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Alimentation, santé et pauvreté en France Conseils pour les petits budgets. Nicole Darmon Unité Mixte de Recherches en Nutrition Humaine Inserm/Inra, Hôpital de la Timone, Marseille nicole.darmon@medecine.univ-mrs.fr. Pauvreté => Mauvaise santé. La pauvreté en France.
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Alimentation, santé et pauvreté en France Conseils pour les petits budgets Nicole Darmon Unité Mixte de Recherches en Nutrition Humaine Inserm/Inra, Hôpital de la Timone, Marseille nicole.darmon@medecine.univ-mrs.fr
La pauvreté en France • Pauvreté monétaire : 6% (ou 12%) des ménages Revenu < seuil de pauvreté; Seuil de pauvreté = 50 % (ou 60%) du revenu médian = 627 (ou 752) euros/UC* en 2002 • Pauvreté des conditions de vie : 11,5% des ménages (budget, consommation, endettement, logement) • Pauvreté administrative : 5,5 M. de personnes (allocations sociales sous conditions de ressources) • Grande Pauvreté : 1,5 M. de personnes 355 €/mois (tiers revenu médian) • Bénéficiaires Aide Alimentaire (FFBA) :2,6 M. de personnes • Personnes sans domicile fixe(INSEE 2001) : 86 000 personnes *UC : Unité de Consommation : 1 pour le premier adulte, 0,5 par adulte additionnel et 0,3 par enfant Rapport 2000-2001, Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Enquête Revenus fiscaux de l’INSEE 1970-2002
Accroissement des inégalités de revenu depuis 25 ans Revenu moyen Revenu médian Rapport 2000, Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Dia N. Darmon, INSERM
Santé et catégorie socio-professionnelle Probabilité de se déclarer en mauvaise santé selon la catégorie socio-professionnelle, hommes 25-69 ans Moyenne population Cavelaars, (Enquête Santé Soins Médicaux, France) Int J Epidemiol, 1998 Dia N. Darmon, INSERM
Mortalité prématurée et statut socio-économique en France Cadres Sup-Prof. libérales Ouvriers-Employés Taux de décès standardisés par âge pour 100 000, hommes actifs 25-54 ans, 1987-1993 Sida Autres causes Morts Violentes Tumeurs M. Cardio- vasculaires M. Respira- toires Alcoolisme Statistiques INSERM des causes de décès Dia N. Darmon, INSERM
Obésité et statut socio-économique chez l'adulte Enquête nationale Obepi 2003 (INSERM/Sofres/Roche) Moyenne population • Relation inverse également observée avec d'autres indicateurs du statut socio-économique (niveau d'études, catégorie socio-professionnelle) Dia N. Darmon, INSERM
Obésité chez l'enfant et l'adolescent(2-17 ans) et Revenus du foyer Enquête nationale Obepi 2000 (INSERM/Sofres/Roche) Dia N. Darmon, INSERM
Recommandations PNNS* pour préserver la santé * PNNS : Programme National Nutrition Santé Préférer (et varier) les huiles Gras Sucre/Sel à limiter Préférer viandes maigres et poisson (2/semaine) Viande Poisson Oeufs 1 à 2 /j Pdts Laitiers 3/j Préférer les moins gras et les moins salés Préférer les "complets" Produits Céréaliers et Féculents à tous les repas Fruits et Légumes 5/j Varier les sources eau eau eau eau eau eau eau eau eau eau eau eau eau eau eau eau + modération, régularité, activité physique Dia N. Darmon, INSERM
Les erreurs alimentaires en population générale Trop de graisses cachées Trop de graisses animales Trop de produits sucrés, Trop de sel Pas assez de poisson Trop de viandes Pas assez de produits laitiers maigres Pas assez de féculents complets Pas assez de fruits et légumes + Sédentarité, irrégularité, grignotages Moins de produits gras et/ou sucrés Plus de produits végétaux non raffinés Moins de produits animaux (sauf poisson) Pour rééquilibrer : Dia N. Darmon, INSERM
Alimentation & Pauvreté Trop de graisses cachées Trop de graisses animales Trop de produits sucrés, Trop de sel Très peu de poisson (Trop de viandes transformées ?) Peu de fromage (OK) Beaucoup de lait (OK) Très peu de fruits et légumes Beaucoup de féculents (OK) Très peu de féculents complets + Sédentarité, irrégularité, grignotages Insuffisances d'apports en vitamines et minéraux Déséquilibres courants en population générale Certains points sont positifs Dia N. Darmon, INSERM
Les "choix" alimentaires défavorables à la santé observés dans les populations pauvres sont-ils dus, au moins en partie, à des contraintes économiques ?
