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UN NOUVEAU DEPART. Diaporama de Jacky Questel. Violaine, c’est mon anniversai-re, demain, n’oublie pas ! Violaine, on fait les révisions ensemble, ce soir ? Violaine, tu viens au bal, ce soir ? Violaine, n’oublie pas de télé-phoner à ta tante, elle sera si contente !
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UN NOUVEAU DEPART Diaporama de Jacky Questel
Violaine, c’est mon anniversai-re, demain, n’oublie pas ! • Violaine, on fait les révisions ensemble, ce soir ? • Violaine, tu viens au bal, ce soir ? • Violaine, n’oublie pas de télé-phoner à ta tante, elle sera si contente ! • Violaine croque la vie avec tout l’appétit de ses dix-sept ans. • Jusqu’au jour où…
… Un chauffard ivre, empruntant un sens interdit, l’a renversée alors qu’elle traversait sur le passage clouté. Quinze jours de coma, des mois de rééducation et l’apprentissage d’une vie qui tourne au cauchemar. Violaine apprend l’usage du fauteuil roulant, qui deviendra son compagnon de vie. - Mon Dieu ! Ma pauvre fille ! Ta vie est brisée ! Que vas-tu devenir maintenant ? Quelle tristesse ! se lamente sa maman.
Ce n’est pas là un discours propre à remonter le moral de Violaine, et les conseils que l’équipe de rééducation prodigue à sa maman ne changent rien… Violaine s’enfonce dans une tristesse dépressive. Elle est persuadée que ses amies ne viennent la voir que par pitié, et les rabroue, décourageant ainsi leur gentillesse et leur bonne volonté.
A son retour à la maison, elle constate que ses parents ont réaménagé l’intérieur. Elle peut ainsi circuler avec son fauteuil. Elle leur en est reconnaissante, mais se retrouve difficilement à cet environnement modifié. Elle réalise aussi combien de frais cela entraîne. Tout cela à cause d’un maudit chauffard !
Quelques amies se hasardent encore à venir la voir, mais ses lamentations et celles de sa maman découragent les plus téméraires ! Elles se disent qu’elles ne sont pas les bienvenues. Violaine se persuade que ses amies l’abandonnent à cause de son handicap. Cercle infernal…
Bien que Violaine puisse parcourir la maison et le jardin sans encombres, elle ne quitte guère sa chambre et s’enfonce de plus en plus dans une solitude dépressive. Papa essaie en vain de secouer cette atmosphère lourde. Mais son travail le prend bien sûr tout le jour et, lorsqu’il rentre, sa bonne humeur –parfois factice– ne suffit pas à dissiper toute cette tristesse et ce mal de vivre.
Un soir, il annonce à la famille qu’il a invité un nouveau collègue pour le dimanche suivant. La maman est presque choquée par cette intrusion qui semble faire injure à son malheur. Mais l’invitation est lancée… Violaine avertit qu’elle restera dans sa chambre. Pas question de se montrer à des étrangers !
- Et moi, répond le père fermement, je te dis pas question que tu soies aussi impolie. C’est mon supérieur hiérarchique, et je tiens à ce qu’il soit bien accueilli. Il ne connaît pas encore grand monde par ici ! Dimanche ! Papa entre dans la chambre de sa fille avec des airs de conspirateur et lui remet un gros paquet. Cela semble allumer une étincelle d’intérêt dans les yeux de Violaine.
Mais, lorsqu’elle découvre le charmant ensemble qu’il contient, elle le jette à terre avec violence. • Comment oses-tu ? Mais comment oses-tu ? • Papa ramasse les vêtements et les lui pose sur les genoux. • - Tu sais, tu es aussi belle qu’avant, et avec ceci, tu seras la plus belle autour de la table ! Tu es toujours ma petite fille chérie, et je t’aime fort !
Violaine est terriblement émue par ces mots de tendresse inattendus dans la bouche de son papa. Pour se donner une contenance, elle caresse l’étoffe sur ses genoux. Comme elle est douce ! - Je vais le mettre, papa, merci beaucoup. Tu sais, je t’aime ! Maman me coiffera, et je te ferai honneur quand même !
Midi. Voilà les invités. La voiture s’arrête devant le perron, et les parents de Violaine sortent les accueillir. Mais la maman se fige en voyant son invitée ouvrir l’arrière de la voiture et en sortir un fauteuil roulant, qu’elle amène près du siège d’une blonde jeune fille qui se laisse glisser de la voiture au fauteuil.
