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Le cochon qui voulait devenir aussi féroce que le loup.
E N D
Dans un village situé non loin de la « Forêt-aux-animaux-féroces » vit Cochonet, un cochon rose bonbon aux yeux bleus clairs. Quel embarras pour un cochon d'avoir les yeux bleus alors que tout cochon qui se respecte a les yeux marrons... Heureusement, Cochonet, comme tous les amis de son espèce, est sale comme un cochon. Il aime se rouler dans la boue et sentir très mauvais. Cochonet vit avec sa femme Cochonette et leurs nombreux enfants. Dans le village, tout le monde connaît Cochonet. Il passe dans chaque maison tous les jours avant que midi ait sonné pour porter le courrier. Vous l'aurez deviné, Cochonet est facteur. Tous les cochons du village vous diront que ce facteur aux yeux bleus est très gentil et très généreux. Peut-être trop gentil... Peut-être trop généreux... Même quand il veut faire peur, Cochonet n'y arrive pas. Le jour d'Halloween par exemple où il se déguisa avec ses plus terrifiants habits, seuls ses amis faisaient peur alors qu'on se moquait de lui. Malgré tout, il garda le sourire car, Cochonet est très gentil.... Peut-être trop gentil... Il sait bien au fond de lui qu'on est aimable avec lui seulement quand on a un service à lui demander. Les chèvres du village voisin lui font les yeux doux pour qu'il les laisse brouter dans son pré mais lui donnent un coup de corne s'il s'aventure sur leur territoire. Même le lapin, ce si petit animal face au gros cochon, menace Cochonet de bagarre si le gentil facteur passe trop près de son terrier!
Cochonet le sait, un seul endroit existe pour apprendre à être féroce, c'est la « Forêt-aux-animaux-féroces » où personne ne s'aventure. C'est décidé! Demain, à l'aube, Cochonet se rendra dans la « Forêt-aux-animaux-féroces » pour rencontrer ces animaux dont tout le monde a peur et leur demander conseil.
Le matin, Cochonet se prépare pour aller dans cette fameuse forêt. Il apporte, dans un sac à dos, une bouteille d’eau et du blé. Puis se met à courir très vite vers la « forêt-aux-animaux-féroces ». Devant l’endroit, il commence à avoir très peur mais il se dit qu’il doit y aller pour devenir féroce.
Alors, avec beaucoup de courage, il entre dans la forêt, se met à courir de plus en plus vite et finit par glisser sur une grosse pierre. En relevant sa tête, il se retrouve nez à nez avec un sanglier. Cochonet n’est vraiment pas rassuré, il se met à trembler puis après quelques hésitations il demande : « Sanglier, peux-tu m’apprendre à être féroce afin que plus personne ne se moque de moi? -Pas de souci, regarde bien; tu dois charger, frotter ta patte et baisser la tête. -D’accord, je vais essayer. »
Cochonet frotte sa patte, court vite et baisse la tête. Il s’arrête net lorsqu’il se cogne dans un ours. « -Pardon ours, je suis désolé. Je m’entraîne pour être un animal féroce afin que plus personne ne se moque de moi. Peux-tu m’aider? -Pas de souci, regarde bien; tu dois grogner fort et lever les pattes de devant. -D’accord, je vais essayer. » Cochonet frotte sa patte, court vite, baisse la tête, se met à grogner fort et lève les pattes de devant.
Il s’arrête net lorsqu’il se cogne contre un cerf. Cochonet tremble parce qu’il a peur. Il lui demande s’il peut l’aider à être féroce. « -Bonjour monsieur le cerf, peux-tu m’aider à être féroce parce que j’aimerais que les autres me respectent un peu. Pas de souci, regarde bien. Tu dois faire les yeux méchants, baisser la tête, frotter tes pattes au sol et foncer dans les autres. - D’accord, je vais essayer. » Cochonet fait les yeux méchants, baisse la tête, frotte les pieds au sol et il court…
Et il se cogne contre un loup. • « Bonjour Monsieur le loup. Est-ce que tu peux m’aider à être féroce parce que les autres se moquent de moi? • -Pas de souci, regarde bien. Tu dois faire les gros yeux, ouvrir grand la bouche et crier. » • Cochonet fait des gros yeux, ouvre grand la bouche, crie et recommence à courir.
Et il marche sur une couleuvre. La couleuvre d’un coup de crocs le mord. • « -Aïe, aïe, aïe » s’écrie Cochoneten sautillant. Il finit par s’assoir contre un arbre et prend sa patte pour la lécher. La couleuvre rampe vers lui et lui demande « Que fais-tu dans cette forêt, ce n’est pas la place d’un cochon ? » Cochonet reprend petit à petit ses esprits et répond à la couleuvre : « Excuse moi de t’avoir dérangé, Je suis venu ici pour apprendre à devenir féroce, montre moi comment faire pour que l’on ne se moque plus de moi ! » • - Pas de souci, regarde bien : tu dois ouvrir grand la bouche, montrer tes crocs et faire siffler ta langue. • -D’accord, je vais essayer. » • Cochonet ouvre grand sa bouche, montre ses crocs, sort sa langue et attrape furieusement un oiseau picorant quelques graines au sol.
« Je suis maintenant prêt à retourner dans mon village, avec tout ce que je viens d’apprendre, mes clients vont être obligés de me respecter ! » pense Cochonet. Il remercie la vipère et reprend la route en direction de son village. Le lendemain matin, Cochonet embrasse ses enfants et sa femme, prend sa sacoche avec son courrier et part d’un pas assuré distribuer son courrier. Près des chèvres du village, il applique ce qu’il a appris lors de son séjour dans la forêt aux animaux féroces. Il charge, frotte sa patte, baisse la tête, grogne, lève les pattes avants, fais les yeux méchants, ouvre grand sa bouche, montre ses crocs et sort sa langue. Les chèvres effrayées rentrent précipitamment dans leur abri et s’emmitouflent de paille. Cochonet dépose fièrement le courrier dans la boite aux lettres. A l’approche du terrier de la famille lapin, Cochonet reprend fièrement sa position féroce. Le lapin attend son courrier à l’entrée du terrier. Quand il voit l’ombre du cochon arrivant furieusement vers lui, il s’enterra dans son terrier. .Les réactions similaires aux chèvres et aux lapins s’enchainent tout au long de sa tournée. Content, Cochonet rentre dans sa petite maisonnette. Après plusieurs tournées, Cochonet rentre triste. Surprise sa femme lui demande une explication. « Tout le monde me fuit, plus personne ne me parle, ils ont tous peur de moi ! » Je veux redevenir le Cochonet gentil, peut-être trop généreux.
Au cours de l’une de ses tournées en solitaire, Cochonet tombe nez à nez avec les compères cerf, ours, loup, sanglier et couleuvre. « Bonjour Cochonet, la forêt est vide de nourriture, peux-tu nous dire où chasser de la bonne chaire fraiche ?. » Cochonet aperçoit ses animaux voisins, cachés derrière un tronc, grelottant de peur.
« -Pas de souci, regardez-bien : vous allez tout droit vers le village voisin. Sur le gros rocher, vous sautez les yeux fermés, un cadeau bien frais vous attend. » Les compères affamés se mettent en route et tous sautent dans le ravin. Les animaux épatés par le sang froid de Cochonet et par sa loyauté l’acclament. Cochonet reprend sa tournée, heureux, et raconte ses péripéties dans la « forêt aux animaux féroces » à chacun de ses clients devant une bonne tasse de thé. Cochonet est très gentil…peut-être trop généreux avec ses clients, mais il est heureux !