Dépenses alimentaires et revenus (loi d'Engel, économiste 1857) €/famille.jour % dépenses totales Déciles de revenu des ménages Enquête Budget de Famille, INSEE 2000 Dia N. Darmon, INSERM
Achats de fruits et légumes frais et revenu Fruits frais Légumes frais Viandes Corps gras Enquête SECODIP 1997, F. Caillavet & P. Combris Dia P. Combris, INRA
Coût et qualité nutritionnelle de l'alimentation (Andrieu, Darmon, Drewnowski, EJCN, 2006) • INCA (1998), 1985 adultes, carnet 7 jours • Coût journalier estimé par le prix moyen de 850 aliments VitamineC VitamineD ß Carotène Folates Vitamine E Apport énergétique Densité énergétique (4,88 €/10MJ) (5,93 €/10MJ) (6,87 €/10MJ) (9,05 €/10MJ) • Faible coût de l'alimentation = faible qualité nutritionnelle
Coût minimal d'une alimentation respectant l’ensemble des recommandations nutritionnelles (Darmon, Ferguson, Briend, J Nutr Educ Behav, 2006) Dépenses moyennes pour l’alimentation à domicile Coût strictement minimum pour respecter les ANC, estimé par modélisation Dépenses personnes en dessous seuil pauvreté Insee (comm F. Caillavet) Dépenses bénéficiaires de l’aide alimentaire • Le budget alimentaire des personnes en situation d’insécurité alimentaire est insuffisant pour respecter les recommandations
Coût de l'énergie dans les aliments (Darmon, Drewnowski, Briend, Pub Health Nutrition, 2004) huile R2 = 0.49 margarine beurre p. de terre chocolat biscuits sucre biscottes fromage légumineuses pain viande rouge viande maigre yaourt poisson agrumes lait salade légumes verts échellelog "Intérêt" des aliments riches en énergie pour les personnes pauvres : • sources bon marché d'énergie • agréables à consommer (gras/sucre), • légers (facilite le transport) • faciles à conserver (limite le gaspillage) Dia N. Darmon, INSERM
Qualité nutritionnelle et prix des aliments (Darmon, Darmon, Maillot, Drewnowski, J Am Diet Assoc, 2005) Suvimax * * Taux global de couverture des besoins en protéines, fibres, vitamines, minéraux, acides gras essentiels de n=850 aliments Suvimax échellelog • Plus les aliments sont riches en nutriments plus ils sont chers Dia N. Darmon, INSERM
Hiérarchie énergie/coût entre groupes d’aliments (Maillot, Darmon, Drewnowski, Cah Nutr Diet, 2005) Suvimax • Les aliments conseillés dans le cadre d’une alimentation équilibrée sont les sources d’énergie les plus chères Dia N. Darmon, INSERM
5,5 Impact d'une contrainte de coût sur les choix alimentaires (Darmon et al, J Nutr, 2002, 132, 3764-71) (Rations Homme) Viandes Poisson Oeufs Fruits et légumes Coût groupe d’aliments (Euros) Produits céréaliers Produits laitiers Graisses ajoutées Produits sucrés Contrainte de coût (€/j) Moyenne Observée "Confronté" à une contrainte budgétaire, l'ordinateur : • diminue les dépenses pour les produits carnés, les fruits & légumes • augmente les dépenses pour les céréales Dia N. Darmon, INSERM
125 45 Vitamine C 100 40 % Lipides Vitamine C (mg/jour) 35 75 % Energie lipidique Densité énergétique 30 50 (Rations Homme) 25 25 Impact d'une contrainte de coût sur la qualité nutritionnelle(Darmon et al, J Nutr, 2002; Darmon et al, Appetite, 2003) Contrainte de coût (€/j) Les "choix" d'un ordinateur confronté à une contrainte budgétaire sont défavorables à la santé ! Dia N. Darmon, INSERM
Les "choix" alimentaires défavorables à la santé observés dans les populations pauvres sont probablement dus, au moins en partie, à des contraintes économiques Ceci dit…il doit être possible de manger équilibré pour un coût modéré... puisque l'ordinateur y arrive pour 3,5 €/j. Quels conseils donner ?
