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Chapitre 2. L’orthographe d’usage. On distingue habituellement : l’orthographe grammaticale qui définit la façon d’indiquer graphiquement les éléments variables des mots (règles d’accords, conjugaisons,…). Exemple:
E N D
Chapitre 2 L’orthographe d’usage
On distingue habituellement : • l’orthographe grammaticale qui définit la façon d’indiquer graphiquement les éléments variables des mots (règles d’accords, conjugaisons,…).
Exemple: La tour penchée de Pise est un des monuments les plus remarquables que les touristes aient vus en parcourant l’Italie.
l’orthographe d’usage (ou lexicale) qui définit la façon d’écrire les mots du lexique indépendamment de leur usage dans la phrase ou le texte.
Première remarque L’orthographe lexicale relève aussi d’une certaine logique, elle n’est donc pas complètement le fait de l’arbitraire. Certaines règles la régissent.
Exemples: Plus impérieuse d’ailleurs que toute autre, la nécessité de la nourriture pousse les animaux à vivre en société et à s’entraider. Observez deux fourmis appartenant à la même colonie: quand elles se rencontrent loin de leur fourmilière, l’une et l’autre se livrent par des mouvements d’antennes qui sont un vrai langage, à une mystérieuse conversation.
Deuxième remarque Il faut disposer du contexte (c’est-à-dire voir l’usage du mot dans la phrase) pour connaître l’orthographe de certains mots. C’est ce qui permettra de distinguer à l’écrit des mots qui se prononcent de la même façon mais de sens différents (les homophones).
Exemples: Plus impérieuse d’ailleurs que toute autre, la nécessité de la nourriture pousse les animaux à vivre en société et à s’entraider. Observez deux fourmis appartenant à la même colonie: quand elles se rencontrent loin de leur fourmilière, l’une et l’autre se livrent par des mouvements d’antennes qui sont un vrai langage, à une mystérieuse conversation.
Les « règles » de l’orthographe d’usage • Les règles d’écriture des divers signes diacritiques • L’emploi du trait d’union • Les consonnes géminées • Autres particularités: « m » devant « m, b, p »; « c » ou « qu », etc. • Les mots de racine grecque • Les homophones « lexicaux »
2.1. Les règles d’écriture des divers signes diacritiques Un signe diacritique est un signe accompagnant une lettre ou un graphème (accents, tréma et cédille en français; l’umlaut en allemand; le tilde espagnol…).
Son objectif est de : • modifier la valeur phonétique de la lettre (ou du graphème) ; • permettre une lecture plus précise (les diacritiques ne sont alors pas obligatoires) ; • éviter une ambiguïté entre des homographes.
Le français possède: • quatre signes diacritiques suscrits: l’accent aigu (´), l’accent grave (`), l’accent circonflexe (^) et le tréma (¨). • un signe diacritique souscrit: la cédille (ç).
deux ligatures « æ » et « œ » (curriculum vitae, œsophage) • des signes diacritiques occasionnels et facultatifs; ceux-ci concernent exclusivement les mots d’origine étrangère. Exemple: le « n tilde » dans « cañon » (que l’on peut écrire également « canyon »), le « a rond en chef » (que l’on trouve dans « ångström », noté également angström).
