par
Un épaississement de l’épiderme avec un renouvelement épidermique accéléré ( en 3 ou 4 jours au lieu de 20 jours) : hyperprolifération kératinocytaire
Une inflammation dermique et épidermique avec infiltration de lymphocytes T et de polynucléaires neutrophiles
5. Physiopathologie (II) Facteurs immunologiques
Les lymphocytes T CD4+ et CD8+ infiltrant les lésions produisent des cytokines (TNF alpha, IL-2 etc) qui entretiennent l’inflammation et qui favorisent l’hyperprolifération kératinocytaire
D’autres types cellulaires (cellules présentatrices d’antigène) et d’autres mécanismes immunologiques ( l’immunité innée) pourraient jouer un rôle
Les traitements immunomodulateurs constituent la base du traitement du psoriasis
6. Physiopathologie (II) Facteurs kératinocytaires
Anomalie intrinséque du kératinocyte favorisant l’hyperprolifération
Anomalie de différenciation du kératinocyte pouvant favoriser les lésions ?
7. Facteurs étiologiques (I) Facteurs génétiques
Formes familiales de psoriasis (30%)
Taux de concordance chez jumeaux monozygotes : 60%
Multiples gènes de susceptibilité identifiés, variables suivant les équipes (PSOR 1,2 etc)
Le psoriasis est une maladie multigénique, il est possible que plusieurs gènes favorisants concourent à l’expression du phénotype psoriasis
8. Facteurs étiologiques (II) Facteurs environnementaux
Infections : certaines bactéries (streptocoque A) sont capables de stimuler les lymphocytes T par l’intermédiaire de superantigènes et d’induire ou d’aggraver un psoriasis
Certains médicaments : lithium, Béta-bloquants, interféron, antipaludéens
Stress et événements de vie marquants (séparation, deuil)
Alcool, tabac
9. Diagnostic clinique (I) Forme commune de psoriasis « en plaques »
Tache érythémato-squameuse bien limitée, arrondie ou ovalaire
Les squames peuvent être épaisses ou décapées par un traitement : l’érythème est au premier plan
Taille variable : en gouttes, en plaques
Disposition souvent symétrique sur les convexités et zones de frottements : coudes, bord cubital du bras, genoux, régions lombosacrées, cuir chevelu, ongles
10. Diagnostic clinique (II) Autres localisations plus rares
Psoriasis inversé : dans les plis : interfessier, axillaires, sous mamaires
Psoriasis palmo-plantaire : peut réaliser une kératodermie
Psoriasis du gland, de la vulve
Psoriasis du visage
11. Formes graves de psoriasis Erythrodermie psoriasique : psoriasis généralisé >90% de la surface corporelle. Desquamation abondante, troubles hydro-electrolytiques, frissons, risque de surinfection. A hospitaliser
Psoriasis arthropathique : 20 à 30%, plusieurs tableaux
Oligo ou monoarthrite
Polyarthrite périphérique, asymétrique, atteinte des IPD
Rhumatisme psoriasique axial avec atteinte vertébrale et sacro-iliaque
Psoriasis pustuleux : d’emblée ou sur un pso en plaques
Psoriasis pustuleux palmoplantaire (tabac++)
Psoriasis pustuleux généralisé : début brutal avec AEG et fièvre, peut être favorisé par médicaments (sevrage corticoïdes, cyclo)
12. Autres formes cliniques de psoriasis Psoriasis de l’enfant :
Zone des « langes » chez le nourrisson
Psoriasis aigu éruptif en gouttes
Psoriasis sévère à forte composante génétique
Psoriasis et infection par le VIH :
Psoriasis souvent sévère et réfractaire aux traitements
13. Diagnostic différentiel Pityriasis rosé de Gibert : macules rosées finement squameuses sur le tronc et la racine des membres, ovalaires, d’apparition rapide avec une lésion plus grande initiale. Guérison en 6 à 8 semaines
Dermatite séborrheique : prédomine au visage, au cuir chevelu, au thorax. Des formes frontières existent
Syphilis secondaire psoriasiforme, lupus subaigu : rarement
14. Evolution et complications Evolution chronique par poussées ou continue dans les psoriasis sévères
Retentissement majeur sur la qualité de vie : dépression, perte d’emploi, conduites addictives, repli sur soi
Surinfection (bactéries, candida, dermatophytes)
Eczématisation : prurit intense et suintement
Pronostic fonctionnel : psoriasis pustuleux, rhumatisme pso
15. Principes généraux du traitement Comprendre comment le psoriasis s’intègre dans la vie du patient :
Historique
Facteurs déclenchants
Retentissement pycho-affectif
Interaction avec le Capital social, économique, culturel
Nécessité d’une écoute et d’une relation médecin malade de qualité
Elaborer le programme thérapeutique en collaboration avec le patient :
A court terme