Avant toute chose • Reconnaître que les aliments-santé sont souvent les plus chers - fruits et légumes globalement chers • viandes maigres plus chères que viandes grasses • poisson globalement plus cher que la viande - parmi les poissons, le poisson pané ou en croquettes est le moins cher - céréales complètes plus chères que les céréales raffinées… • Favoriser la parole et les échanges pour : • comparer les commerces • lire les étiquettes • profiter des promotions/rabais • découvrir de nouveaux aliments • échanger des recettes… Dia N. Darmon, INSERM
Ensuite… Rapport qualité nutritionnelle/prix des aliments "de marque" vs "1ers prix" Cooper, J Hum Nutr Diet, 2003 • Ne pas hésiter à conseiller les "1er prix" ou le hard discount Dia N. Darmon, INSERM
Aussi… • Veiller à l'équilibre entre groupes d'aliments : • limiter la consommation des produits carnés (1 fois/jour suffit) : penser certains jours à les remplacer par des œufs ou par l'association céréales/légumes secs • favoriser la consommation des produits végétaux (F&L, féculents "complets") • valoriser les produits laitiers non gras Dia N. Darmon, INSERM
Et aussi… • Dans chaque groupe, donner la priorité aux aliments de bon Q/P Extrait du document Tous à Table, PAI
Enfin… Place des plats cuisinés dans la hiérarchie coût/énergie (Maillot, Darmon, Drewnowski, Cah Nutr Diet, 2005) Données SUVIMAX • Ne pas culpabiliser les gens qui ne font pas la cuisine • Ne pas diaboliser les plats cuisinés du commerce : • sources d’énergie plus abordables que viande, poisson, fruits et légumes • faibles risques de gaspillage : portionnables, stockables, goût reproductible • faible besoin d'équipement et de place pour les "préparer" • pas besoin d'être "motivé" pour les consommer Dia N. Darmon, INSERM
Manger équilibré avec un très petit budget :des exemples de rations obtenues de diverses façons, adaptées à divers contextes... Dia N. Darmon, INSERM
Manger équilibré avec un petit budget • La ration de l'ordinateur, 1800 Kcal ANC femme 3,5 €/j Poids (g/j) Poids (g/j) 40 100 100 Tubercules Pommes de terre Carottes Viandes Bœuf, Mouton Paté de campagne 25 Légumes secs 40 Légumes secs cuits Abats Foie/abats 20 Légumes Légumes appertisés Œufs 120 Œufs 35 Jus de fruits Jus de fruits Agrumes 135 50 Poissons-fruits mer Poisson gras 25 Poissons en conserve Crustacés/mollusques 15 25 Fruits secs Fruits oléagineux Fruits secs 10 25 Produits laitiers Lait 300 Yaourt 40 Matières Grasses Huile (tournesol/colza) 15 Produits céréaliers 12 Biscottes 100 Pain complet Produits sucrés Chocolat poudre 15 Pâtes (pds cru) 40 Eau Eau du robinet 1 500 Biscuits secs 60 Des aliments “atypiques” Des matières grasses végétales Des végétaux de bon rapport Q/P Du lait Dia N. Darmon, INSERM
La ration de la diététicienne,Femme 1800 kcal; 2,5 à 3,5 €/j. Petit DéjeunerLait : 400 cc Pain complet : 100 g Beurre : 10 g DéjeunerCarottes râpées :100g ½ œuf dur Foie de génisse : 100 g Riz : 200 g 1 Pomme Pain complet : 100 g DînerSardine à l’huile : 1 Macédoine de légumes : 250g 1 Orange Pain complet : 60g Avant de dormir1 petit verre de lait (100 g) AssaisonnementsHuiles végétales (colza/tournesol) Du lait Des aliments “atypiques” Des végétaux de bon rapport Q/P Des matières grasses végétales Dia N. Darmon, INSERM
Les colis "Cœur de Paris",Homme SDF, 0,4 ANC (1200 kcal) Du lait Des aliments “atypiques” Des végétaux de bon rapport Q/P Dia N. Darmon, INSERM
Un colis conseillé de 15 kg Pdts sucrés/salés Graisses ajoutées dont au moins 200g de m.g. végétales Viande/Poisson/Oeuf dont au moins 450g de poisson Féculents dont au moins 1,1kg de féculents non raffinés < 300g < 300g <2,2 Kg > 2,2 Kg < 5 Kg > 5 Kg Laits et Pdts Laitiers dont au plus de 500g de fromage Fruits & Légumes dont au moins 2,5kg de fruits Ce colis doit être complété de 1,8 kg de pain (ou autre féculent)
Possible, mais difficile... Le Monde, 20 Août 2004
