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LE FRONT POPULAIRE 1936 - 1937. Une union de la gauche synonyme d’égalité et de dignité retrouvée pour les salariés.
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LE FRONT POPULAIRE1936 - 1937 Une union de la gauche synonyme d’égalité et de dignité retrouvée pour les salariés Principiano Cours de 1°
En période de crise économique ,en 1929 la politique de déflation menée par le gouvernement entraîne une baisse de la consommation et un ralentissement supplémentaire de l’économie . Le chômage s’installe : entre 500 000 et un million de chômeurs. Le chômage partiel touche 2 millions de salariés Ce fut la politique dite de « déflation budgétaire », de réduction des dépenses de l’État, c’est à dire de baisse des salaires des travailleurs publics et par voie de conséquence de bien des salariés, les patrons se hâtant de suivre l’exemple de l’État (…).Inutile d’insister sur les effets de la déflation à la ville. Le cantonnier, le lampiste, le facteur, le retraité, le mutilé et avec eux l’ouvrier d’usine ou l’employé de bureau voient leurs salaires réduits, sans que baisse en proportion le coût de la vie, sans que diminuent les impôts. N’ayant d’autres ressources que leurs salaires, ils sont contraints de dépenser moins, c’est-à-dire d’acheter moins de produits aux commerçants et aux agriculteurs(…). Jules Moch ,Arguments et documents contre capitalisme ,crise , déflation,Éditions.du parti socialiste SFIO ,1936
Dans les années 30 ,des ligues d’extrême droite antiparlementaristes menacent la III ème République. Le 6 février 1934 ,elles sont responsables d’émeutes qui visent le Palais Bourbon , siège du Parlement . Réunion d’un groupe de Francistes ( ligue de Marcel Bucard)
La Gauche s’unit dès 1934 • Face à cette situation de crise ,les partis de gauche, auparavant désunis ,voire rivaux ,décident de mettre en place une Union des partis de gauche. • Cette Union ,le Front Populaire, élabore une stratégie électorale de désistement systématique au profit du candidat de la gauche le mieux placé . • Cette stratégie permet aux partis de gauche d’emporter les élections législatives de Mai 1936 .
Léon Blum (1872-1950) • Né d’une famille bourgeoise juive, il devient une personnalité importante de la SFIO pendant la première guerre mondiale et dans les années 20 .Au moment du congrès de Tours ,il refuse d’abandonner le parti socialiste pour le parti communiste , contrairement à une majorité de militants . • Il est nommé président du conseil en juin 1936 .
Maurice Thorez ( 1900-1964) • Mineur dès 13 ans dans le Pas de Calais, il choisit le parti communiste lors du congrès de Tours . • Emprisonné pour son action contre la guerre du Maroc (1925-1926), il devient secrétaire général du Parti Communiste Français (PCF) en 1930, et député d'Ivry en 1932 .
Pierre Cot ( 1895-1977) • Député radical ,ministre de l’air en 1933, il réorganise l'aéronautique civile en créant la compagnie nationale Air France. . • Forcé d'abandonner ce portefeuille après le 6 février 1934 et la démission de Daladier, il le retrouve en 1936, dans le gouvernement de Léon Blum. Il se consacre alors principalement à la nationalisation des industries aéronautiques
Maurice Viollette (1870-1960) • Franc maçon ,il appartient à la gauche républicaine .Il est président du Conseil Général de l’Eure et Loire de 1920 à sa mort . • Gouverneur d’Algérie entre 1925 et 1927 ,il s’attire la haine des colons car il est partisan de l’association des musulmans aux autorités locales . • Son projet d’élargir le droit de vote en Algérie . • Nommé ministre d’État par Léon Blum ,il est chargé des questions algériennes .
Roger Salengro ( 1890-1936) • Fait prisonnier par les Allemands en 1915, socialiste , il devient en 1925 maire de Lille . • Ministre de l’intérieur de Léon Blum ,il est très actif contre les ligues d’extrême droite : il devient la cible de leurs journaux qui lancent contre lui une campagne diffamatoire ,relayant une accusation de désertion pourtant reconnue comme infondée . • Quotidiennement insulté et calomnié ,il se suicide le 17 novembre 1936 ,ce qui accentue la politique répressive du gouvernement contre les mouvances d’extrême droite .