Les accents aigu, grave et circonflexe Trois valeurs: • Une valeur phonogrammique: ils notent la prononciation d’un son. • L’accent aigu: beauté, blé, témérité, désir,… • L’accent grave: il a-chè-te, un procès • L’accent circonflexe: fête, pôle, mâle
2. Une valeur logogrammique: ils permettent de distinguer des homophones. • l’accent grave sur le « a » et le « u »: « il a » vs « à Paris » ; « toi ou moi » vs « la ville où je suis née » • l’accent circonflexe: « mur » vs « mûr »; « tâche » vs « tache »
3. Une valeur morphogrammique: par souci d’analogie, le circonflexe s’est étendu à: • certaines séries lexicales: frôler, frôlement; câbler, câblage ; • certaines séries grammaticales: nous chantâmes
Compte tenu de certaines irrégularités d’emploi, les Rectifications de 1990 ont proposé que: • crémerie > crèmerie; événement > évènement,… • amoncelle > il amoncèle • coût > cout; disparaître > disparaitre Mais jeûne vs jeune
Le tréma On met un tréma sur une voyelle pour indiquer qu’elle se détache de celle qui la précède. Exemples: haïr, héroïne, aïeul, Israël, canoë, capharnaüm. Compte tenu de certaines irrégularités d’emploi, les Rectifications de 1990 proposent: • ambiguë > ambigüe • une gageure > une gageüre
La cédille La cédille se place sous le « c » devant « a, o, u » quand le « c » doit conserver le son [s]. Exemples: elle avançait, un garçon, un reçu Devant les voyelles « e, i, y », la lettre « c » se passe de cédille pour noter [s]. Exemples: cent, ciel, cygne
2.2. Le trait d’union Note: il ne faut pas confondre le trait d’union (ou tiret court) avec le tiret (ou tiret demi-cadratin ou cadratin, vu au chapitre « ponctuation »). Le trait d’union occupe différents rôles: • un rôle typographique: coupure en fin de ligne ; • un rôle syntaxique : crois-tu, moi-même, nu-tête, celui-ci; • un rôle lexical: timbre-poste, chou-fleur;
Compte tenu de certaines irrégularités d’emploi, les Rectifications de 1990 ont proposé que: • la soudure soit pratiquée dans un certain nombre de mots (entremets, contremploi, infrarouge, agroalimentaire, coincoin, cowboy, portemanteau); - les numéraux composés soient systématiquement reliés par des traits d’union (ex. : vingt-et-un-mille-six-cent-deux, quatre-centième).
Exercice 1 Replacez correctement les accents et les signes auxiliaires. Un evenement : un événement (A.O.) un évènement (N.O.) sur le modèle d’avènement) Je protegerai: Je protégerai(A.O.) Je protègerai (N.O.) harmonisation sur la prononciation [ ɛ ]
Des sa sortie: Dès sa sortie l’accent grave a ici une fonction distinctive par rapport à « des » (article indéfini) Celui-la: Celui-là dans la particule associée au pronom démonstratif « celui »
En-deça: En-deçà mais « cela » et « ça » sans accent sauf dans « çà et là » Mettre le hola: Mettre le holà interjection qui sert à arrêter, composée de « ho » et là ».
La cote: La côte [kot] os, littoral ou relief (« ô » en position de syllabe graphique ouverte « cô-te »). La cotte: La cotte [kɔt] habit (« o » en position de syllabe graphique fermée « cot-te »)
Le cone: Le cône o fermé long Mais conique: Conique les dérivés ne gardent pas toujours l’accent circonflexe du mot de base, mais s’il s’agit d’une même famille lexicale! La grace: La grâce a antérieur long (différent de « grasse ») Mais gracieux: Gracieux même remarque que supra.
Pecher un poisson: Pêcher un poisson Pecher et se repentir: Pécher et se repentir • l’accent a ici un rôle logogrammique (aide à distinguer des homonymes)
La lecon: La leçon cédille devant le « o » (car [s]) Cirer: Cirer pas de cédille devant le « i » (car [s])
Le cepage: Le cépage pas de cédille devant « é » (car [se]) La facade: La façade cédille devant le « a » (car [s]) Un apercu: Un aperçu cédille devant le « u » (car [s])
Un capharnaum: Un capharnaüm pour indiquer une disjonction dans la prononciation des voyelles (on ne prononce pas [kafarnom]!) Un aieul: Un aïeul le tréma indique ici que le son yod transcrit ï appartient à la seconde syllabe ([a -jœl] et non [aj - œl])
S il vous plait: S’il vous plaît (A.O.) S’il vous plait apostrophe pour indiquer une élision (« i » de « si ») ; aucun trait d’union (à la différence de « c’est-à-dire ») ; l’accent circonflexe sur le « i » n’est plus obligatoire Un compte rendu: Un compte rendu mot composé s’écrivant sans trait d’union.
Un va nu pieds: Un va-nu-pieds suite de mots figée réclamant des traits d’union Allez vous en: Allez-vous-en traits d’union entre le verbe et les pronoms clitiques qui le suivent.
Va t en: Va-t’en trait d’union entre « va » et le pronom « te » élidé (t’) ; ici, il ne s’agit pas du « t » euphonique! Mais on aura par contre « un va-t-en-guerre » car le « t » ici est euphonique.
2.3. Les consonnes géminées Une des plus importantes sources d’erreurs orthographiques! Deux raisons: • La prononciation de la consonne double (« mal » vs « malle ») • Il existe souvent des disparités (« monnaie » mais « monétaire »).