A long terme
16. But du traitement Réduire l’intensité des lésions de psoriasis ainsi que la gène occasionnée (prurit, saignements, squames) afin d’améliorer la qualité de vie des patients
Adapter le traitement en fonction du retentissement, des attentes et du désir des patients
17. Les moyens du traitement Traitements locaux
Photothérapie
Traitements systémiques
Mesures associées :
Prise en charge psychologique
Traitement d’une addiction (alcool, tabac)
Encourager les contacts sociaux et le soutien par les associations de malades
18. Les traitements locaux du psoriasis (I) Les traitements locaux sont indiqués seuls dans les psoriasis très limités (<10 à 15% de la surface corporelle) ou en association aux traitements systémiques dans les psoriasis plus sévères :
Bains et Emollients
Dermocorticoïdes
Dérivés de la vitamine D
Traitements d’exception :
Acide salicylique (5 à 10% dans vaseline)
Rétinoïdes topiques (Zorac gel, 1 appl/j)
19. Traitements locaux : bains et émollients Utiles pour décaper les lésions, soulager le prurit, réduire la xérose et les crevasses :
Bains d’amidon 1 fois par jour
Application de crèmes émolientes 1 à 2 fois par jour type Cold cream ou Dexeryl
Seuls ces traitements peuvent améliorer les scores de sévérité de 30 à 40% en quelques semaines
20. Traitements locaux : dermocorticoïdes En pommade pour les lésions sèches et épaisses, en crème (dans les plis et sur lésions suintantes) ou en lotion sur le cuir chevelu
Corticoïdes d’activité forte (classe II) pour le corps type Diprosone, Flixovate)
Risque d’atrophie et de télangiectasies surtout sur le visage, risque de tachyphylaxie et de passage systémique
Surtout pour le cuir chevelu et pour les plis
Sur le reste du corps traitement de courte durée (4 à 8 semaines)
Compter les tubes utilisés
Les dermocorticoïdes ne sont pas un traitement pertinent des psoriasis en plaques étendus
21. Atrophie cutanée
22. Dérivés de la vitamine D3 Action antiproliférative et immunomodulatrice
Deux molécules : calcipotriol (Daivonex, 2 appl/j) et tacalcitol (Apsor 1 appl/j)
Efficace sans limitation de durée
Irritation 10 à 15%, surtout visage et plis
Pas plus de 100g/semaine
Action synergique avec les dermocorticoïdes (Daivobet : 1appl/ j 4 semaines maximum)
23. Traitements locaux Règles d’utilisations expliquées au malade
Prescription rigoureuse :
Durée de traitement
Nombre d’application
Quantité à utiliser (nombre de tubes)
24. Photothérapie (I) 2 types de photothérapie
UVB à spectre étroit (TL01) : sans prise de psoralène, traitement de 20 à 30 séances à raison de 3/semaine. 70 à 80 % de bons résultats
PUVA thérapie : association d’un psoralène photosensibilisant (Méladinine) en cps à prendre 2 heures avant et d’une irradiation par les UVA. Traitement de 20 à 30 séances à raison de 3/semaine. 80 à 85% de bons résultats.
25. Photothérapie (II) Précautions
Comptabiliser la dose reçue (pas plus de 150 à 200 séances dans une vie)
Protection des organes génitaux externes et des yeux (port de lunettes de soleil pendant 24h après PUVA)
Attention aux médicaments photosensibilisants
Surveillance prolongée de la peau (risque augmentée de cancer)
Examen ophtalmologique préalable pour PUVA (rôle cataractogène controversé des psoralènes)
26. Traitements systémiques Rétinoides oraux
Méthotrexate
Cyclosporine
Agents biologiques
27. Rétinoides oraux Dérivés de la vitamine A, non immunosuppresseurs, effet antiprolifératif et immunomodulateur
Acitrétine (Soriatane), par voie orale en 1 prise à la dose de 10 à 60 mg/j en général
Contre-indiqué sauf exception chez la femme en âge de procréer du fait du risque tératogène majeur persistant 2 ans après l’arrêt du traitement (stockage dans les graisses)
Effets secondaires : sécheresse peau et muqueuses; hyperlipidémie, hépatopathie rare
Meilleures indications : psoriasis pustuleux, Kératodermie palmo-plantaire, psoriasis de l’enfant, associations avec UV, érythrodermie psoriasique (faible dose)
28. Méthotrexate ( Novatrex) Inhibiteur de la dihydrofolate réductase, Effet immunomodulateur puissant
Utilisé à faible dose (10 à 30 mg/sem) en une prise hebdomadaire orale ou intramusculaire
Supplémentation en folates (Spéciafoldine 1/j)
Surveillance biologique stricte hebdomadaire puis mensuelle
Toxicité hématologique et hépatique (fibrose)
Interactions médicamenteuses (aspirine, bactrim) et potentialisation de la toxicité hépatique par l’alcool.