De sa chambre, Violaine entend une jeune voix enthousiaste s’exclamer : “Oh ! Le beau jar din ! Il me tarde d’en faire le tour ! Et regarde, maman ! On va manger dehors ! Chic alors !“ Évidemment ! Pense Violaine excédée. Elle peut courir, elle ! Quelle pimbêche ! Un rien l’amuse !
Imaginez sa stupéfaction lorsqu’elle s’aperçoit que “la pimbêche“ dont la joie éclate ainsi est en fauteuil comme elle ! • Marie-José, je te présente Madame… • Ah ! Non ! Coupe la visiteuse. Appelez-moi Yvette. • Et moi ! Dit la jeune fille en riant, personne ne me présente ? Je compte pour du beurre ? Je m’appelle – enfin, on m’appel-le Josie.
Une discussion animée s’engage sous les arbres, autour de l’apéritif. Apparemment, cela n’intéresse guère la pétulante Josie. • Est-ce que Violaine peut me faire faire le tour du jardin, pendant que vous sirotez votre apéro ? Demande-t-elle. • Violaine est prise de panique. Elle n’est pratiquement jamais sortie avec son fauteuil : saura-t-elle le manoeuvrer dans les allées ?
Tout se passe bien cependant. Josie s’extasie sur tout, et tout la ravit. • Mais c’est un vrai parc ! Que de belles fleurs ! Comme il fait bon sous ces arbres ! Oh ! Les belles cerises ! • C’est vrai, pense Violaine. Il fait rudement bon au jardin. Et après tout, le fauteuil est relativement facile à manier…
Autour de la table, cependant, les découvertes vont aussi bon train. La bonne humeur d’Yvette serait-elle communicative ? Maman semble moins stressée. • Elle hasarde : • Comment faites-vous donc pour avoir une telle joie de vivre ? Le fardeau est pourtant bien lourd ! • Mais non, dit Yvette. Nous n’avons que le fardeau que l’on peut porter !
Ah non, dit maman, toute sa révolte réveillée. Une enfant handicapée, et si injustement, c’est plus que ce que je puis porter ! • Ne croyez pas cela, dit Yvette. Ce que vous trouvez si lourd n’est que notre révolte, notre rancœur. Je dis “notre“, car j’ai été un peu comme vous les premiers jours. Notre fille est handicapée de naissance, suite à une erreur médicale.
Alors, moi aussi, vous imaginez ma révolte les premiers jours ! Heureusement, mon mari m’a soutenue. Et c’est lui qui a pris mon premier rendez-vous à l’A.P.F. • L’A.P.F. ? Répète maman étonnée. • L’Association des Paralysés de France, précise Yvette. Ne me dites pas que vous n’avez pas encore pris contact avec eux ?
Ben… Non… Dit maman. • Mais comment avez-vous monté votre dossier, et qui vous a conseillé pour le choix de l’aménagement ? • Quel dossier ? • Vous avez bien fait votre demande d’aide pour les aménagements nécessaires ? Ou bien votre maison n’en avait pas besoin ? • Mais… Je… Enfin… nous ignorions totalement… Nous n’avons rien demandé à personne !
Les filles reviennent à cet instant. Elles ont les joues rouges de plaisir et des yeux pleins de rires. Violaine est resplendissante et sa bonne humeur émerveille ses parents ! - Vous savez ? Demain on va téléphoner à l’A.P.F. pour voir si je peux, moi aussi, participer à la sortie de jeudi. Ils vont visiter le musée des costumes que je voulais voir depuis si longtemps ! C’est chouette, non ?
Quel émerveillement ! Quel chamboulement ! Maman en a les larmes aux yeux. Aux regards de connivence qu’échangent les hommes, elle comprend qu’ils avaient manigancé tout cela, que son mari, dans son amour pour sa famille, avait cherché ce moyen de leur faire prendre conscience, à toutes deux, de leur erreur.
Elle se tourne vers eux : • Merci. Dit-elle simplement. • Et tout le monde éclate de rire lorsqu’elle s’exclame, affolée : • - Mon rôti ! Mon rôti qui doit cramer !!!
Photos du Net, traitées avec PhotoFiltre Texte : Jacky Musique : Sophie Béguier (harpe) : pour la senorita Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ Site : http://www.jackydubearn.fr/