Le gouvernement de Front Populaire • Il se met en place un mois après les élections législatives , dans un contexte de grèves . • Il est résolument novateur dans sa composition : pour la première fois ,les femmes ,qui n’ont toujours pas le droit de vote ,vont exercer des responsabilités ministérielles . • En rupture avec les valeurs bourgeoises qui prônaient le travail par dessus tout ,Léon Blum crée un sous-secrétariat d’État aux sports et à l’organisation des loisirs , immédiatement surnommé « ministère de la paresse » par les gens de droite . • Les communistes refusent de participer au gouvernement , tout en le soutenant .
La Une du journal La Française ,dirigé par Cécile Brunschvicg, au lendemain de la nomination des trois femmes du gouvernement Blum :
Cécile Brunschvicg (1877-1946) • En 1894,elle doit passer son brevet supérieur clandestinement pour ne pas mécontenter son père. • Féministe ,membre du parti radical , elle dirige l’Union française pour le suffrage des femmes.Elle dirige également le journal La Française . • Léon Blum la nomme sous secrétaire d’État à l’Éducation Nationale .Elle obtient la suppression de l’autorisation maritale pour l’obtention des passeports et amorce d’autres réformes qu’elle ne pourra pas réaliser après la démission de Léon Blum et de son gouvernement .
Suzanne Lacore (1875-1975), • Nommée par Léon Blum sous-secrétaire d'État à la Santé publique, chargée de la protection de l'enfance du 4 juin 1936 au 21 juin 1937. • A l’origine directrice d’école primaire ,elle institua les visiteuses sociales et s'attacha à développer la formation des jeunes salariées.
Irène Joliot-Curie (1897-1956) • fille de Pierre et Marie Curie, elle démontre, avec son mari Frédéric Joliot, l'existence du neutron et découvre la radioactivité naturelle. • En 1935 elle partage avec son mari le prix Nobel de chimie. • Léon Blum la nomme sous-secrétaire d'État à la recherche scientifique du gouvernement de Front populaire.
Léo Lagrange (1900-1940) • Député socialiste dès 1932 , avocat ,il est nommé par Léon Blum sous-secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des loisirs . • Il veut mettre le sport à la portée de tous ,particulièrement la jeunesse .Il veut rendre accessible les départs en vacances ,le sport ,les activités culturelles aux travailleurs pendant leur loisirs ,avec des réductions sur les tarifs ferroviaires et la création d’hébergements peu onéreux .
Discours de Léo Lagrange « Il faudra installer à travers la France une multitude de terrains, de piscines, de stades de tous genres pour donner à tous, d’abord, la possibilité de pratiquer le sport. J’écarte l’idée de stades de luxe, de stades payants types. Ce que j’espère, c’est un grand nombre de stades, partout, surtout dans les petites villes où la culture physique est actuellement inconnue ou presque. Nous ne cherchons pas tant le record, la découverte du phénomène, que la pratique du sport par le plus grand nombre, l’amélioration physique de la nation.(…) Je dois déjà une aide aux sociétés existantes, un grand développement systématique du réseau des Auberges de jeunesse, qui permettra à tous de voyager à pied, à bicyclette, en canoë et de trouver un abri en fin de randonnée. (…) Les quarante heures, l’organisation sociale, elles ont leur corollaire dans la politique des loisirs. Il ne s’agit pas d’en imposer aux Français frondeurs et rétifs. Mais bien de leur offrir le sport franc et gai ; le tourisme sous toutes ses formes, mais à la portée de tous ; des fêtes, des fêtes populaires. Cela suppose une multitude de petites réformes, des déplacements à bon marché pour les jeunes, des tournées de bibliothèques ambulantes, beaucoup de dévouement. Car, poursuit le jeune ministre avec un enthousiasme croissant, l’une des fonctions du socialisme, entendu dans son sens large, c’est non seulement de satisfaire les besoins matériels, mais encore de retrouver le sens du bonheur. » Interview accordée par Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État aux Loisirs et aux Sports, à l’hebdomadaire Vendredi , 12 juin 1936
Jean Zay (1904-1944) • Avocat au barreau d’Orléans ,il est nommé ministre de l’éducation nationale par Léon Blum . • A ce poste , il œuvre activement pour la démocratie dans le domaine scolaire et en faveur des activités extra scolaires, travaillant en collaboration avec Léo Lagrange .