Bon traitement des formes sévères de psoriasis cutané et/ou articulaire
29. Cyclosporine AMM dans les psoriasis sévères réfractaires de l‘adulte
Permet de passer un cap, en traitement court de 4 à 6 mois
2.5 à 5 mg/kg/j
Très efficace dans les formes pustuleuses
Habituellement bien tolérée chez le sujet jeune non obèse
Risque d‘atteinte rénale et d‘HTA en cas d‘utilisation prolongée, risque néoplasique si beaucoup de PUVA préalable
Relais nécessaire par traitements locaux ou par autre traitement systémique
30. Agents Biologiques : Mécanisme d‘action Inhibition du TNF alpha qui est une cytokine importante jouant un rôle dans :
- L‘activation des lymphocytes T et la sécretion de cytokines proinflammatoires
- L‘activation et la migration des cellules de Langerhans
- L‘expression de molécules d‘adhésion par l‘endothélium
- La prolifération des kératinocytes
Inhibition de LFA-1(CD11a) : adhésion et migration cutanée des lymphocytes T activés (par l‘interaction LFA-1 et ICAM-1)
31. Molécules disponibles en Dermatologie Enbrel (Etanercept) : Proteine de fusion chimérique composée d‘un fragment Fc d‘une IgG humaine et du domaine extracellulaire du récepteur du TNF alpha humain
Bloque le TNF alpha soluble, faible immunogénicité
Remicade (Infliximab) : Anticorps monoclonal chimérique anti-TNF alpha (Fc humain et Fab murin)
Bloque le TNF alpha soluble et son récepteur, immunogénicité forte
Raptiva (Efalizumab) : anticorps monoclonal chimérique anti-LFA1
Humira (Adalimumab) : anticorps anti-TNF humanisé en développement
32. Indication thérapeutique (Enbrel, Remicade, Raptiva) Psoriasis en plaque « modéré à sévère » (AMM Européenne) « grave » (commission de transparence) » en échec* » à au moins deux traitements systémiques parmi :
- Photothérapie
- Méthotrexate
- Cyclosporine
Psoriasis grave : au moins 30% surface corporelle ou retentissement psychosocial important
Procédure du médicament d’exception, prescription hospitalière initiale et semestrielle, réservée au spécialiste
33. Contre-indications aux Agents biologiques - Hypersensibilité au produit
- Tuberculose et autres infections sévères (septicémie)
- Infection évolutive
- Insuffisance cardiaque congestive modérée ou sévère (Remicade)
- Immunodéficience
34. Effets indésirables les plus fréquents Réactions « allergiques », urticaire, réaction au point d’injection, syndrome pseudo-grippal rarement anaphylaxie
Autres effets :
35. Effets secondaires rares mais graves (anti-TNF) Excès d’immunosuppression
Infections systémiques sévères : tuberculoses, septicémies
Syndrômes lymphoprolifératifs
Autres types de cancers
Atteintes neurologiques démyelinisantes : SEP, névrites optiques (0.01 à 0.1%)
Aggravation d’une insuffisance cardiaque
Hépatopathies, lupus induits
36. Prise en charge du psoriasis Evaluer le retentissement : physique, fonctionnel, psycho-affectif, professionnel
Des traitements efficaces existent : il faut savoir aller au delà du traitement local !
Programme thérapeutique au long cours élaboré en partenariat avec le patient
Maladie chronique : réévaluation constante du bénéfice –risque et relation médecin-malade au long cours
37. Psoriasis en plaques
38. Psoriasis
39. Psoriasis du visage (rare)
40. Psoriasis du cuir chevelu
41. Arthrite psoriasique
42. Erythrodermie psoriasique
43. Psoriasis du nourisson
44. Balanite psoriasique
45. Psoriasis pustuleux
46. Phénomène de Koebner
47. Formes cliniques rares