Précarité & Nutrition en France : les programmes Objectif spécifique Programme National Nutrition Santé • Prévenir les déficiences vitaminiques et minérales des personnes en situation de précarité ou d’exclusion (PNNS) Programme Alimentation Insertion • Donner des clefs pour concilier convivialité, équilibre alimentaire et petit budget (PAI) : guide "Tous à Table", formations bénévoles Réalisations • Plusieurs études-actions dans le cadre de l’appel à projets PNNS • Programmes spécifiques d’éducation nutritionnelle => Guide et calendrier "Tous à Table" • Amélioration des apports nutritionnels des personnes SDF => Aliment de rue enrichi en vitamines et minéraux "Vitapoche " Dia N. Darmon, INSERM
Précarité & Nutrition en France enquêtes et actions en cours • Enquête auprès des associations d’aide alimentaire, E3A (UREN, DGS, PNNS) : modes de fonctionnement, moyens et contraintes, analyse économique et nutritionnelle de l'aide alimentaire • Enquête auprès des bénéficiaires de l’aide alimentaire, ABENA (USEN, InVS, PNAI) : aspects socio-démographiques, étude nutritionnelle (volet sociologique, volet biologique) OPTIMISER L'AIDE ALIMENTAIRE Meilleure adéquation entre l’aide alimentaire et les attentes/besoins des bénéficiaires, compte-tenu des contraintes existantes AMELIORER L'ACCES ECONOMIQUE A UNE ALIMENTATION SAINE ET EQUILIBREE ??? Dia N. Darmon, INSERM
Nutrition des personnes SDF en France • Constats Déficit pondéral et déficits d’apports en énergie, vitamines et minéraux Surcharges en vitamines B6 (supplémentations non contrôlées) Déficiences avérées en Vit C • Aliment de rue enrichi en vitamines et minéraux Pate hydrophobe Composition nutritionnelle adaptée Format de poche Petit prix (70 g = 370 kcal = 0,21 €) Bonne acceptabilité (2/3) • Distribué depuis Janvier 2004 Dia N. Darmon, INSERM
Définition de 5 catégories d’aliments selon leur rapport qualité/prix et leur fréquence de consommation Budget alimentaire minimum (2 pers/mois) Incontournables Atypiques à inclure 394 € 154 € 243 € Habituels à conserver Niveau croissant d’équilibre Traditionnels à limiter 104 € 141 € 243 € Calories vides à éviter 65 € 112 € 183 € Niveau croissant de respect des habitudes Dia N. Darmon, INSERM
Catégories qualité/prix des aliments Incontournables : foie, lait, pâtes, carottes, pommes de terre, huile. Atypiques conserves de poisson, pain complet, légumes secs, fruits secs et oléagineux, jus de fruits. Habituels viandes, œufs, yaourts, pain blanc, fromage biscuits secs, fruits frais, légumes appertisés. Traditionnels : charcuteries grasses, desserts gras/sucrés pâtisseries, beurre, confiture. Calories vides : sodas, bonbons, produits allégés. Dia N. Darmon, INSERM
Rôle des facteurs psycho-sociaux Repères culturels Tissu social Soutien social Capital social Acculturation Isolement Dévalorisation Vulnérabilité sociale Comportements de santé … y compris réactions aux "pressions de l'environnement alimentaire" Éclaire certains paradoxes, par exemple : • Refus d'allaiter :dévalorisation de soi (de son lait), recherche du "mieux" pour le bébé • Achat d'aliments "de marque" vantés par la publicité :socialiser les enfants Dia N. Darmon, INSERM
Qualité nutritionnelle et coût de l’énergie SAIN/10 MJ (%) SCI/10 MJ (%) Coût de l’énergie (€/10 MJ) 15 12,5 10 7,5 5 2,5 Produits gras/salés sucrés Viandes Poisson Fruits & Légumes Produits Laitiers Mat. Grasses Ajoutées Plats préparés Féculents • Existence d’une hiérarchie qualité nutritionnelle/prix entre groupes d’aliments Dia N. Darmon, INSERM
Evolution des quantités d’aliments distribuées par le réseau des Banques Alimentaires en France (tonnes) depuis 1990
Colis/Panier type 4 personnes pour 15 jours 15 Kg 24 000 Kcal 26 € 800 Kcal / pers / jour DE = 160 kcal/100g 1 € / pers / jour 2,5 € / 2000 Kcal Repas type 1 repas / jour 70 pers / repas 850 Kcal / pers / jour DE = 140 kcal/100g 1,8 € / pers / jour 4,4 € / 2000 Kcal Enquête E3A : Caractéristiques de l’aide délivrée par l’ensemble des associations* * i.e. pas uniquement les associations « servies » par les banques alimentaires