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Le geste. Cinéma & Politique Séminaire de Master. Giorgio AGAMBEN : « Notes sur le geste » . Ayant pour centre le geste et non l’image, le cinéma appartient essentiellement à l’ordre éthique et politique (et non pas simplement à l’ordre esthétique ).
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Le geste Cinéma & Politique Séminaire de Master
Giorgio AGAMBEN : « Notes sur le geste » • Ayant pour centre le geste et non l’image, le cinéma appartient essentiellement à l’ordre éthique et politique (et non pas simplement à l’ordre esthétique). Qu’est-ce que le geste? Une observation de Varron nous fournit une indication précieuse. Tout en inscrivant le geste dans la sphère de l’action, il le distingue nettement de l’agir (agere) et du faire (facere). « En effet, il est possible de faire quelque chose sans l’agir ; par exemple, le poète fait un drame, mais ne l’agit pas (agere signifiant ici « jouer un rôle ») ; inversement, l’acteur agit le drame, mais ne le fait pas. De même, le drame est fait [fit] par le poète, sans être agi [agitur] ; il est agi par l’acteur, sans être fait. En revanche, l’imperator(magistrat investi du pouvoir suprême), parce qu’on emploie dans son cas l’expression resgerere (accomplir quelque chose, la prendre sur soi, en assumer l’entière responsabilité), ne fait pas ni n’agit : en l’occurrence, il gerit, c’est-à-dire qu’il supporte [sustinet] (…) » (Varron, De lingua latina, Vl, Vlll. 77). Ce qui caractérise le geste, c’est qu’il ne soit plus question en lui ni de produire ni d’agir, mais d’assumer et de supporter.
Moyens sans fins : notes sur la politique, Rivages, Paris, 2002, pp. 59-71En ligne sur : http://lemagazine.jeudepaume.org/2013/04/giorgio-agamben-notes-sur-le-geste/ […] Si le faire est un moyen en vue d’une fin et l’agir une fin sans moyens, le geste rompt la fausse alternative entre fins et moyens qui paralyse la morale, et présente des moyens qui se soustraient comme tels au règne des moyens sans pour autant devenir des fins. […] Le geste consiste à exhiber une médialité, à rendre visible un moyen comme tel. […] Le geste est en ce sens communication d’une communicabilité. À proprement parler, il n’a rien à dire, [… d’où]le « mutisme » essentiel du cinéma (qui n’a rien à voir avec la présence ou l’absence d’une bande-son).
André Leroi-gourhan : Le Geste et la ParoleTome 2- La Mémoire et les Rythmes • L’évolution humaine à partir de l’homo sapiens témoigne d’une séparation de plus en plus flagrante entre le déroulement des transformations du corps, resté à l’échelle du temps géologique, et le déroulement des transformations des outils, lié au rythme des générations successives. (p. 50) • La main à l’origine était une pince à tenir les cailloux, le triomphe de l’homme a été d’en faire la servante de plus en plus habile de ses pensées de fabricant. [ …] Dans l’industrie […] la foule ouvrière n’aura plus qu’une pince à cinq doigts pour distribuer la matière ou un index pour appuyer sur le bouton. […] Il existe donc à l’échelle des individus sinon à celle de l’espèce, dès à présent, un problème de la régression de la main. (p. 61-62)
Pierre BOURDIEU • Les habitus sont des principes générateurs de pratiques distinctes et distinctives – ce que mange l’ouvrier et surtout sa manière de le manger, le sport qu’il pratique et sa manière de le pratiquer, les opinions politiques qui sont les siennes et sa manière de les exprimer différent systématiquement des consommations ou des activités correspondantes du patron d’industrie ; mais ce sont aussi des schèmes classificatoires, des principes de classement, des principes de vision et de division, des goûts, différents. Ils font des différences entre ce qui est bon et ce qui est mauvais, entre ce qui est bien et ce qui est mal, entre ce qui est distingué et ce qui est vulgaire, etc., mais ce ne sont pas les mêmes. Ainsi, par exemple, le même comportement ou le même bien peut apparaître distingué à l’un, prétentieux ou m’as-tu-vu à l’autre, vulgaire à un troisième (Raisons pratiques: sur la théorie de l’action, Paris, Seuil, 1994, p. 23). • L'habitus, comme le mot le dit, c'est ce que l'on a acquis […]. Mais pourquoi ne pas avoir dit habitude? L'habitude est considérée spontanément comme répétitive, mécanique, automatique, plutôt reproductive que productrice. Or, je voulais insister sur l'idée que l'habitus est quelque chose de puissamment générateur (Questions de sociologie, Paris, Minuit, 1980, p.134).
Pierre BOURDIEU • L’ hexis corporelle est la mythologie politiques réalisée, incorporée, devenue disposition permanente, manière durable de se tenir, de parler, de marcher et, par-là, de sentir et de penser (Le Sens pratique, Paris, Minuit, 1980, p. 117).