Les mesures du Front Populaire : les accords Matignon • Le patronat français est inquiet : les grèves lui font craindre une situation révolutionnaire .Ses représentants demandent au gouvernement de chapeauter et d’arbitrer une réunion avec les dirigeants syndicaux. Cette réunion débouche sur les accords Matignon .Les salariés obtiennent: • Des conventions collectives • La reconnaissance du droit syndical • L’ élection de délégués du personnel • Une augmentation importante des salaires ( 7 % pour les plus élevés , 15 % pour les plus faibles).
Les mesures du Front Populaire : les lois de juin 36 • Pour confirmer par la loi les accords Matignon ,le gouvernement fait voter plusieurs lois : • 11 juin :Loi sur les conventions collectives . Loi instituant un congé payé annuel de 12 jours ouvrables avec billet de transport ferroviaire à tarif réduit (applicable dès Août 36) . • 12 juin :Réduction du temps hebdomadaire de travail à 40 heures (applicable au 1er janvier 1937) . • 21 juin : prolongation de la scolarité obligatoire de 13 à 14 ans. • 30 juin : Dissolution des ligues d’extrême droite .
Les mesures du Front Populaire : les lois de Juillet et Août 36 • 24 Juillet : réforme du statut de la Banque de France les actionnaires perdent leur pouvoir sur la gestion de la banque au profit du gouvernement qui affermit son contrôle • 11 Août : loi nationalisant les principales usines d’armement avec indemnisation des propriétaires . • 14 Août : Loi créant l’ONIB (office national interprofessionnel du blé) pour redresser les revenus paysans .
Les billets de chemin de fer à 40% ont été négociés avec les 5 compagnies de chemin de fer françaises . Les négociations en cours pour créer la SNCF (société nationale des chemins de fer) aboutissent à la signature d’un protocole seulement le 31 Août 1937 .Celui-ci entre en vigueur au 1er janvier 1938 . Le Front populaire est contesté par une droite conservatrice dont se moquent joyeusement les dessinateurs
Les congés payés , surtout , excitent la verve des dessinateurs de gauche contre les catégories sociales qui se voient dépossédées d’un privilège
Léon Blum pensait relancer la consommation par des hausses de salaires ,ce qui aurait relancé la production et obligé les employeurs à embaucher pour compenser par des effectifs supérieurs en nombre la durée légale plus courte du travail . Mais les employeurs affirment : -que leurs charges sont désormais trop lourdes pour embaucher en masse . -Qu’ils ne peuvent remplacer des ouvriers qualifiés par la main d’œuvre sans qualification qui se présente à l’embauche. Ils augmentent les prix des produits de sorte que le pouvoir d’achat conquis grâce au Front Populaire s’érode .
Évolution des prix et des salaires Graphiques tirés du manuel d’histoire Hachette 1ères ES/L/S édition2010, sous la direction de Jean Michel Lambin
Le gouvernement Blum est fragilisé • Les radicaux n’apprécient pas la politique de nationalisations d’entreprises menée par Léon Blum . • Les communistes reprochent à Léon Blum de ne pas intervenir officiellement pour soutenir le Front Populaire espagnol menacé militairement par le général Franco ( soutenu militairement par les fascistes italiens et les nazis allemands ). • Faute d’embauche suffisante et du fait de la hausse des prix , l’embellie se ternit pour les catégories populaires .
Blum doit prendre des mesures pas forcément populaires • Début Octobre ,il dévalue le Franc :le Franc Poincaré ( 65 mg d’or ), qui valait déjà un quart de la valeur du Franc Germinal, est remplacé par le Franc Auriol (49mg d’or). • En Février 37 ,face aux difficultés budgétaires ,il annonce qu’une pause est nécessaire :la contestation monte . • Le 21 Juin ,Léon Blum demande les pleins pouvoirs en matière financière jusqu’en Juillet : les députés les lui accordent .Le 22 Juin ,les sénateurs les lui refusent .Il démissionne.
Le Front Populaire reste un temps fort dans la mémoire collective Les partis de gauche s’en réclament régulièrement durant tout le XXème siècle…et même au XXIème siècle . Il est synonyme d’avancées sociales et de dignité retrouvée pour les salariés ,particulièrement les ouvriers .La certitude , aussi ,que l’action collective et la pression populaire peuvent avoir un effet en politique . Il a offert une part de rêve à ceux qui ,pour la première fois ,ont pu profiter de leurs loisirs .
Le souvenir des acquis du Front Populaire autorise l’espoir que les militants de gauche peuvent avoir dans la possibilité de changements et, à leurs yeux, justifie leur lutte .