Existe-t-il des règles? NON! Toutefois, certains « principes » peuvent aider à identifier les mots contenant des consonnes doubles. 1. Cinq consonnes ne doublent jamais: « j », « q », « v », « w », « x ». 2. Deux consonnes doublent rarement: « h » (wahhabisme) et « k » (drakkar).
3. Quatre consonnes doublent un peu plus fréquemment: « b » (sabbat), « d » (pudding), « g » (toboggan), « z » (jazz). On constate que ces mots sont souvent empruntés à des langues étrangères.
4. Restent neuf consonnes… « c », « f », « l », « m », « n », « p », « r », « s », « t » Doublements de consonnes les plus fréquents: • Le « l » est la consonne la plus souvent doublée • Le « s » vient ensuite pour transcrire le son [s] (tendresse). • Le « n » (bonbonne, colonne, rationnel).
Surveillez l’entourage de ces neuf consonnes! • Le « s » entre deux voyelles. Attention: vraisemblable, contresens, parasol, … • Après une voyelle « e » prononcée [ɛ] : aberrant, échelle,…
Cas où le doublement ne survient jamais (insecte, rôtir, maire,…) • On note que les consonnes doubles apparaissent souvent: • à la jonction d’un préfixe et d’un radical (surréalisme, accaparer, supplémentaire,…) • à la jonction d’un radical et d’un suffixe (évidemment, raisonner,…)
Certaines Rectifications orthographiques de 1990 concernent le doublement des consonnes: • Les verbes en –eler et en –eter se conjuguent dorénavant sur le modèle de « peler » et « acheter ». • Les mots terminés par –olle et par –otter ne prennent désormais plus qu’un seul l ou qu’un seul t (corolle > corole). • On supprime certaines anomalies (chariot > charriot sur le modèle de charrette; boursoufler > boursouffler sur le modèle de souffler).
Exercice 12 Formation des adverbes en -ment: 1. Adjectif au féminin + ment Franc > franchement; net > nettement Dans ce cas, un seul « m »! 2. Adjectif terminés par –a (nt) ou –e (nt) + mment Constant >constamment; évident >évidemment 3.Adjectif terminés par ai, é, i, u + ment Vrai > vraiment; décidé > décidément; indéfini > indéfiniment; éperdu > éperdument
Curieusement (curieux règle 1) • Brusquement (brusque règle 1) • Inopinément (inopiné règle 3) • Malheureusement (malheureux règle 1) • Effectivement (effectif règle 1) • Parfaitement (parfait règle 1)
7. Partiellement (partiel règle 1) 8. Couramment (courant règle 2) 9. Récemment (récent règle 2) 10. Élégamment (élégant règle 2) 11. Constamment (constant règle 2) 12. Évidemment (évident règle 2)
13. Précipitamment (précipitant règle 2) 14. Fréquemment (fréquent règle 2) 15. Graduellement (graduel règle 1) 16. Ardemment (ardent règle 2) 17. Apparemment (apparent règle 2) 18. Sauvagement (sauvage règle 1)
19. Pesamment (pesant règle 2) 20. Consciemment (conscient règle 2) 21. Différemment (différent règle 2) 22. Incessamment (incessant règle 2) 23. Bruyamment (bruyant règle 2) 24. Éminemment (éminent règle 2)
2.4. Autres particularités • Valeurs de position particulières: • Le [s] est transcrit « t » (exécution, substantiel,…) • Le [k] est souvent transcrit « qu » dans les finales de conjugaisons (« fabriquer » > « nous fabriquons » et non « nous fabricons »).
Valeurs auxiliaires particulières: • Une voyelle après un « x » =[gz]: exonérer. Un « c » après « x » = [k]: excès. - Un « e » après un « g » = [ʒ] (devant a, o, u): elle bougeait. Un « u » après un « g » = [g] (devant e et i): une langue Attention: nous naviguons • Le « h » = tréma : ébahi, bahut,…
Les familles de mots: Un mot appartenant à une famille peut aider à comprendre et à retenir l’orthographe d’un autre mot: Pulsation pouls; suspecter suspect; crochet croc; nidification nid; plombier plomb. Les consonnes muettes des différents mots en italique sont des morphogrammes lexicaux.
Exercice 14 Cerceau Cercle Arceau Arc Badaud Badauderie Échafaud Échafaudage
Réchaud Chaude Taux Taxe Spacieux Espace Acrobatie Acrobate